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RĂšgles du forum CHARTE & FAQ des forums SWU ‱ Rappel les spoilers et rumeurs sur les prochains films et sur les sĂ©ries sont interdits dans ce forum. RĂ©pondre en citant le message Extrait lu !Ma foi, voilĂ  qu'Oreste rencontre Liars... d'un certain point de vue, comme on dit dans la saga ! On retrouve des Holocrons, des liens avec ton rĂ©cit du jedi corellien, et un duel au sabre-laser qui s'annonce. Un programme bien rempli ! Vivement la suite ! mat-vador a Ă©critUn dudu au sabre-laser est donc prĂ©vu, la semaine prochaine ! Que Monsieur m'excuse, mais cette unitĂ© D2 est en parfait Ă©tat. Une affaire en or. C-3PO Ă  Luke SkywalkerStaffeur fan-fictions & publications VF littĂ©raires L2-D2 ModĂ©rateur Messages 7841EnregistrĂ© le 26 FĂ©v 2013Localisation NĂźmes RĂ©pondre en citant le message par mat-vador » Mar 21 Juin 2022 - 2152 Sujet Re Les Origines de Jedi corellien OS inĂ©dits! Bonsoir Ă  tous, comment ça va ?C'est l'heure du...du...du... duel !Ils montĂšrent jusqu’aux salles d’armes, situĂ©es deux Ă©tages au-dessus. Les exclamations des padawans et des novices qui s’entraĂźnaient, leur parvenaient. La bothane, accompagnĂ©e de Exan et des deux anciens apprentis du Sith Unique, entra dans un des dojos occupĂ©s par des Ă©lĂšves supervisĂ©s par un maĂźtre Jedi cathar, Rasi crĂ©ature fĂ©linoide perçut leur prĂ©sence, se tournant vers eux. Les apprentis au nombre d’une douzaine, s’interrompirent en les voyant et murmurĂšrent entre eux - C’est le Jedi Vert et la Sith !Le Jedi Vert et la n’y avait aucune animositĂ© dans leur ton, seulement l’innocence de la curiositĂ© juvĂ©nile. D’ailleurs, ils s’avançaient sans crainte, les entourant et les sollicitant avec l’insouciance qui les Alors, vous avez tuĂ© combien de Sith ? Demanda une petite zabrak Ă  Euh, eh bien
- Waouh ! S’exclama un petit chagrien Ă  l’encontre de Sethnah. C’est un vrai fouet-laser ?- Euh, c’en est bien un mais il n’est pas facile Ă  utiliser, parvient Ă  rĂ©pondre la jeune femme avec scĂšne amusa Exan, mais la bothane beaucoup On passe aux choses sĂ©rieuses ?Le Jedi aborda son coreligionnaire cathar pour lui expliquer la situation. MaĂźtre Tuum hocha ensuite la tĂȘte et demanda ensuite aux Ă©tudiants de s’écarter pour laisser place nette aux deux duellistes. Sethnah et Kensha entrĂšrent dans l’arĂšne, tout en se mesurant du regard. La Jedi masquait de moins en moins dans la Force son hostilitĂ© envers se dirigea vers l’armurerie derriĂšre la dathomirienne puis leur distribua des sabres d’entraĂźnement. Chacune soupesa l’arme dans ses paumes avant de l’activer, un halo jaunĂątre nimbant la lame, sa fonction principale Ă©tant de causer des douleurs simulant la perte d’un Nous nous arrĂȘtons au premier sang, nous sommes d’accord ? Insista Bien sĂ»r, grinça la Nous ne voulons pas d’accident, enchaĂźna la dathomirienne avec une expression farouche, sinistre au point d’effrayer son rejoignit Liars alors que les duellistes laissĂšrent tomber leur bure puis leurs armes personnelles, qu’ils laissĂšrent en dehors du cercle. Les padawans se pressaient sur le seuil, intriguĂ©s et impatients que le duel se lancĂšrent dans leurs La Sith est trĂšs forte, y Mais la Jedi Kensha Chut !Sethnah attacha ses longs cheveux immaculĂ©s derriĂšre sa nuque pour n’éprouver aucune gĂȘne, avant de permettre Ă  Kensha de porter le premier coup. La bothane retroussa ses babines pour dĂ©voiler un sourire malveillant avant de s’élancer vers son bloqua son attaque haute, sentant nĂ©anmoins la puissance du bras droit cybernĂ©tiques qui chauffa ses muscles. Elle se dĂ©gagea vivement, pressĂ©e par Kensha, qui tenta de la frapper avec sa jambe gauche. Cette fois, la dathomirienne ne put l’éviter qu’à moitiĂ© et grogna lorsque la jambe de duracier la toucha au se laissa tomber au sol, la lame de Kensha frappa le marbre dans des gerbes d’étincelle. De dĂ©pit, la non humaine Fuir
 peuh, c’est tout ce que les Sith savent serra les dents, inspirant un grand coup. Elle releva son Ă©pĂ©e, devant sa figure portant les stigmates du Sith Unique, croisant un bref instant le regard de son homme, qui laissa l’inquiĂ©tude l’ lui envoya pendant une fraction de seconde, une onde de rĂ©confort et un message psychique ne t’en mĂȘle pas. La bothane bondit sur elle mais l’ancienne apprentie de Dark Sarbanon ne lui laissa pas l’initiative. Elle se fondit dans l’Ataru, la forme de combat caractĂ©risĂ©e par des frappes vives et dans sa combinaison de combat rouge Ă©carlate, elle sauta, virevolta, donnant l’impression de frapper de tous les cĂŽtĂ©s Ă  la fois. La Jedi recula pied Ă  pied, restant concentrĂ©e pour ne pas se laisser apprentis Jedi Ă©taient admiratifs de la maĂźtrise et des talents de la jeune femme aux cheveux Waouh ! Elle est vraiment forte !Liars se dĂ©tendit en voyant sa compagne reprendre la main. Sethnah accentua son avantage malgrĂ© les efforts de la bothane pour la tenir Ă  distance. AprĂšs quelques passes d’armes, elle cĂ©da et fut forcĂ©e de mettre un genou Ă  terre. La dathomirienne appuya son sabre sur le sien et lui glissa avec Vous devriez abandonner, Gardez votre misĂ©ricorde, mĂ©fiante et si attentive, Sethnah relĂącha sa vigilance un bref instant. Un instant de trop. La jambe cybernĂ©tique de la bothane balaya brusquement ses chevilles, la faisant tomber lourdement sur le bothane profita qu’elle soit sonnĂ©e, pour se relever en un battement de cils puis abattre son arme sur elle. La dathomirienne se reprit et bloqua l’assaut avant de propulser ses talons dans la poitrine de son adversaire, la faisant tituber en de la Force, Sethnah se catapulta au-dessus de la bothane, la touchant Ă  la nuque avec la crosse de son sabre, plus pour la provoquer que pour la blesser. La non humaine poussa un rugissement de rage et se mit Ă  fouetter l’air avec sa lame, espĂ©rant atteindre son ennemie apprentie esquiva par des sauts d’eopie, se dĂ©robant avant d’intercepter la lame de Kensha et de l’enrouler autour de la sienne. Puis elle lui lança sa botte dans le foie tout en lui arrachant l’arme des apprentis poussĂšrent des cris d’admiration et se permirent quelques applaudissements. Liars ne put se retenir de sourire, il Ă©tait si fier de sa compagne. Celle-ci dĂ©visagea la bothane dont les oreilles Ă©quines se couchaient sous le coup de l’humiliation qu’elle avait Alors, ça vous suffit ? LĂącha la dathomirienne qui baissa son sabre d’ perceptions accusĂšrent la perturbation dans la Force, alors que Kensha relevait la tĂȘte. Ses yeux trahissaient une volontĂ© farouche de mauvais Ce n’est pas fini !La bothane tendit son bras droit cybernĂ©tique et invoqua la Force. Son sabre laser sauta dans son poing et une lame bleue azur prit vie dans son poing. Dans le mĂȘme temps, elle bondit sur l’ancienne Sith pour l’ s’écarta de la lame ardente mais pas son sabre d’entraĂźnement qui fut tranchĂ© net au niveau de la Sethnah ! S’écria son dathomirienne jeta le pommeau brisĂ© Ă  la figure de la bothane et rĂ©cupĂ©ra Ă  son tour son sabre laser. Elle serra entre ses doigts, la crosse en forme de griffe de rancor, sa lame rouge Ă©carlate prenant vie devant son visage Reste en dehors de ça ! Lui intima-t-elle traits crispĂ©s de Liars trahissaient son envie d’intervenir, mais il respecta la promesse qu’il lui avait concĂ©dĂ©e. Il observa avec inquiĂ©tude la suite du duel, qui prenait cette fois une tournure beaucoup plus le comprit Kensha, assez ! Cria-t-il en la bothane demeura sourde, s’écharnant de plus belle sur cette jeune femme qui reprĂ©sentait pour elle, ce qu’elle haĂŻssait le plus. Elle se moquait bien en cet instant, que cette Ă©trangĂšre aux sinistres stigmates, ait tournĂ© le dos au Sith Unique et Ă  l’usage du CĂŽtĂ© Obscur. Elle y avait appartenu une bonne partie de sa vie, c’était moins que cela n’ait un rapport avec la perte de son bras et de sa jambe sur Vanquo
 par la faute de Liars Tissan. Elle dit lui avoir pardonnĂ© sur Corellia, mais c’était peut-ĂȘtre un mensonge. Peut-ĂȘtre voulait-elle le faire souffrir, en combattant ce qu’il aimait le plus. Il l’avait utilisĂ© comme appĂąt et elle lui rendait la usa de la force de son bras droit cybernĂ©tique pour assĂ©ner des coups de masse sur la jeune femme aux cheveux blancs, qui se retrouva dĂ©sĂ©quilibrĂ©e. La dathomirienne parvint cependant Ă  lui agripper le poignet et Ă  exĂ©cuter une prise martiale, qui fit passer la bothane par-dessus son Ă©paule. Elle lui fit sauter le sabre de la main d’un vif coup de pied avant que l’air ne se comprima autour de son vit sa compagne ĂȘtre propulsĂ©e vers le plafonds de la salle d’armes, avant que celle-ci ne retomba sur ses appuis avec souplesse. Elle avait rĂ©ussi Ă  conserver son sabre, se remettant en garde pour parer une attaque haute de la bothane qui se porta de nouveau au contact. Mais au dernier moment, elle percuta la jeune femme de plein fouet, l’envoyant au Kensha, arrĂȘtez ! Pria Exan encore une envoya son poing dans la figure de la non humaine, la chassant loin d’elle mais la Jedi rĂ©pliqua en fouettant l’air de sa lame. La dathomirienne grogna lorsqu’une chaleur incandescente engourdit son de chair brĂ»lĂ©e se dĂ©gagea de l’entaille mais cela la rendit plus dĂ©terminĂ©e. Cette douleur lui rappela les coups de fouet des Soeurs de la Nuit. La souffrance qui dĂ©coulait des plaies Ă  vif, empoisonnĂ©es par le venin des vipĂšres kodashi qui enduisaient la laniĂšre de ces instruments de elle y avait survĂ©cu. Le sabre laser de Kensha la frĂŽla Ă  maintes occasions sans qu’elle n’y laisse la moindre prise. Puis elle tendit la paume droite et d’une violente PoussĂ©e de Force, plaqua la bothane contre le maintint sa prise jusqu’à ce qu’une voix ferme et posĂ©e ne s’éleva depuis l’entrĂ©e de la salle d’ La dĂ©monstration est plus que suffisante, Sethnah maĂźtre Jedi twi’lek Shado Vao s’avança vers le cercle de duel, entre les apprentis Jedi qui gardaient le silence. La jeune femme rejoignit son compagnon, rangeant son sabre laser Ă  la ceinture. Elle se massa le poignet entaillĂ© alors que Liars lui remit la bure sith autour de son corps avant de lui rendre son fouet Jedi Kensha, je voudrais vous dire quelques mots en bothane mal Ă  l’aise, coucha ses oreilles Ă©quines sur le cĂŽtĂ©, le ton de maĂźtre Vao suggĂ©rant qu’une rĂ©primande ne tarderait Nous nous sommes trop attardĂ©s, commenta Je suis d’accord, passĂšrent entre les padawans respectueux, saluant au passage le maĂźtre cathar Rasi Tuum qui signifia aux Ă©lĂšves de se disperser dans l’ordre. Exan Skywalker se proposa de raccompagner les deux codirecteurs de Novatech Galactic Je suis dĂ©solĂ© de cet incident. J’ignorais que cela tournerait Pas de quoi, rĂ©pondit avec distance Maintenant, on sait Ă  quoi s’attendre de la part des Jedi, lĂącha comprit qu’ils le tenaient pour Cela ne se reproduira pas, leur C’est certain, vu qu’on n’est pas prĂšs de revenir. Pas la peine de nous raccompagner, assĂ©na durement le les deux arpentĂšrent les corridors vers la plate-forme d’appontage oĂč les attendaient leur vaisseau et Anubis qui leur demanda - MaĂźtre Liars, maĂźtresse Sethnah, votre quĂȘte a-t-elle Ă©tĂ© productive ?La dathomirienne ne lui intima seulement - PrĂ©pare le Baroudeur au dĂ©collage, Anubis. On montĂšrent la rampe d’accĂšs puis verrouillĂšrent l’écoutille derriĂšre eux. Le droĂŻde protocolaire du couple atypique fit rugir les moteurs, dĂ©collant le cargo corellien de la plateforme qui fila dans le ciel de Ta blessure ? Demanda la suivait jusqu’à l’infirmerie oĂč elle sortit d’un tiroir la trousse mĂ©dicale de premier Trois fois rien. Je me charge de Tu veux bien me laisser cet honneur ? lui sourit finalement, lui tendant la D’accord, mais si tu ne te montres pas Ă  la hauteur, tu auras affaire Ă  moi, Vilain J’en tremble d’avance, Fille s’assirent face Ă  face, Sethnah lui montrant son poignet blessĂ©. Il nettoya sa plaie avec attention, comme elle l’avait maintes fois pour lui. Il lui paraissait naturel de lui rendre la pareille, en lui enroulant le patch bacta pour colmater la elle se pencha pour l’embrasser sur les lĂšvres avant qu’il ne confia avec malice - On aura peut-ĂȘtre le temps de se changer les Peut-ĂȘtre, rĂ©pondit-elle avec un regard complice et j'espĂšre que cela vous a plu ! C'Ă©tait la fin de cette partie 4 !On se retrouve mardi prochain pour le dĂ©but de la partie 5 ! mat-vador Jedi SWU Messages 3169EnregistrĂ© le 24 Mai 2016 RĂ©pondre en citant le message par L2-D2 » Jeu 23 Juin 2022 - 1312 Sujet Re Les Origines de Jedi corellien OS inĂ©dits! Extrait lu !Et effectivement, le duel a tenu toutes ses promesses ! Bon, entre deux telles furies, c'Ă©tait difficile d'imaginer un simple petit match d'affrontement, un Ă©change de politesses, un simple salut amical... non, il a fallu qu'elles en fassent trop, bien sĂ»r ! Vivement la suite ! Que Monsieur m'excuse, mais cette unitĂ© D2 est en parfait Ă©tat. Une affaire en or. C-3PO Ă  Luke SkywalkerStaffeur fan-fictions & publications VF littĂ©raires L2-D2 ModĂ©rateur Messages 7841EnregistrĂ© le 26 FĂ©v 2013Localisation NĂźmes RĂ©pondre en citant le message par mat-vador » Jeu 23 Juin 2022 - 2155 Sujet Re Les Origines de Jedi corellien OS inĂ©dits! Merci pour le retour, L2 !L2-D2 a Ă©crit le duel a tenu toutes ses promesses ! Bon, entre deux telles furies, c'Ă©tait difficile d'imaginer un simple petit match d'affrontement, un Ă©change de politesses, un simple salut amical... non, il a fallu qu'elles en fassent trop, bien sĂ»r ! Entre une Jedi et une Sith, ça ne pouvait finir que comme ça ! mat-vador Jedi SWU Messages 3169EnregistrĂ© le 24 Mai 2016 RĂ©pondre en citant le message par Mandoad » Mar 28 Juin 2022 - 1101 Sujet Re Les Origines de Jedi corellien OS inĂ©dits! J'ai rattrapĂ© mon retard !Avec deux chapitres bien opposĂ©s. Le premier nous permet d'en apprendre un peu plus sur le cĂŽtĂ© historique et est bien plus posĂ©, riche en informations sans pour autant ĂȘtre trop deuxiĂšme, eh bien on revient sur un de tes points forts Les duels au sabre. Comme le dit L2, on assiste bien Ă  un affrontement entre deux furies mĂȘme si, ironiquement, c'est la Jedi qui semble la plus enragĂ©e. Il y a affrontement, provocations, dĂ©chainement de coups, mais comprend que Sethnah garde tout de mĂȘme l'avantage tout du long sur son adversaire en cela se termine assez bien et on a le droit Ă  un nouvel Ă©change entre le couple dont les hormones semblent en perpĂ©tuelle Ă©bullition. La suite ! Mandoad Jedi SWU Messages 1411EnregistrĂ© le 28 Nov 2014 RĂ©pondre en citant le message par mat-vador » Mar 28 Juin 2022 - 2209 Sujet Re Les Origines de Jedi corellien OS inĂ©dits! Merci pour le retour, Mandoad !Mandoad a Ă©crit Le premier nous permet d'en apprendre un peu plus sur le cĂŽtĂ© historique et est bien plus posĂ©, riche en informations sans pour autant ĂȘtre trop bien de se poser un peu !Mandoad a Ă©critLe deuxiĂšme, eh bien on revient sur un de tes points forts Les duels au sabre. Comme le dit L2, on assiste bien Ă  un affrontement entre deux furies mĂȘme si, ironiquement, c'est la Jedi qui semble la plus enragĂ©e. Il y a affrontement, provocations, dĂ©chainement de coups, mais comprend que Sethnah garde tout de mĂȘme l'avantage tout du long sur son adversaire en les dudus au sab laser ! Badass, la Sethnah hein ? Elle est trop cool ! Et parce que je le veux bien, aussi !Mandoad a Ă©critFinalement, cela se termine assez bien et on a le droit Ă  un nouvel Ă©change entre le couple dont les hormones semblent en perpĂ©tuelle Ă©bullition. c'est qu'ils s'adorent ces deux-lĂ  !Mandoad a Ă©critLa suite !La suite... c'est tout de suite ! Partie 5 Plus prĂšs des ombres Le passĂ© Temple Jedi de Coruscant, pendant la Guerre des ClonesLes salles d’armes du Temple rĂ©sonnaient de l’écho des cris d’excitation des padawans qui participaient aux tournois visant Ă  affiner leur pratique du sabre laser et leur maĂźtrise de la Force. Ils Ă©taient encadrĂ©s en temps normal par plusieurs Chevaliers et MaĂźtres Jedi, qui veillaient scrupuleusement Ă  ce qu’il n’y ait aucun la RĂ©publique et l’Ordre multimillĂ©naire traversaient des temps troublĂ©s et sombres. La rĂ©apparition des Sith rĂ©gis par la RĂšgle des Deux, l’ascension du mouvement sĂ©paratiste mĂ©content de la faiblesse d’un gouvernement qui avait oubliĂ© l’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral au profit de corporations Ă©goĂŻstes, avaient plongĂ© la galaxie dans une crise politique majeure avant que la guerre n’éclate la premiĂšre fois depuis des siĂšcles et la fin des Guerres Sith, les Jedi se retrouvĂšrent pris dans une guerre totale qui sollicitait leurs ressources limitĂ©es. De gardiens de la paix et de la justice, ils devinrent commandants de la Grande ArmĂ©e de la RĂ©publique, composĂ©e de soldats clones crĂ©es et Ă©levĂ©s sur la planĂšte Oreste Tissan, cette guerre paraissait lointaine mĂȘme s’il n’ignorait rien des rapports de pertes qui assombrissaient le quotidien de sa confrĂ©rie. Les fronts se multipliaient et aucune trĂȘve ne semblait en vue. MĂȘme les systĂšmes les plus Ă©loignĂ©s, subissaient les contrecoups des pĂ©nuries et du mĂ©contentement. Émeutes, coups d’états et insurrections. Dans la Bordure ExtĂ©rieure, un nouveau foyer de tensions venait de naĂźtre sur Jabiim, un monde contenant d’importants gisements de officiel ne cessait de sortir les gros titres sur cette planĂšte reculĂ©e, Ă  coups d’interviews de spĂ©cialistes et d’analyses. Le jeune Chevalier Jedi corellien qui venait de fĂȘter ses vingt six ans, se força Ă  se concentrer sur les deux sphĂšres d’entraĂźnement qui lĂ©vitaient autour de son visage, l’assaillant sur tous les angles possibles. Son sabre laser Ă  la lame verte Ă©meraude crĂ©pitante, sillonnait l’air, parant et bloquant avec fluiditĂ© les rayons lasers de basse intensitĂ© qui fusaient vers Tu as peut-ĂȘtre besoin d’un plus grand voix cristalline qui s’élevait derriĂšre lui, le dĂ©concentra une micro seconde. Assez pour lui faire baisser sa garde et laisser un rayon le toucher Ă  l’abdomen. Il maĂźtrisa la douleur d’un grognement et leva la main, usant de la Force pour Ă©carter les sphĂšres et les dĂ©sactiver. Il se tourna vers la jeune twi’lek qu’il reconnut sans peine, aprĂšs avoir rangĂ© son DĂ©jĂ  rentrĂ©e, Rachi ? Je te croyais
- En mission spĂ©ciale ?Par-dessus ses vĂȘtements de Jedi, la jeune non humaine portait un poncho de voyage rapiĂ©cĂ© qui lui confĂ©rait un certain anonymat au milieu de la C’est ce que maĂźtre Windu m’a rĂ©pondu quand je lui ai posĂ© la question. Tu as trouvĂ© ce que tu cherchais ?- Pas vraiment, twi’lek le considĂ©ra pendant quelques instants, le jeune corellien arborant une mine sombre qui cachait quelques contrariĂ©tĂ©s Je te croyais sur Corellia, lui J’ai Ă©tĂ© rappelĂ©, la guerre ne se passe pas aussi bien que prĂ©vu, visiblement. MaĂźtre Halcyon est restĂ© pour empĂȘcher toute infiltration Tu aurais prĂ©fĂ©rĂ© rester lĂ -bas ?Il crispa la mĂąchoire, peu enclin Ă  rĂ©pondre. Mais il cĂ©da devant son regard Mon ancien maĂźtre m’a prĂ©venu que la guerre serait ma plus grande Ă©preuve. C’est pour ça que je ne suis pas certain d’y vouloir Pourquoi, tu as peur que l’on t’accorde de trop grandes responsabilitĂ©s ?- Ce n’est pas ça, je
Il dĂ©tourna les yeux, regrettant d’en avoir trop dit. Elle s’approcha pour se placer face Ă  lui, pour chercher son Oreste ?- Je crains que cette guerre ne me transforme en quelque chose de plus terrible
 ne nous transforme jeune twi’lek ressentit son angoisse face au destin incertain d’une galaxie plongĂ©e dans une guerre qui ne semblait pas connaĂźtre de Pourquoi crains-tu une telle chose ?Oreste lui avait ouvert son cƓur mais il se referma aussitĂŽt comme une coquille. Car il refusait toujours de lui livrer ses secrets les plus intimes. Cette petite voix tentatrice qui lui soufflait, qu’il Ă©tait destinĂ© Ă  l’ et tu ne craindras plus rien, ne devait rien lui dire, il ne le confierait Ă  personne. Elle ne comprendrait pas vraiment et si c’était le cas, elle en serait Les Sith sont de retour, Tu as peur de basculer du CĂŽtĂ© Obscur ? Fit-elle en posant sa paume sur la poitrine du jeune Certains de mes ancĂȘtres l’ont fait. Pourquoi serai-je diffĂ©rent ? AprĂšs tout ce qui s’est passĂ© sur GĂ©onosis
- Tu n’es pas tes se rendit compte alors qu’elle avait rapprochĂ© son visage du sien. Elle plongea ses magnifiques yeux dans ses yeux. TrĂšs proche, trop proche
 il trouvait cela dĂ©rangeant. Un de ses lekkus caressa sa joue, le faisant Ne me rejette pas, qu’il put faire quoique ce soit pour la retenir, elle se pencha en un battement de cils et l’embrassa sur les lĂšvres. Une image apparut alors dans son esprit, celle de cette femme qu’il avait laissĂ©e derriĂšre lui, sur pourquoi il repoussa doucement la twi’lek, qui parut surprise une fraction de Tu penses toujours Ă  elle, n’est-ce pas ?La chaleur avait disparu de sa voix, le faisant grimacer. Tous deux savaient Ă  qui ce elle faisait Oui, avoua-t-il. Rachi, je suis dĂ©solé - Non, c’est de ma faute. C’est moi qui me suis montrĂ©e Ă©goĂŻste, je pensais que
 tu avais besoin de mes sentiments. Je me corellien ne savait pas comment rĂ©agir mais il le sentait dans la Force. Il avait blessĂ©e son amie et il ignorait comment se L’Ordre prohibe l’attachement, lui rappela-t-il. MĂȘme si je ressentais le mĂȘme amour pour toi, les maĂźtres ne nous le permettraient comprit l’étendue de son erreur lorsqu’elle le fusilla d’un regard Et pourtant les Jedi corelliens se le permettent. Vous avez toujours eu le droit d’avoir une famille, des enfants comme les Rachi
Elle Ă©vacua sa tentative d’explication d’un geste Je vais trouver maĂźtre Nu aux Archives et poursuivre ma mission. J’ai toujours Ă©tĂ© douĂ©e pour ça et je n’ai jamais eu de Rachi, aperçut les larmes qui coulaient de ses cils, alors qu’elle se Que la Force soit avec toi, Oreste. J’espĂšre que tu survivras Ă  la le laissa, seul avec ses regrets, rompant la camaraderie qui les avait pourtant unis pendant toutes ces annĂ©es. Il n’avait jamais reniĂ© ses sentiments pour Beliem et n’avait jamais pensĂ© que cela ait pu mettre en pĂ©ril son amitiĂ© avec resta ainsi, Ă  se demander s’il devait la rattraper ou laisser courir. Puis il prĂ©fĂ©ra la deuxiĂšme option, par amour-propre. Il rĂ©activa Ă  distance les deux sphĂšres d’entraĂźnement qui lĂ©vitĂšrent en bourdonnant autour de sa figure. Sa lame verte Ă©meraude se dĂ©plia Ă  nouveau, pour fouetter l’air et reprendre l’ sa brouille avec Rachi traversait toujours ses pensĂ©es et l’empĂȘchait de s’immerger vraiment dans les flux de la Force. Plusieurs rayons franchirent sa garde et le touchĂšrent aux bras, Ă  l’épaule, aux hanches
 accroissant sa la petite voix en profita pour revenir Ă  la libĂšre ta colĂšre. Sens-tu sa force ?Le souvenir lointain de cette Ă©cole de Coronet, lui revint. Le jour oĂč il avait fracturĂ© le bras de Villan
 il s’attendait Ă  Ă©prouver de la culpabilitĂ© mais Ă©trangement, ce ne fut pas le cas. Pas de remords ni de compassion pour son ancienne victime. MalgrĂ© lui, cette Ă©nergie nĂ©faste l’envahit peu Ă  peu, imprĂ©gnant ses mouvements qui redevenaient plus se laissa emporter par cette petite voix qui l’ continue, tu te sens mieux n’est-ce pas ?Son sabre-laser fendit tout Ă  coup une des sphĂšres d’entraĂźnement et les deux morceaux calcinĂ©s retombĂšrent avec fracas. Il cligna des paupiĂšres, comme s’il se t’a plu ? Soufflait la petite La ferme ! Siffla corellien Ă©teignit finalement son sabre et Ă©carta l’autre sphĂšre d’entraĂźnement d’un geste de la main. Il ramassa Ă  l’aide de la Force les deux morceaux, s’apprĂȘtant Ă  prendre le chemin de l’ingĂ©nierie pour faire rĂ©parer l’ Est-ce de revenir Ă  Coruscant qui t’a irritĂ© Ă  ce point, Oreste ?Un cĂ©rĂ©en venait d’entrer, le dĂ©visageant. Le corellien se sentit gĂȘnĂ©, de se trouver face Ă  son ancien mentor, Ki Adi Mundi. Avec des morceaux de duracier fumant, plein les Si ce n’était que ça, maĂźtre J’ose espĂ©rer que tu ne dĂ©tĂ©rioreras pas davantage le matĂ©riel d’entraĂźnement Ă  chaque saute d’humeur, insista le non humain avec Ce ne sera plus un problĂšme quand je partirai au front. Mais j’ignore encore Metalorn, prĂ©cisa le ne put se retenir de tiquer au nom de ce monde stratĂ©gique de la Bordure MĂ©diane, proche du systĂšme Verpine, spĂ©cialisĂ© dans la fabrique de munitions et d’armes de guerre sophistiquĂ©es. Ce bastion appartenait au Techno Syndicat, une puissante corporation ralliĂ©e aux sĂ©paratistes. Il comprit l’enjeu d’une telle opĂ©ration validĂ©e par les plus haut chute de Metalorn enraierait sĂ©rieusement l’effort de guerre Un gros morceau, reconnut le MaĂźtre A’sharrad Hett et son padawan Bhat Jul sont dĂ©jĂ  dans le systĂšme avec dix bataillons. Tu les assisteras et vous devrez Je croyais que ces forces devaient partir pour Jabiim. Nous laisserions leur minerai aux mains des sĂ©paratistes?Le cĂ©rĂ©en laissa flotter un sourire serein sur ses lĂšvres, alors que le Chevalier Jedi perçut la prĂ©sence de deux autres pairs prĂ©sents sur le seuil. Il reconnut l’humain barbu de taille moyenne, Ă  l’allure Ă©lĂ©gante suivi d’un padawan plus grand et plus fin que MaĂźtre Kenobi, padawan Skywalker, prĂ©senta maĂźtre Mundi. Voici mon ancien padawan, Oreste j'espĂšre que cela vous a plu ! Encore dĂ©solĂ© pour ce cliffhanger !Allez, Ă  la prochaine ! mat-vador Jedi SWU Messages 3169EnregistrĂ© le 24 Mai 2016 RĂ©pondre en citant le message par L2-D2 » Mer 29 Juin 2022 - 909 Sujet Re Les Origines de Jedi corellien OS inĂ©dits! Extrait lu !Mais il se passe plein de choses ici ! Rupture enfin, d'un certain point de vue, vive Star Wars ! entre Oreste et Rachi, nouvelle mission pour le jeune Jedi Corellien, la mention de A'Sharad Hett curieux de voir si tu vas le faire apparaĂźtre et si, sachant ce qu'il va devenir Ă  terme, une petite discussion avec Oreste pourrait ĂȘtre intĂ©ressante, tiens... et surtout, tu termines avec l'apparition du dynamique duo de la prĂ©logie, sans doute en partance pour Jabiim ! Vivement la suite ! Que Monsieur m'excuse, mais cette unitĂ© D2 est en parfait Ă©tat. Une affaire en or. C-3PO Ă  Luke SkywalkerStaffeur fan-fictions & publications VF littĂ©raires L2-D2 ModĂ©rateur Messages 7841EnregistrĂ© le 26 FĂ©v 2013Localisation NĂźmes RĂ©pondre en citant le message par mat-vador » Mer 29 Juin 2022 - 2205 Sujet Re Les Origines de Jedi corellien OS inĂ©dits! Merci pour le retour, L2 !L2-D2 a Ă©crit la mention de A'Sharad Hett curieux de voir si tu vas le faire apparaĂźtre et si, sachant ce qu'il va devenir Ă  terme, une petite discussion avec Oreste pourrait ĂȘtre intĂ©ressante, tiens... Pas d'apparition prĂ©vue, mais j'ai choisi de le mentionner sachant que le gars a crĂ©e le Sith Unique auquel sera confrontĂ© le descendant de Oreste, notre cher Liars .L2-D2 a Ă©critet surtout, tu termines avec l'apparition du dynamique duo de la prĂ©logie, sans doute en partance pour Jabiim ! Cette apparition sera intĂ©ressante, tu verras la semaine prochaine ! mat-vador Jedi SWU Messages 3169EnregistrĂ© le 24 Mai 2016 RĂ©pondre en citant le message par mat-vador » Mar 05 Juil 2022 - 2202 Sujet Re Les Origines de Jedi corellien OS inĂ©dits! Bonsoir Ă  tous, comment ça va ?C'est l'heure de la suite et surtout d'un nouveau dudu au sabre laser ! Oui, encore un !Oreste posa les morceaux de la sphĂšre prĂšs du mur avant d’accueillir les deux nouveaux venus qui le saluaient d’un signe de J’ai entendu parler de vos exploits sur Ohma Dun et Kamino, leur fit-il respectueusement. Vous avez une sacrĂ©e Eh oui, on se demanderait ce que la RĂ©publique ferait sans nous, rĂ©torqua le padawan fier comme un l’attitude suffisante du padawan dĂ©plut Ă  Oreste qui Ă©tait au fait des capacitĂ©s exceptionnelles de Skywalker. Tout comme sa vanitĂ©, qui s’élevait au mĂȘme Anakin, le rĂ©primanda Obi Wan. Nous ne sommes pas les seuls Ă  nous battre depuis le dĂ©but de la corellien remarqua le gant long qui enroulait la main droite de Skywalker jusqu’au coude. Ce dernier surprit son regard et replia le membre mutilĂ© dans son dos. Un souvenir cuisant laissĂ© par le Comte Dooku sur Nous payons dĂ©jĂ  un lourd tribut, concĂ©da le silence furtif leur permit de se recueillir pour songer Ă  tous ceux et celles qui avaient rejoint la Vous ĂȘtes en permission ? S’enquit Plus pour longtemps, rĂ©pondit Kenobi. Nous quittons Coruscant pour rejoindre Jabiim. Le SĂ©nat vient de voter l’autorisation d’intervenir pour maintenir ce monde dans la RĂ©publique coĂ»te que À n’importe quel prix ? Combien d’unitĂ©s seront nĂ©cessaires ?Obi Wan grimaça, peu Ă  l’ Nous possĂ©dons suffisamment de clones et de Jedi pour remplir la mission. Nous mettrons hors d’état de nuire les sĂ©paratistes locaux avant qu’ils n’aient le temps d’organiser une rĂ©sistance trop importante et qu’ils ne reçoivent le soutien du Comte En attendant de partir, je me sens un peu rouillĂ©, confia son J’avais oubliĂ© que tu prĂ©fĂ©rais pratiquer la mĂ©ditation en mouvement, natif de Tatooine haussa les Ă©paules, avec J’avais trouvĂ© ça utile sur Kamino, mentor leva les yeux au ciel, en Bon, si cela te dĂ©mange tant que ça, tu as tout ce qu’il te faut Skywalker se dĂ©barrassa de sa bure, avec un grand sourire. Il invita son professeur Ă  le rejoindre pour une partie amicale avant que Oreste ne leva la main pour l’ MaĂźtre Kenobi, si vous me permettez
 cela fait longtemps, depuis le dĂ©but de la guerre, que je n’ai pas pratiquĂ© contre un autre Jedi. Je serai honorĂ© de me mesurer Ă  votre padawan, avant que vous ne quittiez le croisa le regard du cĂ©rĂ©en, qui acquiesça d’une inclinaison du Je pense que cela constituera un meilleur dĂ©fi que de simples droĂŻdes de Je suis d’accord, maĂźtre Mundi. Anakin ?- Ça me Adi Mundi se dirigea vers l’armurerie pour y prendre deux sabres d’entraĂźnements et les offrir aux deux duellistes. Ces derniers se placĂšrent l’un en face de l’autre, se saluant en relevant la lame jaune devant leur armes Ă©taient conçues spĂ©cifiquement pour ne pas causer des blessures aussi graves que celles causĂ©es par de vĂ©ritables sabre-lasers, mais pour les simuler. Kenobi rejoignit l’ancien instructeur de Oreste, observant les deux jeunes humains qui se jaugeaient en tournant l’un autour de l’ les quelques annĂ©es qui les sĂ©paraient, Oreste et Anakin paraissaient si semblables. Outre leur aspect physique, leur intĂ©gration dans l’Ordre avait suscitĂ© des interrogations voire la de leur famille, alors qu’ils Ă©taient dĂ©jĂ  ĂągĂ©s, par rapport aux autre Ă©lĂšves qui n’ont connu que le Temple comme unique foyer. Les voici face Ă  round d’observation prit fin lorsque Anakin plongea sur le corellien pour assĂ©ner trois frappes verticales. Oreste manƓuvra pied Ă  pied pour les dĂ©vier sur le flanc, avant de repousser l’apprenti impĂ©tueux d’une savate dans l’ se massa lĂ  oĂč le talon l’avait Je ne faisais que m’ ton arrogant convainquit Oreste qu’il dĂ©testait ce padawan va-nu-pieds. Comme s’il Ă©tait certain de sa supĂ©rioritĂ©. Le corellien n’avait eu de cesse d’affronter ses doutes, ses incertitudes et cette harcelante petite voix qui lui suggĂ©rait de succomber Ă  la noirceur qui empoisonnait son Ăąme. Il ignorait encore ce que la Guerre des Clones en cours ferait de Bien ne put retenir un sourire narquois. Une fraction de seconde s’écoula avant que Skywalker ne recommença son assaut. Cette fois, il avait usĂ© de la Force pour se propulser vers le plafonds avant d’atterrir sous le nez du corellien, qui sentit les muscles de ses bras chauffer Ă  cause de l’effort qu’il fournit pour bloquer nettement sa coup avait Ă©tĂ© rapide et puissant, un mouvement digne d’un vĂ©ritable maĂźtre de la Force. Jusqu’à maintenant, Oreste n’avait jamais cru Ă  cette prophĂ©tie de l’Elu, un Jedi qui rĂ©tablirait l’équilibre de la Force. Un augure qui tournait autour de Anakin Skywalker, et contribuait Ă  alimenter sa trĂšs grand confiance en existait-il une once de vĂ©rité  une raison supplĂ©mentaire de le dĂ©gagea sa lame avec difficultĂ© et il dut se concentrer davantage pour ne pas subir. Il n’empĂȘcha pas cependant Skywalker de prendre l’avantage, ce dernier utilisant les frappes lourdes du Djem So, la cinquiĂšme Forme de Combat au sabre-laser, qui lui permettait Ă  mettre Ă  profit sa puissance appuya sa lame contre celle de son adversaire, dĂ©sĂ©quilibrant ce dernier pour s’octroyer un court Finalement, ce ne sera peut-ĂȘtre pas compliquĂ© de devenir Chevalier, voilĂ  qu’il se permettait d’ĂȘtre familier, comme s’ils se connaissaient depuis longtemps. Ils venaient seulement de se Tu devrais peut-ĂȘtre moins parler, lui dĂ©cocha un sourire qui se voulait ĂȘtre taquin et malgrĂ© son impassibilitĂ©, Oreste entendit de nouveau la petite voix qui s’adressait Ă  son montre-lui qui tu es. Qu’il apprenne le ce fut Ă  son tour d’attaquer le padawan. Il chargea Skywalker, le bousculant vigoureusement par un coup d’épaule. Le natif de Tatooine tenta de se reprendre mais le corellien entendait bien garder l’avantage jusqu’au bout. Il utilisa les formes acrobatiques de l’Ataru, la quatriĂšme Forme de Combat, qui prit au dĂ©pourvu son secondes aprĂšs, Anakin se retrouva sur le dos, dĂ©sarmĂ©. Oreste pointait son sabre d’entraĂźnement sur son torse avant de reculer et de saluer le padawan. Ce dernier qui serrait les dents, frustrĂ© par son Ă©chec, l’imita Bien jouĂ©, accorda-t-il mĂȘme. Mais je n’étais pas au sommet de ma forme, non en perdant, il continuait de faire le malin. Oreste se demandait comment maĂźtre Kenobi le Anakin, tu as perdu, intervint d’ailleurs celui-ci d’un ton Mundi posa une main sur l’épaule de FĂ©licitations Oreste. Mais tes derniers mouvements Ă©taient trop agressifs, montre plus de mesure et de maĂźtrise. Ne te laisse pas emporter par la passion, comme tu l’as dĂ©jĂ  fait sur joues creuses du corellien s’empourprĂšrent lorsqu’il songea Ă  l’insubordination dont il avait fait preuve en dĂ©clenchant un raid prĂ©maturĂ© sur les positions gĂ©onosiennes, peu avant le sauvetage des Jedi dĂ©cimĂ©s dans l’ Vous avez raison, maĂźtre, avoua le corellien. Mais peut-ĂȘtre que la place d’un esclave n’est pas dans l’ mots lui avaient Ă©chappĂ© mais il Ă©tait ravi du regard noir que lui dĂ©cochait Skywalker, dont il venait de souligner l’ñpretĂ© du passĂ©. Obi Wan l’agrippa pour l’empĂȘcher d’en venir aux mains avec le Ces propos ne sont pas dignes d’un Jedi, Oreste, assĂ©na le cĂ©rĂ©en qui l’exhorta ensuite Ă  prĂ©senter des que le corellien Parce qu’il est restĂ© trop longtemps dans les jupes de sa mĂšre ? de haine dans la Force prĂ©cĂ©da le rugissement de Anakin qui repoussa son maĂźtre et se jeta sur le corellien. Ce dernier fut empoignĂ© et projetĂ© au sol sans mĂ©nagement. Il parvint nĂ©anmoins Ă  attraper les chevilles du padawan entre ses jambes et Ă  le faire chuter. Tous deux se relevĂšrent Ă  la vitesse d’un battement de cils, dĂ©gainant puis activant leur sabre laser. Les lames ardentes s’entrechoquĂšrent avec une violence dĂ©bridĂ©e, faisant jaillir des Ă©tincelles au dĂ©sarroi de leurs maĂźtres respectifs qui leur ordonnĂšrent d’ l’un comme l’autre restĂšrent sourds et se livraient cette fois totalement, lame verte Ă©meraude contre lame bleue Ă  peu, Anakin prit l’avantage et Oreste comprit pourquoi. Il avait sous ses yeux la vĂ©ritable nature de Skywalker. Cela avait sans doute Ă©chappĂ© aux maĂźtres du Conseil qui avaient acceptĂ© de l’intĂ©grer aprĂšs la Bataille de Naboo, mais ce volcan d’obscuritĂ© menaçait de le submerger. Puis il perçut Ă  ses oreilles - Et si on parlait de ta mĂšre, Tissan ?Il crut entendre la voix de Villan Osmer, le bourreau qui l’avait martyrisĂ© Ă  l’école de Coronet mais c’était bien Skywalker qui lui avait la petite voix lui inspira L’obscuritĂ© est face Ă  toi, il ne sert Ă  rien de la combattre car je suis toi. accepta l’appel des tĂ©nĂšbres et s’y livra comme il l’avait fait, il y a tant d’annĂ©es sur Corellia. Quand il avait fait souffrir Villan et avait joui de ses dĂ©gagea sa lame et entailla l’avant bras du padawan avant que ce dernier ne riposte en le frappant au visage du Assez !Tout Ă  coup, l’air se comprima autour des deux combattants qui furent rejetĂ©s loin l’un de l’autre, ce qui mit un terme Ă  l’échauffourĂ©e. Kenobi entoura de ses bras, les Ă©paules de son apprenti et le cĂ©rĂ©en fit de mĂȘme avec le Tu en as assez fait, jeune Chevalier invoqua la Force pour recouvrer son calme alors que Anakin demeurait toujours MaĂźtre, vous ĂȘtes tĂ©moin ! Plaidait-il. Il m’a provoquĂ© !- Et tu as cĂ©dĂ© Ă  sa provocation, trancha son mentor. C’est terminĂ©, le relĂącha finalement et l’apprenti en profita pour fusiller du regard une derniĂšre fois le Va chercher tes affaires, nous partons pour Jabiim. MaĂźtre Mundi, pardon pour cet Je comprends, MaĂźtre cĂ©rĂ©en attendit leur dĂ©part avant de faire la leçon au Je m’attendais Ă  mieux de ta part, Oreste. Ce qui s’est passĂ© ici, ce n’est pas ce que MaĂźtre Halcyon et moi t’avons enseignĂ© !Oreste comprit Ă  quel point son ancien professeur Ă©tait en colĂšre. Une partie de lui avait honte de ses actes et de ses mots. Mais la petite voix lui soutenait qu’il avait eu raison de rabattre le caquet Ă  ce padawan Il a beaucoup Ă  apprendre s’il veut devenir Chevalier, fit-il avec Adi Mundi se dĂ©tourna finalement de lui, ulcĂ©rĂ© par son Tu as rĂ©vĂ©lĂ© les faiblesses du jeune Skywalker, dĂ©clara-t-il d’un ton lourd sens. Cela devrait t’en apprendre davantage sur les le seuil, il lui souhaita contre toute attente - Que la Force soit avec toi. Tu en auras besoin sur quitta la salle d’armes, laissant le jeune corellien seul, face Ă  la responsabilitĂ© des actes qu’il lui fallait assumer. Ses pensĂ©es se tournaient vers Beliem, sa compagne qu’il avait laissĂ©e derriĂšre lui sur Corellia, une fois de plus. La bataille de GĂ©onosis les avaient dĂ©jĂ  sĂ©parĂ©s au dĂ©but de la guerre, avant que le Conseil ne le bannisse sur son monde natif pour l’insubordination dont il avait preuve pendant la se tĂąta la joue, lĂ  oĂč Skywalker l’avait frappĂ© du poing. Une dent cassĂ©e Ă©lança sĂ©rieusement sa mĂąchoire. Il prit finalement la direction de l’ j'espĂšre que cela vous a plu !Allez, Ă  la prochaine ! mat-vador Jedi SWU Messages 3169EnregistrĂ© le 24 Mai 2016 RĂ©pondre en citant le message par L2-D2 » Mer 06 Juil 2022 - 1010 Sujet Re Les Origines de Jedi corellien OS inĂ©dits! Extrait lu !Nouveau duel d'entraĂźnement, mais qui finit un peu plus mal celui-lĂ  ! C'est un peu dommage de rĂ©duire Anakin et Oreste Ă  leur future chute dans le CĂŽtĂ© Obscur, ça manque un peu de subtilitĂ© je trouve. J'ai toujours imaginĂ© Anakin comme un vĂ©ritable hĂ©ros du Bien, parfois hautain, oui, mais qui n'Ă©tait tentĂ© par la colĂšre ou l'obscuritĂ© que lorsque, vraiment, l'un de ses proches est en danger de mort. LĂ , c'est un peu plus "facile", tout comme Oreste d' revanche, je note le fait qu'Oreste est manifestement retournĂ© sur Corellia il n'y a pas si longtemps et a du y retrouver Beliem, vu qu'il pense Ă  elle comme sa "compagne" ! Vivement la suite ! Que Monsieur m'excuse, mais cette unitĂ© D2 est en parfait Ă©tat. Une affaire en or. C-3PO Ă  Luke SkywalkerStaffeur fan-fictions & publications VF littĂ©raires L2-D2 ModĂ©rateur Messages 7841EnregistrĂ© le 26 FĂ©v 2013Localisation NĂźmes RĂ©pondre en citant le message par mat-vador » Mer 06 Juil 2022 - 2202 Sujet Re Les Origines de Jedi corellien OS inĂ©dits! L2-D2 a Ă©critNouveau duel d'entraĂźnement, mais qui finit un peu plus mal celui-lĂ  ! Ben, tu sais, tant qu'il y a pas de morts ... jusque lĂ  tout va bien !L2-D2 a Ă©crit. J'ai toujours imaginĂ© Anakin comme un vĂ©ritable hĂ©ros du Bien, parfois hautain, oui, mais qui n'Ă©tait tentĂ© par la colĂšre ou l'obscuritĂ© que lorsque, vraiment, l'un de ses proches est en danger de mortUn hĂ©ros du Bien ? Euh, tu as oubliĂ© le passage dans l'Ă©pisode II oĂč il avoue Ă  PadmĂ© qu'il a massacrĂ© toute une tribu de Tusken pour venger sa mĂšre. il a quand mĂȘme tuĂ© des enfants, il le dit d'ailleurs dans le film, ca colle pas trop Ă  l'idĂ©e que je me fais d'un HĂ©ros du le Legends, le tome 8 Clone Wars Obsession, il tue Durge de façon implacable et cruelle et sur le coup, ça m'a paru tellement gratuit que ça m'a choquĂ©...Pour Oreste, je ne l'ai jamais imaginĂ© comme un hĂ©ros du Bien, non plus. Dans les Origines, il a quand mĂȘme fait preuve de cruautĂ© lui pour ça que cela m'a paru naturel de les dĂ©crire ainsi dans ce passage. Et quand on pense qu'ils se vont retrouver bien aprĂšs l'Ordre 66 aprĂšs basculĂ© du CO, ca manque pas de piquant...L2-D2 a Ă©critEn revanche, je note le fait qu'Oreste est manifestement retournĂ© sur Corellia il n'y a pas si longtemps et a du y retrouver Beliem, vu qu'il pense Ă  elle comme sa "compagne" ! C'est un peu la PadmĂ©, version "Jedi corellien" Pour l'avancement, j'ai Ă©crit 65 pages environ et j'aurais bientĂŽt d'ici un mois ou cette chronique, j'ai un nouveau projet pour les Origines dont je donnerais quelques nouvelles ! mat-vador Jedi SWU Messages 3169EnregistrĂ© le 24 Mai 2016 RĂ©pondre en citant le message par mat-vador » Mar 12 Juil 2022 - 2144 Sujet Re Les Origines de Jedi corellien OS inĂ©dits! Bonsoir Ă  tous, comment ça va ?Allez c'est l'heure de la suite et on continue avec Oreste ! Mygeeto, deux semaines avant la fin de la Guerre des ClonesLe convoi rĂ©publicain s’étirait sur plus de deux kilomĂštres et avait commencĂ© Ă  emprunter la VallĂ©e du Serpent. En tĂȘte de peloton, Oreste Tissan tourna la tĂȘte vers les vĂ©hicules d’escorte qui flanquaient les soldats, se plaignant intĂ©rieurement de leur vitesse de dĂ©placement trop lente. EmmitouflĂ© dans sa bure verte marĂ©cage qui le recouvrait, il serra les dents contre le vent glacial qui le mordait. Il regrettait de ne pas avoir demandĂ© au capitaine Pelo, de lui prĂȘter une combinaison contre le froid leva les yeux vers les crĂȘtes dentelĂ©es, blanches et ternes qui les entouraient. Un tel passage Ă©tait propice Ă  des embuscades et la hauteur des montagnes favorisait des positions de tir, qui mettrait les sĂ©paratistes hors d’atteinte de toute riposte. Le Jedi corellien projeta sa conscience vers ces dĂ©cela des signes de vie mais cela restait vague et confus. Il crispa les doigts sur la crosse de son sabre-laser, tandis qu’un officier clone le Monsieur, nous avons reçu l’appel du gĂ©nĂ©ral Mundi. Il nous attend avec ses troupes Ă  la sortie de la Merci, capitaine Pelo. Dans combien de temps arriverons-nous ?- Dix heures, si nous maintenons l’ leva la paume ouverte vers le ciel sombre de Mygeeto. Un flocon de neige vint s’y Ă©craser, prĂ©lude Ă  la tempĂȘte qui s’annonçait. Les nuages couraient, plus imposants et plus sombres, ce qui rendait les environs plus Dix heures, c’est bien trop Je sais, monsieur. Et une forte rĂ©sistance des sĂ©paratistes nous coĂ»tera plus de retard, encore, ajouta le bourrasque siffla et Oreste invoqua la Force pour se protĂ©ger du froid. Il rabattit son capuchon sur la tĂȘte, en donnant l’ordre de se remettre en route. À peine avait-il mis les pieds sur cette planĂšte de la Bordure ExtĂ©rieure, qu’il avait regrettĂ© de ne pas ĂȘtre rentrĂ© sur ancien mentor cĂ©rĂ©en lui avait pourtant expliquĂ© que ce monde Ă©tait l’un des bastions du Clan Bancaire Intergalactique, ce qui lui confĂ©rait une importance stratĂ©gique majeure. Depuis plusieurs mois, la RĂ©publique avait acculĂ© la ConfĂ©dĂ©ration des SystĂšmes IndĂ©pendants, sur leurs derniers mondes de la Bordure ExtĂ©rieure. Le siĂšge de Mygeeto comme de tant d’autres planĂštes, constituait la derniĂšre grande phase de la Guerre des Clones, qui s’éternisait depuis trois ans. Beaucoup piaffaient d’impatience, en attendant la corellien avait vent de cette histoire de Sith clandestin, qui manipulerait le SĂ©nat et le cours de la guerre en sous-main. Mais il n’en avait cure, si loin de la capitale. La sensation du danger Ă©lectrisait de plus en plus, ses devait franchir cette vallĂ©e boisĂ©e le plus vite possible, pour rallier les troupes de MaĂźtre Mundi et l’aider Ă  assiĂ©ger la ville de Mathalfel. Le dernier verrou qui dĂ©fendait la route vers la capitale Je n’aime pas cette forĂȘt que nous devons traverser, Moi non plus, capitaine, accorda le corellien. Faites placer les bipodes en tĂȘte, activez les scanners se tourna vers ses hommes et accomplit un geste rotatif de la main. Dans des claquements mĂ©talliques, les bipodes dĂ©passĂšrent la colonne pour constituer l’avant-garde. Puis le Jedi donna l’ordre de massifs RT-TT et les chars Tridents s’avancĂšrent derriĂšre les bipodes, menĂ©s par Oreste et Pelo, sur le sentier qui sillonnait le creux de la vallĂ©e. Les montagnes qui les encerclaient disparurent peu Ă  peu lorsque la tempĂȘte s’intensifia, rĂ©duisant la visibilitĂ© Ă  moins de dix pas. Forçant Oreste Ă  se couvrir le bas du entrĂšrent dans la forĂȘt, la neige Ă©touffant le bruit de leur marche et effaçant le chemin Ă©troit qu’ils empruntaient. MĂȘme en s’aidant de la Force et de son instinct, le Jedi aurait du mal Ă  s’ Capitaine Pelo, fit-il. Appelez le CerbĂšre d’Agamar pour qu’ils nous envoient du soutien aĂ©rien. Nous avons besoin d’ĂȘtre Oui, clone posa l’index contre son casque, prĂšs de son oreille gauche et activa son comlink intĂ©grĂ© pour contacter le croiseur de classe Venator en orbite de la Capitaine Pelo Ă  CerbĂšre d’Agamar. Demandons soutien aĂ©rien pour reconnaissance des forces ennemies sĂ©paratistes dans la VallĂ©e du Serpent. CoordonnĂ©es 2-7-0, Ă  rĂ©ponse leur parvint aprĂšs un temps indĂ©fini, bien trop long pour Ici CerbĂšre d’Agamar. Les conditions climatiques extrĂȘmes ne permettent pas de reconnaissance Reçu, rĂ©pondit le clone avec amertume. Pelo, terminĂ©. Commandant ?- J’ai entendu, capitaine, lui lança Jedi corellien fixait l’horizon droit devant lui, les yeux plissĂ©s par le gel qui s’accentuait sur ses cils. Le danger imprĂ©gnait les courants de la Force mais il n’avait pas d’autre choix que d’avancer. C’était la sĂ©paratistes l’avaient dĂ©clenchĂ© et la RĂ©publique l’apportaient chez eux, car le vent avait tournĂ©. MotivĂ© par cette certitude, il ordonna Ă  son armĂ©e d’avancer. Il dĂ©crocha le sabre-laser de sa ceinture, se prĂ©parant Ă  l’ clones entrĂšrent dans la forĂȘt maculĂ©e d’une blancheur aussi maculĂ©e que la couleur de leur armure. Sur plus de cent mĂštres, seul le vent leur parlait, murmurant qu’ils n’étaient pas les bienvenus sur ce monde hostile. Les arbres hauts et dĂ©charnĂ©s, courbant sous le poids de leur coiffe laiteuse, leur accordaient par une aigre ironie, une haie d’honneur Ă  leur prĂȘt, lui fit alors la petite voix. BientĂŽt, trĂšs freina pour regarder par-dessus son Ă©paule, le soldat qui l’avait Oui, sergent ?- Les scanners thermiques ont dĂ©tectĂ© du mouvement Ă  onze recula pour se mettre Ă  hauteur du sous-officier, et vĂ©rifia ses dĂ©tecteurs intĂ©grĂ©s dans la visiĂšre de son casque. Des spots Ă©carlates clignotaient face Ă  ses Combien de formes de vies ?- Une demi-douzaine, capitaine. À deux kilomĂštres de notre position. Ce doit ĂȘtre des autochtones, ajouta le sergent. Peut-ĂȘtre des fermiers du l’entendit distinctement Ă  quelques mĂštres de lĂ . La petite voix grinça dans ses pensĂ©es des fermiers
 y crois-tu vraiment ?Non, le corellien n’en croyait Capitaine, stoppez la colonne et envoyez une patrouille. Si les sĂ©paratistes nous prĂ©parent une embuscade, nous devons l’ D’accord avec vous, appela six clones qui formeraient la patrouille de reconnaissance. Il leur donna des consignes simples repĂ©rer l’ennemi sans l’engager. Les soldats s’engagĂšrent plus profondĂ©ment dans la forĂȘt et ils disparurent peu aprĂšs, avalĂ©s par la brume. Leurs camarades suivirent leur progression lente, en restant en contact les minutes, un rapport de situation fut envoyĂ© au capitaine Pelo jusqu’à ce que le comlink intĂ©grĂ© de son casque n’émette plus que des parasites inquiĂ©tants. Le Jedi corellien sut dans la Force que ses hommes n’étaient leur sacrifice avait forcĂ© les sĂ©paratistes Ă  rĂ©vĂ©ler leur Capitaine, prĂ©parez-vous au activa son sabre-laser, laissant une lame verte Ă©meraude se dĂ©plier en crĂ©pitant. La Force l’envahit, se propageant dans tout son ĂȘtre, prolongeant sa prescience. La petite voix en profita pour se rendre plus Ă  l’obscuritĂ©, il l’avait dĂ©jĂ  fait aprĂšs tout, sur GĂ©onosis quand il avait torturĂ© ce gĂ©onosien dans une Étreinte de Force. Sur Metalorn, quand il avait tourmentĂ© cet officier sĂ©paratiste pour qu’il lui rĂ©vĂšle les codes permettant de dĂ©sactiver le bouclier planĂ©taire
 Appelez MaĂźtre Mundi, capitaine. Dites-lui que nous aurons du retard Ă  cause d’une probable poche de rĂ©sistance j'espĂšre que cela vous a plu ! Encore un cliffhanger, je sais... Allez, Ă  mardi prochain ! mat-vador Jedi SWU Messages 3169EnregistrĂ© le 24 Mai 2016 RĂ©pondre en citant le message par L2-D2 » Jeu 14 Juil 2022 - 1126 Sujet Re Les Origines de Jedi corellien OS inĂ©dits! Extrait lu!On commence Ă  raccrocher les wagons avec le tome I des Origines du Jedi Corellien si je ne m'abuse ! Vivement la suite! Que Monsieur m'excuse, mais cette unitĂ© D2 est en parfait Ă©tat. Une affaire en or. C-3PO Ă  Luke SkywalkerStaffeur fan-fictions & publications VF littĂ©raires L2-D2 ModĂ©rateur Messages 7841EnregistrĂ© le 26 FĂ©v 2013Localisation NĂźmes RĂ©pondre en citant le message par Mandoad » Sam 16 Juil 2022 - 1523 Sujet Re Les Origines de Jedi corellien OS inĂ©dits! Retard rattrapĂ© et 3 chapitres sur Oreste, on est bien aimĂ© celui sur la brouille d'Oreste et de Rachi et la rĂ©action de cette derniĂšre face aux paroles hypocrites du Corellien sur l'attachement. J'ai trouvĂ© bien pensais aussi que la mention de Hett ferait le lien avec la partie se dĂ©roulant dans le futur, mais apparemment ce n'Ă©tait qu'un petit suivant avec le duel entre Anakin et Oreste, j'ai un peu moins accrochĂ©. Si tu t'en sors toujours aussi bien dans la description d'un tel affrontement, j'ai trouvĂ© la caractĂ©risation des deux personnages un peu immature. En fait, j'ai eu l'impression de voir deux enfants qui se disputaient Ă  coups de "c'est lui qui a commencĂ©", ce qui a rendu leur Ă©change un peu puĂ©ril pour le coup. Quant au troisiĂšme, j'ai beaucoup apprĂ©ciĂ© de voir qu'on se rapproche gentiment des Origines et je suis curieux de voir comment tu vas clore tout cela !Je reviendrai pour la suite ! Mandoad Jedi SWU Messages 1411EnregistrĂ© le 28 Nov 2014 RĂ©pondre en citant le message par mat-vador » Lun 18 Juil 2022 - 1846 Sujet Re Les Origines de Jedi corellien OS inĂ©dits! Merci pour le retour, Mandoad !Mandoad a Ă©critJ'ai bien aimĂ© celui sur la brouille d'Oreste et de Rachi et la rĂ©action de cette derniĂšre face aux paroles hypocrites du Corellien sur l'attachement. J'ai trouvĂ© bien a soulevĂ© un problĂšme dans le dogme Jedi !Mandoad a Ă©critL e suivant avec le duel entre Anakin et Oreste, j'ai un peu moins flĂ»te !Mandoad a Ă©critQuant au troisiĂšme, j'ai beaucoup apprĂ©ciĂ© de voir qu'on se rapproche gentiment des Origines et je suis curieux de voir comment tu vas clore tout cela !Le destin inexorable de notre Oreste !Allez Ă  demain ! mat-vador Jedi SWU Messages 3169EnregistrĂ© le 24 Mai 2016 RĂ©pondre en citant le message par mat-vador » Mar 19 Juil 2022 - 2137 Sujet Re Les Origines de Jedi corellien OS inĂ©dits! Bonsoir Ă  tous, comment ça va ?C'est l'heure de la suite de la bataille !Pelo s’accroupit pour passer l’appel. La connexion Ă©tait en cours lorsque les ennemis frappĂšrent sans crier gare. Un trait ardent transperça la brume pour se ficher dans la poitrine d’un clone qui passait devant Pelo. Compte tenu des conditions climatiques, le capitaine avait Ă©tĂ© ciblĂ© par un tireur d’élite et s’en Ă©tait sorti avec beaucoup de peine le corps du clone refroidissait-il sur le sol enneigĂ© que des sifflements prĂ©cĂ©dĂšrent la chute d’obus sur leur position. Le sommet de plusieurs bipodes enfla avant d’exploser, plongeant la colonne dans une profonde confusion. L’essence de leurs Ă©quipages s’effaça des courants de la Force, immergeant le corellien dans une grande c’est cela. leva son Ă©pĂ©e, bloquant les premiers tirs sĂ©paratistes qui lui tombaient Capitaine, dĂ©ployez les hommes ! On doit avancer ! Appelez le CerbĂšre d’Agamar, on a besoin de soutien le relaya - Remuez-vous, bande de di’kut ! DĂ©ployez-vous et dĂ©busquez-les !Les soldats s’accroupirent ou se jetĂšrent ventre Ă  terre, avant d’épauler leur fusil blaster DC-15 et de riposter. Les traits bleus ionisĂ©s rĂ©publicains croisĂšrent les traits Ă©carlates des sĂ©paratistes. La bataille de la VallĂ©e du Serpent avait colonne se scinda, lorsque les chars Trident et les hexapodes RT-TT se sĂ©parĂšrent pour faire face Ă  la menace. Leur puissant canon entra en action, bombardant les positions supposĂ©es des sĂ©paratistes. Ces derniers accentuaient leur feu nourri, rendant la posture des rĂ©publicains bien plus char Trident dĂ©passa Oreste, au grand dam de ce dernier qui trouvait que le vĂ©hicule s’exposait dangereusement. L’engin qui flottait sur rĂ©pulseurs, encaissa un puissant tir de canon qui le brisa en deux. Des morceaux de corps et d’armures blanches volĂšrent de part et d’autre du point d’impact, tandis que la dĂ©flagration souffla Oreste en fut relevĂ© par Monsieur, doit-on battre en retraite ?- On avance, Nous subissons de lourdes pertes. Nous devrions attendre le soutien aĂ©rien
Le corellien le fusilla du regard et le clone remarqua non sans apprĂ©hension, que ses yeux verts et gris arboraient une malĂ©fique lueur Nous ne laisserons pas les sĂ©paratistes gagner. Que tous les hommes proches de nous me suivent, nous allons en Oui, droĂŻdes de combat apparurent hors de la brume, ouvrant le feu sur le Jedi corellien qui repoussa leurs tirs de blaster avant d’élever la main. Les frĂȘles automates furent fracassĂ©s contre un arbre fendu par les barrages d’ pivota vers les volontaires prĂȘts Ă  le suivre dans sa contre attaque. Une trentaine de clones, dont des sapeurs Ă©quipĂ©s de charges anti-blindĂ©s magnĂ©tiques. Pelo ordonna Ă  ceux-ci de se tenir juste derriĂšre les petite voix lui suggĂ©ra Laisse-moi te guider jusqu’au chef Chargez !Il s’élança en avant, Ă  travers la mitraille et agitant son sabre-laser pour se frayer un chemin Ă  travers les rangs ennemis. Il dĂ©coupa les droĂŻdes qui lui barraient la route, ne prenant pas garde aux deux clones qui trĂ©buchĂšrent face contre terre, balayĂ©s par des Ă©clats de shrapnel, dus Ă  l’explosion d’une mine Force lui faisait percevoir la prĂ©sence du chef ennemi, un ĂȘtre organique qui se terrait Ă  l’abri des combats, Ă  quelques centaines de mĂštres. La petite voix l’encourageait sans cesse, oui
 il se rapprochait de et tue-le. Brise tes dĂ©bouchĂšrent dans une clairiĂšre, oĂč des tanks sĂ©paratistes faisaient mouvement pour harceler les flancs de la colonne rĂ©publicaine bloquĂ©e. GardĂ©s par des dizaines de droĂŻdes, dont les senseurs les Posez les charges sur les tanks, vite ! Intima fantassins clones traversĂšrent les rangs des droĂŻdes Ă  l’image du Jedi corellien, tel un ouragan hors de contrĂŽle. Ils les dĂ©cimĂšrent en peu de temps et les sapeurs en profitĂšrent pour poser les mines magnĂ©tiques sur chacun des tanks prĂ©sents sur les lieux. Un Ă  un, les vĂ©hicules d’assaut furent rĂ©duits au silence, rĂ©publicains prirent le contrĂŽle de la clairiĂšre, dĂ©sorganisant le dispositif d’attaque ennemi. Les soldats se regroupĂšrent autour du Monsieur, nous devrions rejoindre la Non, cette attaque a Ă©tĂ© organisĂ©e, capitaine. Nous devons trancher la tĂȘte du serpent qui la duretĂ© de son ton fit frĂ©mir l’ Bien, commandant. On vous quittĂšrent la clairiĂšre, se remettant en ordre de marche, sans les sapeurs qui furent sommĂ©s de rejoindre leurs camarades. Deux escouades demeurĂšrent ainsi avec le corellien, lui emboĂźtant le pas en file ordonna d’envoyer les droĂŻdes sondes pour prĂ©venir toute surprise. La neige continuait de tomber, rendant le sol plus compact et plus Ă©pais. Leurs pas s’y enfonçaient de plus en plus ronronnements des sondes cessĂšrent subitement au bout d’une centaine de mĂštres, s’effondrant sur la neige, les circuits Capitaine ? Demanda Brouillage Ă  basses frĂ©quences, signifiait que l’ennemi Ă©tait proche et le Jedi sentait leur prĂ©sence dĂ©terminĂ©e, prĂȘt Ă  agir. Il brandit le sabre-laser devant sa poitrine, une fraction de seconde avant qu’un tir lumineux ne troua l’armure d’un clone Ă  la poitrine, en arriĂšre du surgirent de sous le manteau neigeux, vomis des entrailles de Mygeeto. Des humanoĂŻdes chauves grands de taille, dĂ©passant aisĂ©ment les deux mĂštres. De loin, leur silhouette fine et dĂ©charnĂ©e les faisait paraĂźtre comme des allumettes vĂȘtues de combinaison de survie. Leur teint maladif Ă©tait de la mĂȘme couleur que la neige de longs doigts minces maniaient des fusils blasters de haute prĂ©cision Ă  lunettes, ce qui expliquait les lourds pertes infligĂ©es aux rĂ©publicains depuis le dĂ©but de la campagne. AidĂ©s des droĂŻdes de combat, ils menaient une guĂ©rilla latente contre la RĂ©publique pour ralentir leur progression vers les centres urbains, dont Position dĂ©fensive ! Hurla soldats s’accroupirent en arc de cercla mais les muuns sĂ©paratistes Ă©taient deux fois plus nombreux qu’eux. Ils les entouraient et les tirs prĂ©cis les J’ai besoin d’aide
 Argh !Le clone Ă  droite de Pelo, s’écroula lorsque le trait ennemi ardent transperça son casque pour l’atteindre Ă  l’ Commandant, on doit dĂ©gager d’ici !Oreste entendit la petite voix lui commander tu as le pouvoir de tous les le corellien se dressa et usa de la Force pour tonner - C’est moi que vous voulez, sĂ©paratistes ? Je suis lĂ  !Tous les tirs convergĂšrent vers lui, qu’il bloqua avec sa lame lumineuse avec une fureur mĂȘlĂ©e de dĂ©dain. Il s’écarta des clones et fondit sur le muun le plus proche dont il fendit la poitrine de haut en autochtones saisirent des dĂ©tonateurs thermiques et les lui balancĂšrent au visage. Les engins pyrotechniques s’immobilisĂšrent Ă  mi-distance avant d’ĂȘtre renvoyĂ©s vers leurs expĂ©diteurs. Il n’en restait plus que de la charpie informe aprĂšs les chef n’est pas loin, souffla la petite plongea davantage dans les flux de la Force et dans ses propres tĂ©nĂšbres. Il repĂ©ra une femme muun dans un uniforme d’officier terne, sali par la neige et la boue qui menait ses hommes au Laissez tomber les clones ! Tuez le Jedi ! L’entendit-il humanoĂŻdes se dĂ©tournĂšrent des rĂ©publicains dont plus de la moitiĂ© Ă©tait tombĂ©e, pour concentrer leur attention sur le corellien. Ils s’interposĂšrent entre ce dernier et leur cheffe, qui recula pour se mettre Ă  l’abri, tout en Ă©paulant son fusil de guettait une ouverture mais le Jedi bougeait bien trop vite pour ĂȘtre ciblĂ©. Son sabre-laser dĂ©chirait l’air au fur et Ă  mesure qu’il se rapprochait d’elle. Sectionnant les membres, dĂ©chirant les corps comme de la viande de ProtĂ©gez la colonelle Scefe !Le muun qui donna cet ultime commandant fut dĂ©capitĂ© sans autre forme de procĂšs. Cinq de ses semblables restaient encore debout pour exĂ©cuter cette funeste instruction. Il ressentit leur terreur et ne put se retenir de la la vĂ©ritable voie, appuya la petite Vous devriez vous rendre, tous. C’est votre chef que je perçut la brĂšve hĂ©sitation des muuns et la dĂ©termination inflexible de leur commandante qui souriait. Elle Ă©carta son capuchon, dĂ©voilant la longue balafre qui barrait l’orbite vide de son Ɠil Ils ont perdu leur famille dans les derniers bombardements criminels de la RĂ©publique, Jedi. Nous nous battrons jusqu’à la mort pour notre libertĂ©, assĂ©na-t-elle Je respecte votre choix. Tout compte fait, c’est ce que j’espĂ©rais. Je n’avais pas l’intention de vous derniers muuns ne furent plus qu’une formalitĂ© pour le corellien qui les Ă©limina de frappes de taille, les divisant en plusieurs morceaux. Il enjamba les corps fumants, pour faire face Ă  la colonelle Vous n’empĂȘcherez pas la victoire de la RĂ©publique, lui annonça-t-il avec suffisance. BientĂŽt la paix mettra fin au dĂ©sordre que vous avez causĂ© depuis trois ans. Mygeeto tombera, comme les derniers bastions muun cracha sur la neige, de mĂ©pris Parce que vous croyez que votre cause est plus juste, que vos souffrances comptent plus que les nĂŽtres ? Allez dire cela Ă  tous ceux qui ont tout perdu dans votre guerre, leur foyer et leur famille ! Vous n’avez toujours pas compris que pour beaucoup de peuples, la RĂ©publique est l’oppresseur ? Ouvrez les yeux !- Nous combattons pour les principes de la RĂ©publique, que vous tentez d’ Vous ĂȘtes devenus si arrogants et aveugles que vous n’avez pas compris que la RĂ©publique que vous dĂ©fendez n’existe plus ! Le Chancelier Palpatine s’est arrogĂ© tous les pouvoirs du SĂ©nat et vous continuez de lui en C’est de la propagande sĂ©paratiste ! S’indigna le muun braqua son fusil vers Votre dĂ©mocratie est morte, ma cause est morte. Ma famille
 je ne tarderai pas Ă  la rejoindre, lĂ  oĂč ils reposent en tristesse infinie imprĂ©gnait les courants de la Force. Et pour la premiĂšre fois, Oreste se sentit proche de cette ennemie. Il songea Ă  son amante Beliem laissĂ©e sur Corellia qui l’attendait. Ce qu’ils construiraient ensemble aprĂšs la paix
 une famille comme celle que la sĂ©paratiste avait perdue dans les durs combats ?Il ne voulait pas perdre Beliem, il ne voulait pas perdre le bonheur qu’elle pouvait lui apporter. Cette sĂ©paratiste et ses illusions perdues ne comptaient pas pour lui. Oui, ce qu’elle reprĂ©sentait face Ă  lui, n’avait pas d’ n’est rien par rapport Ă  ce que tu pourrais devenir, disait la petite muun pressa la dĂ©tente et son expression demeura figĂ©e par la stupĂ©faction lorsque son tir lui fut renvoyĂ© au bas du ventre. Elle s’écroula sur les genoux, pressant ses longs doigts fins contre la plaie. Sa blessure n’était pas Par tous les enfers
 c’est douloureux, releva la tĂȘte avec Accordez-moi une mort rapide, Jedi. Entre petite voix le convainquit qu’elle ne mĂ©ritait pas cette faveur. Alors il usa de la Force pour la saisir et la soulever sans la moindre compassion. Dans ses mots, la pitiĂ© Ă©tait AprĂšs m’avoir causĂ© tant de problĂšmes, vous espĂ©rez ma misĂ©ricorde ? Je ne vous dois rien, resserra l’Étreinte de Force qui l’emprisonnait, la broyant avec une lenteur cruelle. Un sourire carnassier Ă©tira ses lĂšvres, Ă  mesure qu’il accroissait sa souffrance. Puis un tir ionisĂ© bleu transperça la muun Ă  la le corellien laissa le corps de l’humanoĂŻde retomber dans la neige avant de pivoter vers le clone dont le fusil-blaster Commandant, ĂȘtes-vous blessĂ© ?Le corellien hocha la tĂȘte en signe de dĂ©nĂ©gation. Puis il comprit que son subalterne Ă©tait le seul soldat encore Qu’est-il arrivĂ© aux autres ?- Ils ont fait leur devoir, monsieur. Ce pour quoi ils ont Ă©tĂ© nota l’amertume dans son ton. La colĂšre affleurait sous la surface de son impassibilitĂ©, mais il ignorait contre quoi ou qui elle Ă©tait dirigĂ©e. Il retourna sur ses pas, constater par lui-mĂȘme l’état des pertes encaissĂ©es aujourd’ armures blanches Ă©talĂ©es entre les arbres disparaissaient sous la neige, les corps sans vie refroidissant dĂ©jĂ  Ă  l’intĂ©rieur. VoilĂ  oĂč l’avait menĂ© sa passion une fois encore. GĂ©onosis, Metalorn, Mygeeto et tant d’autres champs de bataille qu’il s’efforçait d’oublier. Tous ces hommes qu’il avait conduits Ă  la mort, au nom de la il n’en Ă©prouvait aucun Rejoignons la colonne, fit le cet instant, Pelo reçut un appel sur son comlink puis il rendit son Monsieur, le CerbĂšre d’Agamar a envoyĂ© le soutien aĂ©rien. Les sĂ©paratistes ont battu en retraite vers les N’y a-t-il pas des villages Ă  proximitĂ© ?- Le village le plus proche est Ă  dix kilomĂštres de notre position, Ă  l’entrĂ©e de la vallĂ©e. Les sĂ©paratistes y ont peut-ĂȘtre reçu de l’aide pour prĂ©parer leur corellien regarda une derniĂšre fois les armures blanches immobiles avant de suggĂ©rer d’une voix aussi glaciale que le climat local - Nous allons nous regrouper et fouiller ce village. Nous ne laisserons aucune menace persister dans notre ne laissa aucune Ă©motion ou dĂ©sapprobation transpirer dans la Force. Il se comportait comme l’espĂ©rait le Jedi. Une arme vivante, dressĂ©e pour la Nous devrions envoyer un rapport au gĂ©nĂ©ral Mundi, suggĂ©ra-t-il au Je m’en charge, j'espĂšre que cela vous a plu !Allez, Ă  la prochaine ! mat-vador Jedi SWU Messages 3169EnregistrĂ© le 24 Mai 2016 RĂ©pondre en citant le message par L2-D2 » Jeu 21 Juil 2022 - 1207 Sujet Re Les Origines de Jedi corellien OS inĂ©dits! Extrait lu ! Oreste ne fait pas dans la demi-mesure ! On sent bien que la Guerre a Ă©tĂ© longue, violente, cruelle mĂȘme, et que cette petite voix qu'Oreste entend rĂ©guliĂšrement, et bien elle lui a permis de survivre. Sans faire dans la dentelle, sans s'embarrasser de faire des prisonniers au point que mĂȘme son commandant clone semble tiquer - d'ailleurs, c'est apprĂ©ciable de le voir dans un rĂŽle d'alliĂ©, le Jedi ferait bien d'en profiter, ça ne durera pas ! , sans vraiment respecter les idĂ©aux de l'Ordre Jedi. En fait, si l'Ordre 66 n'avait pas eu lieu, je pense qu'Oreste aurait eu des comptes Ă  rendre au Conseil...Vivement la suite ! Que Monsieur m'excuse, mais cette unitĂ© D2 est en parfait Ă©tat. Une affaire en or. C-3PO Ă  Luke SkywalkerStaffeur fan-fictions & publications VF littĂ©raires L2-D2 ModĂ©rateur Messages 7841EnregistrĂ© le 26 FĂ©v 2013Localisation NĂźmes RĂ©pondre en citant le message par mat-vador » Dim 24 Juil 2022 - 2140 Sujet Re Les Origines de Jedi corellien OS inĂ©dits! Merci pour le retour, L2 !L2-D2 a Ă©crit On sent bien que la Guerre a Ă©tĂ© longue, violente, cruelle mĂȘme,je voulais montrer qu'il ne se battait peut-ĂȘtre pas dans le bon camp !L2-D2 a Ă©critd'ailleurs, c'est apprĂ©ciable de le voir dans un rĂŽle d'alliĂ©, le Jedi ferait bien d'en profiter, ça ne durera pas ! La purge va bientĂŽt arriver !L2-D2 a Ă©critEn fait, si l'Ordre 66 n'avait pas eu lieu, je pense qu'Oreste aurait eu des comptes Ă  rendre au Conseil...Ce serait un infinity intĂ©ressant, ça !Allez, Ă  mardi ! mat-vador Jedi SWU Messages 3169EnregistrĂ© le 24 Mai 2016 RĂ©pondre en citant le message par mat-vador » Mar 26 Juil 2022 - 2205 Sujet Re Les Origines de Jedi corellien OS inĂ©dits! Bonsoir Ă  tous, comment allez-vous ?Allez, on continue avec Oreste Tissan pendant la campagne de Mygeeto, peu de temps avant l'avĂšnement de l'Empire !La bataille de la VallĂ©e du Serpent Ă©tait achevĂ©e depuis quelques heures et la nuit Ă©tait tombĂ©e sur le champ de bataille jonchĂ© d’épaves de vĂ©hicules de combat et de corps. Les clones ramassaient leurs morts, prenaient soin de leurs blessĂ©s et dĂ©gageaient le chemin pour rallier les forces du gĂ©nĂ©ral Mundi et dĂ©buter le siĂšge de s’était dĂ©tournĂ© de ce spectacle et avait rĂ©digĂ© un rapport de la bataille Ă  l’intention de MaĂźtre Mundi. Bien Ă©videmment, il avait survolĂ© le dĂ©tail de ses actes peu glorieux, son maĂźtre devait tout ignorer de son attirance pour les canonniĂšres avaient atterri pour emmener autant d’hommes que possible pour l’opĂ©ration spĂ©ciale que Oreste avait prĂ©vue. Le corellien vocifĂ©ra avec Pelo pour faire accĂ©lĂ©rer le mouvement. Ils dĂ©collĂšrent lorsque l’embarquement fut Jedi fixa encore une fois les lueurs des nanolampes des clones qui quadrillaient la VallĂ©e du Serpent avant qu’elles ne disparaissent englouties par les sommets des sapins, revĂȘtus de leur pĂąle coiffe blafarde. Il serra la poignĂ©e froide qui lui permettait de conserver son Ă©quilibre, malgrĂ© les balancements de la canonniĂšre secouĂ©e par les derniers battements de la tempĂȘte en Nous serons arrivĂ©s sur l’objectif dans cinq minutes, le prĂ©vint inspira un grand coup et de la vapeur s’échappa de ses narines. Cette neige lui faisait regretter la douceur de Corellia, l’affection paternelle de son mentor Nejaa Halcyon, l’amour de sa mĂšre et de sa compagne elle lui manquait tellement, son visage Ă©tait le rayon de soleil de sa vie et d’une meilleure promesse de l’avenir. Il s’accrochait Ă  l’espoir que rester enfin auprĂšs d’elle, ferait de lui un homme meilleur, libĂ©rĂ© de ses as d’abord une mission Ă  accomplir, lui rappela sĂ©vĂšrement la petite voix dans son il devait s’assurer que les villageois muuns n’avaient aucune responsabilitĂ© dans l’embuscade meurtriĂšre que les sĂ©paratistes leur avaient tendu dans la VallĂ©e du Serpent. Ils avaient dĂ©clenchĂ© cette guerre, emportĂ© tellement de systĂšmes dans cette spirale de violence sans fin
 dĂ©truit de si nombreuses familles, fait peser une ombre incertaine sur le bonheur de Beliem. Il ne leur pardonnerait ces muuns Ă©taient coupables d’une quelconque sympathie pour le camp sĂ©paratiste, il ferait s’abattre sur eux le juste chĂątiment. MĂȘme si cela l’écartait un peu plus de la voie des Jedi, il devait s’assurer de la loyautĂ© des clones sous son Le CerbĂšre d’Agamar a-t-il dĂ©tectĂ© du mouvement ennemi, lĂ  oĂč nous allons ?- NĂ©gatif, monsieur. Rien Ă  projeta ses sens loin de lui et ne perçut pas de menace immĂ©diate. Bien, il ne jetterait pas ses hommes dans un nouveau Trente secondes, objectif en vue. Vos ordres, commandant Tissan ?- Coupez toute retraite possible, aucun villageois ne doit s’ un ordre de Pelo, les canonniĂšres s’écartĂšrent les unes des autres et se posĂšrent de part et d’autre du village de quelques centaines d’ñmes, encaissĂ© dans le creux d’un vallon, Ă  l’entrĂ©e de la VallĂ©e du rugissement des moteurs avait attirĂ© l’attention des autochtones, Oreste l’avait senti. Depuis sa position, il les observait en train de s’égailler dans leur masure, saisissant leur progĂ©niture pour les mettre Ă  l’abri et s’enfermer Ă  l’intĂ©rieur. Ce qui paraissait ĂȘtre une attitude ordinaire de civils soucieux de se prĂ©server de la cruautĂ© de la guerre, devenait suspect aux yeux du corellien. Ce comportement pouvait mĂȘme constituer une preuve se promit qu’il saurait la fais confiance Ă  ton instinct, l’encouragea la petite vĂ©hicules rĂ©publicains se posĂšrent autour du village, en formation serrĂ©e de maniĂšre Ă  bloquer efficacement toute entrĂ©e et sortie. Les clones sautĂšrent promptement dans la boue enneigĂ©e, se haranguant en mando’ Bougez-vous le shebs ! Jurait avoir postĂ© des sentinelles afin de prĂ©venir toute surprise, le Jedi investit le village avec le reste des troupes. Pelo ordonna que tous les villageois sortent de leurs habitations pour contrĂŽler leur de terreur, aucun des muuns n’obtempĂ©ra. Avec la permission de Oreste, les soldats s’approchĂšrent pour dĂ©foncer les maigres portes Ă  coups de crosse et extirper de force les rĂ©sidents qu’ils jetĂšrent impitoyablement dans les rues. Levant les mains en l’air, les humanoĂŻdes se laissĂšrent docilement conduire vers la place principale, au cƓur du de coups de poings et de coups de bottes, cela allait de soi. Les familles se tenaient par les bras, les enfants contre leurs parents qui les rassuraient en leur murmurant quelques mots doux alors que le froid les tenaillait entre ses pinces mĂȘme froid qui avait envahi le cƓur de Oreste, lui ĂŽtant toute pitiĂ© Ă  l’encontre de ces civils que l’écho de la guerre avait quelques dizaines de villageois furent regroupĂ©s puis encerclĂ©s par les clones au milieu du village sous ses yeux, Pelo lui confirmant que personne ne manquait Ă  l’ Qui les reprĂ©sente ? RĂ©pondit le tonna en direction de la foule - Qui vous reprĂ©sente ?Dans un silence oppressant, une silhouette fendit les rangs, vĂȘtue d’une toge mauve et s’appuyant sur une canne. La vieille muun aux rides profondes, soutint le regard distant du clone puis celui du Jedi, lĂ©gĂšrement en Je suis la PrĂ©fĂšte Sandari, votre prĂ©sence n’est pas nĂ©cessaire ici. Il n’y a que des chasseurs et des cueilleurs, qui cherchent Ă  survivre tant que La ferme, trancha Capitaine, le rappela Ă  l’ordre prit la place de Pelo pour faire face Ă  la Nos troupes viennent d’ĂȘtre attaquĂ©es dans la VallĂ©e du Serpent et nous avons subi de lourdes pertes, Nous sommes dĂ©solĂ©s de l’apprendre, jeune Jedi. Mais c’est ce qui arrive inĂ©vitablement quand on amĂšne le malheur avec yeux du corellien acquirent une plus grande Votre village Ă©tant proche du lieu de la bataille, nous vous soupçonnons d’avoir aidĂ© les sĂ©paratistes de quelque maniĂšre que ce perçut dans la Force, le changement subtil d’atmosphĂšre qui planait au-dessus de cette petite assemblĂ©e. Un accroissement sensible d’angoisse qui gagnait tous les villageois, y compris chez la matriarche qui devint consciente que ses prochains mots pourraient dĂ©cider de leur sort Ă  Mais il n’y a ni combattant ni droĂŻde dans notre village, insista-t-elle. Nous n’avons rien Ă  voir avec les le sut avant que la petite voix ne lui confirma elle Nous verrons, coupa-t-il sans chaleur. Passez tout le village au peigne fin, fit-il impĂ©rieusement Ă  ses hommes retournĂšrent vers les masures pour les fouiller. Des bruits de tables, de chaises renversĂ©es puis de meubles forcĂ©s leur parvenaient. Des muuns baissaient vers les yeux vers le sol gelĂ©, craignant d’avance d’affronter le courroux de leurs geĂŽliers. La tristesse ridait un peu plus le front de la PrĂ©fĂšte, pressentant qu’un malheur allait s’abattre sur sa corellien dĂ©couvrirait bientĂŽt la vĂ©ritĂ©, la petite voix le lui soldats revinrent, du butin plein les bras. Des armes de guerre, massivement utilisĂ©es par les miliciens locaux sĂ©paratistes, du matĂ©riel mĂ©dical
 et un massif appareil de communication Ă  courte Nous l’avons dĂ©couvert sous le plancher, expliqua un des clones au armes en soi ne constituaient pas une preuve majeure mais cet Ă©metteur, par contre
 Oreste serra involontairement le poing autour de la crosse de son sabre laser. Une Ă©nergie glacĂ©e Ă©manait de son Ăąme pour se rĂ©pandre dans tout son haine avait prise sur Vous l’avez utilisĂ© pour prĂ©venir les sĂ©paratistes de notre arrivĂ©e, lança-t-il face aux villageois ne lui rĂ©pondit, de peur de dĂ©clencher une violente MaĂźtre Jedi, je comprends votre colĂšre, dĂ©clara la PrĂ©fĂšte en s’avançant. Je suis prĂȘte Ă  en assumer toute la responsabilitĂ© mais je vous supplie d’épargner les miens. Ils ne font que m’ petite voix se moqua quelle noble Ils ont choisi de vous obĂ©ir, la sentence sera la mĂȘme pour terribles mots du Jedi Ă©veillĂšrent l’effroi dans les yeux de la PrĂ©fĂšte. Des murmures implorants parcoururent la foule Mais vous ĂȘtes un Jedi ! Vous ne pouvez pas
- Je suis un Jedi et je sers la RĂ©publique, que votre sĂ©dition met en danger. Cette guerre que vous avez dĂ©clenchĂ©, n’a que trop Il y a des enfants, vous oseriez leur faire du mal ?Les yeux verts et gris du corellien se promenĂšrent sur tous les villageois, s’attardant sur les enfants muuns confus et Il n’y a pas d’innocents dans cette guerre, martela-t-il. Vous partagerez tous le mĂȘme matriarche comprit qu’il ne flĂ©chirait pas. Les clones resserraient l’étau autour de leurs prisonniers, ĂŽtant le cran de sĂ»retĂ© de leur fusil C’est ce que la RĂ©publique est devenue, souffla la PrĂ©fĂšte avec Nous la sauverons des sĂ©paratistes, PrĂ©fĂšte, lui assura le capitaine fiertĂ©, Sandari ne daigna pas lui accorder la moindre attention, continuant de soutenir le regard du Et qui la sauvera de criminels comme vous, Jedi ?Oreste crispa la mĂąchoire, il ne pouvait pas reculer sans se ridiculiser devant ses propres troupes. Il devait aller jusqu’au ProcĂ©dez, À vos ordres, Jedi recula pour laisser sa place Ă  Pelo. Il se dĂ©tourna pour ne pas voir la suite, alors que l’officier ordonna implacablement Ă  ses Soldats, en villageois tentĂšrent de dissuader leurs Épargnez les enfants ! Épargnez-les ! Les cris de dĂ©tresse rebondissaient sur ces armures blanches insensibles au dĂ©sespoir alors que les armes Ă©taient pointĂ©es dans leur direction, prĂȘtes Ă  rugir. Oreste ferma les yeux et se coupa de la Force, Ă©teignant mĂȘme cette petite voix qui l’accompagnait Feu Ă  volontĂ©, lĂącha garda les paupiĂšres closes, serrant les dents pour ne pas voir ce qu’il entendait. Les dĂ©tonations mĂȘlĂ©es aux cris d’agonies des muuns qui s’effondraient les uns sur les autres, rejoignant un Ă  un le nĂ©ant glacĂ© de l’ retirer de la Force lui permit de ne pas ressentir ces morts. Puis il se demanda pourquoi il en avait Ă©tĂ© rĂ©duit Ă  cette impitoyable extrĂ©mitĂ©. Alors il laissa le visage de Beliem se matĂ©rialiser dans son esprit. Il s’imaginait qu’elle le regardait et lui souriait. Oui, c’était pour elle qu’il le faisait, pour son bonheur dans une galaxie libĂ©rĂ©e de la guerre et de la terreur qui se passait dans ce village de Mygeeto, Ă©tait un mal enfant Muun s’extirpa de sous les cadavres de ses parents, ses vĂȘtements et sa peau grise terne maculĂ©s de leur sang. Il rampa entre les corps, avant de se lever subitement et de se mettre Ă  courir Ă  toute peur de la mort lui donnait des ailes de Thranta mais le sauverait-elle pour autant ? Pelo le remarqua en Ne le laissez pas s’échapper !Le capitaine montra l’exemple, en Ă©paulant son fusil. L’enfant foulait le sol Ă  grandes enjambĂ©es mais Ă  peine avait-il quittĂ© la place qu’un trait ionisĂ© le frappa entre les omoplates pour ressortir de sa maigre ne comprit pas l’intense douleur qu’il ressentait Ă  l’impact, tandis qu’il titubait, ses perceptions engourdies. Il fut projetĂ© face contre terre, par les autres tirs de blaster, et la neige teintĂ©e de son sang commençait Ă  recouvrir son minuscule cadavre. Aucun autre enfant n’avait obtenu clones s’approchĂšrent et s’assurĂšrent de sa mort en visant la nuque. Leur besogne faite, ils rejoignirent leurs camarades qui tiraient sur le tas de cadavres qui trĂŽnait sur la place du village. Au-dessus de cette pile de chair funeste, des mains continuaient de s’agiter vers les cieux sombres. Les doigts fins remuaient, pour implorer encore une derniĂšre fois de l’ dĂ©tonations ponctuĂ©s de flash Ă©phĂ©mĂšres
 tout fut revint vers le Jedi Commandant, nous avons rouvrit alors les yeux sur le carnage qu’il a refusĂ© de regarder. Puis il se connecta Ă  la Force, la prolongeant vers les victimes dont il ne dĂ©tecta aucun signe de vie. MalgrĂ© sa rĂ©pugnance, il plongea ses yeux dans ceux de la PrĂ©fĂšte, qui semblait le fixer d’un air accusateur malgrĂ© la mort qui l’avait se consola en se rappelant qu’il l’avait fait pour Beliem, pour la retrouver quand la guerre sera Évacuez les hommes, Oui, sonna le rappel et les clones se regroupĂšrent dans l’ordre pour quitter le village suppliciĂ©. Oreste saisit son Tissan aux canonniĂšres, tenez-vous prĂȘt Ă  faire feu quand nous aurons quittĂ© le clones gagnĂšrent les entrĂ©es du village, quadrillant rigoureusement les environs. Au-dessus d’eux, les canonniĂšres passĂšrent en rase-mottes pour dĂ©verser tout leur arsenal sur les masures missiles et les roquettes explosĂšrent, rĂ©pandant en quelques secondes un incendie gĂ©nĂ©ralisĂ© qui dĂ©vasta tout le village. Des projectiles incendiaires furent lancĂ©s sur les cadavres agglomĂ©rĂ©s sur la place. Tout trace de ce qui venait de se passer, devait corellien et ses hommes regardaient les flammes aussi Ă©carlates que le sang qui avait Ă©tĂ© versĂ©, s’élever vers les nuages lourds et sombres. À travers eux, la guerre avait dĂ©truit ce havre de vie et d’harmonie canonniĂšres se posĂšrent ensuite pour les embarquer et les ramener vers le gros des troupes qui les attendaient dans la VallĂ©e du Serpent. La guerre se poursuivait, d’autres vies seraient perdues tant que Mygeeto resterait aux mains des Quel rapport devons-nous envoyer au CerbĂšre d’Agamar sur ce qui s’est passĂ© ? Lui demanda le capitaine Ă  cĂŽtĂ© de Seulement ceci. Ce village a Ă©tĂ© dĂ©truit par les sĂ©paratistes car ses habitants ont Ă©tĂ© soupçonnĂ©s de nourrir de la sympathie pour la sentit peser le regard de l’officier avant que celui-ci n’acquiesça en silence. La guerre Ă©tait assez cruelle, pour brouiller les responsabilitĂ©s dans un miasme indĂ©chiffrable. Tant qu’elle durerait, il s’enfoncerait dans les un peu plus dans les j'espĂšre que cela vous a plu !Allez, Ă  mardi prochain ! mat-vador Jedi SWU Messages 3169EnregistrĂ© le 24 Mai 2016 RĂ©pondre en citant le message par L2-D2 » Mer 27 Juil 2022 - 1120 Sujet Re Les Origines de Jedi corellien OS inĂ©dits! Extrait lu!Ah oui, quand mĂȘme! On est au bal des faux-culs tout de mĂȘme avec un Orestetellement convaincu de son bon droit et de faire ce qu'il faut... qu'il se coupe de la Force au moment de l'exĂ©cution et refuse de regarder ce qu'il n'hĂ©site pourtant pas Ă  ordonner. Elle a bon dos, Beliem... Un beau salopard donc que tu nous as prĂ©sentĂ©s ici!Vivement la suite! Que Monsieur m'excuse, mais cette unitĂ© D2 est en parfait Ă©tat. Une affaire en or. C-3PO Ă  Luke SkywalkerStaffeur fan-fictions & publications VF littĂ©raires L2-D2 ModĂ©rateur Messages 7841EnregistrĂ© le 26 FĂ©v 2013Localisation NĂźmes RĂ©pondre en citant le message par mat-vador » Jeu 28 Juil 2022 - 2131 Sujet Re Les Origines de Jedi corellien OS inĂ©dits! Merci pour le retour, L2 !L2-D2 a Ă©critOn est au bal des faux-culs tout de mĂȘme avec un Orestetellement convaincu de son bon droit et de faire ce qu'il faut... qu'il se coupe de la Force au moment de l'exĂ©cution et refuse de regarder ce qu'il n'hĂ©site pourtant pas Ă  oui ! Mais qu'il assume enfin !L2-D2 a Ă©crit Elle a bon dos, Beliem... Quand l'amour rend aveugle !L2-D2 a Ă©critUn beau salopard donc que tu nous as prĂ©sentĂ©s ici!Pas trop surpris qu'il devienne un certain Jedi Noir de Dathomir ! mat-vador Jedi SWU Messages 3169EnregistrĂ© le 24 Mai 2016 RĂ©pondre en citant le message par mat-vador » Mar 02 AoĂ» 2022 - 2203 Sujet Re Les Origines de Jedi corellien OS inĂ©dits! Bonsoir, je vous poste la suite !Et c'est le dĂ©but de la sixiĂšme et derniĂšre partie ! Partie 6 RĂ©demption Le passĂ© Bordure ExtĂ©rieure, Secteur de Quelii, planĂšte Dathomir Des annĂ©es aprĂšs l’avĂšnement de l’EmpireLe vaisseau de Rachi Sitra Ă©mergea de l’hyperespace et ralentit pour scanner les environs. La Jedi twi’lek souhaitait se prĂ©server de la mauvaise surprise qu’elle avait connue lors de sa derniĂšre d’un chasseur de primes qui lui avait tendue une embuscade en orbite et l’avait capturĂ©e pour la livrer Ă  l’Empire. Elle se souviendrait encore de cette rencontre avec Boba Fett et ne comptait pas commettre les mĂȘmes erreurs. Elle projeta davantage ses perceptions dans la Force, pour dĂ©tecter l’arrivĂ©e d’éventuels ressentit d’abord Dathomir et les Ă©tincelles de vie qui la peuplaient. Ce monde rĂ©sonnait dans la Force avec une telle aura qu’elle s’en nourrit pour prolonger sa prescience dans tout le systĂšme. Elle reprit sa respiration avec plus de rĂ©gularitĂ© quand elle fut certaine de l’absence de menace immĂ©diate. Cela ne signifiait pas pour autant que la mission diplomatique dont elle a Ă©tĂ© chargĂ©e pour le compte de l’Alliance Rebelle, serait regorgeait de dangers. Rien que la faune de la planĂšte suffisait Ă  tuer les voyageurs imprudents et les naufragĂ©s. La flore qui confĂ©rait cette vague apparence chlorophylle Ă  ce monde isolĂ© des routes hyperspatiales, dissimulait la prĂ©sence d’autochtones sensibles Ă  la Force. Les SorciĂšres de d’histoire et d’archĂ©ologie lors de sa formation au Temple de Coruscant, Rachi connaissait leur histoire. Cette communautĂ© d’adeptes de la Force fut créée suite Ă  l’exil d’Allya, une Jedi ayant sombrĂ© du CĂŽtĂ© Obscur et bannie par ses pairs sur ce qui Ă©tait une colonie pĂ©nitentiaire de la RĂ©publique. Au fil des gĂ©nĂ©rations, cette communautĂ© avait prospĂ©rĂ© en plusieurs clans, crĂ©ant une sociĂ©tĂ© matriarcale qui avait rĂ©duit les hommes au rang de simple reproducteur. VoilĂ  pourquoi, elle ignorait comment elle serait devait d’abord Ă©chapper aux scanners de l’Empire qui possĂ©dait un pĂ©nitencier pour les prisonniers politiques. Elle relança les moteurs aprĂšs avoir modifiĂ© la signature de son impĂ©riaux ne prirent pas garde Ă  son approche, la laissant pĂ©nĂ©trer les couches nuageuses et survoler l’infinie forĂȘt de sapins. Elle repĂ©ra ensuite une chaĂźne de montagne qui marquait l’entrĂ©e du clan de la Montagne Qui remarqua un vallon isolĂ© oĂč elle pouvait poser son vaisseau discrĂštement. AprĂšs l’appontage, elle ouvrit une connexion longue portĂ©e cryptĂ©e avec l’un des agents de la rĂ©bellion qui collaborait avec figure d’une humaine aux cheveux roux coupĂ©s courts et Ă  l’allure d’une aristocrate s’illumina devant SĂ©natrice Mothma, je suis arrivĂ©e. Les impĂ©riaux n’ont pas dĂ©tectĂ© mon de la dignitaire entrĂ©e en rĂ©bellion contre l’Empire montra le soulagement de cette Bien, j’espĂšre que vous rĂ©ussirez dans votre mission. Le ralliement des SorciĂšres de Dathomir apporterait beaucoup Ă  notre Il ne sera pas facile de les convaincre mais je ferai de mon mieux, rĂ©pondit la twi’lek. Je vous tiens communication terminĂ©e, la twi’lek quitta le vaisseau et Ă©tudia son environnement. Un vertige la saisit lorsqu’elle se retrouva sous l’effet d’une gravitĂ© plus lĂ©gĂšre que la normale. Elle prit quelques instants pour s’y habituer, calquant le rythme de sa respiration pour l’aider Ă  attĂ©nuer les effets. La Force Ă©tait riche en ce constata que le sentier qui longeait son vaisseau, s’enfonçait en direction des montagnes. LĂ  oĂč se cachait la forteresse du clan de la Montagne Qui Chante. Ses lekkus s’agitĂšrent sur ses Ă©paules, signe de la vigilance dont elle faisait preuve sur un monde si dangereux. Elle s’engagea enfin sur le chemin poussiĂ©reux, chacun de ses pas lĂąchant dans son sillage un fin panache sentit leur prĂ©sence avant qu’ils n’apparaissent face Ă  sol trembla lorsque des crĂ©atures grandes et tassĂ©es surgirent pour lui couper le passage, au niveau d’un virage. Des prĂ©dateurs reptiliens massifs hauts de plusieurs mĂštres, aux bras incurvĂ©s terminĂ©s par des griffes larges comme des faux et chevauchĂ©s par des femmes athlĂ©tiques habillĂ©s en peau de se rapprocha davantage, en posant la main sur son sabre-laser, accrochĂ©e Ă  la ceinture. Elle remarqua les tatouages tribaux qui marquaient leur figure, sous le large capuchon qui les recouvrait. La Force Ă©tait prĂ©sente en elles, la Jedi rescapĂ©e de la purge le ressentait par vagues intermittentes. Leurs montures – des rancors – s’arrĂȘtĂšrent, permettant aux cavaliĂšres de la jauger plus SorciĂšres de Dathomir donnĂšrent l’impression de savoir Ă  qui elles avaient affaire. Certaines brandirent des lances dans sa direction, d’autres des Ă©pĂ©es ou des blasters d’un temps ancien. Aucune ne semblait vouloir l’accueillir Ă  bras ouverts. Une confrontation ne tournerait pas Ă  son pourquoi elle leva les mains, paumes tournĂ©es vers l’avant, en guise de bonne Je viens en avait parlĂ© dans l’ancien dialecte de l’Empire paecien, disparu plusieurs siĂšcles auparavant, qui dominait sans ce partage, ce systĂšme. Comme elle s’y attendait, elle avait prise de court les amazones qui Ă©changeaient des regards Ă©tonnĂ©s. Une Ă©trangĂšre hors-monde qui prononçait des mots semblables aux leurs, voilĂ  qui ne manqua pas d’attiser leur si leur hostilitĂ© restait une des femmes se dĂ©tacha des rangs, ordonnant Ă  ses consƓurs d’attendre d’un mouvement de lance. Son rancor l’amena face Ă  la Jedi twi’lek, qu’elle dĂ©visagea avec sĂ©vĂ©ritĂ©. Puis la dathomirienne sauta avec souplesse aux pieds de sa monture, usant d’un sort oral pour ordonner Ă  la crĂ©ature de rester retira son capuchon, dĂ©voilant le visage d’une zabrak, Proche Humaine Ă  la peau mate et Ă  la tĂȘte hĂ©rissĂ©e de minuscules cornes. À l’arriĂšre de la nuque, une queue de cheval flottait dans le Tu parles notre langue, Ă©trangĂšre inclina le buste pour lui tĂ©moigner son J’aime apprendre, rĂ©pondit-elle avec affabilitĂ© malgrĂ© la rudesse de l’autochtone Ă  son Ton accent est semblable Ă  l’haleine d’une bouse de cherchait Ă  la Moins pestilentielle que vos maniĂšres, zabrak fronça les sourcils, suite Ă  la Qui es-tu ?- Je suis Rachi Sitra, Chevalier Jedi. Je viens vous proposer de rejoindre l’Alliance pour combattre la tyrannie de l’Empire sur Dathomir et dans la galaxie toute entiĂšre. J’aimerais m’entretenir avec votre la fixa avec encore plus de froideur, s’appuyant sur sa lance qu’elle ficha dans le sol par le Un Jedi est venu apporter la guerre sanglante sur notre monde, il y a plusieurs printemps. Il s’appelait Oreste Tissan et il a provoquĂ© notre chute au profit des SƓurs de la Nuit et de l’Empire que tu prĂ©tends twi’lek ne put se retenir d’éprouver une infinie tristesse, en entendant le nom de ce jeune Jedi corellien qui avait trouvĂ© refuge sur Dathomir aprĂšs la Purge. Il y avait lancĂ© sa rĂ©bellion dont l’Empire en avait fait ses choux gras pour justifier sa traque des derniers membres de la confrĂ©rie. Les SorciĂšres possĂ©daient la mĂ©moire longue et la rancune tenace. Elle comprit l’ampleur de la difficultĂ© de sa rĂ©parer le mal que Oreste avait causĂ© ?- Je suis dĂ©solĂ©e des pertes que vous avez subies, mais nous ne devons pas laisser le passĂ© dĂ©terminer notre avenir. Nous devons au contraire en tirer des De belles paroles, Jedi, cracha la non humaine. Mais nous n’en Ă©couterons pas davantage, quitte les lieux songea Ă  ce qu’elle avait perdu depuis la Guerre des Clones, l’avĂšnement de l’ J’ai pris beaucoup de risques pour venir ici. Je ne partirai pas avant d’avoir parlĂ© Ă  votre deux femmes se mesurĂšrent du regard, avant que la zabrak ne crispa les doigts sur le manche de son arme. En deux battements de cils, l’autochtone retira subitement sa lance du sol, la fit danser au-dessus de sa tĂȘte et frappa de taille la visiteuse, au niveau des hanches. pas assez pour prendre la Jedi au dĂ©pourvu. La twi’lek recula d’un pas et le fer frĂŽla son corps avant qu’elle ne dĂ©plia sa jambe comme un ressort, enfonçant sa botte dans l’estomac de la dathomirienne. Celle-ci tituba avant de pousser un cri de traits farouches grimaçants, la zabrak se jeta de nouveau, maniant sa lance Ă  deux mains pour la transpercer Ă  la poitrine. Rachi saisit alors la crosse de son sabre et l’activa. Dans un sifflement familier, la lame bleue azur prit vie et intercepta la lance qu’elle fendit adroitement en deux par le elle pivota sur son pied d’appui pour balayer les chevilles de la zabrak avec son mollet. Celle-ci chuta lourdement sur le sol et elle fut tenue en respect par la lame crĂ©pitante dont la pointe rĂ©chauffait son J’exige de parler Ă  votre matriarche. On continue la dĂ©monstration ou on arrĂȘte les frais ?Elle espĂ©rait pendant quelques instants que la zabrak entendrait raison mais elle fut dĂ©trompĂ©e lorsque l’amazone cria en direction des siennes - Mes SƓurs, tuez l’étrangĂšre !ImmĂ©diatement, Rachi s’écarta d’elle pour faire face aux autres dathomiriennes. Celles-ci s’avancĂšrent, juchĂ©es sur la nuque de leur rancor, Ă©tendant leur formation pour l’encercler. La plus proche braqua son blaster et pressa la bloqua les tirs avec sa lame avant de sentir l’attaque du rancor de la zabrak. Le rugissement guttural de la bĂȘte prĂ©cĂ©da le mouvement de son bras gigantesque qui laboura, lĂ  oĂč se trouvait la twi’lek. Elle avait esquivĂ© d’un long salto arriĂšre qui l’éloigna tant du prĂ©dateur furieux que des autres guerriĂšres qui la d’elles lui projeta sa lance qu’elle arrĂȘta en pleine course Ă  l’aide de la Force. Puis la twi’lek accumula ses pouvoirs qu’elle relĂącha en une puissante vague tĂ©lĂ©kinĂ©tique qui fit chanceler tous les rancors, au point de faire chuter certaines de leurs zabrak, de nouveau debout, Ă©leva ses mains en soufflant un choix mĂ©lodieux. Elle usait de la Force, que les SorciĂšres appelaient dans leur dialecte, la Magie d’Allya. Une partie du sol se souleva autour d’elle et deux blocs compacts fusĂšrent vers la Jedi pour la percuter et l’écraser. Rachi leva la paume Ă  son tour et rejeta les blocs sur les cĂŽtĂ©s alors que les autres amazones se qui avaient Ă©tĂ© jetĂ©es du haut de leur monture, se relevaient indemnes sauf deux qui furent hors de combat, le bras fracturĂ©. Ces dathomiriennes coururent vers la Jedi pour en finir au corps Ă  corps. Les autres restĂšrent en arriĂšre, assises sur leur monture et tentaient de maĂźtriser les rancors privĂ©s de contrĂŽle, en chantant des sorts de domination se prĂ©cipita Ă  la rencontre de ses ennemies, sa lame ardente trancha la garde de l’épĂ©e de duracier rouillĂ© de la premiĂšre. Elle brisa le blaster de la deuxiĂšme d’un coup latĂ©ral, rejeta la troisiĂšme et la quatriĂšme d’une PoussĂ©e de cinquiĂšme restĂ©e en arriĂšre-garde, avait dĂ©butĂ© un chant pour invoquer une TempĂȘte de Force. Mais le talon haut de la twi’lek qui la cogna Ă  la tempe, la stoppa en l’assommant avant qu’elle n’ait pu achever le sort. S’étant dĂ©barrassĂ©e de ses ennemies immĂ©diates, la Jedi fit face aux rancors et Ă  leurs d’entre elles ordonna Ă  son rancor d’arracher une partie du sol avec ses bras puissants et de lancer les dĂ©bris imposants sur l’étrangĂšre. Rachi se servit de la Force pour bondir dans les airs et se rĂ©ceptionner sur le dos de la crĂ©ature, Ă  la stupĂ©faction de la cavaliĂšre qui la fixa, les yeux Ă©carquillĂ©s. Finalement la dathomirienne se redressa pour la chasser mais elle ne fit pas le poids face Ă  la twi’ dĂ©gaina son Ă©pĂ©e mais la Jedi la dĂ©sarma d’un mouvement tournoyant de la jambe droite avant de pivoter pour propulser son autre pied dans la poitrine, qui catapulta son adversaire et la fit chuter au pied de sa monture. De sa position haute, elle entendit le cri de la dathomirienne qui gisait au sol, la cheville de sa cavaliĂšre, le rancor se dressa en lĂąchant un mugissement inquiĂ©tant. Rachi sentit son agressivitĂ© grandissante, qui avait Ă©tĂ© jusque-lĂ  tenu en laisse. Il ouvrit la gueule, dĂ©voilant ses crocs terrifiants, dans l’idĂ©e de vouloir s’en prendre Ă  d’autres rancors ou Ă  qui quiconque se trouvait sur son la cavaliĂšre qui se trouvait sous lui et qui menaçait d’ĂȘtre piĂ©tinĂ©e. Rachi sentit la dĂ©tresse de celle-ci et dĂ©cida d’agir avant que la situation ne devienne hors de contrĂŽle. Elle invoqua la Force pour apaiser le rancor, se connectant Ă  son comprit Ă  quel point cette crĂ©ature disposait d’une grande intelligence, malgrĂ© sa bestialitĂ© naturelle. Elle ne chercha point Ă  le dominer mais Ă  le convaincre qu’elle Ă©tait son Doucement, chuchota-t-elle. Je ne te veux aucun zabrak perçut le pouvoir qui Ă©manait d’elle et comprit enfin que l’affrontement avait assez durĂ©. Elle courut vers ses consƓurs qui voulaient encore en Assez !Sa voix porta et les plus dĂ©terminĂ©es baissĂšrent les armes. Rachi le comprit et Ă©teignit Ă  son tour, son sabre-laser. S’assurant que le rancor Ă©tait de nouveau paisible, elle sauta Ă  terre avec souplesse et entoura de ses bras les Ă©paules de la dathomirienne Ă  la cheville foulĂ©e, pour l’aider Ă  se relever. La zabrak se plaça face Ă  elle, tandis que les autres SorciĂšres s’occupaient de leurs blessĂ©es et regroupaient les ses yeux, la Jedi y lut du Tu aurais pu les bien plus une remarque qu’un Je ne l’ai pas fait car ce n’était pas nĂ©cessaire, expliqua la twi’lek. Je pouvais les tuer mais j’ai choisi de les zabrak demeura impassible mais son hostilitĂ© avait disparu dans la C’est la voie des Jedi ?- La seule, appuya dathomirienne acquiesça d’une inclinaison du mention avant de se prĂ©senter - Je m’appelle Magash Drashi et je t’amĂšnerai devant notre MĂšre. Elle dĂ©cidera de ton sort au nom de J’ s’assura que tout le monde Ă©tait prĂȘt Ă  repartir. Les blessĂ©es furent hissĂ©es sur les rancors et le signal du dĂ©part fut j'espĂšre que cela vous a plu !Allez, Ă  la prochaine ! mat-vador Jedi SWU Messages 3169EnregistrĂ© le 24 Mai 2016 RĂ©pondre en citant le message par mat-vador » Mer 03 AoĂ» 2022 - 2134 Sujet Re Les Origines de Jedi corellien OS inĂ©dits! Bonsoir, j'ai une bonne nouvelle !VoilĂ , je viens de terminer cette chronique qui fait 91 pages, trĂ©s longue chronique finalement ... du coup, il reste encore 25 pages Ă  poster !Ce qui va me permettre de dĂ©buter un projet trĂšs important sur les Origines de Jedi corellien, ni plus ni moins que le tome 3 qui va narrer l'Ă©popĂ©e du Chu'unthor, sous l'Ancienne RĂ©publique et qui fera Ă©cho au tome 1 des Origines, qui a Ă©voquĂ© un ancĂȘtre de Oreste Tissan !Bref, j'aurai l'occasion de vous en dire plus prochainement courant aout et septembre !A plus ! mat-vador Jedi SWU Messages 3169EnregistrĂ© le 24 Mai 2016 RĂ©pondre en citant le message par L2-D2 » Jeu 04 AoĂ» 2022 - 1953 Sujet Re Les Origines de Jedi corellien OS inĂ©dits! Extrait lu! Ahah! Rachi a donc survĂ©cu Ă  l'Ordre 66! Mieux, elle a ralliĂ© la RĂ©bellion naissante de Mon Mothma! Mais sa mission risque fort de lui faire apprendre des vertes et des pas mĂ»res au sujet de son ancien condisciple Oreste... Et bravo pour ton futur projet! Quelle imagination! Je serai bien Ă©videmment lĂ  pour suivre ça ! Que Monsieur m'excuse, mais cette unitĂ© D2 est en parfait Ă©tat. Une affaire en or. C-3PO Ă  Luke SkywalkerStaffeur fan-fictions & publications VF littĂ©raires L2-D2 ModĂ©rateur Messages 7841EnregistrĂ© le 26 FĂ©v 2013Localisation NĂźmes RĂ©pondre en citant le message par mat-vador » Ven 05 AoĂ» 2022 - 2120 Sujet Re Les Origines de Jedi corellien OS inĂ©dits! Merci pour le retour, L2 !L2-D2 a Ă©critAhah! Rachi a donc survĂ©cu Ă  l'Ordre 66! Mieux, elle a ralliĂ© la RĂ©bellion naissante de Mon Mothma! Mais sa mission risque fort de lui faire apprendre des vertes et des pas mĂ»res au sujet de son ancien condisciple Oreste... Elle va en apprendre des choses !L2-D2 a Ă©critEt bravo pour ton futur projet! Quelle imagination! Je serai bien Ă©videmment lĂ  pour suivre ça ! ! Merci !! Je posterai le synopsis dans le courant de la semaine prochaine ! mat-vador Jedi SWU Messages 3169EnregistrĂ© le 24 Mai 2016 RĂ©pondre en citant le message par mat-vador » Mar 09 AoĂ» 2022 - 2227 Sujet Re Les Origines de Jedi corellien OS inĂ©dits! Bonsoir, comment allez-vous ?Allez, c'est l'heure de la suite avec Rachi Sitra et les SorciĂšres de Dathomir !Le convoi ainsi formĂ© mit deux heures Ă  atteindre la forteresse de la Montagne Qui Chante. BĂątie au pied du Pic Sombre qui perçait le ciel, leur village se trouvait au sommet d’un plateau, surplombant le sol Ă  plusieurs centaines de mĂštres d’altitude. Empruntant un sentier raide, le groupe traversa les rangs de sentinelles qui ne jetĂšrent qu'un bref coup d’Ɠil en direction de la twi’lek juchĂ©e Ă  l’arriĂšre du rancor de quelques-unes attardĂšrent leur regard et plissĂšrent les paupiĂšres, l’accoutrement de l’étrangĂšre Ă©veillant leur mĂ©fiance instinctive. Rachi Ă©vita soigneusement leur regard, prĂ©fĂ©rant fixer l’horizon devant devant l’entrĂ©e de la forteresse, les SorciĂšres descendirent de leurs montures, veillant Ă  ce que les blessĂ©es de l’affrontement rĂ©cent avec la Jedi puissent ĂȘtre prises en charge par les guĂ©risseuses du clan. Les rancors furent ramenĂ©s Ă  l’enclos, laissant Rachi avec la sorciĂšre zabrak. Cette derniĂšre leva la main vers les gardes postĂ©es sur les remparts, qui firent ouvrir les grandes portes Ă  leur Par ici, indiqua la entrĂšrent dans le village, remontant les rues jusqu’à la demeure de la matriarche. Elles croisĂšrent des groupes d’enfants, principalement composĂ©es de filles dont Rachi percevait la sensibilitĂ© Ă  la Force et des hommes qui Ă©taient assignĂ©s aux travaux les plus ingrats, vĂȘtus de façon gardaient la tĂȘte baissĂ©e, concentrĂ©s sur leurs travaux tel cet autochtone qui tractait Ă  la force de ses bras une charrue rustique que les deux femmes contournĂšrent. La Jedi Ă©tait parfaitement au fait des coutumes locales qui rabaissaient les hommes au rang de simples reproducteurs. Ce qui ne manquerait pas de faire lever quelques sourcils au sein de l’Alliance si les SorciĂšres se ralliaient Ă  leur dathomiriennes Ă©tudiĂšrent la twi’lek, Ă©tonnĂ©e de la prĂ©sence d’un membre de cette espĂšce qu’elles ne croisaient que rarement. GrĂące Ă  ses sens, Rachi entendait leurs murmures conspirateurs, sur la raison de sa venue sur leur monde isolĂ©. Elle ne se retourna pas un seul instant, jusqu’à ce qu’elle se retrouve face aux gardes qui gardaient le palais de la leur expliqua rapidement qu’elle souhaitait une audience auprĂšs de la MĂšre de clan et les protectrices les autorisĂšrent Ă  entrer. Elles traversĂšrent le vestibule puis montĂšrent les marches qui menaient aux Ă©tages la lueur des torches accrochĂ©es aux murs, le style Ă©tait Ă©lĂ©gant et Ă©purĂ©, Ă  l’image de la noblesse sur un monde aux conditions rudes. Alors que Magash conduisait Rachi jusqu’aux appartements de la matriarche, la Jedi perçut une prĂ©sence qui la son Ă©paule, elle aperçut une petite fille de dix ans aux cheveux roux qui la suivait avec curiositĂ©, la fixant effrontĂ©ment avec ses grands yeux verts. La zabrak s’arrĂȘta devant une porte et murmura un chant pour l’ invita la visiteuse Ă  entrer. Une femme qui respirait l’autoritĂ© Ă©tait assise sur un siĂšge, observant le foyer qui consumait dans une cheminĂ©e. Elle portait une tiare brillante, d’oĂč s’échappaient de fins cheveux immaculĂ©s et une longue toge blanche des Ă©paules aux pieds. Rachi ressentait sa prĂ©sence dans la Force comme un phare s’avança lentement et s’arrĂȘta Ă  distance respectueuse pour rendre son rapport de patrouille et les circonstances agitĂ©es de la rencontre avec la Jedi. Celle-ci comprit qu’elle Ă©tait devant la matriarche, Ă  qui la zabrak narrait les dĂ©tails de l’affrontement et sa la fin de son rapport, la matriarche se leva de son siĂšge et tourna vers son attention vers la twi’lek qui MĂšre Augwynne Djo, voici Rachi Sitra, guerriĂšre et sorciĂšre des twi’lek inclina le buste vers la chef de clan, qui lui rendit la Laisse-nous, zabrak obĂ©it, laissant les deux femmes seules. Augwynne Djo usa de la Magie d’Allya pour amener un siĂšge devant la non Je vous en prirent place face Ă  face et se jaugĂšrent pendant quelques Vous ĂȘtes une n’était pas une Vous en avez dĂ©jĂ  rencontrĂ©, devina twi’lek songea furtivement Ă  Oreste qui avait laissĂ© une rĂ©putation controversĂ©e chez les habitants. Comme si elle avait lu dans ses pensĂ©es, la matriarche poursuivit - Vous n’ĂȘtes pas tourmentĂ©e par l’ Je connais l’histoire du Jedi Noir de Dathomir, trancha la twi’lek. Du moins ce que la propagande de l’Empire a laissĂ© Est-ce la raison de votre venue ?- Non. Oreste Tissan fait partie du Djo plaça sa main plus prĂšs du feu et les flammes s’élevĂšrent sensiblement, rĂ©chauffant subitement la piĂšce avant de perdre de l’amplitude peu Ce passĂ© vous hante, fit la doyenne du Ce serait vous mentir d’affirmer que je l’ai oubliĂ©, reconnut la twi’lek. Mais je m’efforce de me tourner vers l’ matriarche s’enfonça dans son siĂšge, la fixant intensĂ©ment. Alors la twi’lek mit les pieds dans le Je reprĂ©sente les intĂ©rĂȘts de la rĂ©bellion contre la tyrannie de l’Empire qui oppresse la galaxie et Dathomir. Je souhaite proposer au Clan de la Montagne Qui Chante, une alliance qui garantira la libertĂ© pour nous masqua Ă  peine sa perplexitĂ© dans la Quelles garanties nous sont offertes ?- Si vous acceptez l’établissement d’une base, nous vous donnerons les moyens de chasser les impĂ©riaux de votre planĂšte, expliqua la twi’ comprit rapidement que cet argument Ă©tait Nous devrions faire la guerre, devint Ă©vident pour Rachi que la nĂ©gociation Ă©tait mal engagĂ©e. La matriarche ne tĂ©moignait pas beaucoup d’enthousiasme Ă  la perspective d’un conflit ouvert avec l’ Je ne vois pas l’Empire accepter de partir pacifiquement mais avec le soutien de l’Alliance, je ne doute pas
La matriarche l’interrompit fermement d’un geste de la Un Jedi nous a dĂ©jĂ  entraĂźnĂ©es dans une guerre sans issue, il y a plusieurs printemps. Les Filles d’Allya ont payĂ© un prix trĂšs Ă©levĂ© et nous ne sommes plus que l’ombre de ce que nous reprĂ©sentions autrefois. L’Empire a maintenu sa prĂ©sence ici et les SƓurs de la Nuit ont pris l’ VoilĂ  pourquoi un traitĂ© est dans votre intĂ©rĂȘt, insista la twi’lek. Vous ne pouvez pas accepter que cette situation Nous ne pouvons pas accepter de perdre le peu qu’il nous reste encore, rĂ©torqua Augwynne Djo. Jusqu’ici, l’Empire ne s’intĂ©resse pas de trop prĂšs Ă  nos affaires et nous faisons de mĂȘme avec eux. Il est dans l’intĂ©rĂȘt de mon clan que cette neutralitĂ© de fait, se ressemblait Ă  une fin de non-recevoir. Rachi Ă©prouvait la frustration d’un voyage qu’elle avait effectuĂ© jusqu’ici. Avec tous les risques qu’elle avait encouru, elle ne pouvait se dĂ©faire de ce sentiment de Tissan avait indirectement et involontairement sabotĂ© sa mission. La portĂ©e de ses actes continuait de resserra sa bure autour de son corps, se prĂ©parant Ă  tirer sa À moins que
Les mots de la matriarche retinrent son À moins que ? Si vous offrez des gages de votre bonne foi, je pourrais considĂ©rer votre fut soulagĂ©e d’y voir le signe d’une ouverture. Il ne lui fut pas difficile de deviner ce que pouvait ĂȘtre un gage de bonne En quoi puis-je vous aider, MĂšre de clan ?Augwynne Djo fixa les braises du foyer, s’accordant un long silence L’Empire n’est pas ma principale source d’inquiĂ©tude. Ce n’est pas le cas des SƓurs qui ont choisi d’embrasser l’obscuritĂ©, en dehors du Livre de la Loi d’ Les SƓurs de la Nuit ?Rachi se souvint de ce qu’elle avait lu dans les Archives du Temple sur cette confrĂ©rie du CĂŽtĂ© Obscur, qui se rĂ©clamaient comme les vraies hĂ©ritiĂšres du sombre hĂ©ritage d’Allya. Dans les derniĂšres annĂ©es de la RĂ©publique, elles avaient tentĂ© d’accĂ©der aux secrets des antiques Kwa, et leur maĂźtrise des Portails de l’ plans dĂ©jouĂ©s par Quinlan Vos, avaient failli provoquer la destruction de Leur puissance a grandi Ă  mesure que la nĂŽtre cause de Oreste, songea Rachi avec Ces derniers temps, des rumeurs ont couru sur l’une d’elles qui aurait acquis des savoirs interdits par le Livre de la Loi. Un pouvoir Jedi nota la nervositĂ© dans le ton posĂ© de la matriarche. MalgrĂ© sa maĂźtrise de la Force et de la Magie d’Allya, elle craignait cette SƓur de la Elle pratique l’AmitiĂ© des Animaux pour ses intĂ©rĂȘts et contre ses SƓurs, y compris celles que nous avons bannies et exilĂ©es comme rĂ©alisa en quoi consistait ce pouvoir. Cette SƓur de la Nuit avait domptĂ© la faune et la flore de Dathomir pour les retourner contre les autres magiciennes. Avec des consĂ©quences potentiellement Elle se nomme Kyrisa et nous savons qu’elle est partie vers les Ă©toiles. Nous ignorons oĂč, prĂ©cisa la Je ne comprends pas ce que vous me demandez, MĂšre de clan. Si cette Kyrisa n’est plus sur Dathomir, elle ne reprĂ©sente plus de danger immĂ©diat pour la Montagne Qui Chante et les autres clans, y compris les SƓurs de la Nous avons appris que l’Empire s’intĂ©resse beaucoup Ă  elle depuis son dĂ©part. Un Ă©tranger hors-monde est venu demander audience auprĂšs de moi. J’ai Ă©courtĂ© notre conversation et il n’a pas insistĂ©. J’ai perçu sa noirceur et ses intentions twi’lek se Qui Ă©tait cet homme ?- Il a prĂ©tendu ĂȘtre Namman Cha, un Jedi qui travaille pour l’ frisson dĂ©sagrĂ©able parcourut l’échine de Rachi. Elle avait dĂ©jĂ  eu affaire Ă  cet ennemi, vouĂ© Ă  traquer et Ă  dĂ©truire ce qui restait de l’ Cet homme est un inquisiteur, chargĂ© de dĂ©truire les Jedi au nom de l’Empire, crut-elle bon de corriger. À votre avis, cherche-t-il Ă  l’éliminer ?- Il ne m’a pas donnĂ© cette impression. Je pense qu’il voulait la rallier Ă  sa ne doutait pas que si cet inquisiteur rĂ©ussissait sa mission, la perspective d’une magicienne aux terribles pouvoirs servant l’Empire, ne pouvait qu’accentuer les difficultĂ©s de la Je dois la retrouver avant La retrouver et l’éliminer, insista lourdement Augwynne Djo. Si vous rĂ©ussissez, j’accepterai de considĂ©rer votre offre d’ accord Ă©tait finalement conclu. La twi’lek se leva avec souplesse et s’inclina pour saluer la matriarche avant de partir. Mais la dathomirienne l’arrĂȘta Ă  nouveau, pour la Vous ĂȘtes liĂ©e Ă  Oreste Tissan, je sens Ă  quel point cela vous affecte d’apprendre que ses actes ont eu de terribles consĂ©quences pour Je prĂ©fĂšre ne songer qu’à l’avenir, je ne peux rien changer Ă  ce qui s’est passĂ©, MĂšre Mais vous avez besoin que votre esprit soit apaisĂ© et libĂ©rĂ© de cette culpabilitĂ©. Le Gardien des Murmures vous Le Gardien des Murmures ? Questionna Rachi en fronçant les sourcils. Comment le trouverai-je ?- Parlez Ă  la SƓur Solitaire au sommet du Pic Sombre. Elle vous y conduira, que Allya bĂ©nisse votre quĂȘte, twi’lek voulut en savoir plus mais Augwynne Djo se dĂ©tourna vers le foyer mourant, ayant dĂ©jĂ  occultĂ© sa prĂ©sence. Elle avait abusĂ© assez de l’hospitalitĂ© de la Montagne Qui j'espĂšre que cela vous a plu !Allez, Ă  la prochaine ! mat-vador Jedi SWU Messages 3169EnregistrĂ© le 24 Mai 2016 RĂ©pondre en citant le message par L2-D2 » Mer 10 AoĂ» 2022 - 1123 Sujet Re Les Origines de Jedi corellien OS inĂ©dits! Extrait lu !On aurait pu craindre que Rachi ait fait tout cela pour rien, mais non ! Et outre le placement chronologique de cette sĂ©quence Ă  peu prĂšs entre La Revanche des Sith et Un nouvel Espoir, on apprend surtout que l'ex-Jedi va devoir retrouver et abattre ? Pas trĂšs Jedi, ça... une SƓur de la Nuit elle-mĂȘme recherchĂ©e par un certain Nammam Cha, Inquisiteur ! Inconnu au bataillon me concernant, d'ailleurs, est-ce une nouvelle crĂ©ation originale de ta part ou existe-t-il dĂ©jĂ  dans l'UE LĂ©gendes ? je sens que tu vas me ressortir une obscure rĂ©fĂ©rence .Mais d'abord, direction le Pic Sombre ! Qui va-t-elle trouver sur place, hmm ? Peut-ĂȘtre une ancienne amante d'Oreste, qui sait ? Vivement la suite ! Que Monsieur m'excuse, mais cette unitĂ© D2 est en parfait Ă©tat. Une affaire en or. C-3PO Ă  Luke SkywalkerStaffeur fan-fictions & publications VF littĂ©raires L2-D2 ModĂ©rateur Messages 7841EnregistrĂ© le 26 FĂ©v 2013Localisation NĂźmes RĂ©pondre en citant le message par mat-vador » Mer 10 AoĂ» 2022 - 2233 Sujet Re Les Origines de Jedi corellien OS inĂ©dits! Merci pour le retour !L2-D2 a Ă©critOn aurait pu craindre que Rachi ait fait tout cela pour rien, mais non ! Et outre le placement chronologique de cette sĂ©quence Ă  peu prĂšs entre La Revanche des Sith et Un nouvel Espoir, on apprend surtout que l'ex-Jedi va devoir retrouver et abattre ? Pas trĂšs Jedi, ça... une SƓur de la Nuit elle-mĂȘme recherchĂ©e par un certain Nammam Cha, Inquisiteur ! Inconnu au bataillon me concernant, d'ailleurs, est-ce une nouvelle crĂ©ation originale de ta part ou existe-t-il dĂ©jĂ  dans l'UE LĂ©gendes ? je sens que tu vas me ressortir une obscure rĂ©fĂ©rence .Une obscure rĂ©fĂ©rence ? . Attends voir ... voilĂ  ...L2-D2 a Ă©critMais d'abord, direction le Pic Sombre ! Qui va-t-elle trouver sur place, hmm ? Peut-ĂȘtre une ancienne amante d'Oreste, qui sait ? Ce sera une rencontre hmm trĂšs intĂ©ressante !Allez, Ă  la prochaine ! mat-vador Jedi SWU Messages 3169EnregistrĂ© le 24 Mai 2016 RĂ©pondre en citant le message par Mandoad » Mar 16 AoĂ» 2022 - 1338 Sujet Re Les Origines de Jedi corellien OS inĂ©dits! C'est bon ! C'est enfin lu et retard rattrapĂ© avec, tout d'abord, une partie sur Oreste et du bon gros Dark Tissan faudra que je me relise un peu sa premiĂšre apparition dans "Les Origines", parce que, si je me souvenais que c'Ă©tait pas un chic type, je ne me rappelais plus qu'il avait Ă©tĂ© une vĂ©ritable ordure lors de la Guerre. Contre l'ennemi d'abord, puis contre le village, avec Oreste qui succombe Ă  ses pulsions, persuadĂ©s d'agir correctement. En un sens, heureusement qu'il y a eu l'Ordre 66, sinon il y aurait eu quelques petits problĂšmes en revenant au Temple AprĂšs, l'avantage de ce genre de partie, c'est qu'on s'embarque dans du combat, du dark et du manque de pitiĂ©, exercice dans lequel tu excelles au niveau de l'Ă©criture, donc il y avait du tout bon niveau durant toute cette phase. Ensuite, retour sur Rachi qu'on se rĂ©jouti enfin moi en tout cas de retrouver. C'est vraiment un personnage que j'aime bien de par son franc-parlĂ© et sa moins grande hypochrisie en comparaison aux autres personnages forceux de ton rĂ©cit. Ce fut Ă©galement trĂšs sympa de la voir se rendre sur Dathomir oĂč l'on a pu trouver quelques tĂȘtes connues d'ailleurs mais de Tzipah... encore, parce que la fin laisse prĂ©sager de sa rencontre. On retrouve encore le Gardien des Murmures qui fait Ă©cho au passage sur Liars et, malgrĂ© la mort d'Oreste, on continue donc cette histoire suite ! Mandoad Jedi SWU Messages 1411EnregistrĂ© le 28 Nov 2014 RĂ©pondre en citant le message par mat-vador » Mar 16 AoĂ» 2022 - 1354 Sujet Re Les Origines de Jedi corellien OS inĂ©dits! Merci pour le retour, Mandoad !Mandoad a Ă©crit du bon gros Dark Tissan faudra que je me relise un peu sa premiĂšre apparition dans "Les Origines", parce que, si je me souvenais que c'Ă©tait pas un chic type,A peine le tome 1 a-t-il commencĂ© qu'on le voit Ă©trangler son capitaine clone... oups .Mandoad a Ă©crit je ne me rappelais plus qu'il avait Ă©tĂ© une vĂ©ritable ordure lors de la Guerre. Contre l'ennemi d'abord, puis contre le village, avec Oreste qui succombe Ă  ses pulsions, persuadĂ©s d'agir correctement. En un sens, heureusement qu'il y a eu l'Ordre 66, sinon il y aurait eu quelques petits problĂšmes en revenant au Temple Oui, on va dire que pour Oreste, l"Ordre 66 a Ă©tĂ© un mal pour un bien, finalement. Mandoad a Ă©critAprĂšs, l'avantage de ce genre de partie, c'est qu'on s'embarque dans du combat, du dark et du manque de pitiĂ©, exercice dans lequel tu excelles au niveau de l'Ă©criture, donc il y avait du tout bon niveau durant toute cette phase. C'est le genre d'Ă©criture que j’affectionne !Mandoad a Ă©critEnsuite, retour sur Rachi qu'on se rĂ©jouti enfin moi en tout cas de retrouver. C'est vraiment un personnage que j'aime bien de par son franc-parlĂ© et sa moins grande hypochrisie en comparaison aux autres personnages forceux de ton rĂ©cit. Ce fut Ă©galement trĂšs sympa de la voir se rendre sur Dathomir oĂč l'on a pu trouver quelques tĂȘtes connues d'ailleurs mais de Tzipah... encore, parce que la fin laisse prĂ©sager de sa rencontre. On retrouve encore le Gardien des Murmures qui fait Ă©cho au passage sur Liars et, malgrĂ© la mort d'Oreste, on continue donc cette histoire un personnage dont j'ai trouvĂ© la fiche encyclopĂ©dique SWU trĂšs sympa. Je suis tombĂ© sous le charme... bon euh aussi, parce que c'est une twi'lek . Oui, oui, je sais ...Mandoad a Ă©critLa suite !Ce sera ce soir ! mat-vador Jedi SWU Messages 3169EnregistrĂ© le 24 Mai 2016 RĂ©pondre en citant le message par mat-vador » Mar 16 AoĂ» 2022 - 2309 Sujet Re Les Origines de Jedi corellien OS inĂ©dits! Bonsoir Ă  tous, comment allez-vous ?On continue avec la Jedi Rachi Sitra qui fait une rencontre hum intĂ©ressante !Rachi quitta la forteresse du clan et emprunta le sentier raide et Ă©troit, qui montait jusqu’au sommet de la montagne surplombant le village. Celle que l’on connaissait comme la SƓur Solitaire, vivait recluse dans une grotte, dans un confort la twi’lek se trouva face Ă  elle, elle Ă©prouvait une Ă©trange impression de familiaritĂ© comme si elle l’avait dĂ©jĂ  croisĂ© dans une autre vie. Elle remarqua alors la poignĂ©e du sabre-laser, suspendu Ă  sa Que voulez-vous ? Demanda la dathomirienne avec rudesse, en posant la main sur la garde de sa casque en bronzinium lui recouvrait la tĂȘte, lui confĂ©rant un aspect farouche et intimidant, en plus de l’armure du mĂȘme matĂ©riau qui lui recouvrait le torse. Les muscles saillaient de ses bras et de ses jambes laissĂ©es Ă  nu, qui tĂ©moignaient de sa bonne condition Je voudrais voir le Gardien des Ă©carta la paume de son arme, tout en soutenant son Pourquoi vous emmĂšnerai-je jusqu’à lui ?La twi’lek projeta ses perceptions vers elle, pour dĂ©celer une once de ses sentiments enfouis en elle. En se concentrant, elle dĂ©tecta de la colĂšre et beaucoup de tristesse. À son tour, elle envoya un reflet des Ă©motions qui la traversaient en cet remords qui remontaient Ă  sa rupture dĂ©finitive avec Oreste pendant la guerre, la culpabilitĂ© d’avoir survĂ©cu Ă  la Purge alors que tant d’autres avaient succombĂ©. La tristesse du sort de Oreste qui s’était laissĂ© sombrĂ© aprĂšs la mort de sa famille sur Parce que je me sens
 de la dathomirienne se Alors cela nous fait un point commun, Ă©trangĂšre. Nous partons sur le deux redescendirent le Pic Sombre avec quelques affaires de voyage, vers l’enclos des rancors qui appartenait au clan de la Montagne Qui Chante. AprĂšs une Ăąpre nĂ©gociation oĂč la SƓur Solitaire s’engagea Ă  payer Ă  la gardienne, la location d’un rancor Ă  douze peaux de reptile, elles quittĂšrent le territoire du clan en direction de la vaste forĂȘt de grands sur la nuque du rancor derriĂšre la SƓur Solitaire, Rachi l’entendit lui dire - Nous ferons attention aux patrouilles des SƓurs de la Nuit et des hors-monde impĂ©riaux. Le chemin est long jusqu’à l’Enclos des LĂ  oĂč rĂ©side le Gardien. Quand y serons-nous ?- Dans deux jours, si Allya nous est entrĂšrent dans la forĂȘt, se faufilant entre les pins dont les branches Ă©pineuses couvraient la lumiĂšre du soleil, ce qui causait une pĂ©nombre persistante qui nimbait les sous-bois. MalgrĂ© elle, Rachi baissa les yeux vers le sabre-laser de la SƓur D’oĂč tenez-vous ce sabre, SƓur Solitaire ?- Tzipah, rĂ©pondit l’ Pardon ?- Je m’appelais Tzipah parmi les SƓurs des Chutes Brumeuses, mon ancien Vous avez Ă©tĂ© bannie ? Interrogea la twi’ Je suis partie Ă  cause de
 dĂ©saccords. La matriarche de la Montagne Qui Chante a acceptĂ© de me percevait sa rĂ©ticence Ă  lui rĂ©pondre. Mais elle Ă©tait bien dĂ©cidĂ©e Ă  en dĂ©couvrir davantage sur sa nouvelle Je connais ce sabre-laser, vous l’avez donc connu, soupira, tout en maintenant le contrĂŽle mental sur l’esprit du rancor qui les portait toutes les deux Ă  travers la Nous Ă©tions tristesse et sa nostalgie affluaient par vagues, la disparition de Oreste l’ayant affectĂ© plus que Rachi ne le pressentait. La twi’lek se souvint des sentiments qu’elle avait Ă©prouvĂ©s pour le corellien et qu’elle lui avait avouĂ© le jour de leur blessure dans son cƓur n’avait jamais complĂštement disparu. Si elle n’avait pas rompu leur amitiĂ©, aurait-il rĂ©sistĂ© Ă  l’attrait du CĂŽtĂ© Obscur qui avait fait de lui, le Jedi Noir de Dathomir ? Ce doute persistant ne cessait de la Et vous, vous l’aviez connu ? Demanda la Oui. Nous Ă©tions twi’lek avait souhaitĂ© que son amitiĂ© avec Oreste Ă©volue vers un lien plus fusionnel, mĂȘme si le Code de l’Ordre l’interdisait. Tout en se demandant si cela avait Ă©tĂ© possible, compte tenu de la rĂ©serve qu’il manifestait Ă  son Ă©gard malgrĂ© leur Je sais qu’il aimait une autre femme, de son monde natal, confia Beliem, prĂ©cisa Rachi. L’Empire l’a assassinĂ© sur Corellia, ainsi que sa dathomirienne Sa vengeance contre l’Empire, l’a amenĂ© Ă  commettre des choses Quelles choses ? S’enquit guide se referma comme une coquille et elles n’échangĂšrent plus aucun mot jusqu’à la tombĂ©e de la nuit. Elles freinĂšrent au sommet d’une colline pour s’y installer. AussitĂŽt descendue du rancor, Tzipah chanta un sort de Dissimulation pour masquer leur prĂ©sence aux patrouilles des SƓurs de la ramassa du bois mort pour les poser ensemble, au milieu du campement sommaire rapidement emmĂ©nagĂ©. BientĂŽt, le feu fut nourri pour les Ă©clairer et les rĂ©chauffer, tenant en respect le froid et la nuit sombre ponctuĂ©e de rugissements de bĂȘtes dĂźnĂšrent d’un ragoĂ»t local fortifiant puis commencĂšrent Ă  s’allonger sur une paillasse faite en liane. Rachi percevait depuis quelques minutes, la fĂ©brilitĂ© inexplicable de la dathomirienne jusqu’à ce que celle-ci bondisse sur ses appuis pour l’ par sa requĂȘte, la twi’lek se redressa sur les coudes pour la dĂ©visager attentivement. Tzipah tenait la crosse de son sabre-laser dans le poing, en position de dĂ©fi. L’arme de Oreste Tissan
 elle n’était pas motivĂ©e Ă  l’idĂ©e d’affronter d’anciens Il se fait tard, lui fit-elle Je n’attendrai pas jusqu’à Sitra pensa Ă  l’une des premiĂšres leçons prodiguĂ©es par son ancien maĂźtre, Even Piell. Lorsqu’elle avait dĂ©clinĂ© un entraĂźnement, le Jedi lannik l’avait admonestĂ©e sans ennemis n’attendront pas que tu veuilles te battre, ils t’attaqueront aussitĂŽt dĂšs qu’ils penseront que tu auras baissĂ© ta pourquoi, elle se leva en dĂ©gainant Ă  son tour, son sabre-laser. Les deux femmes prirent du champ, se tenant Ă  bonne distance du campement. Face Ă  face, elles patientĂšrent, invoquant chacune la elles activĂšrent leur arme. Rachi ressentit l’émotion qui la prit, en voyant face Ă  elle, la lame verte Ă©meraude naĂźtre dans un crĂ©pitements familier. Elle crut voir mĂȘme le visage du corellien, Ă  la place de cligna des yeux, l’hallucination s’évaporant aussi. L’autre amazone remarqua son trouble PrĂȘte ? L’ AprĂšs vous, rĂ©pondit la abaissa sa lame bleue vers le sol, conformĂ©ment Ă  la philosophie Jedi de l’attente et de la patience, inculpĂ©e par son mentor disparu. Tzipah comprit qu’elle n’attaquerait jamais la premiĂšre, et dĂ©cida de prendre l’ lame verte dansa dans sa main, avant qu’elle ne l’abattit sur la twi’lek. Celle-ci s’écarta d’un pas sur le cĂŽtĂ© mais elle fut surprise de la vivacitĂ© du coup suivant qu’elle para de justesse, prĂšs de son flanc. Elle rejeta la lame verte Ă©meraude en arriĂšre mais la dathomirienne exĂ©cuta un nouveau mouvement offensif qui faillit lui arracher la garde de son cacha sa surprise de la maĂźtrise dont faisait preuve Tzipah dans le maniement de ce sabre-laser. Oreste lui avait-il enseignĂ© la Voie des Jedi ? La dathomirienne lui donnait cette Ă©trange impression. Ce n’était pas parce qu’elle avait dominĂ© outrageusement les guerriĂšres de la Montagne Qui Chante, qu’elle prendrait facilement le dessus, cette twi’lek devait davantage s’employer dans ce duel. Ce dernier devint trĂšs disputĂ©, Rachi recula pied Ă  pied, Tzipah alternant acrobaties et frappes agressives avec sabre-laser, pied et poing. La dathomirienne enchaĂźna ainsi deux coups de talon au niveau de la poitrine puis de la tĂȘte, que la Jedi bloqua avec l’ fur et Ă  mesure, ce style de combat lui Ă©tait maintenant familier. Ces sĂ©quences lui rappelaient celles que pratiquait le corellien au Temple Jedi. Elle pouvait le tourner Ă  son avantage. Elle para de plus en plus efficacement, les assauts puissants mais Ă©puisants de l’autochtone, qui commençait Ă  serrer les mouvements dĂ©fensifs Ă©taient basiques et limitĂ©s. Tzipah reperdit peu Ă  peu le terrain qu’elle avait gagnĂ© initialement. Rachi la poussa dans ses derniers retranchements, mĂ©thodiquement. Jusqu’à ce que la SƓur Solitaire demanda grĂące, en Ă©teignant son sabre-laser. Elle reconnut sans mal, sa dĂ©faite et lui prĂ©senta l’arme de Prenez-le, vous l’avez Ă©leva son Ă©pĂ©e en guise de salut respectueux envers son adversaire. Elle lui rĂ©pondit aprĂšs avoir raccrochĂ© son sabre Ă©teint Ă  la ceinture - Non, hĂ©sita avant d’approuver. Toutes deux revinrent vers le foyer du camp, et s’installĂšrent pour regarder les branches craquer en se consumant. Alors que la nuit rĂ©sonnait des hurlements des bĂȘtes alentour, elles gardaient le Votre façon de vous battre, commença Rachi. Il vit Ă  travers vous, il n’est pas vraiment mort comme s’il n’était qu’un yeux de la dathomirienne s’embuĂšrent au souvenir du corellien qui lui manquait et dont elle avait serrĂ© le cadavre entre les bras, lorsque sa fin Ă©tait Je Vous ne porteriez pas son sabre, s’il ne reprĂ©sentait rien pour vous, SorciĂšre bannie des Chutes Brumeuses, tourna enfin la tĂȘte vers C’est
 compliquĂ©, avoua-t-elle avec une mine Oreste n’a jamais Ă©tĂ© facile Ă  cerner, dĂ©clara la twi’lek, mĂȘme si ses Ă©motions n’étaient pas vraiment secrĂštes. J’avais l’impression de le connaĂźtre mais aussi d’avoir face Ă  moi, un Je comprends ce que vous voulez dire, avait l’occasion de pouvoir soulager le fardeau qui pesait sur elle. Et d’aider la twi’lek Ă  faire de Lors de notre premiĂšre rencontre, raconta la dathomirienne, je l’avais capturĂ© et ramenĂ© Ă  mon clan pour en faire le pĂšre de mes filles, qui Ă  leur tour, deviendraient de puissantes SorciĂšres. Cela faisait partie de nos coutumes de chasser les hommes comme Ă©talons, pour nous Connaissant Oreste, il ne devait pas ĂȘtre sourit cette fois avec malice et Je me souviens de son
 absence d’ Ă©clata de rire, s’imaginant parfaitement la tĂȘte d’un Oreste prisonnier d’une jeune sauvageonne qui lui avait annoncĂ©, vouloir s’unir Ă  lui contre son Je me souviens aussi d’avoir Ă©tĂ© convaincue de l’infaillibilitĂ© de nos traditions qui reposait sur l’asservissement des hommes. Oreste et ses compagnons m’ont changĂ©e bien plus profondĂ©ment que ce que j’imaginais. Ils m’ont ouvert les yeux sur les contradictions apportĂ©es par le Livre de la Loi. Allya justifiait l’esclavage des hommes tout en enseignant la compassion et la maĂźtrise des appuya le regard, comme pour demander son avis Ă  Je vois, fit la Jedi. Je comprends que cela vous ait fait douter. Il ne peut y avoir de compassion en rabaissant des ĂȘtres conscients plus bas que de simples meubles. Comment Oreste a-t-il rĂ©ussi Ă  vous persuader que vous faisiez fausse route ?- Il me suffisait de l’aimer, pour ce qu’il paraissait ĂȘtre. Pour ce qu’il Ă©tait vraiment, Ă  la toute yeux se perdirent dans le vague, au-delĂ  des flammes. Que pouvait-elle fixer dans le lointain, Ă  travers les ombres ? Rachi se demandait si elle voyait le corellien disparu, Ă  l’aide de la Force. Un sceptre flou, dĂ©livrĂ© des brumes du passĂ©, qui la considĂ©rait avec Qui Ă©tait-il pour vous, Tzipah ?- Il n’était pas un homme parfait. Il ressentait de la colĂšre, de la peine, la volontĂ© de rĂ©parer les choses. Il possĂ©dait une telle passion, une telle obstination de retourner le mal contre ceux qui le lui avaient infligĂ©. Je pensais que je pouvais l’aider car je sentais ses sentiments pour moi. J’espĂ©rais qu’ils seraient assez forts pour le dĂ©tourner de la voie de la Mais il a basculĂ© du CĂŽtĂ© Obscur, indiqua la twi’ dathomirienne arracha une branche enflammĂ©e, grignotĂ©e petit Ă  petit et rĂ©duite en cendres pendant sa combustion. Elle la relĂącha ensuite dans le brasier avant de se faire brĂ»ler les Il a trahi ses croyances, il a commis des actes terribles et cruels. Je l’ai haĂŻ lorsqu’il s’est justifiĂ© en prĂ©tendant m’aimer. Je n’ai pourtant pas eu le courage de le Vous avez fait preuve de Je l’ai banni au nom de tous les clans pour lui laisser une chance de se racheter. Et il l’a saisi, Jedi digĂ©rait l’histoire que lui racontait sa camarade. Elle se laissa gagner Ă  son tour par la nostalgie. Elle se souvint des derniers mots qu’elle avait Ă©changĂ©s avec Oreste, le jour qui avait signifiĂ© la fin de leur amitiĂ©. Elle lui en voulait encore au fonds d’elle-mĂȘme, qu’il n’ait jamais Ă©prouvĂ© de sentiments aussi forts pour elle que pour cette ne m’as-tu jamais aimĂ© aussi fort, Oreste ? J’aurais pu t’aider contre cette Rachi ?- Je veux que vous ne m’épargnez aucun dĂ©tail, Tzipah. Le bien ou le mal qu’il a apportĂ© sur Nous devrions dormir, l’Enclos des Murmures est encore loin, suggĂ©ra sa Je veux ĂȘtre prĂȘte quand je serai face au Gardien des Tzipah passa une bonne partie de la nuit, Ă  raconter Oreste Tissan. Rachi consentit ensuite Ă  s’endormir mais ce fut un sommeil agitĂ©. Elle n’arrivait pas Ă  trouver la j'espĂšre que cela vous a plu !Allez, Ă  la prochaine ! mat-vador Jedi SWU Messages 3169EnregistrĂ© le 24 Mai 2016 RĂ©pondre en citant le message par L2-D2 » Mer 17 AoĂ» 2022 - 1641 Sujet Re Les Origines de Jedi corellien OS inĂ©dits! Extrait lu !Tzipah est de retour ! Il y a quelque chose d'Ă©mouvant Ă  voir ces deux femmes se rencontrer, elles qui ont toutes les deux Ă©taient si affectĂ©es par leur rencontre avec Oreste Tissan ! Reste Ă  voir maintenant ce que va donner la rencontre avec le Gardien... Vivement la suite ! Que Monsieur m'excuse, mais cette unitĂ© D2 est en parfait Ă©tat. Une affaire en or. C-3PO Ă  Luke SkywalkerStaffeur fan-fictions & publications VF littĂ©raires L2-D2 ModĂ©rateur Messages 7841EnregistrĂ© le 26 FĂ©v 2013Localisation NĂźmes RĂ©pondre en citant le message par mat-vador » Ven 19 AoĂ» 2022 - 2122 Sujet Re Les Origines de Jedi corellien OS inĂ©dits! Merci pour le retour, L2 !L2-D2 a Ă©critIl y a quelque chose d'Ă©mouvant Ă  voir ces deux femmes se rencontrer, elles qui ont toutes les deux Ă©taient si affectĂ©es par leur rencontre avec Oreste Tissan ! Reste Ă  voir maintenant ce que va donner la rencontre avec le Gardien... Concernant le Gardien, j'ai rĂ©servĂ© une petite surprise !Allez, Ă  mardi ! mat-vador Jedi SWU Messages 3169EnregistrĂ© le 24 Mai 2016 RĂ©pondre en citant le message par mat-vador » Mar 23 AoĂ» 2022 - 2203 Sujet Re Les Origines de Jedi corellien OS inĂ©dits! Bonsoir Ă  tous, comment ça va ?On poursuit et on finit avec Rachi Sitra !Les deux voyageuses parvinrent Ă  l’Enclos des Murmures, le surlendemain matin. Il s’agissait d’un vallon isolĂ©, aux pieds d’une chaĂźne de montagnes, non loin du territoire du clan des Collines Rouges. Un ruisseau paisible coulait en son creux, abreuvant et nourrissant la vĂ©gĂ©tation anarchique qui camouflait des cratĂšres sombres et des Ă©paves d’un autre descendit du rancor de Tzipah, pour mettre pied Ă  terre et observer les lieux. La Force rĂ©sonnait ici d’une Ă©nergie particuliĂšre, bien plus prononcĂ©e et tourmentĂ©e que sur le reste de la dathomirienne la rejoignit et expliqua ce qu’avait reprĂ©sentĂ© ce lieu pour les SorciĂšres. Un pĂšlerinage pour se former auprĂšs des esprits de celles qui avait Ă©tĂ© instruites par Allya, Ă  l’usage de la Magie. Pendant des gĂ©nĂ©rations, des SorciĂšres venaient se recueillir pour communier avec les Ăąmes de leurs aĂŻeules et la nature le Jedi Noir de Dathomir avait souillĂ© cette harmonie, corrompu par le CĂŽtĂ© Obscur et la haine qu’il Ă©prouvait Ă  l’égard de l’Empire. Rachi arpentait le vallon, s’ouvrant davantage Ă  la Force. Des voix entremĂȘlĂ©es pĂ©nĂ©trĂšrent subitement son nous sommes maudits ! Oui, il faut fuir ! Fuir !Vous n’ĂȘtes pas une Ăąme perdue comme nous, ne restez pas ici !Pourquoi sommes-nous morts ? Car nous avons Ă©tĂ© trahis ! Trahis ! Il nous a entraĂźnĂ©s dans sa guerre, il nous a promis la libertĂ© mais il nous a menti ! Que le nom des Tissan soit Ă  jamais synonyme d’infamie !Rachi, assaillie par ces voix, s’écroula un genou Ă  terre, en gĂ©missant. Tzipah se pencha vers elle, pour l’entourer de ses bras musclĂ©s et l’aider Ă  se Quand je suis revenue, il y a deux printemps, les esprits m’ont aussi attaquĂ©, tenta de la rĂ©conforter la SƓur Jedi se releva et reprit sa marche. Elle vit des armures enveloppant des squelettes, des armes de guerre Ă  moitiĂ© enfouies, des machines de combat Ă©ventrĂ©es et noircies. À ses pieds, un grand fusil gisait et elle le fit lĂ©viter Ă  l’aide de la Force. Elle le reconnut comme un fusil blaster de la Grande ArmĂ©e de la RĂ©publique, un vestige remontant Ă  la Guerre des le lui avait narrĂ© la dathomirienne, une grande bataille avait dĂ©vastĂ© ces lieux autrefois l’écarta d’elle, le laissant retomber au Cet endroit est dangereux ?- Les SƓurs de la Nuit et les impĂ©riaux le croient, lui assura Tzipah. Nous ne serons pas Pourquoi l’évitent-ils ?- On raconte que ceux qui ont eu le malheur d’y mettre les pieds, ont Ă©tĂ© en proie Ă  d’effroyables Jedi entendait toujours ces voix pressantes mais elle parvint Ă  attĂ©nuer leur Effroyables ?- Suffisamment dissuasifs pour les empĂȘcher de revenir. Cet endroit fait ressortir l’horreur de nos pĂ©chĂ©s, Cela a Ă©tĂ© le cas pour vous ?- Non, j’entends seulement les voix comme vous. Seuls ceux qui suivent la voie de la sagesse, ne subissent pas ces twi’lek se rappela alors la raison de sa OĂč trouverai-je le Gardien des Murmures ?- Venez, suivirent le ruisseau sur une vingtaine de mĂštres puis le franchirent pour longer l’autre cĂŽtĂ© de la forĂȘt. Elles s’arrĂȘtĂšrent prĂšs de l’épave d’un bipode impĂ©rial renversĂ© et C’est ici qu’il est apparu, avoua Quand doit-il arriver ?La dathomirienne parut gĂȘnĂ©e par la Je
 l’ignore. Il est venu instantanĂ©ment comme si ma prĂ©sence l’avait attirĂ©. D’autres ont attendu plus longtemps. Plusieurs heures
 plusieurs Si longtemps ? s’exclama la twi’lek. Mais je n’ai pas de temps Ă  perdre !Elle fut sur le point de parler de sa mission confiĂ©e par Augwynne Djo mais elle reprit son Je dois vous laisser. Le Gardien des Murmures n’apparaĂźt qu’à ceux qui le Jedi observa la SƓur Solitaire s’éloigner et disparaĂźtre entre les pins. Elle lutta contre la frustration et son agacement. Une sĂ©ance de mĂ©ditation l’aiderait Ă  rĂ©apprendre la patience, et Ă  Ă©viter des amĂ©nagea rapidement le sol Ă  ses pieds pour s’asseoir, le sabre-laser Ă©teint posĂ© devant elle. Puis elle s’immergea dans les courants de la Force, les paupiĂšres closes. De nouveau, les voix revinrent Ă  la de dĂ©sespoir, de ressentiment contre le Jedi Noir de Dathomir qui avait menĂ© les clans de SorciĂšres les plus puissants dans un combat stĂ©rile et inutile contre l’Empire naissant. Il les avait conduits Ă  une mort certaine dans un maelstrom de violence et de de Tissan ! TraĂźtre de Tissan ! Qu’il soit maudit pour toujours ! travers la Force, Rachi leur demanda te montrer l’étendue de sa revit alors la bataille de l’Enclos des Murmures, la furie des combats qui avaient dĂ©vastĂ© ce vallon paisible. Des silhouettes en armure blanche qui marchaient mĂ©caniquement vers leurs ennemis, en rangs impeccables. Les explosions et les tirs les dĂ©cimaient, puis des rancors montĂ©s par des SorciĂšres les chargeaient pour les piĂ©tiner et renverser leurs cĂŽtĂ©s des SorciĂšres, des hors mondes libĂ©rĂ©s de la prison de Dathomir et rĂ©armĂ©s, vinrent au contact des clones pour un furieux corps-Ă -corps. MalgrĂ© leurs pertes, les soldats impĂ©riaux n’en avaient que faire et continuaient d’attaquer pour Ă©craser les insurgĂ©s sous le le Jedi Noir de Dathomir apparut. Rachi remarqua l’artefact qu’il brandissait dans son poing gauche en mĂȘme temps que son sabre-laser. Un sceptre droit surmontĂ© d’un pommeau qui Ă©mettait une lueur mauve twi’lek qui avait Ă©tudiĂ© l’histoire et l’archĂ©ologie, reconnut le BĂąton Obscur de Dark Rivan. Elle connaissait sa fonction avant que des Ă©clairs ne jaillissent du pommeau pour frapper les soldats clones qui barraient le chemin du Jedi Noir. Cet artefact avait Ă©tĂ© conçu pour absorber les Ăąmes et les emprisonner Ă  traits de son utilisateur Ă©taient figĂ©s, impassibles avec un sourire froid et qu’es-tu devenu ? GĂ©mit Rachi Ce que j’étais destinĂ© Ă  voix dĂ©sincarnĂ©e qui s’éleva dans son dos, l’expulsa de sa transe. Les visions s’évaporĂšrent et ses paupiĂšres ouvertes fixaient le vallon dĂ©sert et figĂ©, sans comprendre pourquoi elle sentait une prĂ©sence si proche d’ Il n’est pas judicieux de troubler la quiĂ©tude de ces lieux, poursuivit la Jedi bondit en un Ă©clair sur ses appuis, rappelant son sabre dans la main. Ses yeux fouillĂšrent dans toutes les directions, sans trouver la moindre silhouette, le moindre Ă  elle, son mystĂ©rieux interlocuteur se matĂ©rialisa enfin, surgi des nimbes de la Force. Un Jedi grand et mince, revĂȘtu de la bure et de la tunique verte marĂ©cage des utilisateurs de la Force, originaires de cƓur bondit lorsqu’elle reconnut Oreste Tissan, ou plutĂŽt l’émanation spectrale que la Force lui accordait de bon Que fais-tu lĂ  ? Lui demanda-t-elle regretta un peu tard sa rudesse mais il ne semblait pas s’en Pas ravie de me revoir malgrĂ© le temps Je sais ce qui t’est arrivĂ©. Tout, martela-t-elle d’un ton lourd de sous-entendus. Ta survie Ă  la Purge, la perte de ta famille et de celle de ta bien aimĂ©e sur Corellia. Ton destin de Jedi Noir de fantĂŽme de Oreste croisa les bras, gĂȘnĂ© par la hargne de la twi’lek Ă  son Es-tu lĂ  pour me juger ?- Tu as fait ce que tu as jugĂ© bon d’accomplir de juste, Oreste. Je n’ai plus de rancƓur envers toi, j’en ai fini. Je suis lĂ  pour rencontrer le Gardien des Ă©trange sourire flotta sur les lĂšvres du Dans ce cas, ta quĂȘte est twi’lek fronça les sourcils, Je ne peux pas croire que tu sois le Gardien des Murmures. Pas aprĂšs tout le mal que tu as causĂ© Ça semble pourtant logique. À moins que tu refuse de croire que l’on puisse se racheter de ses Ne me dis pas ce en quoi je dois croire, Oreste. Tzipah m’a racontĂ© les crimes dont tu t’es rendu coupable. Tu as massacrĂ© toute une tribu, dans le but de rallier d’autres clans de SorciĂšres dans ta rĂ©bellion contre l’Empire. Tu devrais avoir honte !Son Ă©clat fit vaciller le FantĂŽme de Force du corellien, qui dĂ©tourna les yeux un bref Tu as trahi les enseignements de Halcyon et de MaĂźtre Mundi. Le Oreste Tissan que j’ai connu au Temple, seul, perdu, que j’aimais prendre par la main
 celui Ă  qui j’ai eu la faiblesse d’avouer mes sentiments. Cet Oreste Ă©tait-il un mensonge ?- Tu connaissais pourtant mes faiblesses, Rachi. Tu le savais mais cela ne signifie pas que tu dois te sentir Je ne me sens pas coupable de ce qui t’est arrivĂ©, Si, Rachi. Pour quelle autre raison, voudrais-tu parler au Gardien des Murmures ? Me parler ? Ce que j’ai fait, te hante Jedi baissa la tĂȘte, une larme coulait sur sa Je pense Ă  ce jour oĂč je t’ai quittĂ©, quand je t’ai confiĂ© ce que je ressentais pour toi. Quand j’ai compris que ton cƓur appartenait Ă  une autre femme. Cela m’a blessĂ©e, profondĂ©ment. Mon orgueil, ma fiertĂ© m’ont aveuglĂ©e. Si j’étais restĂ©e Ă  tes cĂŽtĂ©s, je t’aurais aidĂ©. Si tu as basculĂ© du CĂŽtĂ© Obscur, c’est de
- De ta faute ? Non, Rachi. Tu ne l’aurais pas Ce qui s’est passĂ© sur Dathomir, ne serait jamais exprima sa dĂ©nĂ©gation d’un mouvement du Tu ne l’aurais pas empĂȘchĂ©, j’étais destinĂ© Ă  devenir le Jedi Noir de Dathomir. Le CĂŽtĂ© Obscur a toujours suivi mes pas. Cesse de porter ce fardeau qui n’appartient qu’à moi. Tu es innocente, je suis le seul FantĂŽme s’approcha de la twi’lek. Celle-ci sentit l’esprit de Oreste se connecter au sien pour lui faire entrevoir les multiples possibilitĂ©s. Elle se vit rester Ă  ses cĂŽtĂ©s malgrĂ© sa dĂ©ception et se proposer de l’accompagner sur les champs de bataille de la Guerre des Clones, de Metalorn jusqu’à scĂ©narios montraient inĂ©vitablement
 sa mort au combat, peu importait le lieu. Dans les bras de Oreste, qui se sentait coupable. Et qui en fin de compte, basculait dans le CĂŽtĂ© Obscur, devenant un flĂ©au comme l’ Tu ne pouvais pas l’empĂȘcher, insista soupira, Ă  la fois fataliste et soulagĂ©e. Un grand poids venait de partir, allĂ©geant son Oreste
 je suis Il ne faut pas. Comment te sens-tu ?La twi’lek regarda le sabre-laser dans sa paume puis serra les doigts autour de la crosse. Elle ppuvait maintenant se consacrer Ă  sa mission. Retrouver la SƓur de la Nuit Kyrisa avant que l’Empire ne la En Alors va, l’encouragea Oreste. Nous nous retrouverons lorsque ton heure sera Le plus tard possible aprĂšs un bref silence . Ce que tu as fait ne sera jamais C’est pourquoi je dois rester ici. Je dois soulager les Ăąmes de ceux et celles qui sont morts ici, par ma faute. Et qui m’ont maudit dans leur dernier Adieu, Oreste. Merci de m’avoir rendu la Que la Force soit avec toi. Tu en auras besoin, twi’lek rangea son sabre Ă  la ceinture et se dĂ©tourna. Le FantĂŽme de Oreste demeura immobile, la regardant disparaĂźtre. C’était leur derniĂšre conversation mais le corellien n’avait pas Ă  Ă©prouver de autre sceptre blafard apparut Ă  ses cĂŽtĂ©s. Celui d’une femme chauve et pĂąle, encapuchonnĂ©e, qui le considĂ©ra avec un grand Une vieille amie ? Qui avait besoin d’apaiser sa conscience, Une bonne chose de faite, mais il nous reste beaucoup de travail. Des milliers d’ñmes qui ne demandent qu’à ĂȘtre Je suis le Gardien et je dois expier cela. Je suis heureux de ne pas ĂȘtre le seul Ă  accomplir cette tĂąche et de bĂ©nĂ©ficier d’un peu d’ C’est le rĂŽle de la Dame du deux FantĂŽmes de Force s’éloignĂšrent Ă  leur tour, pour arpenter l’Enclos des Murmures et rĂ©conforter toutes ces Ăąmes, restĂ©es j'espĂšre que cela vous a plu !Allez, Ă  la prochaine ! mat-vador Jedi SWU Messages 3169EnregistrĂ© le 24 Mai 2016 Retourner vers Fan-Fictions Qui est en ligne Utilisateurs parcourant ce forum Aucun utilisateur enregistrĂ© et 2 invitĂ©s ModĂ©rateurs Jagen Eripsa, L2-D2, ZĂšd-3 Èt
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Emile Zola L'Argent I Onze heures venaient de sonner à la Bourse, lorsque Saccard entra chez Champeaux, dans la salle blanc et or, dont les deux hautes fenÃÂȘtres donnent sur la place. D'un coup d'oeil, il parcourut les rangs de petites tables, oÃÂč les convives affamés se serraient coude à coude ; et il parut surpris de ne pas voir le visage qu'il cherchait. Comme, dans la bousculade du service, un garçon passait, chargé de plats " Dites donc, M. Huret n'est pas venu ? - Non, monsieur, pas encore. " Alors, Saccard se décida, s'assit à une table que quittait un client, dans l'embrasure d'une des fenÃÂȘtres. Il se croyait en retard ; et, tandis qu'on changeait la serviette, ses regards se portÚrent au-dehors, épiant les passants du trottoir. MÃÂȘme, lorsque le couvert fut rétabli, il ne commanda pas tout de suite, il demeura un moment les yeux sur la place, toute gaie de cette claire journée des premiers jours de mai. A cette heure oÃÂč le monde déjeunait, elle était presque vide sous les marronniers, d'une verdure tendre et neuve, les bancs restaient inoccupés ; le long de la grille, à la station des voitures, la file des fiacres s'allongeait, d'un bout à l'autre ; et l'omnibus de la Bastille s'arrÃÂȘtait au bureau, à l'angle du jardin, sans laisser ni prendre de voyageurs. Le soleil tombait d'aplomb, le monument en était baigné, avec sa colonnade, ses deux statues, son vaste perron, en haut duquel il n'y avait encore que l'armée des chaises, en bon ordre. Mais Saccard, s'étant tourné, reconnut Mazaud, l'agent de change, à la table voisine de la sienne Il tendit la main. " Tiens ! c'est vous. Bonjour ! - Bonjour ! " répondit Mazaud, en donnant une poignée de main distraite. Petit, brun, trÚs vif, joli homme, il venait d'hériter de la charge d'un de ses oncles, à trente-deux ans. Et il semblait tout au convive qu'il avait en face de lui, un gros monsieur à figure rouge et rasée, le célÚbre Amadieu, que la Bourse vénérait, depuis son fameux coup sur les Mines de Selsis. Lorsque les titres étaient tombés à quinze francs, et que l'on considérait tout acheteur comme un fou, il avait mis dans l'affaire sa fortune, deux cent mille francs, au hasard, sans calcul ni flair, par un entÃÂȘtement de brute chanceuse. Aujourd'hui que la découverte de filons réels et considérables avait fait dépasser aux titres le cours de mille francs, il gagnait une quinzaine de millions ; et son opération imbécile qui aurait dû le faire enfermer autrefois, le haussait maintenant au rang des vastes cerveaux financiers. Il était salué, consulté surtout. D'ailleurs, il ne donnait plus d'ordres, comme satisfait, trÎnant désormais dans son coup de génie unique et légendaire. Mazaud devait rÃÂȘver sa clientÚle. Saccard, n'ayant pu obtenir d'Amadieu mÃÂȘme un sourire, salua la table d'en face, oÃÂč se trouvaient réunis trois spéculateurs de sa connaissance, Pillerault, Moser et Salmon. " Bonjour ! ça va bien ? - Oui, pas mal... Bonjour ! " Chez ceux-ci encore, il sentit la froideur, l'hostilité presque. Pillerault pourtant, trÚs grand, trÚs maigre, avec des gestes saccadés et un nez en lame de sabre, dans un visage osseux de chevalier errant, avait d'habitude la familiarité d'un joueur qui érigeait en principe le casse-cou, déclarant qu'il culbutait dans des catastrophes, chaque fois qu'il s'appliquait à réfléchir. Il était d'une nature exubérante de haussier, toujours tourné à la victoire, tandis que Moser, au contraire, de taille courte, le teint jaune, ravagé par une maladie de foie, se lamentait sans cesse, en proie à de continuelles craintes de cataclysme. Quant à Salmon, un trÚs bel homme luttant contre la cinquantaine, étalant une barbe superbe, d'un noir d'encre, il passait pour un gaillard extraordinairement fort. Jamais il ne parlait, il ne répondait que par des sourires, on ne savait dans quel sens il jouait, ni mÃÂȘme s'il jouait ; et sa façon d'écouter impressionnait tellement Moser, que souvent celui-ci, aprÚs lui avoir fait une confidence, courait changer un ordre, démonté per son silence. Dans cette indifférence qu'on lui témoignait, Saccard était resté les regards fiévreux et provocants, achevant le tour de la salle. Et il nĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©changea plus un signe de tÃÂȘte qu'avec un grand jeune homme, assis a trois tables de distance, le beau Sabatani, un Levantin, à la face longue et brune, qu'éclairaient des yeux noirs magnifiques, mais qu'une bouche mauvaise, inquiétante, gùtait. L'amabilité de ce garçon acheva de l'irriter quelque exécuté d'une Bourse étrangÚre, un de ces gaillards mystérieux aimé des femmes, tombé depuis le dernier automne sur le marché, qu'il avait déjà vu à l'oeuvre comme prÃÂȘte-nom dans un désastre de banque, et qui peu à peu conquérait la confiance de la corbeille et de la coulisse, par beaucoup de correction et une bonne grùce infatigable, mÃÂȘme pour les plus tarés. Un garçon était debout devant Saccard. " Qu'est-ce que monsieur prend ? - Ah ! oui... Ce que vous voudrez, une cÎtelette, des asperges. " Puis, il rappela le garçon. " Vous ÃÂȘtes sûr que M. Huret n'est pas venu avant moi et n'est pas reparti ? - Oh ! absolument sûr ! " Ainsi, il en était là , aprÚs la débùcle qui, en octobre, l'avait forcé une fois de plus à liquider sa situation, à vendre son hÎtel du parc Monceau, pour louer un appartement les Sabatanis seuls le saluaient, son entrée dans un restaurant, oÃÂč il avait régné, ne faisait plus tourner toutes les tÃÂȘtes, tendre toutes les mains. Il était beau joueur, il restait sans rancune, à la suite de cette derniÚre affaire de terrains, scandaleuse et désastreuse, dont il n'avait guÚre sauvé que sa peau. Mais une fiÚvre de revanche s'allumait dans son ÃÂȘtre ; et l'absence d'Huret qui avait formellement promis d'ÃÂȘtre là , dÚs onze heures, pour lui rendre compte de la démarche dont il s'était chargé prÚs de son frÚre Rougon, le ministre alors triomphant, l'exaspérait surtout contre ce dernier. Huret, député docile, créature du grand homme, n'était qu'un commissionnaire. Seulement, Rougon, lui qui pouvait tout, était-ce possible qu'il l'abandonnùt ainsi ? Jamais il ne s'était montré bon frÚre. Qu'il se fût fùché aprÚs la catastrophe, qu'il eût rompu ouvertement pour n'ÃÂȘtre point compromis lui-mÃÂȘme, cela s'expliquait ; mais, depuis six mois, n'aurait-il pas dû lui venir secrÚtement en aide et, maintenant, allait-il avoir le coeur de refuser le suprÃÂȘme coup d'épaule qu'il lui faisait demander par un tiers, n'osant le voir en personne, craignant quelque crise de colÚre qui l'emporterait ? Il n'avait qu'un mot à dire, il le remettrait debout, avec tout ce lùche et grand Paris sous les talons. " Quel vin désire monsieur ? demanda le sommelier. - Votre bordeaux ordinaire. " Saccard, qui laissait refroidir sa cÎtelette, absorbé, sans faim, leva les yeux, en voyant une ombre passer sur la nappe. C'était Massias, un gros garçon rougeaud, un remisier qu'il avait connu besogneux, et qui se glissait entre les tables, sa cote à la main. Il fut ulcéré de le voir filer devant lui, sans s'arrÃÂȘter, pour aller tendre la cote à Pillerault et à Moser. Distraits, engagés dans une discussion, ceux-ci y jetÚrent à peine un coup d'oeil non, ils n'avaient pas d'ordre à donner, ce serait pour une autre fois, Massias, n'osant s'attaquer au célÚbre Amadieu, penché au-dessus d'une salade de homard, en train de causer à voix basse avec Mazaud, revint vers Salmon, qui prit la cote, l'étudia longuement, puis la rendit, sans un mot. La salle s'animait. D'autres remisiers, à chaque minute, en faisaient battre les portes. Des paroles hautes s'échangeaient de loin, toute une passion d'affaires montait, à mesure que s'avançait l'heure. Et Saccard, dont les regards retournaient sans cesse au-dehors, voyait aussi la place se remplir peu à peu, les voitures et les piétons affluer ; tandis que, sur les marches de la Bourse, éclatantes de soleil, des taches noires, des hommes se montraient déjà , un à un. " Je vous répÚte, dit Moser de sa voix désolée, que ces élections complémentaires du 20 mars sont un symptÎme des plus inquiétants... Enfin, c'est aujourd'hui Paris tout entier acquis à l'opposition. " Mais Pillerault haussait les épaules. Carnot et Garnier-Pagés de plus sur les bancs de la gauche, quñ€ℱest-ce que ça pouvait faire ? " C'est comme la question des duchés, reprit Moser, eh bien, elle est grosse de complications... Certainement ! vous avez beau rire. Je ne dis pas que nous devions faire la guerre à la Prusse, pour l'empÃÂȘcher de s'engraisser aux dépens du Danemarck ; seulement, il y avait des moyens d'action... Oui, oui, lorsque les gros se mettent à manger les petits, on ne sait jamais oÃÂč ça s'arrÃÂȘte... Et, quant au Mexique... Pillerault, qui était dans un de ses jours de satisfaction universelle, l'interrompit d'un éclat de rire " Ah ! non, mon cher, ne vous ennuyez plus, avec vos terreurs sur le Mexique... Le Mexique, ce sera la page glorieuse du rÚgne... OÃÂč diable prenez-vous que lñ€ℱempire soit malade ? Est-ce qu'en janvier l'emprunt de trois cents millions n'a pas été couvert plus de quinze fois ? Un succÚs écrasant !... Tenez ! je vous donne rendez-vous en 67, oui, dans trois ans d'ici, lorsqu'on ouvrira l'Exposition universelle que l'empereur vient de décider. - Je vous dis que tout va mal ! affirma désespérément Moser. - Eh ! fichez-nous la paix, tout va bien ! " Salmon les regardait l'un aprÚs l'autre, en souriant de son air profond. Et Saccard, qui les avait écoutés, ramenait aux difficultés de sa situation personnelle cette crise oÃÂč l'empire semblait entrer. Lui, une fois encore, était par terre est-ce que cet empire, qui l'avait fait, allait comme lui culbuter, croulant tout d'un coup de la destinée la plus haute à la plus misérable ? Ah ! depuis douze ans, qu'il l'avait aimé et défendu, ce régime oÃÂč il s'était senti vivre, pousser, se gorger de sÚve, ainsi que l'arbre dont les racines plongent dans le terreau qui lui convient. Mais, si son frÚre voulait l'en arracher, si on le retranchait de ceux qui épuisaient le sol gras des jouissances, que tout fût donc emporté, dans la grande débùcle finale des nuits de fÃÂȘte ! Maintenant, il attendait ses asperges, absent de la salle oÃÂč l'agitation croissait sans cesse, envahi par des souvenirs. Dans une large glace, en face, il venait d'apercevoir son image ; et elle l'avait surpris. L'ùge ne mordait pas sur sa petite personne, ses cinquante ans n'en paraissaient guÚre que trente-huit, il gardait une maigreur, une vivacité de jeune homme. MÃÂȘme, avec les années, son visage noir et creusé de marionnette, au nez pointu, aux minces yeux luisants, s'était comme arrangé, avait pris le charme de cette jeunesse persistante, si souple, si active, les cheveux touffus encore, sans un fil blanc. Et, invinciblement, il se rappelait son arrivée à Paris, au lendemain du coup d'Etat, le soir d'hiver oÃÂč il était tombé sur le pavé, les poches vides, affamé, ayant toute une rage d'appétits à satisfaire. Ah ! cette premiÚre course à travers les rues, lorsque, avant mÃÂȘme de défaire sa malle, il avait eu le besoin de se lancer par la ville, avec ses bottes éculées, son paletot graisseux, pour la conquérir ! Depuis cette soirée, il était souvent monté trÚs haut, un fleuve de millions avait coulé entre ses mains, sans que jamais il eût possédé la fortune en esclave, ainsi qu'une chose à soi, dont on dispose, qu'on tient sous clef, vivante, matérielle. Toujours le mensonge, la fiction avait habité ses caisses, que des trous inconnus semblaient vider de leur or. Puis, voilà qu'il se retrouvait sur le pavé, comme à l'époque lointaine du départ, aussi jeune, aussi affamé, inassouvi toujours, torturé du mÃÂȘme besoin de jouissances et de conquÃÂȘtes. Il avait goûté à tout, et il ne s'était pas rassasié, n'ayant pas eu l'occasion ni le temps, croyait-il, de mordre assez profondément dans les personnes et dans les choses. A cette heure, il se sentait cette misÚre d'ÃÂȘtre, sur le pavé, moins qu'un débutant, qu'auraient soutenu l'illusion et l'espoir. Et une fiÚvre le prenait de tout recommencer pour tout reconquérir, de monter plus haut qu'il n'était jamais monté, de poser enfin le pied sur la cité conquise. Non plus la richesse menteuse de la façade, mais l'édifice solide de la fortune, la vraie royauté de l'or trÎnant sur des sacs pleins ! La voix de Moser qui s'élevait de nouveau, aigre et trÚs aiguÃ, tira un instant Saccard de ses réflexions. " L'expédition du Mexique coûte quatorze millions par mois, c'est Thiers qui l'a prouvé... Et il faut vraiment ÃÂȘtre aveugle pour ne pas voir que, dans la Chambre, la majorité est ébranlée. Ils sont trente et quelques maintenant, à gauche. L'empereur lui-mÃÂȘme comprend bien que le pouvoir absolu devient impossible, puisqu'il se fait le promoteur de la liberté. " Pillerault ne répondait plus, se contentait de ricaner d'un air de mépris. " Oui, je sais, le marché vous paraÃt solide, les affaires marchent. Mais attendez la fin... On a trop démoli et trop reconstruit, à Paris, voyez-vous ! Les grands travaux ont épuisé l'épargne. Quant aux puissantes maisons de crédit qui vous semblent si prospÚres, attendez qu'une d'elles fasse le saut, et vous les verrez toutes culbuter à la file... Sans compter que le peuple se remue. Cette Association internationale des travailleurs, qu'on vient de fonder pour améliorer la condition des ouvriers, m'effraie beaucoup, moi. Il y a, en France, une protestation, un mouvement révolutionnaire qui s'accentue chaque jour... Je vous dis que le ver est dans le fruit. Tout crÚvera. " Alors ce fut une protestation bruyante. Ce sacré Moser avait sa crise de foie, décidément. Mais lui-mÃÂȘme, en parlant, ne quittait pas des yeux la table voisine, oÃÂč Mazaud et Amadieu continuaient, dans le bruit, à causer trÚs bas. Peu à peu, la salle entiÚre s'inquiétait de ces longues confidences. Qu'avaient-ils à se dire, pour chuchoter ainsi ? Sans doute, Amadieu donnait des ordres, préparait un coup. Depuis trois jours, de mauvais bruits couraient sur les travaux de Suez. Moser cligna les yeux, baissa également la voix. " Vous savez, les Anglais veulent empÃÂȘcher qu'on travaille là -bas. On pourrait bien avoir la guerre. " Cette fois, Pillerault fut ébranlé, par l'énormité mÃÂȘme de la nouvelle. C'était incroyable, et tout de suite le mot vola de table en table, acquérant la force d'une certitude l'Angleterre avait envoyé un ultimatum, demandant la cessation immédiate des travaux. Amadieu, évidemment, ne causait que de ça avec Mazaud, à qui il donnait l'ordre de vendre tous ses Suez. Un bourdonnement de panique s'éleva dans l'air chargé d'odeurs grasses, au milieu du bruit croissant des vaisselles remuées. Et, à ce moment, ce qui porta l'émotion à son comble, ce fut l'entrée brusque d'un commis de l'agent de change, le petit Flory, un garçon à figure tendre, mangée d'une épaisse barbe chùtaine. Il se précipita, un paquet de fiches à la main, et les remit au patron, en lui parlant à l'oreille. " Bon ! " répondit simplement Mazaud, qui classa les fiches dans son carnet. Puis, tirant sa montre " BientÎt midi ! Dites à Berthier de m'attendre. Et soyez là vous- mÃÂȘme, montez chercher les dépÃÂȘches. " Lorsque Flory s'en fut allé, il reprit sa conversation avec Amadieu, tira d'autres fiches de sa poche, qu'il posa sur la nappe, à cÎté de son assiette ; et, à chaque minute, un client qui partait se penchait au passage, lui disait un mot, qu'il inscrivait rapidement sur un des bouts de papier, entre deux bouchées. La fausse nouvelle, venue on ne savait d'oÃÂč, née de rien, grossissait comme une nuée d'orage. " Vous vendez, n'est-ce pas ? " demanda Moser à Salmon.. Mais le muet sourire de ce dernier fut si aiguisé de finesse, qu'il en resta anxieux, doutant maintenant de cet ultimatum de l'Angleterre, qu'il ne savait mÃÂȘme pas avoir inventé. " Moi, j'achÚte tant qu'on voudra " , conclut Pillerault, avec sa témérité vaniteuse de joueur sans méthode. Les tempes chauffées par la griserie du jeu, que fouettait cette fin bruyante de déjeuner, dans l'étroite salle, Saccard s'était décidé à manger ses asperges, en s'irritant de nouveau contre Huret, sur lequel il ne comptait plus. Depuis des semaines, lui, si prompt à se résoudre, il hésitait, combattu d'incertitudes. Il sentait bien l'impérieuse nécessité de faire peau neuve, et il avait rÃÂȘvé d'abord une vie toute nouvelle, dans la haute administration ou dans la politique. Pourquoi le Corps législatif ne lñ€ℱaurait-il pas mené au conseil des ministres, comme son frÚre ? Ce qu'il reprochait à la spéculation, c'était la continuelle instabilité, les grosses sommes aussi vite perdues que gagnées jamais il n'avait dormi sur le million réel, ne devant rien à personne. Et, à cette heure oÃÂč il faisait son examen de conscience, il se disait qu'il était peut-ÃÂȘtre trop passionné pour cette bataille de l'argent, qui demandait tant de sang-froid. Cela devait expliquer comment, aprÚs une vie si extraordinaire de luxe et de gÃÂȘne, il sortait vidé, brûlé, de ces dix années de formidables trafics sur les terrains du nouveau Paris, dans lesquels tant d'autres, plus lourds, avaient ramassé de colossales fortunes. Oui, peut-ÃÂȘtre s'était-il trompé sur ses véritables aptitudes, peut-ÃÂȘtre triompherait-il d'un bond, dans la bagarre politique, avec son activité, sa foi ardente. Tout allait dépendre de la réponse de son frÚre. Si celui-ci le repoussait, le rejetait au gouffre de l'agio, eh bien ! ce serait sans doute tant pis pour lui et les autres, il risquerait le grand coup dont il ne parlait encore à personne, l'affaire énorme qu'il rÃÂȘvait depuis des semaines et qui l'effrayait lui-mÃÂȘme, tellement elle était vaste, faite, si elle réussissait ou si elle croulait, pour remuer le monde. Pillerault élevait la voix. " Mazaud, est-ce fini, l'exécution de Schlosser ? - Oui, répondit l'agent de change, l'affiche sera mise aujourd'hui... Que voulez-vous ? c'est toujours ennuyeux, mais j'avais reçu les renseignements les plus inquiétants et je l'ai escompté le premier. Il faut bien, de temps à autre, donner un coup de balai. - On m'a affirmé, dit Moser, que vos collÚgues, Jacoby et Delarocque, y étaient pour des sommes rondes. " L'agent eut un geste vague. " Bah ! c'est la part du feu... Ce Schlosser devait ÃÂȘtre d'une bande, et il en sera quitte pour aller écumer la Bourse de Berlin ou de Vienne. " Les yeux de Saccard s'étaient portés sur Sabatani, dont un hasard lui avait révélé l'association secrÚte avec Schlosser tous deux jouaient le jeu connu, l'un à la hausse, l'autre à la baisse sur une mÃÂȘme valeur, celui qui perdait en étant quitte pour partager le bénéfice de l'autre, et disparaÃtre. Mais le jeune homme payait tranquillement l'addition du déjeuner fin qu'il venait de faire. Puis, avec sa grùce caressante d'Oriental mùtiné d'Italien, il vint serrer la main de Mazaud, dont il était le client. Il se pencha, donna un ordre, que celui-ci écrivit sur une fiche. " Il vend ses Suez " , murmura Moser. Et, tout haut, cédant à un besoin, malade de doute " Hein ? que pensez-vous du Suez ? " Un silence se fit dans le brouhaha des voix, toutes les tÃÂȘtes des tables voisines se tournÚrent. La question résumait lñ€ℱanxiété croissante. Mais le dos dñ€ℱArnadieu qui avait simplement invité Mazaud pour lui recommander un de ses neveux, restait impénétrable, n'ayant rien à dire ; tandis que l'agent, que les ordres de vente qu'il recevait commençaient à étonner, se contentait de hocher la tÃÂȘte, par une habitude professionnelle de discrétion. " Le Suez, c'est trÚs bon ! " déclara de sa voix chantante Sabatani, qui, avant de sortir, se dérangea de son chemin, pour serrer galamment la main de Saccard. Et Saccard garda un moment la sensation de cette poignée de main, si souple, si fondante, presque féminine.. Dans son incertitude de la route à prendre, de sa vie à refaire, il les traitait tous de filous, ceux qui étaient là . Ah ! si on l'y forçait, comme il les traquerait, comme il les tondrait, les Moser trembleurs, les Pillerault vantards, et ces Salmon plus creux que des courges, et ces Amadieu dont le succÚs a fait le génie ! Le bruit des assiettes et des verres avait repris, les voix s'enrouaient, les portes battaient plus fort, dans la hùte qui les dévorait tous d'ÃÂȘtre là -bas, au jeu, si une débùcle devait se produire sur le Suez. Et, par la fenÃÂȘtre, au milieu de la place sillonnée de fiacres, encombrée de piétons, il voyait les marches ensoleillées de la Bourse comme mouchetées maintenant d'une montée continue d'insectes humains, des hommes correctement vÃÂȘtus de noir, qui peu à peu garnissaient la colonnade ; pendant que, derriÚre les grilles, apparaissaient quelques femmes, vagues, rÎdant sous les marronniers. Brusquement, au moment oÃÂč il entamait le fromage qu'il venait de commander, une grosse voix lui fit lever la tÃÂȘte. " Je vous demande pardon, mon cher. Il mñ€ℱa été impossible de venir plus tÎt. " Enfin, cĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tait Huret, un normand du Calvados, une figure épaisse et large de paysan rusé, qui jouait lñ€ℱhomme simple. Tout de suite, il se fit servir nñ€ℱimporte quoi, le plat du jour, avec un légume. " Eh bien " demanda sÚchement Saccard, qui se contenait. Mais lñ€ℱautre ne se pressait pas, le regardait en homme finassier et prudent. Puis, en se mettant à manger, avançant la face et baissant la voix " Et bien, jñ€ℱai vu le grand homme... Oui, chez lui, ce matin... Oh ! il a été trÚs gentil, trÚs gentil pour vous. " Il sñ€ℱarrÃÂȘta, but un grand verre de vin, se mit une pomme de terre dans la bouche. " Alors ? - Alors, mon cher, voici... Il veut bien faire pour vous tout ce quñ€ℱil pourra, il vous trouvera une trÚs jolie situation, mais pas en France... Ainsi, par exemple, gouverneur dans une de nos colonies, une des bonnes. Vous y seriez le maÃtre, un vrai petit prince. " Saccard était devenu blÃÂȘme. " Dites donc, cñ€ℱest pour rire, vous vous fichez du monde !... Pourquoi pas tout de suite la déportation !... Ah ! Il veut se débarrasser de moi. Quñ€ℱil prenne garde que je finisse par le gÃÂȘner pour de bon ! " Huret restait la bouche pleine, conciliant. " Voyons, voyons, on ne veut que votre bien, laissez-nous faire. - Que je me laisse supprimer, nñ€ℱest-ce pas ?... Tenez ! tout à lñ€ℱheure, on disait que lñ€ℱempire nñ€ℱaurait bientÎt plus une faute à commettre. Oui, la guerre dñ€ℱItalie, le Mexique, lñ€ℱattitude vis-à -vis de la Prusse. Ma parole, cñ€ℱest la vérité !... Vous ferez tant de bÃÂȘtises et de folies, que la France entiÚre se lÚvera pour vous flanquer dehors " Du coup, le député, la fidÚle créature du ministre, sñ€ℱinquiéta, palissant, regardant autour de lui. " Ah ! permettez, permettez, je ne peux pas vous suivre... Rougon est un honnÃÂȘte homme, il n'y a pas de danger, tant qu'il sera là ... Non, n'ajoutez rien, vous le méconnaissez, je tiens à le dire. " Violemment, étouffant sa voix entre ses dents serrées, Saccard l'interrompit. " Soit, aimez-le, faites votre cuisine ensemble... Oui ou non, veut- il me patronner ici, à Paris ? - A Paris, jamais ! " Sans ajouter un mot, il se leva, appela le garçon, pour payer, tandis que, trÚs calme, Huret, qui connaissait ses colÚres, continuait à avaler de grosses bouchées de pain et le laissait aller, de peur d'un esclandre. Mais, à ce moment, dans la salle, il y eut une forte émotion. Gundermann venait d'entrer, le banquier roi, le maÃtre de la Bourse et du monde, un homme de soixante ans, dont l'énorme tÃÂȘte chauve, au nez épais, aux yeux ronds, à fleur de tÃÂȘte, exprimait un entÃÂȘtement et une fatigue immenses. Jamais il n'allait à la Bourse, affectant mÃÂȘme de n'y pas envoyer de représentant officiel ; jamais non plus il ne déjeunait dans un lieu public. Seulement, de loin en loin, il lui arrivait, comme ce jour-là , de se montrer au restaurant Champeaux, oÃÂč il s'asseyait à une des tables pour se faire simplement servir un verre d'eau de Vichy, sur une assiette. Souffrant depuis vingt ans d'une maladie d'estomac, il ne se nourrissait absolument que de lait. Tout de suite, le personnel fut en l'air pour apporter le verre d'eau, et tous les convives présents s'aplatirent. Moser, l'air anéanti, contemplait cet homme qui savait les secrets, qui faisait à son gré la hausse ou la baisse, comme Dieu fait le tonnerre. Pillerault lui-mÃÂȘme le saluait, n'ayant foi qu'en la force irrésistible du milliard. Il était midi et demi, et Mazaud, qui lùchait vivement Amadieu, revint, se courba devant le banquier, dont il avait parfois l'honneur de recevoir un ordre. Beaucoup de boursiers étaient ainsi en train de partir, qui restÚrent debout, entourant le dieu, lui faisant une cour dĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©chines respectueuses, au milieu de la débandade des nappes salies ; et ils le regardaient avec vénération prendre le verre d'eau, d'une main tremblante, et le porter à ses lÚvres décolorées. Autrefois, dans les spéculations sur les terrains de la plaine Monceau ; Saccard avait eu des discussions, toute une brouille mÃÂȘme avec Gundermann. Ils ne pouvaient sñ€ℱentendre, l'un passionné et jouisseur, l'autre sobre et dñ€ℱune froide logique. Aussi le premier, dans sa colÚre, exaspéré encore par cette entrée triomphale, sñ€ℱen allait-il, lorsque l'autre l'appela. " Dites donc, mon bon ami, est-ce vrai ? vous les affaires... Ma foi, vous faites bien, ça vaut mieux. " Ce fut, pour Saccard, un coup de fouet en plein visage. Il redressa sa petite taille, il répliqua d'une voie aiguà comme une épée " Je fonde une maison de crédit au capital de vingt-cinq millions, et je compte aller vous voir bientÎt. " Et il sortit, laissant derriÚre lui le brouhaha ardent de la salle, oÃÂč tout le monde se bousculait, pour ne pas manquer l'ouverture de la Bourse. Ah ! réussir enfin, remettre le talon sur ces gens qui lui tournaient lui tournaient le dos, et lutter de puissance avec ce roi de l'or, et l'abattre peut-ÃÂȘtre un jour ! Il n'était pas décidé à lancer sa grande affaire, il demeurait surpris de la phrase que le besoin de répondre lui avait tirée. Mais pourrait-il tenter la fortune ailleurs, maintenant que son frÚre l'abandonnait et que les hommes et les choses le blessaient pour le rejeter à la lutte, comme le taureau saignant est ramené dans l'arÚne ? Un instant, il resta frémissant, au bord du trottoir. C'était l'heure active oÃÂč la vie de Paris semble affluer sur cette place centrale, entre la rue Montmartre et la rue Richelieu, les deux artÚres engorgées qui charrient la foule. Des quatre carrefours, ouverts aux quatre angles de la place, des flots ininterrompus de voitures coulaient, sillonnant le pavé, au milieu des remous d'une cohue de piétons. Sans arrÃÂȘt, les deux files de fiacres de la station, le long des grilles, se rompaient et se reformaient ; tandis que, sur la rue Vivienne, les victorias des remisiers s'allongeaient en un rang pressé, que dominaient les cochers, guides en main, prÃÂȘts à fouetter au premier ordre. Envahis, les marches et le péristyle étaient noirs d'un fourmillement de redingotes ; et, de la coulisse, installée déjà sous l'horloge et fonctionnant, montait la clameur de l'offre et de la demande, ce bruit de marée de l'agio, victorieux du grondement de la ville. Des passants tournaient la tÃÂȘte, dans le désir et la crainte de ce qui se faisait là , ce mystÚre des opérations financiÚres oÃÂč peu de cervelles françaises pénÚtrent, ces ruines, ces fortunes brusques, qu'on ne s'expliquait pas, parmi cette gesticulation et ces cris barbares. Et lui, au bord du ruisseau, assourdi par les voix lointaines, coudoyé par la bousculade des gens pressés, il rÃÂȘvait une fois de plus la royauté de l'or, dans ce quartier de toutes les fiÚvres, oÃÂč la Bourse, d'une heure à trois, bat comme un coeur énorme, au milieu. Mais, depuis sa déconfiture, il n'avait point osé rentrer à la Bourse ; et, ce jour-là encore, un sentiment de vanité souffrante, la certitude d'y ÃÂȘtre accueilli, en vaincu, l'empÃÂȘchait de monter les marches. Comme les amants chassés de l'alcÎve d'une maÃtresse, qu'ils désirent davantage, mÃÂȘme en croyant l'exécrer, il revenait fatalement là , il faisait le tour de la colonnade sous des prétextes, traversant le jardin, marchant d'un pas de promeneur, à lñ€ℱombre des marronniers. Dans cette sorte de square poussiéreux, sans gazon ni fleurs, oÃÂč grouillait sur les bancs, parmi les urinoirs et les kiosques à journaux, un mélangé de spéculateurs louches et de femmes du quartier, en cheveux, allaitant des poupons, il affectait une flùnerie désintéressée, levait les yeux, guettait, avec la furieuse pensée qu'il faisait le siÚge du monument, qu'il l'enserrait d'un cercle étroit, pour y rentrer un jour en triomphateur. Il pénétra dans l'angle de droite, sous les arbres qui font face à la rue de la Banque, et tout de suite il tomba sur la petite bourse des valeurs déclassées les " Pieds humides " , comme on appelle avec un ironique mépris ces joueurs de la brocante, qui cotent en plein vent, dans la boue des jours pluvieux, les titres des compagnies mortes. Il y avait là , en un groupe tumultueux, toute une juiverie malpropre, de grasses faces luisantes, des profils desséchés d'oiseaux voraces, une extraordinaire réunion de nez typiques, rapprochés les uns des autres, ainsi que sur une proie, s'acharnant au milieu de cris gutturaux, et comme prÚs de se dévorer entre eux. Il passait, lorsqu'il aperçut un peu à l'écart un gros homme, en train de regarder au soleil un rubis, qu'il levait en l'air, délicatement, entre ses doigts énormes et sales. " Tiens, Busch !... Vous me faites songer que je voulais monter chez vous. " Busch, qui tenait un cabinet d'affaires, rue Feydeau, au coin de la rue Vivienne, lui avait, à plusieurs reprises, été d'une utilité grande, en des circonstances difficiles. Il restait extasié, à examiner l'eau de la pierre précieuse, sa large face plate renversée, ses gros yeux gris comme éteints par la lumiÚre vive ; et l'on voyait, roulée en corde, la cravate blanche qu'il portait toujours ; tandis que sa redingote d'occasion, anciennement superbe, mais extraordinairement rùpée et, maculée de taches, remontait jusque dans ses cheveux pùles, qui tombaient en mÚches rares et rebelles de son crùne nu. Son chapeau, roussi par le soleil, lavé par les averses, n'avait plus d'ùge. Enfin, il se décida à redescendre sur terre. " Ah ! monsieur Saccard, vous faites un petit tour par ici.. - Oui... C'est une lettre en langue russe, une lettre d'un banquier russe, établi à Constantinople. Alors, j'ai pensé à votre frÚre, pour me la traduire. " Busch, qui, d'un mouvement inconscient et tendre, roulait toujours le rubis dans sa main droite, tendit la gauche, en disant que, le soir mÃÂȘme, la traduction serait envoyée. Mais Saccard expliqua qu'il s'agissait seulement de dix lignes. " Je vais monter, votre frÚre me lira ça tout de suite... " Et il fut interrompu par l'arrivée d'une femme énorme, Mme Méchain, bien connue des habitués de la Bourse, une de ces enragées et misérables joueuses, dont les mains grasses tripotent dans toutes sortes de louches besognes. Son visage de pleine lune, bouffi et rouge, aux minces yeux bleus, au petit nez perdu, à la petite bouche d'oÃÂč sortait une voix flûtée d'enfant, semblait déborder du vieux chapeau mauve, noué de travers par des brides grenat ; et la gorge géante, et le ventre hydropique, crevaient la robe de popeline verte, mangée de boue, tournée au jaune. Elle tenait au bras un antique sac de cuir noir, immense, aussi profond qu'une valise, qu'elle ne quittait jamais. Ce jour-là , le sac gonflé, plein à crever, la tirait à droite, penchée comme un arbre. " Vous voilà , dit Busch qui devait l'attendre. - Oui, et j'ai reçu les papiers de VendÎme, je les apporte. - Bon ! filons chez moi... Rien à faire aujourd'hui, ici " Saccard avait eu un regard vacillant sur le vaste sac de cuir. Il savait que, fatalement, allaient tomber là les titres délassés, les actions des sociétés mises en faillite, sur lesquelles les Pieds humides agiotent encore, des actions de cinq cents francs qu'ils se disputent à vingt sous, à dix sous, dans le vague espoir d'un relÚvement improbable, ou plus pratiquement comme une marchandise scélérate, qu'ils cÚdent avec bénéfice aux banquiers désireux de gonfler leur passif. Dans les batailles meurtriÚres de la finance, la Méchain était le corbeau qui suivait les armées en marche ; pas une compagnie, pas une grande maison de crédit ne se fondait, sans qu'elle apparût, avec son sac, sans qu'elle flairùt l'air, attendant les cadavres, mÃÂȘme aux heures prospÚres des émissions triomphantes ; car elle savait bien que la déroute était fatale, que le jour du massacre viendrait, oÃÂč il y aurait des morts à manger, des titres à ramasser pour rien dans la boue et dans le sang. Et lui, qui roulait son grand projet d'une banque, eut un léger frisson, fut traversé d'un pressentiment, à voir ce sac, ce charnier des valeurs dépréciées, dans lequel passait tout le sale papier balayé de la Bourse. Comme Busch emmenait la vieille femme, Saccard le retint. " Alors, je puis monter, je suis certain de trouver votre frÚre ? " Les yeux du juif s'adoucirent, exprimÚrent une surprise inquiÚte. " Mon frÚre, mais certainement ! OÃÂč voulez-vous quñ€ℱil soit ? - TrÚs bien, à tout à l'heure ! " Et, Saccard, les laissant s'éloigner, poursuivit sa marche lente, le long des arbres, vers la rue Notre-Dame des Victoires. Ce cÎté de la place est un des plus fréquentés, occupé par des fonds de commerce, des industries en chambre, dont les enseignes d'or flambaient sous le soleil. Des stores battaient aux balcons, toute une famille de province restait béante, à la fenÃÂȘtre d'un hÎtel meublé. Machinalement, il avait levé la tÃÂȘte, regardé ces gens dont l'ahurissement le faisait sourire, en le réconfortant par cette pensée qu'il y aurait toujours, dans les départements, des actionnaires. DerriÚre son dos, la clameur de la Bourse, le bruit de la marée lointaine continuait, l'obsédait, ainsi qu'une menace d'engloutissement qui allait le rejoindre. Mais une nouvelle rencontre l'arrÃÂȘta. " Comment, Jordan, vous à la Bourse ? " s'écria-t-il, en serrant la main d'un grand jeune homme brun, aux petites moustaches, à l'air décidé et volontaire. Jordan, dont le pÚre, un banquier de Marseille, s'était autrefois suicidé, à la suite de spéculations désastreuses, battait depuis dix ans le pavé de Paris, enragé de littérature, dans une lutte brave contre la misÚre noire. Un de ses cousins, installé à Plassans, oÃÂč il connaissait la famille de Saccard, l'avait autrefois recommandé à ce dernier, lorsque celui-ci recevait tout Paris, dans son hÎtel du parc Monceau. " Oh ! à la Bourse, jamais ! " répondÃt le jeune homme, avec un geste violent, comme s'il chassait le souvenir tragique de son pÚre. Puis, se remettant à sourire " Vous savez que je me suis marié... Oui, avec une petite amie d'enfance. On nous avait fiancés aux jours oÃÂč j'étais riche, et elle s'est entÃÂȘtée à vouloir quand mÃÂȘme du pauvre diable que je suis devenu. - Parfaitement, j'ai reçu la lettre de faire part, dit Saccard. Et imaginez-vous que j'ai été en rapport, autrefois, avec votre beau-pÚre, M. Maugendre, lorsqu'il avait sa manufacture de bùches, à la Villette. Il a dû y gagner une jolie fortune. " Cette conversation avait lieu prés d'un banc, et Jordan lñ€ℱinterrompit, pour présenter un monsieur gros et court, à l'aspect militaire, qui se trouvait assis, et avec lequel il causait, lors de la rencontre. " Monsieur le capitaine Chave, un oncle de ma femme... Mme Maugendre, ma belle-mÚre, est une Chave, de Marseille " Le capitaine s'était levé, et Saccard salua. Celui-ci connaissait de vue cette figure apoplectique, au cou raidi par l'usage du col de crin, un de ces types d'infimes joueurs au comptant, qu'on était certain de rencontrer tous les jours là , d'une heure à trois. C'est un jeu de gagne-petit, un gain presque assuré de quinze à vingt francs, qu'il faut réaliser dans la mÃÂȘme Bourse. Jordan avait ajouté avec son bon rire expliquant sa présence " Un boursier féroce, mon oncle, dont je ne fais, parfois, que serrer la main en passant. - Dame ! dit simplement le capitaine, il faut bien jouer, puisque le gouvernement, avec sa pension, me laisse crever de faim. " Ensuite, Saccard, que le jeune homme intéressait par sa bravoure à vivre, lui demanda si les choses de la littérature marchaient. Et Jordan, s'égayant encore, raconta l'installation de son pauvre ménage à un cinquiÚme de l'avenue de Clichy ; car les Maugendre, qui se défiaient d'un poÚte, croyant avoir beaucoup fait en consentant au mariage, n'avaient rien donné, sous le prétexte que leur fille, aprÚs eux, aurait leur fortune intacte, engraissée d'économies. Non, la littérature ne nourrit pas son homme, il avait en projet un roman qu'il ne trouvait pas le temps d'écrire, et il était entré forcément dans le journalisme, oÃÂč il bùclait tout ce qui concernait son état, depuis des chroniques, jusqu'à des comptes rendus de tribunaux et mÃÂȘme des faits divers. " Eh bien, dit Saccard, si je monte ma grande affaire, j'aurai peut- ÃÂȘtre besoin de vous. Venez donc me voir. " AprÚs avoir salué, il tourna derriÚre la Bourse. Là , enfin, la clameur lointaine, les abois du jeu cessÚrent, ne furent qu'une rumeur vague, perdue dans le grondement de la place. De ce cÎté, les marches étaient également envahies de monde ; mais le cabinet des agents de change, dont on voyait les tentures rouges par les hautes fenÃÂȘtres, isolait du vacarme de la grande salle la colonnade, oÃÂč des spéculateurs, les délicats, les riches, s'étaient assis commodément à l'ombre, quelques-uns seuls, d'autres par petits groupes, transformant en une sorte de club ce vaste péristyle ouvert au plein ciel. C'était un peu, ce derriÚre du monument, comme l'envers d'un théùtre, l'entrée des artistes, avec la rue louche et relativement tranquille, cette rue Notre-Dame-des-Victoires, occupée toute par des marchands de vin, des cafés, des brasseries, des tavernes, grouillant d'une clientÚle spéciale, étrangement mÃÂȘlée. Les enseignes indiquaient aussi la végétation mauvaise, poussée au bord d'un grand cloaque voisin des compagnies d'assurances mal famées, des journaux financiers de brigandage, des sociétés, des banques, des agences, des comptoirs, la série entiÚre des modestes coupe-gorge, installés dans des boutiques ou à des entresols, larges comme la main. Sur les trottoirs, au milieu de la chaussée partout, des hommes rÎdaient, attendaient, ainsi qu'à la corne d'un bois. Saccard s'était arrÃÂȘté à l'intérieur des grilles. Levant les yeux sur la porte qui conduit au cabinet des agents de d'ange, avec le regard aigu d'un chef d'armée examinant sous toutes ses faces la place dont il veut tenter l'assaut, lorsquñ€ℱun grand gaillard, qui sortait d'une taverne, traversa la rue et vint s'incliner trÚs bas. " Ah ! monsieur Saccard, n'avez-vous rien pour moi ? J'ai quitté définitivement le Crédit mobilier, je cherche une situation. " Jantrou était un ancien professeur, venu de Bordeaux à Paris, à la suite d'une histoire restée louche. Obligé de quitter l'Université, déclassé, mais beau garçon avec sa barbe noire en éventail et sa calvitie précoce, d'ailleurs lettré, intelligent et aimable, il était débarqué à la Bourse vers vingt-huit ans, s'y était traÃné et sali pendant dix années comme remisier, en n'y gagnant guÚre que l'argent nécessaire a ses vices. Et, aujourd'hui, tout à fait chauve, se désolant ainsi qu'une fille dont les rides menacent le gagne-pain, il attendait toujours l'occasion qui devait le lancer au succÚs, à la fortune. Saccard, à le voir si humble, se rappela avec amertume, le salut de Sabatani, chez Champeaux décidément, les tarés et les ratés seuls lui restaient. Mais il n'était pas sans estime pour l'intelligence vive de celui-ci, et il savait bien qu'on fait les troupes les plus braves avec les désespérés, ceux qui osent tout, ayant tout à gagner. Il se montra bonhomme. " Une situation, répéta-t-il. Eh ! ça peut se trouver. Venez me voir. - Rue Saint-Lazare, maintenant, n'est-ce pas ? - Oui, rue Saint-Lazare. Le matin. " Ils causÚrent. Jantrou était trÚs animé contre la Bourse, répétant qu'il fallait ÃÂȘtre un coquin pour y réussir, avec la rancune d'un homme qui n'avait pas eu la coquinerie chanceuse. C'était fini, il voulait tenter autre chose, il lui semblait que, grùce à sa culture universitaire, à sa connaissance du monde, il pouvait se faire une belle place dans lñ€ℱadministration. Saccard l'approuvait d'un hochement de tÃÂȘte. Et, comme ils étaient sortis des grilles, longeant le trottoir jusqu'à la rue Brongniart, tous deux s'intéressÚrent à un coupé sombre, d'un attelage trÚs correct, qui était arrÃÂȘté dans cette rue, le cheval tourné vers la rue Montmartre. Tandis que le dos du cocher, haut perché, demeurait d'une immobilité de pierre, ils avaient remarqué qu'une tÃÂȘte de femme, à deux reprises, paraissait a la portiÚre et disparaissait, vivement. Tout d'un coup, la tÃÂȘte se pencha, s'oublia, avec un long regard d'impatience en arriÚre, du cÎté de la Bourse. " La baronne Sandorff " , murmura Saccard. C'était une tÃÂȘte brune trÚs étrange, des yeux noirs brûlants sous des paupiÚres meurtries, un visage de passion à la bouche saignante, et que gùtait seulement un nez trop long. Elle semblait fort jolie, d'une maturité précoce, pour ses vingt-cinq ans, avec son air de bacchante habillée par les grands couturiers du rÚgne. " Oui, la baronne, répéta Jantrou. Je l'ai connue, quand elle était jeune fille, chez son pÚre, le comte de Ladricourt. Oh ! un enragé joueur, et d'une brutalité révoltante. J'allais prendre ses ordres chaque matin, il a failli me battre un jour. Je ne l'ai pas pleuré, celui-là , quand il est mort d'un coup de sang, ruiné, à la suite d'une série de liquidations lamentables... La petite alors à dû se résoudre à épouser le baron Sandorff, conseiller à l'ambassade d'Autriche, qui avait trente-cinq ans de plus qu'elle, et qu'elle avait positivement rendu fou, avec ses regards de feu. - Je sais " , dit simplement Saccard. De nouveau, la tÃÂȘte de la baronne avait replongé dans le coupé. Mais, presque aussitÎt, elle reparut, plus ardente, le cou tordu pour voir au loin, sur la place. " Elle joue, n'est-ce pas ? - Oh ! comme une perdue ! Tous les jours de crise, on peut la voir la, dans sa voiture, guettant les cours, prenant fiévreusement des notes sur son carnet, donnant des ordres... Et, tenez ! c'était Massias qu'elle attendait le voici qui la rejoint. " En effet, Massias courait de toute la vitesse de ses jambes courtes, sa cote a la main, et ils le virent qui s'accoudait a la portiÚre du coupé, y plongeant la tÃÂȘte a son tour, en grande conférence avec la baronne. Puis, comme ils s'écartaient un peu, pour ne pas ÃÂȘtre surpris dans leur espionnage, et comme le remisier revenait, toujours courant, ils l'appelÚrent. Lui, d'abord, jeta un regard de cÎté, s'assurant que le coin de la rue le cachait ; ensuite, il s'arrÃÂȘta net, essoufflé, son visage fleuri congestionné, gai quand mÃÂȘme, avec ses gros yeux bleus d'une limpidité enfantine. " Mais qu'est-ce qu'ils ont ? cria-t-il. Voilà le Suez qui dégringole. On parle d'une guerre avec l'Angleterre. Une nouvelle qui les révolutionne, et qui vient on ne sait d'oÃÂč... Je vous le demande un peu, la guerre ! qui est-ce qui peut bien avoir inventé ça ? A moins que ça ne se soit inventé tout seul... Enfin, un vrai coup de chien. " Jantrou cligna des yeux. " La dame mord toujours ? - Oh ! enragée ! Je porte ses ordres a Nathansohn. " Saccard, qui écoutait, fit tout haut une réflexion. " Tiens ! c'est vrai, on m'a dit que Nathansohn était entré à la coulisse. - Un garçon trÚs gentil, Nathansohn, déclara Jantrou, et qui mérite de réussir. Nous avons été ensemble au Crédit mobilier... Mais il arrivera, lui, car il est juif. Son pÚre, un Autrichien, est établi à Besançon, horloger, je crois... Vous savez que ça l'a pris un jour, là - bas, au Crédit, en voyant comment ça se manigançait. Il s'est dit que ce n'était pas si malin, qu'il n'y avait qu'à avoir une chambre et à ouvrir un guichet ; et il a ouvert un guichet... Vous ÃÂȘtes content, vous, Massias ? - Oh ! content ! Vous y avez passé, vous avez raison de dire qu'il faut ÃÂȘtre juif ; sans ça, inutile de chercher à comprendre, on n'y a pas la main, c'est la déveine noire... Quel sale métier ! Mais on y est, on y reste. Et puis, j'ai encore de bonnes jambes, jñ€ℱespÚre tout de mÃÂȘme. " Et il repartit, courant et riant. On le disait fils d'un magistrat de Lyon, frappé d'indignité, tombé lui-mÃÂȘme à la Bourse, aprÚs la disparition de son pÚre, n'ayant pas voulu continuer ses études de droit. Saccard et Jantrou, à petits pas, revinrent vers la rue Brongniart ; et ils y retrouvÚrent le coupé de la baronne ; mais les glaces étaient levées, la voiture mystérieuse paraissait vide, tandis que l'immobilité du cocher semblait avoir grandi, dans cette attente qui se prolongeait souvent jusqu'au dernier cours. " Elle est diablement excitante, reprit brutalement Saccard. Je comprends le vieux baron. " Jantrou eut un sourire singulier. " Oh ! le baron, il y a longtemps qu'il en a assez, je crois. Il est trÚs ladre, dit-on... Alors, vous savez avec qui elle s'est mise, pour payer ses factures, le jeu ne suffisant jamais ? - Non. - Avec Delcambre. - Delcambre, le procureur général ! ce grand homme sec, si jaune, si rigide !... Ah ! je voudrais bien les voir ensemble ! " Et tous deux, trÚs égayés, trÚs allumés, se séparÚrent avec une vigoureuse poignée de main, aprÚs que lñ€ℱun ait rappelé à l'autre qu'il se permettrait d'aller le voir prochainement. DÚs qu'il se retrouva seul, Saccard fut repris par la voix haute de la Bourse, qui déferlait avec lñ€ℱentÃÂȘtement du flux à son retour. Il avait tourné le coin, il descendait vers la rue Vivienne, par ce cÎté de la place que l'absence de cafés rend sévÚre. Il longea commerce, le bureau de poste, les grandes agences dñ€ℱannonces, de plus en plus assourdi et enfiévré, à mesure quñ€ℱil revenait devant la façade principale ; et, quand il put enfiler le péristyle d'un regard oblique, il fit une nouvelle pause comme s'il ne voulait pas encore achever le tour de la colonnade, cette sorte d'investissement passionné dont il l'enserrait. Là , sur cet élargissement du pavé, la vie s'étalait, éclatait un flot de consommateurs envahissait les cafés, la boutique du pùtissier ne désemplissait pas, les étalages attroupaient la foule, celui dñ€ℱun orfÚvre surtout, flambant de grosses piÚces d'argenterie. Et, par les quatre angles, les quatre carrefours, il semblait que le fleuve des fiacres et des piétons augmentùt, dans un enchevÃÂȘtrement inextricable ; tandis que le bureau des omnibus aggravait les embarras et que les voitures des remisiers, en ligne, barraient le trottoir presque dñ€ℱun bout à l'autre de la grille. Mais ses yeux sĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©taient fixés sur les marches hautes, oÃÂč des redingotes sĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©grenaient au plein soleil. Puis, ils remontÚrent vers les colonnes dans la masse compacte, un grouillement noir, à peine éclairé par les taches pùles des visages. Tous étaient debout, on ne voyait pas les chaises, le rond que faisait la coulisse, assise sous l'horloge, ne se devinait quñ€ℱà une sorte de bouillonnement, une furie de gestes et de paroles dont l'air frémissait. Vers la gauche, le groupe des banquiers occupés à des arbitrages, à des opérations sur le change et sur les chÚques anglais, restait plus calme, sans cesse traversé par la queue de monde qui entrait, allant au télégraphe. Jusque sous les galeries latérales, les spéculateurs débordaient, s'écrasaient ; et, entre les colonnes, appuyés aux rampes de fer, il y en avait qui présentaient le ventre ou le dos, comme chez eux, contre le velours d'une loge. La trépidation, le grondement de machine sous vapeur, grandissait, agitait la Bourse entiÚre, dans un vacillement de flamme. Brusquement, il reconnut le remisier Massias qui descendait les marches à toutes jambes, puis qui sauta dans sa voiture, dont le cocher lança le cheval au galop. Alors, Saccard sentit ses poings se serrer. Violemment, il s'arracha, il tourna dans la rue Vivienne, traversant la chaussée pour gagner le coin de la rue Feydeau, oÃÂč se trouvait la maison de Busch. Il venait de se rappeler la lettre russe qu'il avait à se faire traduire. Mais, comme il entrait, un jeune homme, planté devant la boutique du papetier qui occupait le rez-de-chaussée, le salua ; et il reconnut Gustave Sédille, le fils d'un fabricant de soie de la rue des Jeûneurs, que son pÚre avait placé chez Mazaud, pour étudier le mécanisme des affaires financiÚres. Il sourit paternellement à ce grand garçon élégant, se doutant bien de ce qu'il faisait là , en faction. La papeterie Conin fournissait de carnets toute la Bourse, depuis que la petite Mme Conin y aidait son mari, le gros Conin, qui, lui, ne sortait jamais de son arriÚre-boutique, s'occupait de la fabrication, tandis qu'elle, toujours, allait et venait, servant au comptoir, faisant les courses dehors. Elle était grasse, blonde, rose, un vrai petit mouton frisé, avec des cheveux de soie pùle, trÚs gracieuse, trÚs cùline, et d'une continuelle gaieté. Elle aimait bien son mari, disait-on, ce qui ne l'empÃÂȘchait pas, quand un boursier de la clientÚle lui plaisait, d'ÃÂȘtre tendre ; mais pas pour de l'argent, uniquement pour le plaisir, et une seule fois, dans une maison amie du voisinage, à ce que racontait la légende. En tout cas, les heureux qu'elle faisait devaient se montrer discrets et reconnaissants, car elle restait adorée, fÃÂȘtée, sans un vilain bruit autour d'elle. Et la papeterie continuait de prospérer, c'était un coin de vrai bonheur. En passant, Saccard aperçut Mme Conin qui souriait à Gustave à travers les vitres. Quel joli petit mouton ! Il en eut une sensation délicieuse de caresse. Enfin ; il monta. Depuis vingt ans, Busch occupait tout en haut, au cinquiÚme étage, un étroit logement composé de deux chambres et d'une cuisine. Né à Nancy, de parents allemands, il était débarqué là de sa ville natale, il y avait peu à peu étendu son cercle d'affaires, d'une extraordinaire complication, sans éprouver le besoin d'un cabinet plus grand, abandonnant à son frÚre Sigismond la piÚce sur la rue, se contentant de la petite piÚce sur la cour, oÃÂč les paperasses ; les dossiers, les paquets de toutes sortes s'empilaient tellement, que la place d'une unique chaise, contre le bureau, se trouvait réservée. Une de ses grosses affaires était bien le trafic sur les valeurs dépréciées ; il les centralisait, il servait dñ€ℱintermédiaire entre la petite Bourse et les " Pieds humides " et les banqueroutiers, qui ont des trous à combler dans leur bilan ; aussi suivait-il les cours, achetant directement parfois, alimenté surtout par les stocks qu'on lui apportait. Mais, outre l'usure et tout un commerce caché sur les bijoux et les pierres précieuses, il s'occupait particuliÚrement de l'achat des créances. C'était là ce qui emplissait son cabinet à en faire craquer les murs, ce qui le lançait dans Paris, aux quatre coins, flairant, guettant, avec des intelligences dans tous les mondes. DÚs qu'il apprenait une faillite, il accourait, rÎdait autour du syndic, finissait par acheter tout ce dont on ne pouvait rien tirer de bon immédiatement. Il surveillait les études de notaire, attendait les ouvertures de successions difficiles, assistait aux adjudications des créances désespérées. Lui-mÃÂȘme publiait des annonces, attirait les créanciers impatients qui aimaient mieux toucher quelques sous tout de suite que de courir le risque de poursuivre leurs débiteurs. Et, de ces sources multiples, du papier arrivait, de véritables hottes, le tas sans cesse accru d'un chiffonnier de la dette billets impayés, traités inexécutés, reconnaissances restées vaines, engagements non tenus. Puis, là -dedans, commençait le triage, le coup de fourchette dans cet arlequin gùté, ce qui demandait un flair spécial, trÚs délicat. Dans cette mer de créanciers disparus ou insolvables, il fallait faire un choix, pour ne pas trop éparpiller son effort. En principe, il professait que toute créance, mÃÂȘme la plus compromise, peut redevenir bonne, et il avait une série de dossiers admirablement classés, auxquels correspondait un répertoire des noms, qu'il relisait de temps à autre, pour s'entretenir la mémoire. Mais, parmi les insolvables, il suivait naturellement de plus prÚs ceux qu'il sentait avoir des chances de fortune prochaine son enquÃÂȘte dénudait les gens, pénétrait les secrets de famille, prenait note des parentés riches, des moyens d'existence, des nouveaux emplois surtout, qui permettaient de lancer des oppositions. Pendant des années souvent, il laissait ainsi mûrir un homme, pour l'étrangler au premier succÚs. Quant aux débiteurs disparus, ils le passionnaient plus encore, le jetaient dans une fiÚvre de recherches continuelles, l'oeil sur les enseignes et sur les noms que les journaux imprimaient, quÃÂȘtant les adresses comme un chien quÃÂȘte le gibier. Et, dÚs qu'il les tenait, les disparus et les insolvables, il devenait féroce, les mangeait de frais, les vidait jusqu'au sang, tirant cent francs de ce qu'il avait payé dix sous, en expliquant brutalement ses risques de joueur, forcé de gagner avec ceux qu'il empoignait ce qu'il prétendait perdre sur ceux qui lui filaient entre les doigts, ainsi qu'une fumée. Dans cette chasse aux débiteurs, la Méchain était une des aides que Busch aimait le mieux à employer ; car, s'il devait avoir ainsi une petite troupe de rabatteurs à ses ordres, il vivait dans la défiance de ce personnel, mal famé et affamé ; tandis que la Méchain avait pignon sur rue, possédait derriÚre la butte Montmartre toute une cité, la Cité de Naples, un vaste terrain planté de huttes branlantes qu'elle louait au mois un coin d'épouvantable misÚre, des meurt-de-faim en tas dans l'ordure, des trous à pourceau qu'on se disputait et dont elle balayait sans pitié les locataires avec leur fumier, dÚs qu'ils ne payaient plus. Ce qui la dévorait, ce qui lui mangeait les bénéfices de sa cité, c'était sa passion malheureuse du jeu. Et elle avait aussi le goût des plaies d'argent, des ruines, des incendies, au milieu desquels on peut voler des bijoux fondus. Lorsque Busch la chargeait d'un renseignement à prendre, d'un débiteur à déloger, elle y mettait parfois du sien, se dépensait pour le plaisir. Elle se disait veuve, mais personne n'avait connu son mari. Elle venait on ne savait d'oÃÂč, et elle paraissait avoir eu toujours cinquante ans, débordante, avec sa mince voix de petite fille. Ce jour-là , dÚs que la Méchain se trouva assise sur l'unique chaise, le cabinet fut plein, comme bouché par ce dernier paquet de chair, tombé à cette place. Devant son bureau, Busch, prisonnier, semblait enfoui, ne laissant émerger que sa tÃÂȘte carrée, au-dessus de la mer des dossiers. " Voici, dit-elle en vidant son vieux sac de l'énorme tas de papiers qui le gonflait, voici ce que Fayeux m'envoie de VendÎme... Il a tout acheté pour vous, dans cette faillite Charpier que vous m'aviez dit de lui signaler... Cent dix francs. Fayeux, qu'elle appelait son cousin, venait d'installer là -bas un bureau de receveur de rentes. Il avait pour négoce avoué de toucher les coupons des petits rentiers du pays ; et, dépositaire de ces coupons et de l'argent, il jouait frénétiquement. " Ça ne vaut pas grand-chose, la province, murmura Busch, mais on y fait des trouvailles tout de mÃÂȘme. " Il flairait les papiers, les triait déjà d'une main experte, les classait en gros d'aprÚs une premiÚre estimation, à l'odeur. Sa face plate se rembrunissait, il eut une moue désappointée. " Hum ! il n'y a pas gras, rien à mordre. Heureusement que ça n'a pas coûté cher... Voici des billets... Encore des billets... Si ce sont des jeunes gens, et s'ils sont venus à Paris, nous les rattraperons peut- ÃÂȘtre... " Mais il eut une légÚre exclamation de surprise. " Tiens ! qu'est-ce que c'est que ça ? " Il venait de lire, au bas d'une feuille de papier timbre, la signature du comte de Beauvilliers, et la feuille ne portait que trois lignes, d'une grosse écriture sénile. " Je m'engage à payer la somme de dix mille francs mademoiselle Léonie Cron, le jour de sa majorité. " " Le comte de Beauvilliers, reprit-il lentement, réfléchissant tout haut, oui, il a eu des fermes, tout un domaine, du cÎté de VendÎme... Il est mort d'un accident de chasse, il a laissé une femme et deux enfants dans la gÃÂȘne. J'ai eu des billets autrefois, qu'ils ont payés difficilement... Un farceur, un pas-grand-chose... " Tout d'un coup, il éclata d'un gros rire, reconstruisant l'histoire. " Ah ! le vieux filou, c'est lui qui a fichu dedans la petite !... Elle ne voulait pas, et il l'aura décidée avec ce chiffon de papier, qui était légalement sans valeur. Puis, il est mort... Voyons, c'est daté de 1854, il y a dix ans. La fille doit ÃÂȘtre majeure, que diable ! Comment cette reconnaissance pouvait-elle se trouver entre les mains de Charpier ?... Un marchand de grains, ce Charpier, qui prÃÂȘtait à la petite semaine. Sans doute la fille lui a laissé ça en dépÎt pour quelques écus ; ou bien peut-ÃÂȘtre s'était-il chargé du recouvrement... - Mais, interrompit la Méchain, c'est trÚs bon, ça, un vrai coup ! Busch haussa dédaigneusement les épaules. " Eh ! non, je vous dis qu'en droit ça ne vaut rien... Que je présente ça aux héritiers, et ils peuvent m'envoyer promener, car il faudrait faire la preuve que l'argent est réellement dû... Seulement, si nous retrouvons la fille, j'espÚre les amener à ÃÂȘtre gentils et à s'entendre avec nous, pour éviter un tapage désagréable... Comprenez- vous ? cherchez cette Léonie Cron, écrivez à Fayeux pour qu'il nous déniche là -bas. Ensuite, nous verrons à rire. " Il avait fait des papiers deux tas qu'il se promettait d'examiner à fond, quand il serait seul, et il restait immobile, les mains ouvertes, une sur chaque tas. AprÚs un silence, la Méchain reprit " Je me suis occupée des billets Jordan... J'ai bien cru que j'avais retrouvé notre homme. Il a été employé quelque part, il écrit maintenant dans les journaux. Mais on vous reçoit si mal, dans les journaux ; on refuse de vous donner les adresses. Et puis, je crois qu'il ne signe pas ses articles de son vrai nom. " Sans une parole, Busch avait allongé le bras pour prendre, à sa place alphabétique, le dossier Jordan. C'étaient six billets de cinquante francs, datés de cinq années déjà et échelonnés de mois en mois, une somme totale de trois cents francs, que le jeune homme avait souscrite à un tailleur, aux jours de misÚre. Impayés à leur présentation, les billets s'étaient grossis de frais énormes, et le dossier débordait d'une formidable procédure. A cette heure, la dette atteignait sept cent trente francs quinze centimes. " Si c'est un garçon d'avenir, murmura Busch, nous le pincerons toujours. " Puis, une liaison d'idées se faisant sans doute en lui, il s'écria " Et dites donc, l'affaire Sicardot, nous l'abandonnons ? " La Méchain leva au ciel ses gros bras éplorés. Toute sa monstrueuse personne en eut un remous de désespoir. " Ah ! Seigneur Dieu ! gémit-elle de sa voix de flûte, j'y laisserai ma peau ! " L'affaire Sicardot était toute une histoire romanesque qu'elle aimait conter. Une petite-cousine à elle, Rosalie Chavaille, la fille tardive d'une soeur de son pÚre avait été prise à seize ans, un soir, sur les marches de l'escalier, dans une maison de la rue de la Harpe, oÃÂč elle et sa mÚre occupaient un petit logement au sixiÚme. Le pis était que le monsieur, un homme marié, débarqué depuis huit jours à peine, avec sa femme, dans une chambre que sous-louait une dame du second, s'était montré si amoureux, que la pauvre Rosalie, renversée d'une main trop prompte contre l'angle d'une marche, avait eu l'épaule démise. De là , juste colÚre de la mÚre, qui avait failli faire un esclandre affreux, malgré les larmes de la petite, avouant qu'elle avait bien voulu, que c'était un accident et qu'elle aurait trop de peine, si l'on envoyait le monsieur en prison. Alors, la mÚre, se taisant, s'était contentée d'exiger de celui-ci une somme de six cents francs, répartie en douze billets, cinquante francs par mois, pendant une année ; et il n'avait pas eu de marché vilain, cĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©tait mÃÂȘme modeste, car sa fille, qui finissait son apprentissage de couturiÚre, ne gagnait plus rien, malade, au lit, coûtant gros, si mal soignée d'ailleurs, que, les muscles de son bras s'étant rétractés, elle devenait infirme. Avant la fin du premier mois, le monsieur avait disparu, sans laisser son adresse. Et les malheurs continuaient, tapaient dru comme grÃÂȘle " Rosalie accouchait d'un garçon, perdait sa mÚre, tombait à une sale vie, à une misÚre noire. Echouée à la Cité de Naples, chez sa petite-cousine, elle avait traÃné les rues jusqu'à vingt-six ans, ne pouvant se servir de son bras, vendant parfois des citrons aux Halles, disparaissant pendant des semaines avec des hommes, qui la renvoyaient ivre et bleue de coups. Enfin, l'année d'auparavant, elle avait eu la chance de crever, des suites d'une bordée plus aventureuse que les autres. Et la Méchain avait dû garder l'enfant, Victor ; et il ne restait de toute cette aventure que les douze billets unpayés, signés Sicardot. On n'avait jamais pu en savoir davantage le monsieur s'appelait Sicardot. Dñ€ℱun nouveau geste, Busch prit le dossier Sicardot, une mince chemise de papier gris. Aucun frais n'avait été fait, il n'y avait là que les douze billets. " Encore si Victor était gentil ! expliquait lamentablement la vieille femme. Mais imaginez-vous, un enfant épouvantable... Ah ! c'est dur de faire des héritages pareils, un gamin qui finira sur l'échafaud, et ces morceaux de papier dont jamais je ne tirerai rien ! " Busch tenait ses gros yeux pùles obstinément fixés sur les billets. Que de fois il les avait étudiés ainsi, espérant, dans un détail inaperçu, dans la forme des lettres, jusque dans le grain du papier timbré, découvrir un indice. Il prétendait que cette écriture pointue et fine ne devait pas lui ÃÂȘtre inconnue. " C'est curieux, répétait-il une fois encore, j'ai certainement vu déjà des a et des o pareils, si allongés, qu'ils ressemblent à des i . " Juste à ce moment, on frappa ; et il pria la Méchain d'allonger la main pour ouvrir ; car la piÚce donnait directement sur l'escalier. Il fallait la traverser si l'on voulais gagner l'autre, celle qui avait vue sur la rue. Quant à la cuisine, un trou sans air, elle se trouvait de l'autre cÎté du palier. " Entrez, monsieur. " Et ce fut Saccard qui entra. Il souriait, égayé intérieurement par la plaque de cuivre, vissée sur la porte et portant en grosses lettres noires le mot Contentieux. " Ah ! oui, monsieur Saccard, vous venez pour cette traduction... Mon frÚre est là , dans l'autre piÚce... Entrez, entrez donc. " Mais la Méchain bouchait absolument le passage, et elle dévisageait le nouveau venu, l'air de plus en plus surpris. Il fallut tout une manoeuvre lui recula dans l'escalier, elle-mÃÂȘme sortit, s'effaçant sur le palier, de façon qu'il pût entrer et gagner enfin la chambre voisine, oÃÂč il disparut. Pendant ces mouvements compliqués, elle ne l'avait pas quitté des yeux. " Oh ! souffla-t-elle, oppressée, ce M. Saccard, je ne l'avais jamais tant vu... Victor est tout son portrait. " Busch sans comprendre d'abord, la regardait. Puis, une brusque illumination se fit, il eut un juron étouffé. " Tonnerre de Dieu ! c'est ça, je savais bien que j'avais vu ça quelque part ! " Et, cette fois, il se leva, bouleversa les dossiers, finit par trouver une lettre que Saccard lui avait écrite, l'année précédente, pour lui demander du temps en faveur d'une dame insolvable. Vivement, il compara l'écriture des billets à celle de cette lettre c'étaient bien les mÃÂȘmes a et les mÃÂȘmes o , devenus avec le temps plus aigus encore et il y avait aussi une identité de majuscules évidente. " C'est lui, c'est lui, répétait-il. Seulement, voyons, pourquoi Sicardot, pourquoi pas Saccard ? " Mais, dans sa mémoire, une histoire confuse sĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©veillait, le passé de Saccard, qu'un agent d'affaires Larsonneau, millionnaire aujourd'hui, lui avait conté. Saccard tombant à Paris au lendemain du coup dñ€ℱEtat, venant exploiter la puissance naissante de son frÚre Rougon, et dñ€ℱabord sa misÚre dans les rues noires de lñ€ℱancien Quartier latin, et ensuite sa fortune rapide, à la faveur d'un louche mariage quand il avait eu la chance dñ€ℱenterrer sa femme. C'était lors de ces débuts difficiles quñ€ℱil avait changé son nom de Rougon contre celui de Saccard, en transformant simplement le nom de cette premiÚre femme, qui se nommait Sicardot. " Oui, oui, Sicardot, je me souviens parfaitement, murmura Busch. Il a eu le front de signer le nom du nom de sa femme. Sans doute le ménage avait donné ce nom, en descendant rue de la Harpe. Et puis, le bougre prenait toutes sortes de précautions, devait déménager à la moindre alerte... Ah ! il ne guettait pas que les écus, il culbutait aussi les gamines dans les escaliers ! C'est bÃÂȘte, ça finira par lui jouer un vilain tour. - Chut ! chut, reprit la Méchain. Nous le tenons, et on peut bien dire qu'il y a un bon Dieu. Enfin, je vas donc ÃÂȘtre récompensée de tout ce que j'ai fait pour ce pauvre petit Victor, que j'aime bien tout de mÃÂȘme, allez, quoiqu'il soit indécrottable. " Elle rayonnait, ses yeux minces pétillaient dans la graisse fondante de son visage. Mais Busch, aprÚs le coup de fiÚvre de cette solution longtemps cherchée, que le hasard lui apportait, se refroidissait à la réflexion, hochait la tÃÂȘte. Sans doute Saccard, bien que ruiné pour le moment, était encore bon à tondre. On pouvait tomber sur un pÚre moins avantageux. Seulement, il ne se laisserait pas ennuyer, il avait la dent terrible. Et puis, quoi ? il ne savait certainement pas lui-mÃÂȘme qu'il avait un fils, il pourrait nier, malgré cette ressemblance extraordinaire qui stupéfiait la Méchain. Du reste, il était une seconde fois veuf, libre, il ne devait compte de son passé à personne, de sorte que, mÃÂȘme s'il acceptait le petit, aucune peur, aucune menace n'était à exploiter contre lui. Quant à ne tirer de sa paternité que les six cents francs des billets, c'était en vérité trop misérable, ça ne valait pas la peine d'avoir été si miraculeusement aidé par le hasard. Non, non ! il fallait réfléchir, nourrir ça, trouver le moyen de couper la moisson en pleine maturité. " Ne nous pressons pas, conclut Busch. D'ailleurs, il est par terre, laissons-lui le temps de se relever. " Et, avant de congédier la Méchain, il acheva d'examiner avec elle les menues affaires dont elle était chargée, une jeune femme qui avait engagé ses bijoux pour un amant, un gendre dont la dette serait payée par sa belle-mÚre, sa maÃtresse, si l'on savait s'y prendre, enfin les variétés les plus délicates du recouvrement si complexe et si difficile des créances. Saccard, en entrant dans la chambre voisine, était resté quelques secondes ébloui par la clarté blanche de la fenÃÂȘtre, aux vitres ensoleillées, sans rideaux. Cette piÚce, tapissée d'un papier pùle à fleurettes bleues, était nue simplement un petit lit de fer dans un coin, une table de sapin au milieu, et deux chaises de paille. Le long de la cloison de gauche, des planches à peine rabotées servaient de bibliothÚque, chargées de livres, de brochures, de journaux, de papiers de toutes sortes. Mais la grande lumiÚre du ciel, à ces hauteurs, mettait dans cette nudité comme une gaieté de jeunesse, un rire de fraÃcheur ingénue. Et le frÚre de Busch, Sigismond, un garçon de trente- cinq ans, imberbe, aux cheveux chùtains, longs et rares, se trouvait là , assis devant la table, son vaste front bossu dans sa maigre main, si absorbé par la lecture d'un manuscrit, qu'il ne tourna point la tÃÂȘte, n'ayant pas entendu la porte s'ouvrir. C'était une intelligence, ce Sigismond, élevé dans les universités allemandes, qui, outre le français, sa langue maternelle, parlait l'allemand, l'anglais et le russe. En 1849, à Cologne, il avait connu Karl Marx, était devenu le rédacteur le plus aimé de sa Nouvelle Gazette rhénane ; et, dÚs ce moment, sa religion s'était fixée, il professait le socialisme avec une foi ardente, ayant fait le don de sa personne entiÚre à l'idée d'une prochaine rénovation sociale, qui devait assurer le bonheur des pauvres et des humbles. Depuis que son maÃtre, banni d'Allemagne, forcé de s'exiler de Paris à la suite des journées de Juin, vivait à Londres, écrivait, s'efforçait d'organiser le parti, lui végétait de son cÎté, dans ses rÃÂȘves, tellement insoucieux de sa vie matérielle, qu'il serait sûrement mort de faim, si son frÚre ne l'avait recueilli, rue Feydeau, prÚs de la Bourse, en lui donnant la pensée d'utiliser sa connaissance des langues pour s'établir traducteur. Ce frÚre aÃné adorait son cadet, d'une passion maternelle, loup féroce aux débiteurs, trÚs capable de voler dix sous dans le sang d'un homme, mais tout de suite attendri aux larmes, d'une tendresse passionnée et minutieuse de femme, dÚs qu'il s'agissait de ce grand garçon distrait, resté enfant. Il lui avait donné la belle chambre sur la rue, il le servait comme une bonne, menait leur étrange ménage, balayant, faisant les lits, s'occupant de la nourriture qu'un petit restaurant du voisinage montait deux fois par jour. Lui, si actif, la tÃÂȘte bourrée de mille affaires, le tolérait oisif, car les traductions ne marchaient pas, entravées de travaux personnels ; et il lui défendait mÃÂȘme de travailler, inquiet d'une petite toux mauvaise ; et malgré son dur amour de l'argent, sa cupidité assassine qui mettait dans la conquÃÂȘte de l'argent l'unique raison de vivre, il souriait indulgemment des théories du révolutionnaire, il lui abandonnait le capital comme un joujou à un gamin, quitte à le lui voir briser. Sigismond, de son cÎté, ne savait mÃÂȘme pas ce que son frÚre faisait dans la piÚce voisine. Il ignorait tout de cet effroyable négoce sur les valeurs déclassées et sur l'achat des créances, il vivait plus haut, dans un songe souverain de justice. L'idée de charité le blessait, le jetait hors de lui la charité, c'était l'aumÎne, l'inégalité consacrée par la bonté ; et il n'admettait que la justice ; les droits de chacun reconquis, posés en immuables principes de la nouvelle organisation sociale. Aussi, à la suite de Karl Marx, avec lequel il était en continuelle correspondance, épuisait-il ses jours à étudier cette organisation, modifiant, améliorant sans cesse sur le papier la société de demain, couvrant de chiffres d'immenses pages, basant sur la science l'échafaudage compliqué de l'universel bonheur. Il retirait le capital aux uns pour le répartir entre tous les autres, il remuait les milliards, déplaçait d'un trait de plume la fortune du monde ; et cela, dans cette chambre nue, sans une autre passion que son rÃÂȘve, sans un besoin de jouissance à satisfaire, d'une frugalité telle, que son frÚre devait se fùcher pour qu'il bût du vin et mangeùt de la viande. Il voulait que le travail de tout homme, mesuré selon ses forces, assurùt le contentement de ses appétits lui, se tuait à la besogne et vivait de rien. Un vrai sage, exalté dans l'étude, dégagé de la vie matérielle, trÚs doux et trÚs pur. Depuis le dernier automne, il toussait de plus en plus, la phtisie l'envahissant qu'il daignùt mÃÂȘme s'en apercevoir et se soigner. Mais Saccard ayant fait un mouvement, Sigismond enfin leva ses grands yeux vagues, et s'étonna, bien qu'il connût le visiteur. " C'est pour une lettre à traduire. " La surprise du jeune homme augmentait, car il avait découragé les clients, les banquiers, les spéculateurs, les agents de change, tout ce monde de la Bourse, qui reçoit particuliÚrement d'Angleterre et d'Allemagne, une correspondance nombreuse, des circulaires, des statuts de société. " Oui, une lettre en langue russe. Oh ! dix lignes seulement. " Alors, il tendit la main, le russe étant resté sa spécialité, lui seul le traduisant couramment, au milieu des autres traducteurs du quartier, qui vivaient de l'allemand et de l'anglais. La rareté des documents russes, sur le marché de Paris, expliquait ses longs chÎmages. Tout haut, il lut la lettre, en français. C'était, en trois phrases, une réponse favorable d'un banquier de Constantinople, un simple oui, dans une affaire. " Ah ! merci " , s'écria Saccard, qui parut enchanté. Et il pria Sigismond d'écrire les quelques lignes de la traduction au revers de la lettre. Mais celui-ci fut pris d'un terrible accÚs de toux, qu'il étouffa dans son mouchoir, pour ne pas déranger son frÚre, qui accourait, dÚs qu'il l'entendait tousser ainsi. Puis, la crise passée, il se leva, alla ouvrir la fenÃÂȘtre toute grande, étouffant, voulant respirer l'air. Saccard, qui l'avait suivi, jeta un coup d'oeil dehors, eut une légÚre exclamation. " Tiens ! vous voyez la Bourse. Oh ! qu'elle est drÎle, dñ€ℱici " Jamais, en effet, il ne l'avait vue sous un si singulier aspect, à vol d'oiseau, avec les quatre vastes pentes de zinc de sa toiture, extraordinairement développées, hérissées d'une forÃÂȘt de tuyaux. Les pointes des paratonnerres se dressaient, pareilles à des lances gigantesques menaçant le ciel. Et le monument lui-mÃÂȘme n'était plus qu'un cube de pierre, strié réguliÚrement par les colonnes, un cube d'un gris sale, nu et laid, planté d'un drapeau en loques. Mais, surtout, les marches et le péristyle l'étonnaient, piquetés de fourmis noires, toute une fourmiliÚre en révolution, s'agitant, se donnant un mouvement énorme, qu'on ne s'expliquait plus, de si haut, et qu'on prenait en pitié. " Comme ça rapetisse ! reprit-il. On dirait qu'on va tous les prendre dans la main, d'une poignée. " Puis, connaissant les idées de son interlocuteur, il ajouta en riant " Quand balayez-vous tout ça, d'un coup de pied ? " Sigismond haussa les épaules. " A quoi bon ? vous vous démolissez bien vous-mÃÂȘmes. " Et, peu à peu, il s'anima, il déborda du sujet dont il était plein. Un besoin de prosélytisme le lançait, au moindre mot, dans l'exposition de son systÚme. " Oui, oui, vous travaillez pour nous, sans vous en douter... Vous ÃÂȘtes là quelques usurpateurs, qui expropriez la masse du peuple ; et quand vous serez gorgés, nous n'aurons qu'à vous exproprier à notre tour... Tout accaparement, toute centralisation conduit au collectivisme. Vous nous donnez une leçon pratique, de mÃÂȘme que les grandes propriétés absorbant les lopins de terre, les grands producteurs dévorant les ouvriers en chambre, les grandes maisons de crédit et les grands magasins tuant toute concurrence, s'engraissant de la ruine des petites banques et des petites boutiques, sont un acheminement lent, mais certain, vers le nouvel état social... Nous attendons que tout craque, que le mode de production actuelle ait abouti au malaise intolérable des ses derniÚres conséquences. Alors, les bourgeois et les paysans eux-mÃÂȘmes nous aideront. " Saccard, intéressé, le regardait avec une vague inquiétude, bien quñ€ℱil le prÃt pour un fou. " Mais enfin, expliquez-moi, quñ€ℱest-ce que cñ€ℱest que votre collectivisme ? Le collectivisme, cñ€ℱest la transformation des capitaux privés, vivant des luttes de la concurrence, en un capital social unitaire, exploité par le travail de tous.... Imaginez une société oÃÂč les instruments de la production sont la propriété de tous, oÃÂč tout le monde travaille selon son intelligence et sa vigueur, et oÃÂč les produits de cette coopération sociale sont distribués à chacun, au prorata de son effort. Rien nñ€ℱest plus simple, nñ€ℱest-ce pas ? une production commune dans les usines, les chantiers et les ateliers de la nation ; puis, un échange, un paiement en nature. Si il y a surcroÃt de production, on le met dans des entrepÎts publics, dñ€ℱoÃÂč il est repris pour combler les déficits qui peuvent se produire. C'est une balance à faire... Et cela, comme dñ€ℱun coup de hache, abat lñ€ℱarbre pourri. Plus de concurrence, plus de capital privé, donc plus dñ€ℱaffaires dñ€ℱaucune sorte, ni commerce, ni marchés, ni Bourses. Lñ€ℱidée de gain nñ€ℱa plus aucun sens. Les sources de la spéculation, les rentes gagnées sans travail, sont taries. Oh ! oh ! interrompit Saccard, ça changerait diablement les habitudes de bien du monde ! Mais ceux qui ont des rentes aujourdñ€ℱhui, quñ€ℱen faite vous ? Ainsi, Gundermann, vous lui prenez son milliard ? - Nullement, nous ne sommes pas des voleurs. Nous le rachÚterions son milliard, toutes ses valeurs, ses titres de rente, par de bons de jouissance, divisés en annuités. Et vous imaginez-vous ce capital immense remplacé ainsi par une richesse suffocante de moyens de consommation en moins de cent années, les descendants de votre Gundermann seraient réduits, comme les autres citoyens, au travail personnel ; car les annuités finiraient bien par s'épuiser, et ils n'auraient pu capitaliser leurs économies forcées, le trop-plein de cet écrasement de provisions, en admettant mÃÂȘme qu'on conserve intact le droit d'héritage... Je vous dis que cela balaie d'un coup, non seulement les affaires individuelles, les sociétés d'actionnaires, les associations de capitaux privés, mais encore toutes les sources indirectes de rentes, tous les systÚmes de crédit, prÃÂȘts, loyers, fermages... Il n'y a plus, comme mesure de la valeur, que le travail. Le salaire se trouve naturellement supprimé, n'étant pas, dans l'état capitaliste actuel, équivalent au produit exact du travail, puisqu'il ne représente jamais que ce qui est strictement nécessaire au travailleur pour son entretien quotidien. Et il faut reconnaÃtre que l'état actuel est seul coupable, que le patron le plus honnÃÂȘte est bien forcé de suivre la dure loi de la concurrence, d'exploiter ses ouvriers, s'il veut vivre. C'est notre systÚme social entier à détruire... Ah ! Gundermann étouffant sous l'accablement de ses bons de jouissance ! les héritiers de Gundermann n'arrivant pas à tout manger, obligés de donner aux autres et de reprendre la pioche ou l'outil, comme les camarades ! " Et Sigismond éclata d'un bon rire d'enfant en récréation, toujours debout prÚs de la fenÃÂȘtre, les regards sur la Bourse, oÃÂč grouillait la noire fourmiliÚre du jeu. Des rougeurs ardentes montaient à ses pommettes, il n'avait d'autre amusement que de s'imaginer ainsi les plaisantes ironies de la justice de demain. Le malaise de Saccard avait grandi. Si ce rÃÂȘveur éveillé disait vrai, pourtant ? s'il avait deviné l'avenir ? Il expliquait des choses qui semblaient trÚs claires et sensées. " Bah ! murmura-t-il pour se rassurer, tout ça n'arrivera pas l'année prochaine. - Certes ! reprit le jeune homme, redevenu grave et las. Nous sommes dans la période transitoire, la période d'agitation. Peut-ÃÂȘtre y aura-t- il des violences révolutionnaires, elles sont souvent inévitables. Mais les exagérations, les emportements sont passagers... Oh ! je ne me dissimule pas les grandes difficultés immédiates. Tout cet avenir rÃÂȘvé semble impossible, on n'arrive pas à donner aux gens une idée raisonnable de cette société future, cette société de juste travail, dont les moeurs seront si différentes des nÎtres. C'est comme un autre monde dans une autre planÚte... Et puis, il faut bien le confesser, la réorganisation n'est pas prÃÂȘte, nous cherchons encore. Moi, qui ne dors plus guÚre, j'y épuise mes nuits. Par exemple, il est certain qu'on peut nous dire " Si les choses sont ce qu'elles sont, c'est que la logique des faits humains les a faites ainsi. " DÚs lors, quel labeur pour ramener le fleuve à sa source et le diriger dans une autre vallée !... Certainement, l'état social actuel a dû sa prospérité séculaire au principe individualiste, que l'émulation, l'intérÃÂȘt personnel rend d'une fécondité de production sans cesse renouvelée. Le collectivisme arrivera-t-il jamais à cette fécondité, et par quel moyen activer la fonction productive du travailleur, quand l'idée de gain sera détruite ? Là est, pour moi, le doute, l'angoisse, le terrain faible oÃÂč il faut que nous nous battions, si nous voulons que la victoire du socialisme s'y décide un jour... Mais nous vaincrons, parce que nous sommes la justice. Tenez ! vous voyez ce monument devant vous... Vous le voyez ? " - La Bourse ? dit Saccard. Parbleu ! oui, je la vois ! - Eh bien, ce serait bÃÂȘte de la faire sauter, qu'on la rebùtirait ailleurs... Seulement, je vous prédis qu'elle sautera d'elle-mÃÂȘme, quand l'Etat l'aura expropriée, devenu logiquement l'unique et universelle banque de la nation ; et, qui sait ? elle servira alors d'entrepÎt public à nos richesses trop grandes, un des greniers d'abondance oÃÂč nos petits-fils trouveront le luxe de leurs jours de fÃÂȘte ! " D'un geste large, Sigismond ouvrait cet avenir de bonheur général et moyen. Et il s'était tellement exalté, qu'un nouvel accÚs de toux le secoua, revenu à sa table, les coudes parmi ses papiers, la tÃÂȘte entre les mains, pour étouffer le rùle déchiré de sa gorge. Mais, cette fois, il ne se calmait pas. Brusquement, la porte s'ouvrit, Busch accourut, ayant congédié la Méchain, l'air bouleversé, souffrant lui-mÃÂȘme de cette toux abominable. Tout de suite, il s'était penché, avait pris son frÚre dans ses grands bras, comme un enfant dont on berce la douleur. " Voyons, mon petit, qu'est-ce que tu as encore, à t'étrangler ? Tu sais, je veux que tu fasses venir un médecin. Ce n'est pas raisonnable... Tu auras trop causé, cñ€ℱest sûr. " Et il regardait d'un oeil oblique Saccard, resté au milieu de la piÚce, décidément bousculé par ce qu'il venait d'entendre, dans la bouche de ce grand diable, si passionné et si malade, qui, de sa fenÃÂȘtre, là -haut, devait jeter un sort sur la Bourse, avec ses histoires de tout balayer pour tout reconstruire. " Merci, je vous laisse, dit le visiteur, ayant hùte d'ÃÂȘtre dehors. Envoyez-moi ma lettre, avec les dix lignes de traduction... J'en attends d'autres, nous réglerons le tout ensemble. " Mais, la crise étant finie, Busch le retint un instant encore. " A propos, la dame qui était là tout à lñ€ℱheure vous a connu autrefois, oh, il y a longtemps. - Ah ! OÃÂč donc ? - Rue de la harpe, en 52 " Si maÃtre qu'il fût de lui, Saccard devint pùle. Un tic nerveux tira sa bouche. Ce n'était point qu'il se rappelùt à cette minute, la gamine culbutée dans l'escalier il ne lñ€ℱavait mÃÂȘme pas sue enceinte, il ignorait l'existence de l'enfant. Mais le rappel des misérables années de ses débuts lui était toujours désagréable. " Rue de la Harpe, oh ! je n'y ai habité que huit jours lors de mon arrivée à Paris, le temps de rechercher un logement... Au revoir ! ! - Au revoir ! " accentua Busch, qui se trompa, voyant un aveu dans cet embarras, et qui déjà cherchait de quelle façon large il exploiterait l'aventure. De nouveau dans la rue, Saccard retourna machinalement vers la place de la Bourse. Il était tout frissonnant, il ne regarda mÃÂȘme pas la petite Mme Conin, dont la jolie figure blonde souriait, à la porte de la papeterie. Sur la place, l'agitation avait grandi, la clameur du jeu venait battre les trottoirs grouillant de monde, avec la violence débridée d'une marée haute. C'était le coup de gueule de trois heures moins un quart, la bataille des derniers cours, l'enragement à savoir qui s'en irait les mains pleines. Et, debout à l'angle de la rue de la Bourse en face du péristyle, il croyait reconnaÃtre, dans la bousculade confuse, sous les colonnes, le baissier Moser et le haussier Pillerault, tous les deux aux prises ; tandis quñ€ℱil s'imaginait entendre, sortie du fond de la grande salle, la voix aiguà de l'agent de change Mazaud, que couvraient par moments les éclats de Nathansohn, assis sous lñ€ℱhorloge, à la coulisse. Mais une voiture, qui rasait le ruisseau, faillit l'éclabousser. Massias sauta, avant mÃÂȘme que le cocher eût arrÃÂȘté, monta les marches d'un bond, apportant, hors d'haleine, le dernier ordre d'un client. Et lui, toujours immobile et debout, les yeux sur la mÃÂȘlée, là -haut, remùchait sa vie, hanté par le souvenir de ses débuts, que la question de Busch venait de réveiller. Il se rappelait la rue de la Harpe, puis la rue Saint-Jacques, oÃÂč il avait traÃné ses bottes éculées d'aventurier conquérant, débarqué à Paris pour le soumettre ; et une fureur le reprenait, à l'idée qu'il ne l'avait pas soumis encore, qu'il était de nouveau sur le pavé, guettant la fortune, inassouvi, torturé d'une faim de jouissance telle, que jamais il n'en avait souffert davantage. Ce fou de Sigismond le disait avec raison le travail ne peut faire vivre, les misérables et les imbéciles travaillent seuls, pour engraisser les autres. Il n'y avait que le jeu, le jeu qui, du soir au lendemain, donne d'un coup le bien- ÃÂȘtre, le luxe, la vie large, la vie tout entiÚre. Si ce vieux monde social devait crouler un jour, est-ce qu'un homme comme lui n'allait pas encore trouver le temps et la place de combler ses désirs, avant l'effondrement ? Mais un passant le coudoya, qui ne se retourna mÃÂȘme pas pour s'excuser. Il reconnut Gundermann faisant sa petite promenade de santé, il le regarda entrer chez un confiseur, d'oÃÂč ce roi de l'or rapportait parfois une boÃte de bonbons d'un franc à ses petites-filles. Et ce coup de coude, à cette minute, dans la fiÚvre dont lñ€ℱaccÚs montait en lui, depuis qu'il tournait ainsi autour de la Bourse, coude, à cette minute, dans la fiÚvre dont l'accÚs montait fut comme le cinglement, la poussée derniÚre qui le décida. Il avait achevé d'enserrer la place, il donnerait l'assaut. C'était le serment d'une lutte sans merci il ne quitterait pas la France, il braverait son frÚre, il jouerait la partie suprÃÂȘme, une bataille de terrible audace, qui lui mettrait Paris sous les talons, ou qui le jetterait au ruisseau, les reins cassés. Jusqu'à la fermeture, Saccard s'entÃÂȘta, debout à son poste d'observation et de menace. Il regarda le péristyle se vider, les marches se couvrir de la lente débandade de tout ce monde échauffé et las. Autour de lui, l'encombrement du pavé et des trottoirs continuait, un flot ininterrompu de gens, l'éternelle foule à exploiter, les actionnaires de demain, qui ne pouvaient passer devant cette grande loterie de la spéculation, sans tourner la tÃÂȘte, dans le désir et la crainte de ce qui se faisait là , ce mystÚre des opérations financiÚres, d'autant plus attirant pour les cervelles françaises, que trÚs peu d'entre elles le pénÚtrent. II - AprÚs sa derniÚre et désastreuse affaire de terrains, lorsque Saccard dut quitter son palais du parc Monceau, qu'il abandonnait à ses créanciers, pour éviter une catastrophe plus grande, son idée fut d'abord de se réfugier chez son fils Maxime. Celui-ci, depuis la mort de sa femme, qui dormait dans un petit cimetiÚre de la Lombardie, occupait seul un hÎtel de l'avenue de l'Impératrice, oÃÂč il avait organisé sa vie avec un sage et féroce égoïsme ; il y mangeait la fortune de la morte sans une faute, en garçon de faible santé que le vice avait précocement mûri ; et, d'une voix nette, il refusa à son pÚre de le prendre chez lui, pour continuer à vivre tous deux en bon accord, expliquait-il de son air souriant et avisé. DÚs lors, Saccard songea à une autre retraite. Il allait louer une petite maison à Passy, un asile bourgeois de commerçant retiré, lorsqu'il se souvint que le rez-de-chaussée et le premier étage de l'hÎtel d'Orviedo, rue Saint-Lazare, n'étaient toujours pas occupés, portes et fenÃÂȘtres closes. La princesse d'Orviedo, installée dans trois chambres du second depuis la mort de son mari, n'avait pas mÃÂȘme fait mettre d'écriteau à la porte cochÚre, que les herbes envahissaient. Une porte basse, à l'autre bout de la façade, menait au deuxiÚme étage, par un escalier de service. Et, souvent en rapport d'affaires avec la princesse, dans les visites qu'il lui rendait, il s'était étonné de la négligence qu'elle apportait à tirer un parti convenable de son immeuble. Mais elle hochait la tÃÂȘte, elle avait sur les choses de l'argent des idées à elle. Pourtant, lorsqu'il se présenta pour louer en son nom, elle consentit tout de suite, elle lui céda, moyennant un loyer dérisoire de dix mille francs, ce rez-de-chaussée et ce premier étage somptueux, d'installation princiÚre, qui en valait certainement le double. On se souvenait du faste affiché par le prince d'Orviedo. C'était dans le coup de fiÚvre de son immense fortune financiÚre, lorsqu'il était venu d'Espagne, débarquant à Paris au milieu d'une pluie de millions, qu'il avait acheté et fait réparer cet hÎtel, en l'attendant le palais de marbre et d'or dont il rÃÂȘvait d'étonner le monde. La construction datait du siÚcle dernier, une de ces maisons de plaisance, bùties au milieu de vastes jardins par des seigneurs galants ; mais, démolie en partie, rebùtie dans de plus sévÚres proportions, elle n'avait gardé, de son parc d'autrefois, qu'une large cour bordée d'écuries et de remises, que la rue projetée du Cardinal-Fesch allait sûrement emporter. Le prince la tenait de la succession d'une demoiselle Saint-Germain, dont la propriété s'étendait jadis jusqu'à la rue des Trois-FrÚres, l'ancien prolongement de la rue Taitbout. D'ailleurs, l'hÎtel avait conservé son entrée sur la rue Saint-Lazare, cÎte à cÎte avec une grande bùtisse de la mÃÂȘme époque, la Folie-Beauvilliers d'autrefois, que les Beauvilliers occupaient encore, à la suite d'une ruine lente ; et eux possédaient un reste d'admirable jardin, des arbres magnifiques, condamnés aussi à disparaÃtre, dans le bouleversement prochain du quartier. Au milieu de son désastre, Saccard traÃnait une queue de serviteurs, les débris de son trop nombreux personnel un valet de chambre, un chef de cuisine et sa femme, chargée de la lingerie, une autre femme restée on ne savait pourquoi, un cocher et deux palefreniers ; et il encombra les écuries et les remises, y mit deux chevaux, trois voitures, installa au rez-de-chaussée un réfectoire pour ses gens. C'était l'homme qui n'avait pas cinq cents francs solides dans sa caisse, mais qui vivait sur un pied de deux ou trois cent mille francs par an. Aussi trouva-t-il le moyen de remplir de sa personne les vastes appartements du premier étage, les trois salons, les cinq chambres à coucher, sans compter l'immense salle à manger, oÃÂč l'on dressait une table de cinquante couverts. Là , autrefois, une porte ouvrait sur un escalier intérieur, conduisant au second étage, dans une autre salle à manger, plus petite ; et la princesse, qui avait récemment loué cette partie du second à un ingénieur, M. Hamelin, un célibataire vivant avec sa soeur, s'était contentée de faire condamner la porte, à l'aide de deux fortes vis. Elle partageait ainsi l'ancien escalier de service avec ce locataire, tandis que Saccard avait seul la jouissance du grand escalier. Il meubla en partie quelques piÚces de ses dépouilles du parc Monceau, laissa les autres vides, parvint quand mÃÂȘme à rendre la vie à cette enfilade de murailles tristes et nues, dont une main obstinée semblait avoir arraché jusqu'aux moindres bouts de tenture, dÚs le lendemain de la mort du prince. Et il put recommencer le rÃÂȘve d'une grande fortune. La princesse d'Orviedo était alors une des curieuses physionomies de Paris. Il y avait quinze ans, elle s'était résignée à épouser le prince, qu'elle n'aimait point, pour obéir à un ordre formel de sa mÚre, la duchesse de Combeville. A cette époque, cette jeune fille de vingt ans avait un grand renom de beauté et de sagesse, trÚs religieuse, un peu trop grave, bien qu'aimant le monde avec passion. Elle ignorait les singuliÚres histoires qui couraient sur le prince, les origines de sa royale fortune évaluée à trois cents millions, toute une vie de vols effroyables, non plus au coin des bois, à main armée, comme les nobles aventuriers de jadis, mais en correct bandit moderne, au clair soleil de la Bourse, dans la poche du pauvre monde crédule, parmi les effondrements et la mort. Là -bas en Espagne, ici en France, le prince s'était, pendant vingt années, fait sa part du lion dans toutes les grandes canailleries restées légendaires. Bien que ne soupçonnant rien de la boue et du sang oÃÂč il venait de ramasser tant de millions, elle avait éprouvé pour lui, dÚs la premiÚre rencontre, une répugnance que sa religion devait rester impuissante à vaincre ; et, bientÎt, une rancune sourde, grandissante, s'était jointe à cette antipathie, celle de n'avoir pas un enfant de ce mariage subi par obéissance. La maternité lui aurait suffi, elle adorait les enfants, elle en arrivait à la haine contre cet homme qui, aprÚs avoir désespéré l'amante, ne pouvait mÃÂȘme contenter la mÚre. C'était à ce moment qu'on avait vu la princesse se jeter dans un luxe inouï, aveugler Paris de l'éclat de ses fÃÂȘtes, mener un train fastueux, que les Tuileries, disait-on, jalousaient. Puis, brusquement, au lendemain de la mort du prince, foudroyé par une apoplexie, l'hÎtel de la rue Saint-Lazare était tombé à un silence absolu, à une nuit complÚte. Plus une lumiÚre, plus un bruit, les portes et les fenÃÂȘtres demeuraient closes, et la rumeur se répandait que la princesse, aprÚs avoir déménagé violemment le rez-de-chaussée et le premier étage, s'était retirée comme une recluse, dans trois petites piÚces du second, avec une ancienne femme de chambre de sa mÚre, la vielle Sophie, qui l'avait élevée. Quand elle avait reparu, elle était vÃÂȘtue d'une simple robe de laine noire, les cheveux cachés sous un fichu de dentelle, petite et grasse toujours, avec son front étroit, son joli visage rond aux dents de perles entre des lÚvres serrées, mais ayant déjà le teint jaune, le visage muet, enfoncé dans une volonté unique, d'une religieuse cloÃtrée depuis longtemps. Elle venait d'avoir trente ans, elle n'avait plus vécu depuis lors que pour des oeuvres immenses de charité. Dans Paris, la surprise était grande, et il circula toutes sortes d'histoires extraordinaires. La princesse avait hérité de la fortune totale, les fameux trois cents millions dont la chronique des journaux eux-mÃÂȘmes s'occupait. Et la légende qui finit par s'établir fut romantique. Un homme, un inconnu vÃÂȘtu de noir, racontait-on, comme la princesse allait se mettre au lit, était un soir apparu tout d'un coup dans sa chambre, sans qu'elle eût jamais compris par quelle porte secrÚte il avait pu entrer ; et ce que cet homme lui avait dit, personne au monde ne le savait ; mais il devait lui avoir révélé l'origine abominable des trois cents millions, en exigeant peut-ÃÂȘtre d'elle le serment de réparer tant d'iniquités, si elle voulait éviter d'affreuses catastrophes. Ensuite, l'homme avait disparu. Depuis cinq ans qu'elle se trouvait veuve, était-ce en effet pour obéir à un ordre venu de l'au- delà , était-ce plutÎt dans une simple révolte d'honnÃÂȘteté, lorsqu'elle avait eu en main le dossier de sa fortune ? la vérité était qu'elle ne vivait plus que dans une ardente fiÚvre de renoncement et de réparation. Chez cette femme qui n'avait pas été amante et qui n'avait pu ÃÂȘtre mÚre, toutes les tendresses refoulées, surtout l'amour avorté de l'enfant, s'épanouissaient en une véritable passion pour les pauvres, pour les faibles, les déshérités, les souffrants, ceux dont elle croyait détenir les millions volés, ceux à qui elle jurait de les restituer royalement, en pluie d'aumÎnes. DÚs lors, l'idée fixe s'empara d'elle, le clou de l'obsession entra dans son crùne elle ne se considéra plus que comme un banquier, chez qui les pauvres avaient déposé trois cents millions, pour qu'ils fussent employés au mieux de leur usage ; elle ne fut plus qu'un comptable, un homme d'affaires, vivant dans les chiffres, au milieu d'un peuple de notaires, d'ouvriers et d'architectes. Au-dehors, elle avait installé tout un vaste bureau avec une vingtaine d'employés. Chez elle, dans ses trois piÚces étroites, elle ne recevait que quatre ou cinq intermédiaires, ses lieutenants ; et elle passait là ses journées, à un bureau, comme un directeur de grandes entreprises, cloÃtrée loin des importuns, parmi un amoncellement paperasses qui la débordait. Son rÃÂȘve était de soulager toutes les misÚres, depuis l'enfant qui souffre d'ÃÂȘtre né jusqu'au vieillard qui ne peut mourir sans souffrance. Pendant ces cinq années, jetant l'or à pleines mains, elle avait fondé, à la Villette, la CrÚche Sainte-Marie, avec des berceaux blancs pour les tout-petits, des lits bleus pour les plus grands, une vaste et claire installation que fréquentaient déjà trois cents enfants ; un orphelinat à Saint-Mandé, l'Orphelinat Saint-Joseph, oÃÂč cent garçons et cent filles recevaient une éducation et une instruction telles qu'on les donne dans les familles bourgeoises ; enfin, un asile pour les vieillards à Chùtillon, pouvant admettre cinquante hommes et cinquante femmes, et un hÎpital de deux cents lits dans un faubourg, l'HÎpital Saint-Marceau, dont on venait seulement d'ouvrir les salles. Mais son oeuvre préférée, celle qui absorbait en ce moment tout son coeur, était l'Oeuvre du Travail, une création à elle, une maison qui devait remplacer la maison de correction, oÃÂč trois cents enfants, cent cinquante filles et cent cinquante garçons, ramassés sur le pavé de Paris, dans la débauche et dans le crime, étaient régénérés par de bons soins et par l'apprentissage d'un métier. Ces diverses fondations, des dons considérables, une prodigalité folle dans la charité, lui avaient dévoré prÚs de cents millions en cinq ans. Encore quelques années de ce train, et elle serait ruinée, sans avoir réservé mÃÂȘme la petite rente nécessaire au pain et au lait dont elle vivait maintenant. Lorsque sa vieille bonne, Sophie, sortant de son continuel silence, la grondait d'un mot rude, en lui prophétisant qu'elle mourrait sur la paille, elle avait un faible sourire, le seul qui parût désormais sur ses lÚvres décolorées, un divin sourire d'espérance. Ce fut justement à l'occasion de l'Oeuvre du Travail que Saccard fit la connaissance de la princesse d'Orviedo. Il était un des propriétaires du terrain qu'elle acheta pour cette oeuvre, un ancien jardin planté de beaux arbres, qui touchait au parc de Neuilly et qui se trouvait en bordure, le long du boulevard Bineau. Il l'avait séduite par la façon vive dont il traitait les affaires, elle voulut le revoir, à la suite de certaines difficultés avec ses entrepreneurs. Lui-mÃÂȘme s'était intéressé aux travaux, l'imagination prise, charmé du plan grandiose qu'elle imposait à l'architecte deux ailes monumentales, l'une pour les garçons, l'autre pour les filles, reliées entre elles par un corps de logis, contenant la chapelle, la communauté, l'administration, tous les services ; et chaque aile avait son préau immense, ses ateliers, ses dépendances de toutes sortes. Mais surtout ce qui le passionnait, dans son propre goût du grand et du fastueux, c'était le luxe déployé, la construction énorme et faite de matériaux à défier les siÚcles, les marbres prodigués, une cuisine revÃÂȘtue de faïence oÃÂč l'on aurait fait cuire un boeuf, des réfectoires gigantesques aux riches lambris de chÃÂȘne, des dortoirs inondés de lumiÚre, égayés de claires peintures, une lingerie, une salle de bains, une infirmerie installées avec des raffinements excessifs ; et, partout, des dégagements vastes, des escaliers, des corridors, aérés l'été, chauffés l'hiver ; et la maison entiÚre baignant dans le soleil, une gaieté de jeunesse, un bien-ÃÂȘtre de grosse fortune. Quand l'architecte, inquiet, trouvant toute cette magnificence inutile, parlait de la dépense, la princesse l'arrÃÂȘtait d'un mot elle avait eu le luxe, elle voulait le donner aux pauvres, pour qu'ils en jouissent à leur tour, eux qui font le luxe des riches. Son idée fixe était faite de ce rÃÂȘve combler les misérables, les coucher dans les lits, les asseoir à la table des heureux de ce monde, non plus l'aumÎne d'une croûte de pain, d'un grabat de hasard, mais la vie large au travers de palais oÃÂč ils seraient chez eux, prenant leur revanche, goûtant les jouissances des triomphateurs. Seulement, dans ce gaspillage, au milieu des devis énormes, elle était abominablement volée ; une nuée d'entrepreneurs vivaient d'elle, sans compter les pertes dues à la mauvaise surveillance ; on dilapidait le bien des pauvres. Et ce fut Saccard qui lui ouvrit les yeux, en la priant de le laisser tirer les comptes au clair, absolument désintéressé d'ailleurs, pour l'unique plaisir de régler cette folle danse de millions qui l'enthousiasmait. Jamais il ne s'était montré si scrupuleusement honnÃÂȘte. Il fut, dans cette affaire colossale et compliquée, le plus actif, le plus probe des collaborateurs, donnant son temps, son argent mÃÂȘme, simplement récompensé par cette joie des sommes considérables qui lui passaient entre les mains. On ne connaissait guÚre que lui à l'Oeuvre du Travail, oÃÂč la princesse n'allait jamais, pas plus qu'elle n'allait visiter ses autres fondations, cachée au fond de ses trois petites piÚces, comme la bonne déesse invisible ; et lui, adoré, il y était béni, accablé de toute la reconnaissance dont elle semblait ne pas vouloir. Sans doute, depuis cette époque, Saccard nourrissait un vague projet, qui, tout d'un coup, lorsqu'il fut installé dans l'hÎtel d'Orviedo comme locataire, prit la netteté aiguà d'un désir. Pourquoi ne se consacrerait-il pas tout entier à l'administration des bonnes oeuvres de la princesse ? Dans l'heure de doute oÃÂč il était, vaincu de la spéculation, ne sachant quelle fortune refaire, cela lui apparaissait comme une incarnation nouvelle, une brusque montée d'apothéose devenir le dispensateur de cette royale charité, canaliser ce flot d'or qui coulait sur Paris. Il restait deux cents millions, quelles oeuvres à créer encore, quelle cité du miracle à faire sortir du sol ! Sans compter que, lui, les ferait fructifier, ces millions, les doublerait, les triplerait, saurait si bien les employer qu'il en tirerait un monde. Alors, avec sa passion, tout s'élargit, il ne vécut plus que de cette pensée grisante, les répandre en aumÎnes sans fin, en noyer la France heureuse ; et il s'attendrissait, car il était d'une probité parfaite, pas un sou ne lui demeurait aux doigts. Ce fut, dans son crùne de visionnaire, une idylle géante, l'idylle d'un inconscient, oÃÂč ne se mÃÂȘlait aucun désir de racheter ses anciens brigandages financiers. D'autant plus que, tout de mÃÂȘme, au bout, il y avait le rÃÂȘve de sa vie entiÚre, sa conquÃÂȘte de Paris. Etre le roi de la charité, le Dieu adoré de la multitude des pauvres, devenir unique et populaire, occuper de lui le monde, cela dépassait son ambition. Quels prodiges ne réaliserait-il pas, s'il employait à ÃÂȘtre bon ses facultés d'homme d'affaires, sa ruse, son obstination, son manque complet de préjugés ! Et il aurait la force irrésistible qui gagne les batailles, l'argent, l'argent à pleins coffres, l'argent qui fait tant de mal souvent et qui ferait tant de bien, le jour oÃÂč l'on mettrait à donner son orgueil et son plaisir ! Puis, agrandissant encore son projet, Saccard en arriva à se demander pourquoi il n'épouserait pas la princesse d'Orviedo. Cela fixerait les positions, empÃÂȘcherait les interprétations mauvaises. Pendant un mois, il manoeuvra adroitement, exposa des plans superbes, crut se rendre indispensable ; et un jour, d'une voix tranquille, redevenu naïf, il fit sa proposition, développa son grand projet. C'était une véritable association qu'il offrait, il se donnait comme le liquidateur des sommes volées par le prince, il s'engageait à les rendre aux pauvres, décuplées. D'ailleurs, la princesse, dans son éternelle robe noire, avec son fichu de dentelle sur la tÃÂȘte, l'écouta attentivement, sans qu'une émotion quelconque animùt sa face jaune. Elle était trÚs frappée des avantages que pourrait avoir une association pareille, indifférente, du reste, aux autres considérations. Puis, ayant remis sa réponse au lendemain, elle finit par refuser sans doute elle avait réfléchi qu'elle ne serait plus seule maÃtresse de ses aumÎnes, et elle entendait en disposer en souveraine absolue, mÃÂȘme follement. Mais elle expliqua qu'elle serait heureuse de le garder comme conseiller, elle montra combien précieuse elle estimait sa collaboration, en le priant de continuer à s'occuper de l'Oeuvre du Travail, dont il était le véritable directeur. Toute une semaine, Saccard éprouva un violent chagrin, ainsi qu'à la perte d'une idée chÚre ; non pas qu'il se sentÃt retomber au gouffre du brigandage ; mais, de mÃÂȘme qu'une romance sentimentale met des larmes aux yeux des ivrognes les plus abjects, cette colossale idylle du bien fait à coups de millions avait attendri sa vieille ùme de corsaire. Il tombait une fois encore, et de trÚs haut il lui semblait ÃÂȘtre détrÎné. Par l'argent, il avait toujours voulu, en mÃÂȘme temps que la satisfaction de ses appétits, la magnificence d'une vie princiÚre ; et jamais il ne l'avait eue, assez haute. Il s'enrageait, à mesure que chacune de ses chutes emportait un espoir. Aussi, lorsque son projet croula devant le refus tranquille et net de la princesse, se trouva-t-il rejeté à une furieuse envie de bataille. Se battre, ÃÂȘtre le plus fort dans la dure guerre de la spéculation, manger les autres pour ne pas qu'ils vous mangent, c'était, aprÚs sa soif de splendeur et de jouissance, la grande cause, l'unique cause de sa passion des affaires. S'il ne thésaurisait pas, il avait l'autre joie, la lutte des gros chiffres, les fortunes lancées comme des corps d'armée, les chocs des millions adverses, avec les déroutes, avec les victoires, qui le grisaient. Et tout de suite reparut sa haine de Gundermann, son effréné besoin de revanche abattre Gundermann, cela le hantait d'un désir chimérique, chaque fois qu'il était par terre, vaincu. S'il sentait l'enfantillage d'une pareille tentative, ne pourrait-il du moins l'entamer, se faire une place en face de lui, le forcer au partage, comme ces monarques de contrées voisines et d'égale puissance, qui se traitent de cousins ? Ce fut alors que, de nouveau, la Bourse l'attira, la tÃÂȘte emplie d'affaires à lancer, sollicité en tous sens par des projets contraires, dans une telle fiÚvre, qu'il ne sut que décider, jusqu'au jour oÃÂč une idée suprÃÂȘme, démesurée, se dégagea des autres et s'empara peu à peu de lui tout entier. Depuis qu'il habitait l'hÎtel d'Orviedo, Saccard apercevait parfois la soeur de l'ingénieur Hamelin qui habitait le petit appartement du second, une femme d'une taille admirable, Mme Caroline, comme on la nommait familiÚrement. Surtout, ce qui l'avait frappé, à la premiÚre rencontre, c'était ses cheveux blancs superbes, une royale couronne de cheveux blancs, d'un si singulier effet sur ce front de femme jeune encore, ùgée de trente-six ans à peine. DÚs vingt-cinq ans, elle était ainsi devenue toute blanche. Ses sourcils, restés noirs et trÚs fournis, gardaient une jeunesse, une étrangeté vive à son visage encadré d'hermine. Elle n'avait jamais été jolie, avec son menton et son nez trop forts, sa bouche large dont les grosses lÚvres exprimaient une bonté exquise. Mais, certainement, cette toison blanche, cette blancheur envolée de fins cheveux de soie, adoucissait sa physionomie un peu dure, lui donnait un charme souriant de grand-mÚre, dans une fraÃcheur et une force de belle amoureuse. Elle était grande, solide, la démarche franche et trÚs noble. Chaque fois qu'il la rencontrait, Saccard, plus petit qu'elle, la suivait des yeux, intéressé, enviant sourdement cette taille haute, cette carrure saine. Et, peu à peu, par l'entourage, il connut toute l'histoire des Hamelin. Ils étaient, Caroline et Georges, les enfants d'un médecin de Montpellier, savant remarquable, catholique exalté, mort sans fortune. Lorsque le pÚre s'en alla, la fille avait dix-huit ans, le garçon dix-neuf ; et, comme celui-ci venait d'entrer à l'Ecole polytechnique, elle le suivit à Paris, oÃÂč elle se plaça institutrice. Ce fut elle qui lui glissa des piÚces de cent sous, qui l'entretint d'argent de poche, pendant les deux années de cours ; plus tard, lorsque, sorti dans un mauvais rang, il dut battre le pavé, ce fut elle encore qui le soutint, en attendant qu'il trouvùt une situation. Ces deux enfants s'adoraient, faisaient le rÃÂȘve de ne se quitter jamais. Pourtant, un mariage inespéré s'étant présenté, la bonne grùce et l'intelligence vive de la jeune fille ayant conquis un brasseur millionnaire, dans la maison oÃÂč elle était en place, Georges voulut qu'elle acceptùt ce dont il se repentit cruellement, car, au bout de quelques années de ménage, Caroline fut obligée d'exiger une séparation pour ne pas ÃÂȘtre tuée par son mari, qui buvait et la poursuivait avec un couteau, dans des crises d'imbécile jalousie. Elle était alors ùgée de vingt-six ans, elle se retrouvait pauvre, s'étant obstinée à ne réclamer aucune pension de l'homme qu'elle quittait. Mais son frÚre avait enfin, aprÚs bien des tentatives, mis la main sur une besogne qui lui plaisait il allait partir pour l'Egypte, avec la Commission chargée des premiÚres études du canal de Suez ; et il emmena sa soeur, elle s'installa vaillamment à Alexandrie, recommença à donner des leçons, pendant que lui courait le pays. Ils restÚrent ainsi en Egypte jusqu'en 1859, ils assistÚrent aux premiers coups de pioche sur la plage de Port- Saïd une maigre équipe de cent cinquante terrassiers à peine, perdue au milieu des sables, commandée par une poignée d'ingénieurs. Puis, Hamelin, envoyé en Syrie pour assurer les approvisionnements, y resta, à la suite d'une fùcherie avec ses chefs. Il fit venir Caroline à Beyrouth, oÃÂč d'autres élÚves l'attendaient, il se lança dans une grosse affaire, patronnée par une compagnie française, le tracé d'une route carrossable de Beyrouth à Damas, la premiÚre, l'unique voie ouverte à travers les gorges du Liban ; et ils vécurent encore trois années là , jusqu'à l'achÚvement de la route, lui visitant les montagnes, s'absentant deux mois pour un voyage à Constantinople, à travers le Taurus, elle le suivant dÚs qu'elle pouvait s'échapper, épousant les projets de réveil qu'il faisait, à battre cette vieille terre endormie sous la cendre des civilisations mortes. Il avait amassé tout un portefeuille débordant d'idées et de plans, il sentait l'impérieuse nécessité de rentrer en France, s'il voulait donner un corps à ce vaste ensemble d'entreprises, former des sociétés, trouver des capitaux. Et, aprÚs neuf années de séjour en Orient, ils partirent, ils eurent la curiosité de repasser par l'Egypte, oÃÂč les travaux du canal de Suez les enthousiasmÚrent une ville avait poussé en quatre ans dans les sables de la plage de Port-Saïd, tout un peuple s'agitait là , les fourmis humaines s'étaient multipliées, changeaient la face de la terre. Mais, à Paris, une malchance noire attendait Hamelin. Depuis quinze mois, il s'y débattait avec ses projets, sans pouvoir communiquer sa foi à personne, trop modeste, peu bavard, échoué à ce deuxiÚme étage de l'hÎtel d'Orviedo, dans un petit appartement de cinq piÚces qu'il louait douze cents francs, plus loin du succÚs que lorsqu'il courait les monts et les plaines de l'Asie. Leurs économies s'épuisaient rapidement, le frÚre et la soeur en arrivaient à une grande gÃÂȘne. Ce fut mÃÂȘme ce qui intéressa Saccard, cette tristesse croissante de Mme Caroline, dont la belle gaieté s'assombrissait du découragement oÃÂč elle voyait tomber son frÚre. Dans leur ménage, elle était un peu l'homme. Georges, qui lui ressemblait beaucoup physiquement, en plus frÃÂȘle, avec des facultés de travail rares ; mais il s'absorbait dans ses études, il ne fallait point l'en sortir. Jamais il n'avait voulu se marier, n'en éprouvant pas le besoin, adorant sa soeur, ce qui lui suffisait. Il devait avoir des maÃtresses d'un jour, qu'on ne connaissait pas. Et cet ancien piocheur de l'Ecole polytechnique, aux conceptions si vastes, d'un zÚle si ardent pour tout ce qu'il entreprenait, montrait parfois une telle naïveté, qu'on l'aurait jugé un peu sot. Elevé dans le catholicisme le plus étroit, il avait gardé sa religion d'enfant, il pratiquait, trÚs convaincu ; tandis que sa soeur s'était reprise par une lecture immense, par toute la vaste instruction qu'elle se donnait à son cÎté, aux longues heures oÃÂč il s'enfonçait dans ses travaux techniques. Elle parlait quatre langues, elle avait lu les économistes, les philosophes, passionnée un instant pour les théories socialistes et évolutionnistes ; mais elle s'était calmée, elle devait surtout à ses voyages, à son long séjour parmi des civilisations lointaines, une grande tolérance, un bel équilibre de sagesse. Si elle ne croyait plus, elle demeurait trÚs respectueuse de la foi de son frÚre. Entre eux, il y avait eu une explication, et jamais ils n'en avaient reparlé. Elle était une intelligence, dans sa simplicité et sa bonhomie ; et, d'un courage à vivre extraordinaire, d'une bravoure joyeuse qui résistait aux cruautés du sort, elle avait coutume de dire qu'un seul chagrin était resté saignant en elle, celui de n'avoir pas eu d'enfant. Saccard put rendre à Hamelin un service, un petit travail qu'il lui procura, des commanditaires qui avaient besoin d'un ingénieur pour un rapport sur le rendement d'une machine nouvelle. Et il força ainsi l'intimité du frÚre et de la soeur, il monta fréquemment passer une heure entre eux, dans leur salon, leur seule grande piÚce, qu'ils avaient transformée en cabinet de travail. Cette piÚce restait d'une nudité absolue, meublée seulement d'une longue table à dessiner, d'une autre table plus petite, encombrée de papiers, et d'une demi-douzaine de chaises. Sur la cheminée, des livres s'empilaient. Mais, aux murs, une décoration improvisée égayait ce vide, une série de plans, une suite d'aquarelles claires, chaque feuille fixée avec quatre clous. C'était son portefeuille de projets qu'Hamelin avait ainsi étalé, les notes prises en Syrie, toute sa fortune future ; et les aquarelles étaient de Mme Caroline, des vues de là -bas, des types, des costumes, ce qu'elle avait remarqué et croqué en accompagnant son frÚre, avec un sens trÚs personnel de coloriste, sans aucune prétention d'ailleurs. Deux larges fenÃÂȘtres, ouvrant sur le jardin de l'hÎtel Beauvilliers, éclairaient d'une lumiÚre vive cette débandade de dessins, qui évoquait une vie autre, le rÃÂȘve d'une antique société tombant en poudre, que les épures, aux lignes fermes et mathématiques, semblaient vouloir remettre debout, comme sous l'étayement du solide échafaudage de la science moderne. Et quand il se fut rendu utile, avec cette dépense d'activité qui le faisait charmant, Saccard s'oublia surtout devant les plans et les aquarelles, séduit, demandant sans cesse de nouvelles explications. Dans sa tÃÂȘte, tout un vaste lançage germait déjà . Un matin, il trouva Mme Caroline seule, assise à la petite table dont elle avait fait son bureau. Elle était mortellement triste, les mains abandonnées parmi les papiers. " Que voulez-vous ? cela tourne décidément mal... je suis brave pourtant. Mais tout va nous manquer à la fois ; et ce qui me navre, c'est l'impuissance ou le malheur réduit mon pauvre frÚre, car il n'est vaillant, il n'a de force qu'au travail... J'avais songé à me replacer institutrice quelque part, pour l'aider au moins. J'ai cherché et je n'ai rien trouvé... Pourtant, je ne puis pas me mettre à faire des ménages. " Jamais Saccard ne l'avait vue ainsi démontée, abattue. " Que diable ! vous n'en ÃÂȘtes pas là ! " cria-t-il. Elle hocha la tÃÂȘte, elle se montrait amÚre contre la vie, qu'elle acceptait d'habitude si gaillardement, mÃÂȘme mauvaise. Et Hamelin étant rentré à ce moment, rapportant la nouvelle d'un dernier échec, elle eut de grosses larmes lentes, elle ne parla plus, les poings serrés, à sa table, les yeux perdus devant elle. " Et dire, laissa échapper Hamelin, qu'il y a, là -bas, des millions qui nous attendent, si quelqu'un voulait seulement m'aider à les gagner ! " Saccard s'était planté devant une épure représentant l'élévation d'un pavillon construit au centre de vastes magasins. " Qu'est-ce donc ? demanda-t-il. - Oh ! je me suis amusé, expliqua l'ingénieur. C'est un projet d'habitation " là -bas, à Beyrouth, pour le directeur de la Compagnie que j'ai rÃÂȘvée, vous savez, la Compagnie générale des Paquebots réunis. " Il s'animait, il donna de nouveaux détails. Pendant son séjour en Orient, il avait constaté combien le service des transports était défectueux. Les quelques sociétés, installées à Marseille, se tuaient par la concurrence, n'arrivaient pas à avoir le matériel suffisant et confortable ; et une de ses premiÚres idées, à la base mÃÂȘme de tout l'ensemble de ses entreprises, était de syndiquer ces sociétés, de les réunir en une vaste Compagnie, pourvue de millions, qui exploiterait la Méditerranée entiÚre et s'en assurerait la royauté, en établissant des lignes pour tous les ports de l'Afrique, de l'Espagne, de l'Italie, de la GrÚce, de l'Egypte, de l'Asie, jusqu'au fond de la mer Noire. Rien n'était à la fois, d'un organisateur de plus de flair, ni d'un meilleur citoyen c'était l'Orient conquis, donné à la France, sans compter qu'il rapprochait ainsi la Syrie, oÃÂč allait s'ouvrir le vaste champ de ses opérations. " Les syndicats, murmura Saccard, l'avenir semble ÃÂȘtre là , aujourd'hui... C'est une forme si puissante de l'association ! Trois ou quatre petites entreprises, qui végÚtent isolément, deviennent d'une vitalité et d'une prospérité irrésistibles, si elles se réunissent... Oui, demain est aux gros capitaux, aux efforts centralisés des grandes masses. Toute l'industrie, tout le commerce finiront par n'ÃÂȘtre qu'un immense bazar unique, oÃÂč l'on s'approvisionnera de tout. " Il s'était arrÃÂȘté encore, debout cette fois devant une aquarelle qui représentait un site sauvage, une gorge aride, que bouchait un écroulement gigantesque de rochers, couronnés de broussailles. " Oh ! oh ! reprit-il, voici le bout du monde. On ne doit pas ÃÂȘtre coudoyé par les passants dans ce coin-là . - Une gorge du Carmel, répondit Hamelin Ma soeur a pris ça, pendant les études que j'ai faites de ce cÎté. " Et il ajouta simplement " Tenez ! entre les calcaires crétacés et les porphyres qui ont relevé ces calcaires, sur tout le flanc de la montagne, il y a là un filon d'argent sulfuré considérable, oui ! une mine d'argent dont l'exploitation, d'aprÚs mes calculs, assurerait des bénéfices énormes. - Une mine d'argent " , répéta vivement Saccard. Mme Caroline, les yeux toujours au loin, dans sa tristesse, avait entendu ; et, comme si une vision se fût évoquée " Le Carmel, ah ! quel désert, quelles journées de solitude ! C'est plein de myrtes et de genÃÂȘts, cela sent bon l'air tiÚde en est embaumé. Et il y a des aigles, sans cesse, qui planent trÚs haut... Mais tout cet argent qui dort dans ce sépulcre, à cÎté de tant de misÚre. On voudrait des foules heureuses, des chantiers, des villes naissantes, un peuple régénéré par le travail. - Une route serait facilement ouverte du Carmel à Saint-Jean-d'Acre, continua Hamelin. Et je crois bien qu'on découvrirait également du fer, car il abonde dans les montagnes du pays... J'ai aussi étudié un nouveau mode d'extraction, qui réaliserait d'importantes économies. Tout est prÃÂȘt, il ne s'agit plus que de trouver des capitaux. - La Société des mines d'argent du Carmel ! " murmura Saccard. Mais c'était maintenant l'ingénieur qui, les regards levés, allait d'un plan à l'autre, repris par le labeur de toute sa vie, enfiévré à la pensée de l'avenir éclatant qui dormait là , pendant que la gÃÂȘne le paralysait. " Et ce ne sont que les petites affaires du début, reprit-il. Regardez cette série de plans, c'est ici le grand coup, tout un systÚme de chemins de fer traversant l'Asie Mineure, de part en part... Le manque de communications commodes et rapides, telle est la cause premiÚre de la stagnation oÃÂč croupit ce pays si riche. Vous n'y trouveriez pas une voie carrossable, les voyages et les transports s'y font toujours à dos de mulet ou de chameau... Imaginez alors quelle révolution, si des lignes ferrées pénétraient jusqu'aux confins du désert ! Ce serait l'industrie et le commerce décuplés, la civilisation victorieuse, l'Europe s'ouvrant enfin les portes de l'Orient... Oh ! pour peu que cela vous intéresse, nous en causerons en détail. Et vous verrez, vous verrez ! " Tout de suite, du reste, il ne put s'empÃÂȘcher d'entrer dans des explications. C'était surtout pendant son voyage à Constantinople, qu'il avait étudié le tracé de son systÚme de chemins de fer. La grande, l'unique difficulté se trouvait dans la traversée des monts Taurus ; mais il avait parcouru les différents cols, il affirmait la possibilité d'un tracé direct et relativement peu dispendieux. D'ailleurs, il ne songeait pas à exécuter d'un coup le systÚme complet. Lorsqu'on aurait obtenu du sultan la concession totale, il serait sage de n'entreprendre d'abord que la branche mÚre, la ligne de Brousse à Beyrouth par Angora et Alep. Plus tard, on songerait à l'embranchement de Smyrne à Angora, et à celui de Trébizonde à Angora, par Erzeroum et Sivas. " Plus tard, plus tard encore... " , continua-t-il. Et il n'acheva pas, il se contentait de sourire, n'osant dire jusqu'oÃÂč il avait poussé l'audace de ses projets. C'était le rÃÂȘve. " Ah ! les plaines au pied du Taurus, reprit Mme Caroline de sa voix lente de dormeuse éveillée, quel paradis délicieux ! On n'a qu'à gratter la terre, les moissons poussent, débordantes. Les arbres fruitiers, les pÃÂȘchers, les cerisiers, les figuiers, les amandiers, cassent sous les fruits. Et quels champs d'oliviers et de mûriers, pareils à de grands bois ! Et quelle existence naturelle et facile, dans cet air léger, constamment bleu ! " Saccard se mit à rire, de ce rire aigu de bel appétit, qu'il avait lorsqu'il flairait la fortune. Et, comme Hamelin parlait encore d'autres projets, notamment de la création d'une banque à Constantinople, en disant un mot des relations toutes-puissantes qu'il y avait laissées, surtout prÚs du grand vizir, il l'interrompit gaiement. " Mais c'est un pays de cocagne, on en vendrait ! " Puis, trÚs familier, appuyant les deux mains aux épaules de Mme Caroline, toujours assise " Ne vous désespérez donc pas, madame ! Je vous aime bien, vous verrez que je ferai avec votre frÚre quelque chose de trÚs bon pour nous tous... Ayez de la patience. Attendez. " Pendant le mois qui suivit, Saccard procura de nouveau à l'ingénieur quelques petits travaux ; et, s'il ne reparlait plus des grandes affaires, il devait y penser constamment, préoccupé, hésitant devant l'ampleur écrasante des entreprises. Mais ce qui resserra davantage le lien naissant de leur intimité, ce fut la façon toute naturelle dont Mme Caroline vint à s'occuper de son intérieur d'homme seul, dévoré de frais inutiles, d'autant plus mal servi qu'il avait davantage de serviteurs. Lui, si habile au-dehors, réputé pour sa main vigoureuse et adroite dans le gùchis des grands vols, laissait aller chez lui tout à la débandade, insoucieux du coulage effrayant qui triplait ses dépenses ; et l'absence d'une femme se faisait aussi cruellement sentir, jusque dans les plus petites choses. Lorsque Mme Caroline s'aperçut du pillage, elle lui donna d'abord des conseils, puis finit par s'entremettre et lui faire réaliser deux ou trois économies ; si bien qu'en riant, un jour, il lui offrit d'ÃÂȘtre son intendante pourquoi pas ? elle avait cherché une place d'institutrice, elle pouvait bien accepter une situation honorable pour elle, qui lui permettrait d'attendre. L'offre, faite en maniÚre de plaisanterie, devint sérieuse. N'était-ce pas une façon de s'occuper, de soulager son frÚre, avec les trois cents francs que Saccard voulait donner par mois ? Et elle accepta, elle réforma la maison en huit jours, renvoya le chef et sa femme pour ne prendre qu'une cuisiniÚre, qui, avec le valet de chambre et le cocher, devait suffire au service. Elle ne garda aussi qu'un cheval et une voiture, prit la haute main sur tout, examina les comptes avec un soin si scrupuleux, qu'à la fin de la premiÚre quinzaine elle avait obtenu une réduction de moitié. Il était ravi, il plaisantait en disant que c'était lui qui la volait maintenant, et qu'elle aurait dû exiger un tant pour cent sur tous les bénéfices qu'elle lui faisait faire. Alors, une vie trÚs étroite avait commencé. Saccard venait d'avoir l'idée de faire enlever les vis qui condamnaient la porte de communication entre les deux appartements, et l'on remontait librement, d'une salle à manger dans l'autre, par l'escalier intérieur ; de sorte que, pendant que son frÚre travaillait en haut, enfermé du matin au soir pour mettre en ordre ses dossiers d'Orient, Mme Caroline, laissant son propre ménage aux soins de l'unique bonne qui les servait, descendait à chaque heure de la journée, donner des ordres, comme chez elle. C'était devenu la joie de Saccard, la continuelle apparition de cette grande belle femme, qui traversait les piÚces de son pas solide et superbe, avec la gaieté toujours inattendue de ses cheveux blancs, envolés autour de son jeune visage. Elle était de nouveau trÚs gaie, elle avait retrouvé sa bravoure à vivre, depuis qu'elle se sentait utile, occupant ses heures, continuellement debout. Sans affectation de simplicité, elle ne portait plus qu'une robe noire, dans la poche de laquelle on entendait la sonnerie claire du trousseau de clefs ; et cela l'amusait certainement, elle la savante, la philosophe, de n'ÃÂȘtre plus qu'une bonne femme de ménage, la gouvernante d'un prodigue, qu'elle se mettait à aimer, comme on aime les enfants mauvais sujets. Lui, un instant trÚs séduit, calculant qu'il n'y avait aprÚs tout qu'une différence de quatorze ans entre eux, s'était demandé ce qu'il arriverait, s'il la prenait un beau soir entre ses bras. Etait-il admissible que, depuis dix ans, depuis sa fuite forcée de chez son mari, dont elle avait reçu autant de coups que de caresses, elle eût vécu en guerriÚre voyageuse, sans voir un homme ? Peut-ÃÂȘtre les voyages l'avaient-ils protégée. Cependant, il savait qu'un ami de son frÚre, un M. Beaudoin, un négociant resté à Beyrouth, et dont le retour était prochain, l'avait beaucoup aimée, au point d'attendre pour l'épouser la mort de son mari, qu'on venait d'enfermer dans une maison de santé, fou d'alcoolisme. Evidemment, ce mariage n'aurait fait que régulariser une situation bien excusable, presque légitime. DÚs lors, puisqu'il devait y en avoir eu un, pourquoi n'aurait-il pas été le second ? Mais Saccard en restait au raisonnement, la trouvant si bonne camarade, que la femme souvent disparaissait. Lorsque, à la voir passer, avec sa taille admirable, il se posait sa question savoir ce qu'il arriverait s'il l'embrassait, il se répondait qu'il arriverait des choses fort ordinaires, ennuyeuses peut-ÃÂȘtre ; et il remettait l'expérience à plus tard, il lui donnait des poignées de main vigoureuses, heureux de sa cordialité. Puis, tout d'un coup, Mme Caroline retomba à un grand chagrin. Un matin, elle descendit abattue, trÚs pùle, les yeux gros ; et il ne put rien apprendre d'elle ; il cessa de l'interroger devant son obstination à dire qu'elle n'avait rien, qu'elle était comme tous les jours. Ce fut le lendemain seulement qu'il comprit, en trouvant en haut une lettre de faire part, la lettre qui annonçait le mariage de M. Beaudoin avec la fille d'un consul anglais, trÚs jeune et immensément riche. Le coup avait dû ÃÂȘtre d'autant plus dur, que la nouvelle était arrivée par cette lettre banale, sans aucune préparation, sans mÃÂȘme un adieu. C'était tout un écroulement dans l'existence de la malheureuse femme, la perte de l'espoir lointain oÃÂč elle se raccrochait, aux heures de désastre. Et, le hasard ayant, lui aussi, des cruautés abominables, elle avait justement appris, l'avant-veille, que son mari était mort, elle venait enfin de croire, pendant quarante-huit heures, à la réalisation prochaine de son rÃÂȘve. Sa vie s'effondrait, elle en restait anéantie. Le soir mÃÂȘme, une autre stupeur l'attendait comme, à son habitude, avant de remonter se coucher, elle entrait chez Saccard causer des ordres du lendemain, il lui parla de son malheur, si doucement, qu'elle éclata en sanglots ; puis, dans cet attendrissement invincible, dans une sorte de paralysie de sa volonté, elle se trouva entre ses bras, elle lui appartint, sans joie ni pour l'un ni pour l'autre. Quand elle se reprit, elle n'eut pas de révolte, mais sa tristesse en fut accrue, à l'infini. Pourquoi avait- elle laissé s'accomplir cette chose ? elle n'aimait pas cet homme, lui- mÃÂȘme ne devait pas l'aimer. Ce n'était point qu'il lui parût d'un ùge et d'une figure indignes de tendresse ; sans beauté certes, et vieux déjà , il l'intéressait par la mobilité de ses traits, par l'activité de toute sa petite personne noire ; et, l'ignorant encore, elle voulait le croire serviable, d'une intelligence supérieure, capable de réaliser les grandes entreprises de son frÚre, avec l'honnÃÂȘteté moyenne de tout le monde. Seulement, quelle chute imbécile ! Elle, si sage, si instruite par la dure expérience, si maÃtresse d'elle-mÃÂȘme, avoir ainsi succombé, sans savoir pourquoi ni comment, dans une crise de larmes, en grisette sentimentale ! Le pis était qu'elle le sentait, autant qu'elle, étonné, presque fùché de l'aventure. Lorsque, cherchant à la consoler, il lui avait parlé de M. Beaudoin comment d'un amant ancien, dont la basse trahison ne méritait que l'oubli, et qu'elle s'était récriée, en jurant que jamais rien ne s'était passé entre eux, il avait d'abord cru qu'elle mentait, par une fierté de femme ; mais elle était revenue sur ce serment avec tant de force, elle montrait des yeux si beaux, si clairs de franchise, qu'il avait fini par ÃÂȘtre convaincu de la vérité de cette histoire, elle par droiture et dignité se gardant pour le jour des noces, l'homme patientant deux années, puis se lassant et en épousant une autre, quelque occasion trop tentante de jeunesse et de richesse. Et le singulier était que cette découverte, cette conviction qui aurait dû passionner Saccard, l'emplissait au contraire d'une sorte d'embarras, tellement il comprenait la fatalité sotte de sa bonne fortune. Du reste, ils ne recommencÚrent pas, puisque ni l'un ni l'autre ne paraissait en avoir l'envie. Pendant quinze jours, Mme Caroline resta ainsi affreusement triste. La force de vivre, cette impulsion qui fait de la vie une nécessité et une joie, l'avait abandonnée. Elle vaquait à ses occupations si multiples, mais comme absente, sans s'illusionner mÃÂȘme sur la raison et l'intérÃÂȘt des choses. C'était la machine humaine travaillant dans le désespoir du néant de tout. Et, au milieu de ce naufrage de sa bravoure et de sa gaieté, elle ne goûtait qu'une distraction, celle de passer toutes ses heures libres le front aux vitres d'une fenÃÂȘtre du grand cabinet de travail, les regards fixés sur le jardin de l'hÎtel voisin, cet hÎtel Beauvilliers, oÃÂč, depuis les premiers jours de son installation, elle devinait une détresse, une de ces misÚres cachées, si navrantes dans leur effort à sauvegarder les apparences. Il y avait là aussi des ÃÂȘtres qui souffraient, et son chagrin était comme trempé de ces larmes, elle agonisait de mélancolie, jusqu'à se croire insensible et morte dans la douleur des autres. Ces Beauvilliers, qui autrefois, sans compter leurs immenses domaines de la Touraine et de l'Anjou, possédaient, rue de Grenelle, un hÎtel magnifique, n'avaient plus à Paris que cette ancienne maison de plaisance, bùtie en dehors de la ville au commencement du siÚcle dernier, et qui se trouvait aujourd'hui enclavée parmi les constructions noires de la rue Saint-Lazare. Les quelques beaux arbres du jardin restaient là comme au fond d'un puits, la mousse mangeait les marches du perron, émietté et fendu. On eût dit un coin de nature mis en prison, un coin doux et morne, d'une muette désespérance, oÃÂč le soleil ne descendait plus qu'en un jour verdùtre, dont le frisson glaçait les épaules. Et, dans cette paix humide de cave, en haut de ce perron disjoint, la premiÚre personne que Mme Caroline avait aperçue était la comtesse de Beauvilliers, une grande femme maigre de soixante ans, toute blanche, l'air trÚs noble, un peu surannée. Avec son grand nez droit, ses lÚvres minces, son cou particuliÚrement long, elle avait l'air d'un cygne trÚs ancien, d'une douceur désolée. Puis, derriÚre elle, presque aussitÎt, s'était montrée sa fille, Alice de Beauvilliers, ùgée de vingt-cinq ans, mais si appauvrie, qu'on l'aurait prise pour une fillette, sans le teint gùté et les traits déjà tirés du visage. C'était la mÚre encore, chétive, moins l'aristocratique noblesse, le cou allongé jusqu'à la disgrùce, n'ayant plus que le charme pitoyable d'une fin de grande race. Les deux femmes vivaient seules, depuis que le fils, Ferdinand de Beauvilliers, s'était engagé dans les zouaves pontificaux, à la suite de la bataille de Castelfidardo, perdue par LamoriciÚre. Tous les jours, lorsqu'il ne pleuvait pas, elles apparaissaient ainsi, l'une derriÚre l'autre, elles descendaient le perron, faisaient le tour de l'étroite pelouse centrale, sans échanger une parole ; il n'y avait que des bordures de lierre, les fleurs n'auraient pas poussé, ou peut-ÃÂȘtre auraient-elles coûté trop cher. Et cette promenade lente, sans doute une simple promenade de santé, par ces deux femmes si pùles, sous ces arbres centenaires qui avaient vu tant de fÃÂȘtes et que les bourgeoises maisons du voisinage étouffaient, prenait une mélancolique douleur, comme si elles eussent promené le deuil des vieilles choses mortes. Alors, intéressée, Mme Caroline avait guetté ses voisines par une sympathie tendre, sans curiosité mauvaise ; et, peu à peu, dominant le jardin, elle pénétra leur vie, qu'elles cachaient avec un soin jaloux, sur la rue. Il y avait toujours un cheval dans l'écurie, une voiture sous la remise, que soignait un vieux domestique, à la fois valet de chambre, cocher et concierge ; de mÃÂȘme qu'il y avait une cuisiniÚre, qui servait aussi de femme de chambre ; mais, si la voiture sortait de la grand-porte, correctement attelée, menant ces dames à leurs courses, si la table gardait un certain luxe, l'hiver, aux dÃners de quinzaine oÃÂč venaient quelques amis, par quels longs jeûnes, par quelles sordides économies de chaque heure était achetée cette apparence menteuse de fortune ! Dans un petit hangar, à l'abri des yeux, c'étaient de continuels lavages, pour réduire la note de la blanchisseuse, de pauvres nippes usées par le savon, rapiécées fil à fil ; c'étaient quatre légumes épluchés pour le repas du soir, du pain qu'on faisait rassir sur une planche, afin d'en manger moins ; c'étaient toutes sortes de pratiques avaricieuses, infimes et touchantes, le vieux cocher recousant les bottines trouées de mademoiselle, la cuisiniÚre noircissant a l'encre les bouts de gants trop défraÃchis de madame ; et les robes de la mÚre qui passaient à la fille aprÚs d'ingénues transformations, et les chapeaux qui duraient des années, grùce à des échanges de fleurs et de rubans. Lorsqu'on n'attendait personne, les salons de réception, au rez-de-chaussée, étaient fermés soigneusement, ainsi que les grandes chambres du premier étage ; car, de toute cette vaste habitation, les deux femmes n'occupaient plus qu'une étroite piÚce, dont elles avaient fait leur salle à manger et leur boudoir. Quand la fenÃÂȘtre s'entrouvrait, on pouvait apercevoir la comtesse raccommodant son linge, comme une petite bourgeoise besogneuse ; tandis que la jeune fille, entre son piano et sa boÃte d'aquarelle, tricotait des bas et des mitaines pour sa mÚre. Un jour de gros orage, toutes deux furent vues descendant au jardin, ramassant le sable que la violence de la pluie emportait. Maintenant, Mme Caroline savait leur histoire. La comtesse de Beauvilliers avait beaucoup souffert de son mari, qui était un débauché, et dont elle ne s'était jamais plainte. Un soir, on le lui avait rapporté, à VendÎme, rùlant, avec un coup de feu au travers du corps. On avait parlé d'un accident de chasse quelque balle envoyée par un garde jaloux, dont il devait avoir pris la femme ou la fille. Et le pis était que s'anéantissait avec lui cette fortune des Beauvilliers, autrefois colossale, assise sur des terres immenses, des domaines royaux, que la Révolution avait déjà trouvée amoindrie, et que son pÚre et lui venaient d'achever. De ces vastes biens fonciers, une seule ferme demeurait, les Aublets, à quelques lieues de VendÎme, rapportant environ quinze mille francs de rente, l'unique ressource de la veuve et de ses deux enfants. L'hÎtel de la rue de Grenelle était depuis longtemps vendu, celui de la rue Saint-Lazare mangeait la grosse part des quinze mille francs de la ferme, écrasé d'hypothÚques, menacé d'ÃÂȘtre mis en vente à son tour, si l'on ne payait pas les intérÃÂȘts ; et il ne restait guÚre que six ou sept mille francs pour l'entretien de quatre personnes, ce train d'une noble famille qui ne voulait pas abdiquer. Il y avait déjà huit ans, lorsqu'elle était devenue veuve, avec un garçon de vingt ans et une fille de dix-sept, au milieu de l'écroulement de sa maison, la comtesse s'était raidie dans son orgueil nobiliaire, en se jurant qu'elle vivrait de pain plutÎt que de déchoir. DÚs lors, elle n'avait plus eu qu'une pensée, se tenir debout à son rang, marier sa fille à un homme d'égale noblesse, faire de son fils un soldat. Ferdinand lui avait causé d'abord de mortelles inquiétudes, à la suite de quelques folies de jeunesse, des dettes qu'il fallut payer ; mais, averti de leur situation en un solennel entretien, il n'avait pas recommencé, coeur tendre au fond, simplement oisif et nul, écarté de tout emploi, sans place possible dans la société contemporaine. Maintenant, soldat du pape, il était toujours pour elle une cause d'angoisse secrÚte, car il manquait de santé, délicat sous son apparence fiÚre, de sang épuisé et pauvre, ce qui lui rendait le climat de Rome dangereux. Quant au mariage d'Alice, il tardait tellement, que la triste mÚre en avait les yeux pleins de larmes, quand elle la regardait, vieillie déjà , se flétrissant à attendre. Avec son air d'insignifiance mélancolique, elle n'était point sotte, elle aspirait ardemment à la vie, à un homme qui l'aurait aimée, à du bonheur ; mais, ne voulant pas désoler davantage la maison, elle feignait d'avoir renoncé à tout, plaisantant le mariage, disant qu'elle avait la vocation d'ÃÂȘtre vieille fille ; et, la nuit, elle sanglotait dans son oreiller, elle croyait mourir de la douleur d'ÃÂȘtre seule. La comtesse, par ses miracles d'avarice, était pourtant arrivée à mettre de cÎté vingt mille francs, toute la dot d'Alice ; elle avait également sauvé du naufrage quelques bijoux, un bracelet, des bagues, des boucles d'oreilles, qu'on pouvait estimer à une dizaine de mille francs ; dot bien maigre, corbeille de noces dont elle n'osait mÃÂȘme parler, à peine de quoi faire face aux dépenses immédiates, si l'épouseur attendu se présentait. Et, cependant, elle ne voulait pas désespérer, luttant quand mÃÂȘme, n'abandonnant pas un des privilÚges de sa naissance, toujours aussi haute et de fortune convenable, incapable de sortir à pied et de retrancher un entre-mets un soir de réception, mais rognant sur sa vie cachée, se condamnant à des semaines de pommes de terre sans beurre, pour ajouter cinquante francs à la dot éternellement insuffisante de sa fille. C'était un douloureux et puéril héroïsme quotidien, tandis que, chaque jour, la maison croulait un peu plus sur leurs tÃÂȘtes. Cependant, jusque-là , Mme Caroline n'avait point eu l'occasion de parler à la comtesse et à sa fille. Elle finissait par connaÃtre les détails les plus intimes de leur vie, ceux qu'elles croyaient cacher au monde entier, et il n'y avait eu encore entre elles que des échanges de regards, ces regards qui se tournent dans une brusque sensation de sympathie, derriÚre soi. La princesse d'Orviedo devait les rapprocher. Elle avait eu l'idée de créer, pour son Oeuvre du Travail, une sorte de commission de surveillance, composée de dix dames, qui se réunissaient deux fois par mois, visitaient l'Oeuvre en détail, contrÎlaient tous les services. Comme elle s'était réservé de choisir elle-mÃÂȘme ces dames, elle avait désigné, parmi les premiÚres, Mme de Beauvilliers, une de ses grandes amies d'autrefois, devenue simplement sa voisine, aujourd'hui qu'elle s'était retirée du monde. Et il était arrivé que, la commission de surveillance ayant brusquement perdu son secrétaire, Saccard, qui gardait la haute main sur l'administration de l'établissement, venait d'avoir l'idée de recommander Mme Caroline, comme un secrétaire modÚle, qu'on ne trouverait nulle part en effet, la besogne était assez pénible, il y avait beaucoup d'écritures, mÃÂȘme des soins matériels qui répugnaient un peu à ces dames ; et, dÚs le début, Mme Caroline s'était révélée une hospitaliÚre admirable, que sa maternité inassouvie, son amour désespéré des enfants, enflammait d'une tendresse active pour tous ces pauvres ÃÂȘtres, qu'on tùchait de sauver du ruisseau parisien. Donc, à la derniÚre séance de la commission, elle s'était rencontrée avec la comtesse de Beauvilliers ; mais celle-ci ne lui avait adressé qu'un salut un peu froid, cachant sa secrÚte gÃÂȘne, ayant sans doute la sensation qu'elle avait en elle un témoin de sa misÚre. Toutes deux, maintenant, se saluaient, chaque fois que leurs yeux se rencontraient et qu'il y aurait eu une trop grosse impolitesse à feindre de ne pas se reconnaÃtre. Un jour, dans le grand cabinet, pendant qu'Hamelin rectifiait un plan d'aprÚs de nouveaux calculs, et que Saccard, debout, suivait son travail, Mme Caroline, devant la fenÃÂȘtre, comme à son habitude, regardait la comtesse et sa fille faire leur tour de jardin. Ce matin- là , elle leur voyait, aux pieds, des savates qu'une chiffonniÚre n'aurait pas ramassées contre une borne. " Ah ! les pauvres femmes ! murmura-t-elle, que cela doit ÃÂȘtre terrible, cette comédie du luxe qu'elles se croient forcées de jouer. " Et elle se reculait, se cachait derriÚre le rideau de vitrage, de peur que la mÚre ne l'aperçût et ne souffrit davantage d'ÃÂȘtre ainsi guettée. Elle-mÃÂȘme s'était apaisée, depuis trois semaines qu'elle s'oubliait, chaque matin, à cette fenÃÂȘtre le grand chagrin de son abandon s'endormait, il semblait que la vue du désastre des autres lui fit accepter plus courageusement le sien, cet écroulement qu'elle avait cru ÃÂȘtre celui de toute sa vie. De nouveau, elle se surprenait à rire. Un instant encore, elle suivit les deux femmes dans le jardin vert de mousse, d'un air de profonde songerie. Puis, se retournant vers Saccard, vivement " Dites-moi donc pourquoi je ne peux pas ÃÂȘtre triste... Non, ça ne dure pas, ça n'a jamais duré, je ne peux pas ÃÂȘtre triste, quoi qu'il m'arrive... Est-ce de l'égoïsme ? Vraiment, je ne crois pas. Ce serait trop vilain, et d'ailleurs j'ai beau ÃÂȘtre gaie, j'ai le coeur fendu tout de mÃÂȘme au spectacle de la moindre douleur. Arrangez cela, je suis gaie et je pleurerais sur tous les malheurs qui passent, si je ne me retenais, comprenant que le moindre morceau de pain ferait bien mieux leur affaire que mes larmes inutiles. " En disant cela, elle riait de son beau rire de bravoure, en vaillante qui préférait l'action aux apitoiements bavards. " Dieu sait pourtant, continua-t-elle, si j'ai eu lieu de désespérer de tout. Ah ! la chance ne m'a pas gùtée jusqu'ici... AprÚs mon mariage, dans l'enfer oÃÂč je suis tombée, injuriée, battue, j'ai bien cru qu'il ne me restait qu'à me jeter à l'eau. Je ne m'y suis pas jetée, j'étais vibrante d'allégresse, gonflée d'un espoir immense, quinze jours aprÚs, quand je suis partie avec mon frÚre pour l'Orient... Et, lors de notre retour à Paris, lorsque tout a failli nous manquer, j'ai eu des nuits abominables, oÃÂč je nous voyais mourant de faim sur nos beaux projets. Nous ne sommes pas morts, je me suis remise à rÃÂȘver des choses énormes, des choses heureuses qui me faisaient rire parfois toute seule... Et, derniÚrement, quand j'ai reçu ce coup affreux dont je n'ose parler encore, mon coeur a été comme déraciné ; oui, je l'ai positivement senti qui ne battait plus ; je l'ai cru fini, je me suis crue finie, anéantie moi-mÃÂȘme. Puis, pas du tout ! voici que l'existence me reprend, je ris aujourd'hui, demain, j'espérerai ! je voudrai vivre encore, vivre toujours... Est-ce extraordinaire, de ne pas pouvoir ÃÂȘtre triste longtemps ! " Saccard, qui riait lui aussi, haussa les épaules. " Bah ! vous ÃÂȘtes comme tout le monde. C'est l'existence, ça. - Croyez-vous, s'écria-t-elle, étonnée. Il me semble, à moi, qu'il y a des gens si tristes, qui ne sont jamais gais, qui se rendent la vie impossible, tellement ils se la peignent en noir... Oh ! ce n'est pas que je m'abuse sur la douceur et la beauté qu'elle offre. Elle a été trop dure, je l'ai trop vue de prÚs, partout et librement. Elle est exécrable, quand elle n'est pas ignoble. Mais, que voulez-vous ! je l'aime. Pourquoi ? je n'en sais rien. Autour de moi, tout a beau péricliter, s'effondrer, je suis quand mÃÂȘme, dÚs le lendemain, gaie et confiante sur les ruines... J'ai pensé souvent que mon cas est, en petit, celui de l'humanité, qui vit, certes, dans une misÚre affreuse, mais que ragaillardit la jeunesse de chaque génération. A la suite de chacune des crises qui m'abattent, c'est comme jeunesse nouvelle, un printemps dont les promesses de sÚve me réchauffent et me relÚvent le coeur. Cela est tellement vrai, que, aprÚs une grosse peine, si je sors dans la rue, au soleil, tout de suite je me remets à aimer, à espérer, à ÃÂȘtre heureuse. Et l'ùge n'a pas de prise sur moi, j'ai la naïveté de vieillir sans m'en apercevoir... Voyez-vous, j'ai beaucoup trop lu pour une femme, je ne sais plus du tout oÃÂč je vais, pas plus, d'ailleurs, que ce vaste monde ne le sait lui-mÃÂȘme. Seulement, c'est malgré moi, il me semble que je vais, que nous allons tous à quelque chose de trÚs bien et de parfaitement gai. " Elle finissait par tourner à la plaisanterie, émue pourtant, voulant cacher l'attendrissement de son espoir ; tandis que son frÚre, qui avait levé la tÃÂȘte, la regardait avec une adoration pleine de gratitude. " Oh ! toi, déclara-t-il, tu es faite pour les catastrophes, tu es l'amour de la vie ! " Dans ces quotidiennes causeries du matin, une fiÚvre s'était peu à peu déclarée, et si Mme Caroline retournait à cette joie naturelle, inhérente à sa santé mÃÂȘme, cela provenait du courage que leur apportait Saccard, avec sa flamme active des grandes affaires. C'était chose presque décidée, on allait exploiter le fameux portefeuille. Sous les éclats de sa voix aiguÃ, tout s'animait, s'exagérait. D'abord, on mettait la main sur la Méditerranée, on la conquérait, par la Compagnie générale des Paquebots réunis ; et il énumérait les ports de tous les pays du littoral oÃÂč l'on créerait des stations, et il mÃÂȘlait des souvenirs classiques effacés à son enthousiasme d'agioteur, célébrant cette mer, la seule que le monde ancien eût connue, cette mer bleue autour de laquelle la civilisation a fleuri, dont les flots ont baigné les antiques villes, AthÚnes, Rome, Tyr, Alexandrie, Carthage, Marseille, toutes celles qui ont fait l'Europe. Puis, lorsqu'on s'était assuré ce vaste chemin de l'Orient, on débutait là -bas, en Syrie, par la petite affaire de la Société des mines d'argent du Carmel, rien que quelques millions à gagner en passant, mais un excellent lançage, car cette idée d'une mine d'argent, de l'argent trouvé dans la terre, ramassé à la pelle, était toujours passionnante pour le public, surtout quand on pouvait y accrocher l'enseigne d'un nom prodigieux et retentissant comme celui du Carmel. Il y avait aussi là -bas des mines de charbon, du charbon à fleur de roche, qui vaudrait de l'or, lorsque le pays se couvrirait d'usines ; sans compter les autres menues entreprises qui serviraient d'entractes, des créations de banques, des syndicats pour les industries florissantes, une exploitation des vastes forÃÂȘts du Liban, dont les arbres géants pourrissent sur place, faute de routes. Enfin, il arrivait au gros morceau, à la Compagnie des chemins de fer d'Orient, et là , il délirait, car ce réseau de lignes ferrées, jeté d'un bout à l'autre sur l'Asie Mineure, comme un filet, c'était pour lui la spéculation, la vie de l'argent, prenant d'un coup ce vieux monde, ainsi qu'une proie nouvelle, encore intacte, d'une richesse incalculable, cachée sous l'ignorance et la crasse des siÚcles. Il en flairait le trésor, il hennissait comme un cheval de guerre, à l'odeur de la bataille. Mme Caroline, d'un bon sens si solide, trÚs réfractaire d'habitude aux imaginations trop chaudes, se laissait pourtant aller à cet enthousiasme, n'en voyait plus nettement l'outrance. A la vérité, cela caressait en elle sa tendresse pour l'Orient, son regret de cet admirable pays, oÃÂč elle s'était crue heureuse ; et, sans calcul, par un contre-effet logique, c'était elle, ses descriptions colorées, ses renseignements débordants, qui fouettaient de plus en plus la fiÚvre de Saccard. Quand elle parlait de Beyrouth, elle avait habité trois ans, elle ne tarissait pas Beyrouth, au pied du Liban, sur sa langue de terre, entre des grÚves de sable rouge et des écroulements de rochers, Beyrouth avec ses maisons en amphithéùtre, au milieu de vastes jardins, un paradis délicieux planté d'orangers, de citronniers et de palmiers. Puis, c'étaient toutes les villes de la cÎte, au nord Antioche, déchue de sa splendeur, au sud Saida, l'ancienne Sidon, Saint-Jean-d'Acre, Jaffa et Tyr, la Sour actuelle, qui les résume toutes, Tyr dont les marchands étaient des rois, dont les marins avaient fait le tour de l'Afrique, et qui, aujourd'hui, avec son port comblé par les sables, n'est plus qu'un champ de ruines, une poussiÚre de palais, oÃÂč ne se dressent, misérables et éparses, que quelques cabanes de pécheurs. Elle avait accompagné son frÚre partout, elle connaissait Alep, Angora, Brousse, Smyrne, jusqu'à Trézibonde ; elle avait vécu un mois à Jérusalem, endormie dans le trafic des lieux saints, puis deux autres mois à Damas, la reine de l'Orient, au centre de sa vaste plaine, la ville commerçante et industrielle, dont les caravanes de La Mecque et de Bagdad font un centre grouillant de foule. Elle connaissait aussi les vallées et les montagnes, les villages des Maronites et des Druses perchés sur les plateaux, perdus au fond des gorges, les champs cultivés et les champs stériles. Et, des moindres coins, des déserts muets comme des grandes villes, elle avait rapporté la mÃÂȘme admiration pour l'inépuisable, la luxuriante nature, la mÃÂȘme colÚre contre les hommes stupides et mauvais. Que de richesses naturelles dédaignées ou gùchées ! Elle disait les charges qui écrasent le commerce et l'industrie, cette loi imbécile qui empÃÂȘche de consacrer les capitaux à l'agriculture, au- delà d'un certain chiffre, et la routine qui laisse aux mains du paysan la charrue dont on se sert avant Jésus-Christ, et l'ignorance oÃÂč croupissent encore de nos jours ces millions d'hommes, pareils à des enfants idiots, arrÃÂȘtés dans leur croissance. Autrefois, la cÎte se trouvait trop petite, les villes se touchaient ; maintenant, la vie s'en est allée vers l'Occident, il semble qu'on traverse un immense cimetiÚre abandonné. Pas d'écoles, pas de routes, le pire des gouvernements, la justice vendue, un personnel administratif exécrable, des impÎts trop lourds, des lois absurdes, la paresse, le fanatisme ; sans compter les continuelles secousses des guerres viles, des massacres qui emportent des villages entiers. Alors, elle se fùchait, elle demandait s'il était permis de gùter ainsi l'oeuvre de la nature, une terre bénie, d'un charme exquis, oÃÂč tous les climats se retrouvaient, les plaines ardentes, les flancs tempérés des montagnes, les neiges éternelles des hauts sommets. Et son amour de la vie, sa vivace espérance la faisaient se passionner, à l'idée du coup de baguette tout-puissant dont la science et la spéculation pouvaient frapper cette vieille terre endormie, pour la réveiller. " Tenez ! criait Saccard, cette gorge du Carmel, que vous avez dessinée là , oÃÂč il n'y a que des pierres et des lentisques, eh bien, dÚs que la mine d'argent sera en exploitation, il y poussera d'abord un village, puis une ville... Et tous ces ports encombrés de sable, nous les nettoierons, nous les protégerons de fortes jetées. Des navires de haut bord stationneront oÃÂč des barques n'osent s'amarrer aujourd'hui... Et, dans ces plaines dépeuplées, ces cols déserts, que nos lignes ferrées traverseront, vous verrez toute une résurrection, oui ! les champs se défricher, des routes et des canaux s'établir, des cités nouvelles sortir du sol, la vie enfin revenir comme elle revient à un corps malade, lorsque, dans les veines appauvries, on active la circulation d'un sang nouveau... Oui ! l'argent fera des prodiges. " Et, devant l'évocation de cette voix perçante, Mme Caroline voyait réellement se lever la civilisation prédite. Ces épures sÚches, ces tracés linéaires s'animaient, se peuplaient c'était le rÃÂȘve qu'elle avait fait parfois d'un Orient débarbouillé de sa crasse, tiré de son ignorance, jouissant du sol fertile, du ciel charmant, avec tous les raffinement de la science. Déjà , elle avait assisté au miracle, ce Port- Saïd qui, en si peu d'années, venait de pousser sur une plage nue, d'abord des cabanes pour abriter les quelques ouvriers de la premiÚre heure, puis la cité de deux mille ùmes, la cité de dix mille ùmes, des maisons, des magasins immenses, une jetée gigantesque, de la vie et du bien-ÃÂȘtre créés avec entÃÂȘtement par les fourmis humaines. Et c'était bien cela qu'elle voyait se dresser de nouveau, la marche en avant, irrésistible, la poussée sociale qui se rue au plus de bonheur possible, le besoin d'agir, d'aller devant soi, sans savoir au juste oÃÂč l'on va, mais d'aller plus à l'aise, dans des conditions meilleures ; et le globe bouleversé par la fourmiliÚre qui refait sa maison, et le continuel travail, de nouvelles jouissances conquises, le pouvoir de l'homme décuplé, la terre lui appartenant chaque jour davantage. L'argent, aidant la science, faisait le progrÚs. Hamelin, qui écoutait en souriant, avait eu alors un mot sage. " Tout cela, c'est la poésie des résultats, et nous n'en sommes mÃÂȘme pas à la prose de la mise en oeuvre. " Mais Saccard ne s'échauffait que par l'outrance de ses conceptions, et ce fut pis le jour oÃÂč, s'étant mis à lire des livres sur l'Orient, il ouvrit une histoire de l'expédition d'Egypte. Déjà , le souvenir des Croisades le hantait, ce retour de l'Occident vers l'Orient, son berceau, ce grand mouvement qui avait ramené l'extrÃÂȘme Europe aux pays d'origine, en pleine floraison encore, et oÃÂč il y avait tant à apprendre. Seulement, la haute figure de Napoléon le frappa davantage, allant guerroyer là -bas, dans un but grandiose et mystérieux. S'il parlait de conquérir l'Egypte, d'y installer un établissement français, de donner ainsi à la France le commerce du Levant, il ne disait certainement pas tout ; et Saccard voulait voir, dans le cÎté de l'expédition qui est resté vague et énigmatique, il ne savait au juste quel projet de colossale ambition, un immense empire reconstruit, Napoléon couronné à Constantinople, empereur d'Orient et des Indes, réalisant le rÃÂȘve d'Alexandre, plus grand que César et Charlemagne. Ne disait-il pas, à Sainte-HélÚne, en parlant de Sidney, le général anglais qui l'avait arrÃÂȘté devant Saint-Jean-d'Acre " Cet homme m'a fait manquer ma fortune ? " Et ce que les Croisades avaient tenté, ce que Napoléon n'avait pu accomplir, c'était cette pensée gigantesque de la conquÃÂȘte de l'Orient qui enflammait Saccard, mais une conquÃÂȘte raisonnée, réalisée par la double force de la science et de l'argent. Puisque la civilisation était allée de l'est en l'ouest, pourquoi donc ne reviendrait-elle pas vers l'est, retournant au premier jardin de l'humanité, à cet Eden de la presqu'Ãle hindoustanique, qui dormait dans la fatigue des siÚcles ? Ce serait une nouvelle jeunesse, il galvanisait le paradis terrestre, le refaisait habitable par la vapeur et l'électricité, replaçait l'Asie Mineure comme centre du vieux monde, comme point de croisement des grands chemins naturels qui relient les continents. Ce n'étaient plus des millions à gagner, mais des milliards et des milliards. DÚs lors, chaque matin, Hamelin et lui eurent de longues conférences. Si l'espoir était vaste, les difficultés se présentaient, nombreuses, énormes. L'ingénieur, qui justement était à Beyrouth, en 1862, pendant l'horrible boucherie que les Druses firent des chrétiens maronites, et qui nécessita l'intervention de la France, ne cachait pas les obstacles qu'on rencontrerait parmi ces populations en continuelle bataille, livrées au bon plaisir des autorités locales. Seulement, il avait, à Constantinople, de puissantes relations, il s'était assuré l'appui du grand vizir, Fuad-Pacha, homme de réel mérite, partisan déclaré des réformes ; et il se flattait d'obtenir de lui toutes les concessions nécessaires. D'autre part, bien qu'il prophétisùt la banqueroute fatale de l'empire Ottoman, il voyait plutÎt une circonstance favorable dans ce besoin effréné d'argent, ces emprunts qui se suivaient d'année en année un gouvernement besogneux, s'il n'offre pas de garantie personnelle, est tout prÃÂȘt à s'entendre avec les entreprises particuliÚres, dÚs qu'il y trouve le moindre bénéfice. Et n'était-ce pas une maniÚre pratique de trancher l'éternelle et encombrante question d'Orient, en intéressant l'empire à de grands travaux civilisateurs, en l'amenant au progrÚs, pour qu'il ne fût plus cette monstrueuse borne, plantée entre l'Europe et l'Asie ? Quel beau rÎle patriotique joueraient là des compagnies françaises ! Puis, un matin, tranquillement, Hamelin aborda le programme secret auquel il faisait parfois allusion, ce qu'il appelait, en souriant, le couronnement de l'édifice. " Alors, quand nous serons les maÃtres, nous referons le royaume de Palestine, et nous y mettrons le pape... D'abord, on pourra se contenter de Jérusalem, avec Jaffa comme port de mer. Puis, la Syrie sera déclarée indépendante, et on la joindra... Vous savez que les temps sont proches oÃÂč la papauté ne pourra rester dans Rome, sous les révoltantes humiliations qu'on lui prépare. C'est pour ce jour-là qu'il nous faudra ÃÂȘtre prÃÂȘts. " Saccard, béant, l'écoutait dire ces choses d'une voix simple, avec sa foi profonde de catholique. Lui-mÃÂȘme ne reculait pas devant les imaginations extravagantes, mai jamais il ne serait allé jusqu'à celle- ci. Cet homme de science, d'apparence si froide, le stupéfiait. Il cria " C'est fou ! La Porte ne donnera pas Jérusalem. - Oh ! pourquoi ? reprit paisiblement Hamelin. Elle a tant besoin d'argent ! Jérusalem l'ennuie, ce sera un bon débarras. Souvent, elle ne sait quel parti prendre, entre les diverses communions qui se disputent la possession des sanctuaires... D'ailleurs, le pape aurait en Syrie un véritable appui parmi les Maronites, car vous n'ignorez pas qu'il a installé, à Rome, un collÚge pour leurs prÃÂȘtres... Enfin, j'ai bien réfléchi, j'ai tout prévu, et ce sera l'Úre nouvelle, l'Úre triomphale du catholicisme. Peut-ÃÂȘtre dira-t-on que c'est aller trop loin, que le pape se trouvera comme séparé, désintéressé des affaires de l'Europe. Mais de quel éclat, de quelle autorité ne rayonnera-t-il pas, lorsqu'il trÎnera aux lieux saints, parlant au nom du Christ, de la terre sacrée oÃÂč le Christ a parlé ! C'est là qu'est son patrimoine, c'est là que doit ÃÂȘtre son royaume. Et, soyez tranquille, nous le ferons puissant et solide, ce royaume, nous le mettrons à l'abri des perturbations politiques, en basant son budget, avec la garantie des ressources du pays, sur une vaste banque dont les catholiques du monde entier se disputeront les actions. " Saccard, qui s'était mis a sourire, déjà séduit par l'énormité du projet, sans ÃÂȘtre convaincu, ne put s'empÃÂȘcher de baptiser cette banque, dans un cri joyeux de trouvaille. " Le trésor du Saint-Sépulcre, hein ? superbe ! l'affaire est là ! " Mais il rencontra le regard raisonnable de Mme Caroline, qui souriait elle aussi, sceptique, un peu fùchée mÃÂȘme ; et il eut honte de son enthousiasme. " N'importe, mon cher Hamelin, nous ferons bien de tenir secret ce couronnement de l'édifice, comme vous dites. On se moquerait de nous. Et puis, notre programme est déjà terriblement chargé, il est bon d'en réserver les conséquences extrÃÂȘmes, la fin glorieuse, aux seuls initiés. - Sans doute, telle a toujours été mon intention, déclara l'ingénieur. Ceci sera le mystÚre. " Et ce fut sur ce mot, ce jour-là , que l'exploitation du portefeuille, la mise en oeuvre de toute l'énorme série des projets fut définitivement résolue. On commencerait par créer une modeste maison de crédit pour lancer les premiÚres affaires ; puis, le succÚs aidant, peu à peu on se rendrait maÃtre du marché, on conquerrait le monde. Le lendemain, comme Saccard était monté chez la princesse d'Orviedo, pour prendre un ordre au sujet de l'Oeuvre du Travail, le souvenir lui revint du rÃÂȘve qu'il avait caressé un moment, d'ÃÂȘtre le prince époux de cette reine de l'aumÎne, simple dispensateur et administrateur de la fortune des pauvres. Et il sourit, car il trouvait cela un peu niais, à cette heure. Il était bùti pour faire de la vie et non pour panser les blessures que la vie a faites. Enfin, il allait se retrouver sur son chantier, en plein dans la bataille des intérÃÂȘts, dans cette course au bonheur qui a été la marche mÃÂȘme de l'humanité, de siÚcle en siÚcle, vers plus de joie et plus de lumiÚre. Ce mÃÂȘme jour, il trouva Mme Caroline seule, dans le cabinet aux épures. Elle était debout devant une des fenÃÂȘtres, retenue là par une apparition de la comtesse de Beauvilliers et de sa fille, dans le jardin voisin, à une heure inaccoutumée. Les deux femmes lisaient une lettre, d'un air de grande tristesse sans doute une lettre du fils, de Ferdinand, dont la situation ne devait pas ÃÂȘtre brillante, à Rome. " Regardez, dit Mme Caroline, en reconnaissant Saccard. Encore quelque chagrin pour ces malheureuses. Les pauvresses, dans la rue, me font moins de peine. - Bah ! s'écria-t-il gaiement, vous les prierez de venir me voir. Nous les enrichirons, elles aussi, puisque nous allons faire la fortune de tout le monde. " Et, dans sa fiÚvre heureuse, il chercha ses lÚvres, pou les baiser. Mais, d'un mouvement brusque, elle avait retiré la tÃÂȘte, devenue grave et pùlie d'un involontaire malaise. " Non, je vous en prie. " C'était la premiÚre fois qu'il tentait de la reprendre, depuis qu'elle s'était abandonnée à lui, dans une minute de complÚte inconscience. Les affaires sérieuses arrangées, il pensait à sa bonne fortune, voulant aussi, de ce cÎté, régler la situation. Ce vif mouvement de recul l'étonna. " Bien vrai, cela vous ferait de la peine ? - Oui, beaucoup de peine. " Elle se calmait, elle souriait à son tour. " D'ailleurs, avouez que vous-mÃÂȘme n'y tenez guÚre. - Oh ! moi, je vous adore. - Non, ne dites pas ça, vous allez ÃÂȘtre si occupé ! Et puis, je vous assure que je suis prÃÂȘte à avoir de la vraie amitié pour vous, si vous ÃÂȘtes l'homme actif que je crois, et si vous faites toutes les grandes choses que vous dites... Voyons, c'est bien meilleur, l'amitié ! " Il l'écoutait, souriant toujours, gÃÂȘné et combattu pourtant. Elle le refusait, c'était ridicule de ne l'avoir eue qu'une fois, par surprise. Mais sa vanité seule en souffrait. " Alors ? amis seulement ? - Oui, je serai votre camarade, je vous aiderai... Amis, grands amis ! " Elle tendit ses joues, et, conquis, trouvant qu'elle avait raison, il y posa deux gros baisers. III - La lettre du banquier russe de Constantinople, que Sigismond avait traduite, était une réponse favorable, attendue pour mettre à Paris l'affaire en branle ; et, dÚs le sur-lendemain, Saccard, à son réveil, eut l'inspiration qu'il fallait agir ce jour-là mÃÂȘme, qu'il devait avoir, d'un, coup, avant la nuit, formé le syndicat dont il voulait ÃÂȘtre sûr, pour placer à l'avance les cinquante mille actions de cinq cents francs de sa société anonyme, lancée au capital de vingt-cinq millions. En sautant du lit, il venait de trouver enfin le titre de cette société, l'enseigne qu'il cherchait depuis longtemps. Les mots la Banque universelle, avaient brusquement flambé devant lui, comme en caractÚres de feu, dans la chambre encore noire. " La Banque universelle, ne cessa-t-il de répéter, tout en s'habillant, la Banque universelle, c'est simple, c'est grand, ça englobe tout, ça couvre le monde... Oui, oui, excellent ! la Banque universelle ! " Jusqu'à neuf heures et demie, il marcha à travers les vastes piÚces, absorbé, ne sachant par oÃÂč il commencerait sa chasse aux millions, dans Paris. Vingt-cinq millions, cela se trouve encore au tournant d'une rue ; mÃÂȘme, c'était l'embarras du choix qui le faisait réfléchir, car il y voulait mettre quelque méthode. Il but une tasse de lait, il ne se fùcha pas, lorsque le cocher monta lui expliquer que le cheval n'était pas bien, à la suite d'un refroidissement sans doute, et qu'il serait plus sage de faire venir le vétérinaire. " C'est bon, faites... Je prendrai un fiacre. " Mais, sur le trottoir, il fut surpris par le vent aigre qui soufflait un brusque retour de l'hiver, dans ce mai si doux la veille encore. Il ne pleuvait pourtant pas, de gros nuages montaient à l'horizon. Et il ne prit pas de fiacre, pour se réchauffer en marchant ; il se dit qu'il descendrait d'abord à pied chez Mazaud, l'agent de change, rue de la Banque ; car l'idée lui était venue de le sonder sur Daigremont, le spéculateur bien connu, l'homme heureux de tous les syndicats, seulement, rue Vivienne, du ciel envahi de nuées livides, une telle giboulée creva, mÃÂȘlée de grÃÂȘle, qu'il se réfugia sous une porte cochÚre. Depuis une minute, Saccard était là , à regarder tomber l'averse, lorsque, dominant le roulement de l'eau, une claire sonnerie de piÚces d'or lui fit dresser l'oreille. Cela semblait sortir des entrailles de la terre, continu, léger et musical, comme dans un conte des Mille et une Nuits . Il tourna la tÃÂȘte, se reconnut, vit qu'il se trouvait sous la porte de la maison Kolb, un banquier qui s'occupait surtout d'arbitrages sur l'or, achetant le numéraire dans les Etats oÃÂč il était à bas cours, puis le fondant, pour vendre les lingots ailleurs, dans les pays oÃÂč l'or était en hausse ; et, du matin au soir, les jours de fonte, montait du sous-sol ce bruit cristallin des piÚces d'or, remuées à la pelle, prises dans des caisses, jetées dans le creuset. Les passants du trottoir en ont les oreilles qui tintent, d'un bout de l'année à l'autre. Maintenant, Saccard souriait complaisamment à cette musique, qui était comme la voix souterraine de ce quartier de la Bourse, il y vit un heureux présage. La pluie ne tombait plus, il traversa la place, se trouva tout de suite chez Mazaud. Par une exception, le jeune agent de change avait son domicile personnel, au premier étage, dans la maison mÃÂȘme oÃÂč les bureaux de sa charge étaient installés, occupant tout le second. Il avait simplement repris l'appartement de son oncle, lorsque, à la mort de celui-ci, il s'était entendu avec ses cohéritiers pour racheter la charge. Dix heures sonnaient, et Saccard monta directement aux bureaux, à la porte desquels il se rencontra avec Gustave Sédille. " Est-ce que M. Mazaud est là ? - Je ne sais pas, monsieur, j'arrive. " Le jeune homme souriait, toujours en retard, prenant à l'aise son emploi de simple amateur, qu'on ne payait pas, résigné à passer là un an ou deux pour faire plaisir à son pÚre, le fabricant de soie de la rue des Jeûneurs. Saccard traversa la caisse, salué par le caissier d'argent et par le caissier des titres ; puis, il entra dans le cabinet des deux fondés de pouvoirs, oÃÂč il ne trouva que Berthier, celui des deux qui était chargé des relations avec les clients et qui accompagnait le patron à la Bourse. " Est-ce que M. Mazaud est là ? - Mais je le pense, je sors de son cabinet... Tiens non, il n'y est plus... C'est qu'il est dans le bureau du comptant. " Il avait poussé une porte voisine, il faisait du regard le tour d'une assez vaste piÚce, oÃÂč cinq employés travaillaient, sous les ordres du premier commis. " Non, c'est particulier !... Voyez donc vous-mÃÂȘme à la liquidation, là , à cÎté. " Saccard entra dans le bureau de la liquidation. C'était là que le liquidateur, le pivot de la charge, aidé de sept employés, dépouillait le carnet que lui remettait l'agent chaque jour, aprÚs la Bourse, puis appliquait aux clients les affaires faites selon les ordres reçus, en s'aidant de fiches, conservées pour savoir les noms ; car le carnet ne porte pas les noms, ne contient que l'indication brÚve de l'achat ou de la vente telle valeur, telle quantité, tel cours, de tel agent. " Est-ce que vous avez vu M. Mazaud ? " demanda Saccard. Mais on ne lui répondit mÃÂȘme pas. Le liquidateur étant sorti, trois employés lisaient leur journal, deux autres regardaient en l'air ; tandis que l'entrée de Gustave Sédille venait d'intéresser vivement le petit Flory, qui, le matin, faisait des écritures, échangeait des engagements, et qui, l'aprÚs-midi, à la Bourse, était chargé des télégrammes. Né à Saintes, d'un pÚre employé à l'enregistrement, d'abord commis à Bordeaux chez un banquier, tombé ensuite à Paris chez Mazaud, vers la fin du dernier automne, il n'y avait d'autre avenir que d'y doubler peut-ÃÂȘtre ses appointements, en dix années. Jusque-là , il s'y était bien conduit, régulier, consciencieux. Seulement depuis un mois que Gustave était entré à la charge, il se dérangeait, entraÃné par son nouveau camarade, trÚs élégant, trÚs lancé, pourvu d'argent, et qui lui avait fait connaÃtre des femmes. Flory, le visage mangé de barbe, avait là -dessous un nez à passions, une bouche aimable, des yeux tendres ; et il en était aux petites parties fines, pas chÚres, avec Mlle Chuchu, une figurante des Variétés, une maigre sauterelle du pavé parisien, la fille ensauvée d'une concierge de Montmartre, amusante avec sa figure de papier mùché, oÃÂč luisaient de grands yeux bruns admirables. Gustave, avant mÃÂȘme d'Îter son chapeau, lui contait sa soirée. " Oui, mon cher, j'ai bien cru que Germaine me flanquerait dehors, parce que Jacoby est venu. Mais c'est lui qu'elle a trouvé le moyen de mettre à la porte, ah ! je ne sais comment, par exemple ! Et je suis resté. " Tous deux s'étouffÚrent de rire. Il s'agissait de Germaine Coeur, une superbe fille de vingt-cinq ans, un peu indolente et molle, dans l'opulence de sa gorge, qu'un collÚgue de Mazaud, le juif Jacoby, entretenait au mois. Elle avait toujours été avec des boursiers, et toujours au mois, ce qui est commode pour des hommes trÚs occupés, la tÃÂȘte embarrassée de chiffres, payant l'amour comme le reste, sans trouver le temps d'une vraie passion. Elle était agitée d'un souci unique, dans son petit appartement de la rue de la MichodiÚre, celui d'éviter les rencontres entre les messieurs qui pouvaient se connaÃtre. " Dites donc, questionna Flory, je croyais que vous vous réserviez pour la jolie papetiÚre ? " Mais cette allusion à Mme Conin rendit Gustave sérieux. Celle-ci, on la respectait c'était une femme honnÃÂȘte ; et, quand elle voulait bien, il n'y avait pas d'exemple qu'un homme se fût montré bavard, tellement on restait bons amis. Aussi, ne voulant pas répondre, Gustave posa-t-il à son tour une question. " Et Chuchu, vous l'avez menée à Mabille ? - Ma foi, non ! c'est trop cher. Nous sommes rentrés, nous avons fait du thé. " DerriÚre les jeunes gens, Saccard avait entendu ces noms de femme, qu'ils chuchotaient d'une voix rapide. Il eut un sourire. Il s'adressa à Flory. " Est-ce que vous n'avez pas vu M. Mazaud ? - Si, monsieur, il est venu me donner un ordre, et il est redescendu à son appartement... Je crois que son petit garçon est malade, on l'a averti que le docteur était là ... Vous devriez sonner chez lui, car il peut trÚs bien sortir, sans remonter. " Saccard remercia, se hùta de descendre un étage. Mazaud était un des plus jeunes agents de change, comblé par le sort, ayant eu cette chance de la mort de son oncle, qui l'avait rendu titulaire d'une des plus fortes charges de Paris, à un ùge oÃÂč l'on apprend encore les affaires. Dans sa petite taille, il était de figure agréable, avec de minces moustaches brunes, des yeux noirs perçants ; et il montrait une grande activité, l'intelligence trÚs alerte, elle aussi. On le citait déjà , à la corbeille, pour cette vivacité d'esprit et de corps, si nécessaire dans le métier, et qui, jointe à beaucoup de flair, à une intuition remarquable, allait le mettre au premier rang ; sans compter qu'il avait une voix aiguÃ, des renseignements de Bourses étrangÚres de premiÚre main, des relations chez tous les grands banquiers, enfin un arriÚre- cousin, disait-on, à l'agence Havas. Sa femme, épousée par amour, lui avait apporté douze cent mille francs de dot, une jeune femme charmante dont il avait déjà deux enfants, une fillette de trois ans et un petit garçon de dix-huit mois. Justement, Mazaud reconduisait jusqu'au palier le docteur, qui le rassurait, en riant. " Entrez donc, dit-il à Saccard. C'est vrai, avec ces petits ÃÂȘtres, on s'inquiÚte tout de suite, on les croit perdus pour le moindre bobo. " Et il l'introduisit ainsi dans le salon, oÃÂč sa femme se trouvait encore, tenant le bébé sur ses genoux, tandis que la petite fille, heureuse de voir sa mÚre gaie, se haussait pour l'embrasser. Tous les trois étaient blonds, d'une fraÃcheur de lait, la jeune mÚre d'air aussi délicat et ingénu que les enfants. Il lui mit un baiser sur les cheveux. " Tu vois bien que nous étions fous. - Ah ! ça ne fait rien, mon ami, je suis si contente qu'il nous ait rassurés ! " Devant ce grand bonheur, Saccard s'était arrÃÂȘté, en saluant. La piÚce, luxueusement meublée, sentait bon la vie heureuse de ce ménage, que rien encore n'avait désuni ; à peine, depuis quatre ans qu'il était marié, donnait-on à Mazaud une courte curiosité pour une chanteuse de l'opéra-Comique. Il restait un mari fidÚle, de mÃÂȘme qu'il avait la réputation de ne pas encore trop jouer pour son compte, malgré la fougue de sa jeunesse. Et cette bonne odeur de chance, de félicité sans nuage, se respirait réellement dans la paix discrÚte des tapis et des tentures, dans le parfum dont un gros bouquet de roses, débordant d'un vase de Chine, avait imprégné toute la piÚce. Mme Mazaud, qui connaissait un peu Saccard, lui dit gaiement " N'est-ce pas, monsieur, qu'il suffit de le vouloir pour ÃÂȘtre toujours heureux ? - J'en suis convaincu, madame, répondit-il. Et puis, il y a des personnes si belles et si bonnes, que le malheur n'ose jamais les toucher. " Elle s'était levée, rayonnante. Elle embrassa à son tour son mari, elle s'en alla, emportant le petit garçon, suivie de la fillette, qui s'était pendue au cou de son pÚre. Celui-ci, voulant cacher son émotion, se retourna vers le visiteur, avec un mot de blague parisienne. " Vous voyez, on ne s'embÃÂȘte pas, ici. " Puis, vivement " Vous avez quelque chose à me dire ?... Montons, voulez-vous ? nous serons mieux. " En haut, devant la caisse, Saccard reconnut Sabatani, qui venait toucher des différences ; et il fut surpris de la poignée de main cordiale que l'agent échangea avec son client. D'ailleurs, dÚs qu'il fut assis dans le cabinet, il expliqua sa visite, en le questionnant sur, les formalités, pour faire admettre une valeur à la cote officielle. Négligemment, il dit l'affaire qu'il allait lancer, la Banque universelle, au capital de vingt-cinq millions. Oui, une maison de crédit créée surtout dans le but de patronner de grandes entreprises, qu'il indiqua d'un mot. Mazaud l'écoutait, ne bronchait pas ; et, avec une obligeance parfaite, il expliqua les formalités à remplir. Mais il n'était pas dupe, il se doutait que Saccard ne se serait pas dérangé pour si peu. Aussi, lorsque ce dernier prononça enfin le nom de. Daigremont, eut-il un sourire involontaire. Certes, Daigremont avait l'appui d'une fortune colossale ; on disait bien qu'il n'était pas d'une fidélité trÚs sûre ; seulement, qui était fidÚle, en affaires et en amour ? personne ! Du reste, lui, Mazaud, se serait fait un scrupule de dire la vérité sur Daigremont, aprÚs leur rupture, qui avait occupé toute la Bourse. Celui-ci, maintenant, donnait la plupart de ses ordres à Jacoby, un juif de Bordeaux, un grand gaillard de soixante ans, à large figure gaie, dont la voix mugissante était célÚbre, mais qui devenait lourd, le ventre empùté ; et c'était comme une rivalité qui se posait entre les deux agents, le jeune favorisé par la chance, le vieux arrivé à l'ancienneté, ancien fondé de pouvoirs à qui des commanditaires avaient enfin permis d'acheter la charge de son patron, d'une pratique et d'une ruse extraordinaires, perdu malheureusement par une passion du jeu, toujours à la veille d'une catastrophe, malgré des gains considérables. Tout se fondait dans les liquidations. Germaine Coeur ne lui coûtait que quelques billets de mille francs, et on ne voyait jamais sa femme. " Enfin, dans cette affaire de Caracas, conclut Mazaud, cédant à la rancune malgré sa grande correction, il est certain que Daigremont a trahi et qu'il a raflé les bénéfices... Il est trÚs dangereux. " Puis, aprÚs un silence " Mais pourquoi ne vous adressez-vous pas à Gundermann ? - Jamais ! " cria Saccard, que la passion emportait. A ce moment, Berthier, le fondé de pouvoirs, entra et chuchota quelques mots à l'oreille de l'agent. C'était la baronne Sandorff qui venait payer des différences et qui soulevait toutes sortes de chicanes, pour réduire son compte. D'habitude, Mazaud s'empressait, recevait lui-mÃÂȘme la baronne ; mais, quand elle avait perdu, il l'évitait comme la peste, certain d'un trop rude assaut à sa galanterie. Il n'y a pires clientes que les femmes, d'une mauvaise foi plus absolue, dÚs qu'il s'agit de payer. " Non, non, dites que je n'y suis pas, répondit-il avec humeur. Et ne faites pas grùce d'un centime, entendez-vous ! " Et, lorsque Berthier fut parti, voyant au sourire de Saccard qu'il avait entendu. " C'est vrai, mon cher, elle est trÚs gentille, celle-là , mais vous n'avez pas idée de cette rapacité... Ah ! les clients, comme ils nous aimeraient, s'ils gagnaient toujours ! Et plus ils sont riches, plus ils sont du beau monde, Dieu me pardonne ! plus je me méfie, plus je tremble de n'ÃÂȘtre pas payé... Oui, il y a des jours oÃÂč, en dehors des grandes maisons, j'aimerais mieux n'avoir qu'une clientÚle de province. " La porte s'était rouverte, un employé lui remit un dossier qu'il avait demandé le matin, et sortit. " Tenez ! ça tombe bien. Voici un receveur de rentes, installé à VendÎme, un sieur Fayeux... Eh bien, vous n'avez pas idée de la quantité d'ordres que je reçois de ce correspondant. Sans doute, ces ordres sont de peu d'importance, venant de petits bourgeois, de petits commerçants, de fermiers. Mais il y a le nombre... En vérité, le meilleur de nos maisons, le fond mÃÂȘme est fait des joueurs modestes, de la grande foule anonyme qui joue. " Une association d'idées se fit, Saccard se rappela Sabatani au guichet de la caisse. " Vous avez donc Sabatani, maintenant ? demanda-t-il. - Depuis un an, je crois, répondit l'agent d'un air d'aimable indifférence. C'est un gentil garçon, n'est-ce pas ? il a commencé petitement, il est trÚs sage et il fera quelque chose. " Ce qu'il ne disait point, ce dont il ne se souvenait mÃÂȘme plus, c'était que Sabatani avait seulement déposé chez lui une couverture de deux mille francs. De là le jeu si modéré du début. Sans doute, comme tant d'autres, le Levantin attendait que la médiocrité de cette garantie fût oubliée ; et il donnait des preuves de sagesse, il n'augmentait que graduellement l'importance de ses ordres, en attendant le jour oÃÂč, culbutant dans une grosse liquidation, il disparaÃtrait. Comment montrer de la défiance vis-à -vis d'un charmant garçon dont on est devenu l'ami ? comment douter de sa solvabilité, lorsqu'on le voit gai, d'apparence riche, avec cette tenue élégante qui est indispensable, comme l'uniforme mÃÂȘme du vol à la Bourse ? " TrÚs gentil, trÚs intelligent " répéta Saccard, qui prit soudain la résolution de songer à Sabatani, le jour oÃÂč il aurait besoin d'un gaillard discret et sans scrupules. Puis, se levant et prenant congé " Allons, adieu !... Lorsque nos titres seront prÃÂȘts, je vous reverrai, avant de tùcher de les faire admettre à la cote. " Et comme Mazaud, sur le seuil du cabinet, lui serrait la main, en disant " Vous avez tort, voyez donc Gundermann pour votre syndicat. - Jamais ! " cria-t-il de nouveau, l'air furieux. Enfin, il sortait, lorsqu'il reconnut devant le guichet de la caisse Moser et Pillerault le premier empochait d'un air navré son gain de la quinzaine, sept ou huit billets de mille francs ; tandis que l'autre, qui avait perdu, payait une dizaine de mille francs, avec des éclats de voix, l'air agressif et superbe, comme aprÚs une victoire. L'heure du déjeuner et de la Bourse approchait, la charge allait se vider en partie ; et, la porte du bureau de la liquidation s'étant entrouverte, des rires s'en échappÚrent, le récit que Gustave faisait à Flory d'une partie de canot, dans laquelle la barreuse, tombée à la Seine, avait perdu jusqu'à ses bas. Dans la rue, Saccard regarda sa montre. Onze heures, que de temps perdu ! Non, il n'irait pas chez Daigremont ; et, bien qu'il se fût emporté au seul nom de Gundermann, il se décida brusquement à monter le voir. D'ailleurs, ne l'avait-il pas prévenu de sa visite, chez Champeaux, en lui annonçant sa grande affaire, pour lui clouer aux lÚvres son mauvais rire ? Il se donna mÃÂȘme comme excuse qu'il n'en voulait rien tirer, qu'il désirait seulement le braver, triompher de lui, qui affectait de le traiter en petit garçon. Et, une nouvelle giboulée s'étant mise à battre le pavé d'un ruissellement de fleuve, il sauta dans un fiacre, il cria l'adresse au cocher, rue de Provence. Gundermann occupait là un immense hÎtel, tout juste assez grand pour son innombrable famille. Il avait cinq filles et quatre garçons, dont trois filles et trois garçons mariés, qui lui avaient déjà donné quatorze petits-enfants. Lorsque, au repas du soir, cette descendance se trouvait réunie, ils étaient, en les comptant, sa femme et lui, trente et un à table. Et, à part deux de ses gendres qui n'habitaient pas l'hÎtel, tous les autres avaient là leurs appartements, dans les ailes de gauche et de droite, ouvertes sur le jardin ; tandis que le bùtiment central était pris entiÚrement par l'installation des vastes bureaux de la banque. En moins d'un siÚcle, la monstrueuse fortune d'un milliard était née, avait poussé, débordé dans cette famille, par l'épargne, par l'heureux concours aussi des événements. Il y avait là comme une prédestination, aidée d'une intelligence vive, d'un travail acharné, d'un effort prudent et invincible, continuellement tendu vers le mÃÂȘme but. Maintenant, tous les fleuves de l'or allaient à cette mer, les millions se perdaient dans ces millions, c'était un engouffrement de la richesse publique au fond de cette richesse d'un seul, toujours grandissante ; et Gundermann était le vrai maÃtre, le roi tout-puissant, redouté et obéi de Paris et du monde. Pendant que Saccard montait le large escalier de pierre, aux marches usées par le continuel va-et-vient de la foule, plus usées déjà que le seuil des vieilles églises, il se sentait contre cet homme un soulÚvement d'une inextinguible haine. Ah ! le juif ! il avait contre le juif l'antique rancune de race, qu'on trouve surtout dans le midi de la France ; et c'était comme une révolte de sa chair mÃÂȘme, une répulsion de peau qui, à l'idée du moindre contact, l'emplissait de dégoût et de violence, en dehors de tout raisonnement, sans qu'il pût se vaincre. Mais le singulier était que lui, Saccard, ce terrible brasseur d'affaires, ce bourreau d'argent aux mains louches, perdait la conscience de lui-mÃÂȘme, dÚs qu'il s'agissait d'un juif, en parlait avec une ùpreté, avec des indignations vengeresses d'honnÃÂȘte homme, vivant du travail de ses bras, pur de tout négoce usuraire. Il dressait le réquisitoire contre la race, cette race maudite qui n'a plus de patrie, plus de prince, qui vit en parasite chez les nations, feignant de reconnaÃtre les lois, mais en réalité n'obéissant qu'à son Dieu de vol, de sang et de colÚre ; et il la montrait remplissant partout la mission de féroce conquÃÂȘte que ce Dieu lui a donnée, s'établissant chez chaque peuple, comme l'araignée au centre de sa toile, pour guetter sa proie, sucer le sang de tous, s'engraisser de la vie des autres. Est-ce qu'on a jamais vu un juif faisant oeuvre de ses dix doigts ? est-ce qu'il y a des juifs paysans, des juifs ouvriers ? Non, le travail déshonore, leur religion le défend presque, n'exalte que l'exploitation du travail d'autrui. Ah ! les gueux ! Saccard semblait pris d'une rage d'autant plus grande, qu'il les admirait, qu'il leur enviait leurs prodigieuses facultés financiÚres, cette science innée des chiffres, cette aisance naturelle dans les opérations les plus compliquées, ce flair et cette chance qui assurent le triomphe de tout ce qu'ils entreprennent. A ce jeu de voleurs, disait-il, les chrétiens ne sont pas de force, ils finissent toujours par se noyer ; tandis que prenez un juif qui ne sache mÃÂȘme pas la tenue des livres, jetez-le dans l'eau trouble de quelque affaire véreuse, et il se sauvera, et il emportera tout le gain sur son dos. C'est le don de la race, sa raison d'ÃÂȘtre à travers les nationalités qui se font et se défont. Et il prophétisait avec emportement la conquÃÂȘte finale de tous les peuples par les juifs, quand ils auront accaparé la fortune totale du globe, ce qui ne tarderait pas, puisqu'on leur laissait chaque jour étendre librement leur royauté, et qu'on pouvait déjà voir, dans Paris, un Gundermann régner sur un trÎne plus solide et plus respecté que celui de l'empereur. En haut, au moment d'entrer dans la vaste antichambre, Saccard eut un mouvement de recul, en la voyant pleine de remisiers, de solliciteurs, d'hommes, de femmes, de tout un grouillement tumultueux de foule. Les remisiers surtout luttaient à qui arriverait le premier, dans l'espoir improbable d'emporter un ordre ; car le grand banquier avait ses agents à lui ; mais c'était déjà un honneur, une recommandation que d'ÃÂȘtre reçu, et chacun d'eux voulait pouvoir s'en vanter. Aussi l'attente n'était-elle jamais longue, les deux garçons de bureau ne servaient guÚre qu'à organiser le défilé, un défilé incessant, un véritable galop, par les portes battantes. Et, malgré la foule, Saccard presque tout de suite fut introduit dans le flot. Le cabinet de Gundermann était une immense piÚce, dont il n'occupait qu'un petit coin, au fond, prÚs de la derniÚre fenÃÂȘtre. Assis devant un simple bureau d'acajou, il se plaçait de façon à tourner, le dos à la lumiÚre, il avait le visage complÚtement dans l'ombre. Levé dÚs cinq heures, il était au travail, lorsque Paris dormait encore ; et quand, vers neuf heures, la bousculade des appétits se ruait, galopant devant lui, sa journée déjà était faite. Au milieu du cabinet, à des bureaux plus vastes, deux de ses fils et un de ses gendres l'aidaient, rarement assis, s'agitant au milieu des allées et venues d'un monde d'employés. Mais c'était là le fonctionnement intérieur de la maison. La rue traversait toute la piÚce, n'allait qu'à lui, au maÃtre, dans son coin modeste ; tandis que, durant des heures, jusqu'au déjeuner, l'air impassible et morne, il recevait, souvent d'un signe, parfois d'un mot, s'il voulait se montrer trÚs aimable. DÚs que Gundermann aperçut Saccard, sa figure s'éclaira d'un faible sourire goguenard. " Ah ! c'est vous, mon bon ami... Asseyez-vous donc un instant, si vous avez quelque chose à me dire. Je suis à vous tout à l'heure. " Ensuite, il affecta de l'oublier. Saccard, du reste, ne s'impatientait pas, intéressé par le défilé des remisiers, qui, les uns sur les talons des autres, entraient avec le mÃÂȘme salut profond, tiraient de leur redingote correcte le mÃÂȘme petit carton, leur cote portant les cours de la Bourse, qu'ils présentaient au banquier du mÃÂȘme geste suppliant et respectueux. Il en passait dix, il en passait vingt. Le banquier, chaque fois, prenait la cote, y jetait un coup d'oeil, puis la rendait ; et rien n'égalait sa patience, si ce n'était son indifférence complÚte, sous cette grÃÂȘle d'offres. Mais Massias se montra, avec son air gai et inquiet de bon chien battu. On le recevait si mal parfois, qu'il en aurait pleuré. Ce jour- là , sans doute il était à bout d'humilité, car il se permit une insistance inattendue. " Voyez donc, monsieur, le Mobilier est trÚs bas... Combien faut-il que je vous en achÚte ? " Gundermann, sans prendre la cote, leva ses yeux glauques sur ce jeune homme si familier. Et, rudement " Dites donc, mon ami, croyez-vous que ça m'amuse de vous recevoir ? - Mon Dieu ! monsieur, reprit Massias devenu pùle, ça m'amuse encore moins de venir chaque matin pour rien, depuis trois mois. - Eh bien, ne revenez pas. " Le remisier salua et se retira, aprÚs avoir échangé, avec Saccard, le coup d'oeil furieux et navré d'un garçon qui avait la brusque conscience qu'il ne ferait jamais fortune. Saccard se demandait, en effet, quel intérÃÂȘt Gundermann pouvait avoir à recevoir tout ce monde. Evidemment, il avait une faculté d'isolement spéciale, il s'absorbait, il continuait de penser ; sans compter qu'il devait y avoir là une discipline, une façon de procéder chaque matin à une revue du marché, dans laquelle il trouvait toujours un gain à faire, si minime fut-il. TrÚs ùprement, il rabattit quatre-vingts francs à un coulissier, qu'il avait chargé d'un ordre la veille, et qui le volait d'ailleurs. Puis, un marchand de curiosités arriva, avec une boite en or émaillé du dernier siÚcle, un objet refait en partie, dont le banquier flaira immédiatement le truquage. Ensuite, ce furent deux dames, une vieille à nez d'oiseau de nuit, une jeune, brune, trÚs belle, qui avaient à lui montrer, chez elles, une commode Louis XV, qu'il refusa nettement d'aller voir. Il vint encore un bijoutier avec des rubis, deux inventeurs, des Anglais, des Allemands, des Italiens, toutes les langues, tous les sexes. Et le défilé des remisiers se poursuivait quand mÃÂȘme, coupant les autres visites, s'éternisant, avec la reproduction du mÃÂȘme geste, la présentation mécanique de la cote ; pendant que le flot des employés, à mesure que l'heure de la Bourse approchait, traversait la piÚce plus nombreux, apportant des dépÃÂȘches, venant demander des signatures. Mais ce fut le comble au tapage un petit garçon de cinq ou six ans, à cheval sur un bùton, fit irruption dans le cabinet en jouant de la trompette ; et, coup sur coup, il vint encore deux enfants, deux fillettes, l'une de trois ans, l'autre de huit, qui assiégÚrent le fauteuil du grand-pÚre, lui tirÚrent les bras, se pendirent à son cou ; ce qu'il laissa faire placidement, les baisant lui-mÃÂȘme avec cette passion juive de la famille, de la lignée nombreuse qui fait la force et qu'on défend. Tout d'un coup, il parut se souvenir de Saccard. " Ah ! mon bon ami, vous m'excuserez, vous voyez que je n'ai pas une minute à moi... Vous allez m'expliquer votre affaire. " Et il commençait à l'écouter, lorsqu'un employé qui avait introduit un grand monsieur blond, vint lui dire un nom à l'oreille, il se leva aussitÎt, sans hùte pourtant, alla conférer avec le monsieur devant une autre des fenÃÂȘtres, tandis qu'un de ses fils continuait à recevoir les remisiers et les coulissiers à sa place. Malgré sa sourde irritation, Saccard commençait à ÃÂȘtre envahi d'un respect. Il avait reconnu le monsieur blond, le représentant d'une des grandes puissances, plein de morgue aux Tuileries, ici la tÃÂȘte légÚrement inclinée, souriant en solliciteur. D'autres fois, c'étaient de hauts administrateurs, des ministres de l'empereur eux-mÃÂȘmes, qui étaient reçus ainsi debout dans cette piÚce, publique comme une place, emplie d'un vacarme d'enfants. Et là s'affirmait la royauté universelle de cet homme qui avait des ambassadeurs à lui dans toutes les cours du monde, des consuls dans toutes les provinces, des agences dans toutes les villes et des vaisseaux sur toutes les mers. Il n'était point un spéculateur, un capitaine d'aventures, manoeuvrant les millions des autres, rÃÂȘvant, à l'exemple de Saccard, des combats héroïques oÃÂč il vaincrait, oÃÂč il gagnerait pour lui un colossal butin, grùce à l'aide de l'or mercenaire, engagé sous ses ordres ; il était, comme il le disait avec bonhomie, un simple marchand d'argent, le plus habile, le plus zélé qui pût ÃÂȘtre. Seulement, pour asseoir sa puissance, il lui fallait bien dominer la Bourse ; et c'était ainsi, à chaque liquidation, une nouvelle bataille, oÃÂč la victoire lui restait infailliblement, par la vertu décisive des gros bataillons. Un instant, Saccard, qui le regardait, resta accablé sous cette pensée que tout cet argent qu'il faisait mouvoir était à lui, qu'il avait à lui, dans ses caves, sa marchandise inépuisable, dont il trafiquait en commerçant rusé et prudent, en maÃtre absolu, obéi sur un coup d'oeil, voulant tout entendre, tout voir, tout faire par lui-mÃÂȘme. Un milliard à soi, ainsi manoeuvré, est une force inexpugnable. " Nous n'aurons pas une minute, mon bon ami, revint dire Gundermann. Tenez ! je vais déjeuner, passez donc avec moi dans la salle voisine. On nous laissera tranquilles peut-ÃÂȘtre. " C'était la petite salle à manger de l'hÎtel celle du matin, oÃÂč la famille ne se trouvait jamais au complet. Ce jour-là , ils n'étaient que dix-neuf à table, dont huit enfants. Le banquier occupait le milieu, et il n'avait devant lui qu'un bol de lait. Il resta un instant les yeux fermés, épuisé de fatigue, la face trÚs pùle et contractée, car il souffrait du foie et des reins ; puis, lorsqu'il eut, de ses mains tremblantes porté le bol à ses lÚvres et bu une gorgée, il soupira " Ah ! je suis éreinté, aujourd'hui ! - Pourquoi ne vous reposez-vous pas ? " demanda Saccard. Gundermann tourna vers lui des yeux stupéfaits ; et, naïvement " Mais je ne peux pas ! " En effet, on ne le laissait pas mÃÂȘme boire son lait tranquille, car la réception des remisiers avait repris, le galop maintenant traversait la salle à manger, tandis que les personnes de la famille, les hommes, les femmes, habitués à cette bousculade, riaient, mangeaient fortement des viandes froides et des pùtisseries, et que les enfants excités par deux doigts de vin pur, menaient un vacarme assourdissant. Et Saccard, qui le regardait toujours, s'émerveillait de le voir avaler son lait à lentes gorgées, d'un tel effort, qu'il semblait ne devoir jamais atteindre le fond du bol. On l'avait mis au régime du lait, il ne pouvait mÃÂȘme plus toucher à une viande, ni à un gùteau. Alors, à quoi bon un milliard ? Jamais non plus les femmes ne l'avaient tenté durant quarante ans, il était resté d'une fidélité stricte à la sienne, et, aujourd'hui, sa sagesse était forcée, irrévocablement définitive. Pourquoi donc se lever dÚs cinq heures, faire ce métier abominable, s'écraser de cette fatigue immense, mener une vie de galérien que pas un loqueteux n'aurait acceptée, la mémoire bourrée de chiffres, le crùne éclatant de tout un monde de préoccupations ? Pourquoi cet or inutile ajouté à tant d'or, lorsqu'on ne peut acheter et manger dans la rue une livre de cerises, emmener à une guinguette au bord de l'eau la fille qui passe, jouir de tout ce qui se vend, de la paresse et de la liberté ? Et Saccard, qui, dans ses terribles appétits, faisait cependant la part de l'amour désintéressé de l'argent, pour la puissance qu'il donne, se sentait pris d'une sorte de terreur sacrée, à voir se dresser cette figure, non plus de l'avarice classique qui thésaurise, mais de l'ouvrier impeccable, sans besoin de chair, devenu comme abstrait dans sa vieillesse souffreteuse, qui continuait à édifier obstinément sa tour de millions, avec l'unique rÃÂȘve de la léguer aux siens pour qu'ils la grandissent encore, jusqu'à ce qu'elle dominùt la terre. Enfin, Gundermann se pencha, se fit expliquer à demi-voix la création projetée de la Banque universelle. D'ailleurs, Saccard fut sobre de détails, ne fit qu'une allusion aux projets du portefeuille d'Hamelin, ayant senti, dÚs les premiers mots, que le banquier cherchait à le confesser, résolu d'avance à l'éconduire ensuite. " Encore une banque, mon bon ami, encore une banque ! répéta-t-il de son air narquois. Mais une affaire oÃÂč je mettrais plutÎt de l'argent, ce serait dans une machine, oui, une guillotine à couper le cou à toutes ces banques qui se fondent... Hein ? un rùteau à nettoyer la Bourse. Votre ingénieur n'a pas ça, dans ses papiers ? " Puis, affectant de se faire paternel, avec une cruauté tranquille " Voyons, soyez raisonnable, vous savez ce que je vous ai dit... Vous avez tort de rentrer dans les affaires, c'est un vrai service que je vous rends, en refusant de lancer votre syndicat... Infailliblement, vous ferez la culbute, c'est mathématique, ça ; car vous ÃÂȘtes beaucoup trop passionné, vous avez trop d'imagination ; puis, ça finit toujours mal, quand on trafique avec l'argent des autres... Pourquoi votre frÚre ne vous trouve-t-il pas une bonne place, hein ? une préfecture, ou bien une recette ; non, pas une recette, c'est trop dangereux... Méfiez-vous, méfiez-vous, mon bon ami. " Saccard s'était levé, frémissant. " C'est bien décidé, vous ne prendrez pas d'actions, vous ne voulez pas ÃÂȘtre avec nous ? - Avec vous, jamais de la vie !... Vous serez mangé avant trois ans. " Il y eut un silence, gros de batailles, un échange aigu de regards qui se défiaient. " Alors, bonsoir... Je n'ai pas encore déjeuné et j'ai trÚs faim. Faudra voir qui est-ce qui sera mangé. " Et il le laissa, au milieu de sa tribu qui finissait de se bourrer bruyamment de pùtisseries, recevant les derniers courtiers attardés, fermant par instants les yeux de lassitude, pendant qu'il achevait son bol à petits coups, les lÚvres toutes blanches de lait. Saccard se jeta dans son fiacre, en donnant l'adresse de la rue Saint-Lazare. Une heure sonnait, c'était une journée perdue, il rentrait déjeuner, hors de lui. Ah ! le sale juif ! en voilà un, décidément, qu'il aurait eu du plaisir à casser d'un coup de dents, comme un chien casse un os ! Certes, le manger, c'était un morceau terrible et trop gros. Mais est-ce qu'on savait ? les plus grands empires s'étaient bien écroulés, il y a toujours une heure oÃÂč les puissants succombent. Non, pas le manger, l'entamer d'abord, lui arracher des lambeaux de son milliard ; ensuite, le manger, oui ! pourquoi pas ? les détruire, dans leur roi incontesté, ces juifs qui se croyaient les maÃtres du festin ! Et ces réflexions, cette colÚre qu'il emportait de chez Gundermann, soulevaient Saccard d'un furieux zÚle, d'un besoin de négoce, de succÚs immédiat il aurait voulu bùtir d'un geste sa maison de banque, la faire fonctionner, triompher, écraser les maisons rivales. Brusquement, le souvenir de Daigremont lui revint ; et, sans discuter, d'un mouvement irrésistible, il se pencha, il cria au cocher de monter la rue La Rochefoucauld. S'il voulait voir Daigremont, il devait se hùter, quitte à déjeuner plus tard, car il savait que celui-ci sortait vers une heure. Sans doute, ce chrétien-là valait deux juifs, et il passait pour un ogre dévorateur des jeunes affaires qu'on mettait en garde chez lui. Mais, à cette minute, Saccard aurait traité avec Cartouche, pour la conquÃÂȘte, mÃÂȘme à la condition de partager. Plus tard, on verrait bien, il serait le plus fort. Cependant, le fiacre, qui montait avec peine la rude cÎte de la rue, s'arrÃÂȘta devant la haute porte monumentale d'un des derniers grands hÎtels de ce quartier, qui en a compté de fort beaux. Le corps de bùtiments, au fond d'une vaste cour pavée, avait un air de royale grandeur ; et le jardin qui le suivait, planté encore d'arbres centenaires, restait un véritable parc, isolé des rues populeuses. Tout Paris connaissait cet hÎtel pour ses fÃÂȘtes splendides, surtout pour l'admirable collection de tableaux, que pas un grand-duc en voyage ne manquait de visiter. Marié à une femme célÚbre par sa beauté, comme ses tableaux, et qui remportait dans le monde de vifs succÚs de cantatrice, le maÃtre du logis menait un train princier, était aussi glorieux de son écurie de course que de sa galerie, appartenait à un des grands clubs, affichait les femmes les plus coûteuses, avait loge à l'Opéra, chaise à l'hÎtel Drouot et petit banc dans les lieux louches à la mode. Et toute cette large vie, ce luxe flambant dans une apothéose de caprice et d'art, était uniquement payé par la spéculation, une fortune sans cesse mouvante, qui semblait infinie comme la mer, mais qui en avait le flux et le reflux, des différences de deux et trois cent mille francs, à chaque liquidation de quinzaine. Lorsque Saccard eut gravi le majestueux perron, un valet l'annonça, lui fit traverser trois salons encombrés de merveilles, jusqu'à un petit fumoir, oÃÂč Daigremont achevait un cigare, avant de sortir. Agé déjà de quarante-cinq ans, celui-ci luttait contre l'embonpoint, de haute taille, trÚs élégant avec sa coiffure soignée, ne portant que les moustaches et la barbiche, en fanatique des Tuileries. Il affectait une grande amabilité, d'une confiance absolue en soi, certain de vaincre. Tout de suite, il se précipita. " Ah ! mon cher ami, que devenez-vous ? Je pensais encore à vous, l'autre jour... Mais n'ÃÂȘtes-vous pas mon voisin " Pourtant, il se calma, renonça à cette effusion qu'il gardait pour le troupeau, lorsque Saccard, jugeant les finesses de transition inutiles, aborda immédiatement le but de sa visite. Il dit sa grande affaire, expliqua qu'avant de créer la Banque universelle, au capital de vingt- cinq millions, il cherchait à former un syndicat d'amis, de banquiers, d'industriels, qui assurerait à l'avance le succÚs de l'émission, en s'engageant à prendre les quatre cinquiÚmes de cette émission, soit quarante mille actions au moins. Daigremont était devenu trÚs sérieux, l'écoutait, le regardait, comme s'il l'eût fouillé jusqu'au fond de la cervelle, pour voir quel effort, quel travail utile à lui-mÃÂȘme, il pourrait encore tirer de cet homme, qu'il avait connu si actif, si plein de merveilleuses qualités, dans sa fiÚvre brouillonne. D'abord, il hésita. " Non, non, je suis accablé, je ne veux rien entreprendre de nouveau. " Puis, tenté pourtant, il posa des questions, voulut connaÃtre les projets que patronnerait la nouvelle maison de crédit, projets dont son interlocuteur avait la prudence de ne parler qu'avec la plus extrÃÂȘme réserve. Et, lorsqu'il connut la premiÚre affaire qu'on lancerait, cette idée de syndiquer toutes les compagnies de transports de la Méditerranée, sous la raison sociale de Compagnie générale des Paquebots réunis, il parut trÚs frappé, il céda tout d'un coup. - Eh bien, je consens à en ÃÂȘtre. Seulement, c'est à une condition... Comment ÃÂȘtes-vous avec votre frÚre le ministre ? " Saccard, surpris, eut la franchise de montrer son amertume. " Avec mon frÚre... Oh ! il fait ses affaires, et je fais les miennes. Il n'a pas la corde trÚs fraternelle, mon frÚre. " - Alors, tant pis ! déclara nettement Daigremont. Je ne veux ÃÂȘtre avec vous que si votre frÚre y est aussi... Vous entendez bien, je ne veux pas que vous soyez fùchés. " D'un geste colÚre d'impatience, Saccard protesta. Est-ce qu'on avait besoin de Rougon ? est-ce que ce n'était pas aller chercher des chaÃnes, pour se lier pieds et mains ? Mais, en mÃÂȘme temps, une voix de sagesse, plus forte que son irritation, lui disait qu'il fallait au moins s'assurer de la neutralité du grand homme. Cependant, il refusait brutalement. " Non, non, il a toujours été trop cochon avec moi. Jamais je ne ferai le premier pas. - Ecoutez, reprit Daigremont j'attends Huret à cinq heures, pour une commission dont il s'est chargé... Vous allez courir au Corps législatif, vous prendrez Huret dans un coin, vous lui conterez votre affaire, il en parlera tout de suite à Rougon, il saura ce que ce dernier en pense, et nous aurons la réponse ici, à cinq heures... Hein ! rendez-vous à cinq heures ? " La tÃÂȘte basse, Saccard réfléchissait. " Mon Dieu ! si vous y tenez ! - Oh ! absolument ! sans Rougon, rien ; avec Rougon, tout ce que vous voudrez. - C'est bon, j'y vais. " Il partait, aprÚs une vigoureuse poignée de main, lorsque que l'autre le rappela. " Ah ! dites donc, si vous sentez que les choses s'emmanchent, passez donc, en revenant, chez le marquis de Bohain et chez Sédille, faites- leur savoir que j'en suis et demandez-leur d'en ÃÂȘtre... Je veux qu'ils en soient ! " A la porte, Saccard retrouva son fiacre, qu'il avait gardé, bien qu'il n'eût qu'à descendre le bout de la rue, pour ÃÂȘtre chez lui. Il le renvoya, comptant qu'il pourrait faire atteler, l'aprÚs-midi ; et il rentra vivement déjeuner. On ne l'attendait plus, ce fut la cuisiniÚre qui lui servit elle-mÃÂȘme un morceau de viande froide, qu'il dévora, tout en se querellant avec le cocher ; car, celui-ci, qu'il avait fait monter, lui ayant rendu compte de la visite du vétérinaire, il en résultait qu'il fallait laisser le cheval se reposer trois ou quatre jours. Et, la bouche pleine, il accusait le cocher de mauvais soins, il le menaçait de Mme Caroline, qui mettrait ordre à tout ça. Enfin, il lui cria d'aller au moins chercher un fiacre. De nouveau, une ondée diluvienne balayait la rue, il dut attendre plus d'un quart d'heure la voiture, dans laquelle il monta, sous des torrents d'eau, en jetant l'adresse " Au Corps législatif ! " Son plan était d'arriver avant la séance, de façon à prendre Huret au passage et à l'entretenir tranquillement. Par malheur, on redoutait ce jour-là un débat passionné, car un membre de la gauche devait soulever l'éternelle question du Mexique ; et Rougon, sans doute, serait forcé de répondre. Comme Saccard entrait dans la salle des Pas-Perdus, il eut la chance de tomber sur le député. Il l'entraÃna au fond d'un des petits salons voisins, ils s'y trouvÚrent seuls, grùce à la grosse émotion qui régnait dans les couloirs. L'opposition devenait de plus en plus redoutable, le vent de catastrophe commençait à souffler, qui devait grandir et tout abattre. Aussi, Huret, préoccupé, ne comprit-il pas d'abord, et se fit- il expliquer à deux reprises la mission dont on le chargeait. Son effarement s'en augmenta. " Oh ! mon cher ami, y pensez-vous ! parler à Rougon en ce moment ! il m'enverra coucher, c'est sûr. " Puis, l'inquiétude de son intérÃÂȘt personnel se fit jour. Il n'existait, lui, que par le grand homme, à qui il devait sa candidature officielle, son élection, sa situation de domestique bon à tout faire, vivant des miettes de la faveur du maÃtre. A ce métier, depuis deux ans, grùce aux pots-de-vin, aux gains prudents ramassés sous la table, il arrondissait ses vastes terres du Calvados, avec la pensée de s'y retirer et d'y trÎner aprÚs la débùcle. Sa grosse face de paysan malin s'était assombrie, exprimait l'embarras oÃÂč le jetait cette demande d'intervention, sans qu'on lui donnùt le temps de se rendre compte s'il y aurait là , pour lui, bénéfice ou dommage. " Non, non ! je ne peux pas... Je vous ai transmis la volonté de votre frÚre, je ne peux pas aller le relancer encore. Que diable ! songez un peu à moi. Il n'est guÚre tendre, quand on l'embÃÂȘte ; et, dame ! je n'ai pas envie de payer pour vous, en y laissant mon crédit. " Alors, Saccard, comprenant, ne s'attacha plus qu'à le convaincre des millions qu'il y aurait à gagner, dans le lancement de la Banque universelle. A larges traits, avec sa parole ardente qui transformait une affaire d'argent en un conte de poÚte, il expliqua les entreprises superbes, le succÚs certain et colossal. Daigremont, enthousiasmé, se mettait à la tÃÂȘte du syndicat. Bohain et Sédille avaient déjà demandé d'en ÃÂȘtre. Il était impossible que lui, Huret, n'en fût pas ces messieurs le voulaient absolument avec eux, à cause de sa haute situation politique. MÃÂȘme on espérait bien qu'il consentirait à faire partie du conseil d'administration, parce que son nom signifiait ordre et probité. A cette promesse d'ÃÂȘtre nommé membre du conseil, le député le regarda bien en face. " Enfin, qu'est-ce que vous désirez de moi, quelle réponse voulez- vous que je tire de Rougon ? - Mon Dieu ! reprit Saccard, moi, je me serais passé volontiers de mon frÚre. Mais c'est Daigremont qui exige que je me réconcilie. Peut- ÃÂȘtre a-t-il raison... Alors, je crois que vous devez simplement parler de notre affaire au terrible homme, et obtenir, sinon qu'il nous aide, du moins qu'il ne soit pas contre nous. " Huret, les yeux à demi fermés, ne se décidait toujours pas. " Voilà ! si vous apportez un mot gentil, rien qu'un mot gentil, entendez-vous ! Daigremont s'en contentera, et nous bùclons ce soir la chose à nous trois. - Eh bien, je vais essayer, déclara brusquement le député, en affectant une rondeur paysanne ; mais il faut que ce soit pour vous, car il n'est pas commode, oh ! non, surtout quand la gauche le taquine... A cinq heures. - A cinq heures ! " Saccard resta prÚs d'une heure encore, trÚs inquiet des bruits de lutte qui couraient. Il entendit un des grands orateurs de l'opposition annoncer qu'il prendrait la parole. A cette nouvelle, il eut un instant l'envie de retrouver Huret, pour lui demander s'il ne serait pas sage de remettre au lendemain l'entretien avec Rougon. Puis, fataliste, croyant à la chance, il trembla de tout compromettre, s'il changeait ce qui était arrÃÂȘté. Peut-ÃÂȘtre, dans la bousculade, son frÚre lùcherait-il plus facilement le mot attendu. Et, pour laisser aller les choses, il partit, il remonta dans son fiacre, qui reprenait déjà le pont de la Concorde, lorsqu'il se souvint du désir exprimé par Daigremont. " Cocher, rue de Babylone. " C'était rue de Babylone que demeurait le marquis de Bohain. Il occupait les anciennes dépendances d'un grand hÎtel, un pavillon qui avait abrité le personnel des écuries, et dont on avait fait une trÚs confortable maison moderne. L'installation était luxueuse, avec un bel air d'aristocratie coquette. On ne voyait, du reste, jamais sa femme, souffrante, disait-il, retenue dans son appartement par des infirmités. Cependant, la maison, les meubles étaient à elle, il logeait en garni chez elle, n'ayant à lui que ses effets, une malle qu'il aurait pu emporter sur un fiacre, séparé de biens depuis qu'il vivait du jeu. Dans deux catastrophes déjà , il avait refusé nettement de payer ses différences, et le syndic, aprÚs s'ÃÂȘtre rendu compte de la situation, ne s'était pas mÃÂȘme donné la peine de lui envoyer du papier timbré. On passait l'éponge, simplement. Il empochait, tant qu'il gagnait. Puis, dÚs qu'il perdait, il ne payait pas on le savait et on s'y résignait. Il avait un nom illustre, il était extrÃÂȘmement décoratif dans les conseils d'administration ; aussi les jeunes compagnies, en quÃÂȘte d'enseignes dorées, se le disputaient-elles jamais il ne chÎmait. A la Bourse, il avait sa chaise, du cÎté de la rue Notre-Dame-des-Victoires, le cÎté de la spéculation riche, qui affectait de se désintéresser des petits bruits du jour. On le respectait, on le consultait beaucoup. Souvent il avait influencé le marché. Enfin, tout un personnage. Saccard, qui le connaissait bien, fut quand mÃÂȘme impressionné par la réception hautement polie de ce beau vieillard de soixante ans, à la tÃÂȘte trÚs petite posée sur un corps de colosse, la face blÃÂȘme, encadrée d'une perruque brune, du plus grand air. " Monsieur le marquis, je viens en véritable solliciteur... " Il dit le motif de la visite, sans entrer d'abord dans les détails. D'ailleurs, dÚs les premiers mots, le marquis l'arrÃÂȘta. " Non, non, tout mon temps est pris, j'ai en ce moment dix propositions que je dois refuser. " Puis, comme Saccard, souriant, ajoutait " C'est Daigremont qui m'envoie, il a songé à vous. " Il s'écria aussitÎt " Ah ! vous avez Daigremont là -dedans... Bon ! bon ! si Daigremont en est, j'en suis. Comptez sur moi. " Et le visiteur ayant alors voulu lui fournir au moins quelques renseignements, pour lui apprendre dans quelle sorte d'affaire il allait entrer, il lui ferma la bouche, avec la désinvolture aimable d'un grand seigneur qui ne descend pas à ces détails et qui a une confiance naturelle dans la probité des gens. " Je vous en prie, n'ajoutez pas un mot... Je ne veux pas savoir. Vous avez besoin de mon nom, je vous le prÃÂȘte, et j'en suis trÚs heureux, voilà tout... Dites seulement à Daigremont qu'il arrange ça comme il lui plaira. " En remontant dans son fiacre, Saccard, égayé, riait d'un rire intérieur. " Il nous coûtera cher, pensait-il, mais il est vraiment trÚs bien. " Puis, à voix haute " Cocher, rue des Jeûneurs. " La maison Sédille avait là ses magasins et ses bureaux, tenant, au fond d'une cour, tout un vaste rez-de-chaussée. AprÚs trente ans de travail, Sédille, qui était de Lyon et qui avait gardé là -bas des ateliers, venait enfin de faire de son commerce de soie un des mieux connus et des plus solides de Paris, lorsque la passion du jeu, à la suite d'un incident de hasard, s'était déclarée et propagée en lui avec la violence destructive d'un incendie. Deux gains considérables, coup sur coup, l'avaient affolé. A quoi bon donner trente ans de sa vie, pour gagner un pauvre million, lorsque, en une heure, par une simple opération de Bourse, on peut le mettre dans sa poche ? DÚs lors, il s'était désintéressé peu à peu de sa maison qui marchait par la force acquise ; il ne vivait plus que dans l'espoir d'un coup d'agio triomphant ; et, comme la déveine était venue, persistante, il engloutissait là tous les bénéfices de son commerce. A cette fiÚvre, le pis est qu'on se dégoûte du gain légitime, qu'on finit mÃÂȘme par perdre la notion exacte de l'argent. Et la ruine était fatalement au bout, si les ateliers de Lyon rapportaient deux cent mille francs, lorsque le jeu en emportait trois cent mille. Saccard trouva Sédille agité, inquiet, car celui-ci était un joueur sans flegme, sans philosophie. Il vivait dans le remords, toujours espérant, toujours abattu, malade d'incertitude, et cela parce qu'il restait honnÃÂȘte au fond. La liquidation de la fin d'avril venait de lui ÃÂȘtre désastreuse. Pourtant, sa face grasse, aux gros favoris blonds, se colora, dÚs les premiÚres paroles. " Ah ! mon cher, si c'est la chance que vous m'apportez, soyez le bienvenu ! " Ensuite, il fut pris d'une terreur. " Non, non ! ne me tentez pas. Je ferais mieux de m'enfermer avec mes piÚces de soie et de ne plus bouger de mon comptoir. " Voulant le laisser se calmer, Saccard lui parla de son fils Gustave, qu'il dit avoir vu le matin, chez Mazaud. Mais c'était, pour le négociant, un autre sujet de chagrin, car il avait rÃÂȘvé de se décharger de sa maison sur ce fils, et celui-ci méprisait le commerce, ùme de joie et de fÃÂȘte, apportant les dents blanches des fils de parvenu, bonnes seulement à croquer les fortunes faites. Son pÚre l'avait mis chez Mazaud pour voir s'il mordrait aux questions de finance. " Depuis la mort de sa pauvre mÚre, murmura-t-il, il m'a donné bien peu de satisfaction. Enfin, peut-ÃÂȘtre apprendra-t-il là -bas, à la charge, des choses qui me seront utiles. - Eh bien, reprit brusquement Saccard, ÃÂȘtes-vous avec nous ? Daigremont m'a dit de venir vous dire qu'il en était. " Sédille leva au ciel des bras tremblants. Et, la voix altérée de désir et de crainte " Mais oui ! j'en suis ! vous savez bien que je ne peux pas faire autrement que d'en ÃÂȘtre ! si je refusais et que votre affaire marchùt, j'en serais malade de regret... Dites à Daigremont que j'en suis. " Lorsque Saccard se retrouva dans la rue, il tira sa montre et vit qu'il était à peine quatre heures. Le temps qu'il avait devant lui, l'envie qu'il éprouvait de marcher un peu, lui firent lùcher son fiacre. Il s'en repentit presque tout de suite, car il n'était pas au boulevard, qu'une nouvelle averse, un déluge mÃÂȘlé de grÃÂȘle, le força de nouveau à se réfugier sous une porte. Quel chien de temps, lorsqu'on avait Paris à battre ! AprÚs avoir regardé l'eau tomber pendant un quart d'heure, l'impatience le prit, il héla une voiture vide qui passait. C'était une victoria, il eut beau ramener sur ses jambes le tablier de cuir, il arriva trempé rue La Rochefoucauld, et en avance d'une grande demi- heure. Dans le fumoir oÃÂč le valet le laissa, en disant que monsieur n'était pas rentré encore, Saccard marcha à petits pas, regardant les tableaux. Mais une voix de femme superbe, un contralto d'une puissance mélancolique et profonde, s'étant élevée dans le silence de l'hÎtel, il s'approcha de la fenÃÂȘtre restée ouverte, pour écouter c'était madame qui répétait, au piano, un morceau qu'elle devait sans doute chanter le soir, dans quelque salon. Puis, bercé par cette musique, il en vint à songer aux histoires extraordinaires que l'on contait de Daigremont l'histoire de l'Hadamantine surtout, cet emprunt de cinquante millions dont il avait gardé en main le stock entier, le faisant vendre et revendre cinq fois par des courtiers à lui, jusqu'à ce qu'il eût créé un marché, établi un prix ; puis, la vente sérieuse, la dégringolade fatale de trois cents francs à quinze francs, les bénéfices énormes sur tout un petit monde de naïfs, ruinés du coup. Ah ! il était fort, un terrible monsieur ! La voix de dame continuait, exhalant une plainte de tendresse, éperdue, d'une ampleur tragique ; tandis que Saccard, revenu au milieu de la piÚce, s'était arrÃÂȘté devant un Meissonier, qu'il estimait cent mille francs. Mais quelqu'un entra, et il fut surpris de reconnaÃtre Huret. " Comment, c'est déjà vous ? il n'est pas cinq heures... La séance est donc finie ? - Ah ! oui, finie... Ils se chamaillent. " Et il expliqua que, le député de l'opposition parlant toujours, Rougon, certainement, ne pourrait répondre que le lendemain. Alors, quand il avait vu ça, il s'était risqué à relancer le ministre, pendant une courte suspension de séance, entre deux portes. " Eh bien, demanda Saccard, nerveusement, qu'a-t-il dit, mon illustre frÚre ? " Huret ne répondit pas tout de suite. " Oh ! il était d'une humeur de dogue... Je vous avoue que je comptais sur l'exaspération oÃÂč je le voyais, espérant bien qu'il allait simplement m'envoyer promener... Donc, je lui ai lùché votre affaire, je lui ai dit que vous ne vouliez rien entreprendre sans son approbation. - Et alors ? - Alors, il m'a saisi par les deux bras, il m'a secoué, en me criant dans la figure " Qu'il aille se faire pendre ! " Et il m'a planté là . " Saccard, devenu blÃÂȘme, eut un rire forcé. " C'est gentil. - Dame ! oui, c'est gentil, reprit le député, d'un ton convaincu. Je n'en demandais pas tant... Avec ça, nous pouvons marcher. " Et, comme il entendit, dans le salon voisin, le pas de Daigremont qui rentrait, il ajouta tout bas " Laissez-moi faire. " Evidemment, Huret avait la plus grande envie de voir se fonder la Banque universelle, et d'en ÃÂȘtre. Sans doute, il s'était déjà rendu compte du rÎle qu'il y pourrait jouer. Aussi, dÚs qu'il eut serré la main de Daigremont, prit-il un visage rayonnant, en agitant un bras en l'air. " Victoire ! cria-t-il, victoire ! - Ah ! vraiment. Contez-moi donc ça. - Mon Dieu ! le grand homme a été ce qu'il devait ÃÂȘtre. Il m'a répondu " Que mon frÚre réussisse ! " Du coup. Daigremont se pùma, trouva le mot charmant. " Qu'il réussisse ! " ça contenait tout qu'il ne fasse pas la bÃÂȘtise de ne pas réussir, ou je le lùche ; mais qu'il réussisse, je l'aiderai. Exquis, en vérité ! " Et, mon cher Saccard, nous réussirons, soyez tranquille... Nous allons faire tout ce qu'il faudra pour ça " Puis, comme les trois hommes s'étaient assis, afin d'arrÃÂȘter les points principaux, Daigremont se releva et alla fermer la fenÃÂȘtre ; car la voix de madame, peu à peu enflée, jetait un sanglot d'une désespérance infinie, qui les empÃÂȘchait de s'entendre. Et, mÃÂȘme la fenÃÂȘtre close, cette lamentation étouffée les accompagna, pendant qu'ils décidaient la création d'une maison de crédit, la Banque universelle, au capital de vingt-cinq millions, divisé en cinquante mille actions de cinq cents francs. Il était en outre entendu que Daigremont, Huret, Sédille, le marquis de Bohain et quelques-uns de leurs amis, formaient un syndicat, qui, d'avance, prenait et se partageait les quatre cinquiÚmes des actions, soit quarante mille ; de sorte que le succÚs de l'émission était assuré, et que, plus tard, détenant les titres, les rendant rares sur le marché, ils pourraient les faire monter à leur gré. Seulement, tout faillit ÃÂȘtre rompu, lorsque Daigremont exigea une prime de quatre cent mille francs, à répartir sur les quarante mille actions, soit dix francs par action. Saccard se récria, déclara qu'il n'était pas raisonnable de faire crier la vache avant mÃÂȘme que de la traire. Les commencements seraient difficiles, pourquoi embarrasser la situation davantage ? Pourtant, il dut céder, devant l'attitude d'Huret qui, tranquillement, trouvait la chose toute naturelle, disant que ça se faisait toujours. Ils se séparaient, en prenant un rendez-vous pour le lendemain, rendez-vous auquel l'ingénieur Hamelin devait assister, lorsque Daigremont se frappa brusquement le front, d'un air de désespoir. " Et Kolb que j'oubliais ! Oh ! il ne me le pardonnerait pas il faut qu'il en soit... Mon petit Saccard, si vous étiez gentil, vous iriez chez lui tout de suite. Il n'est pas six heures, vous le trouveriez encore... Oui, vous-mÃÂȘme, et pas demain, ce soir, parce que ça le touchera et qu'il peut nous ÃÂȘtre utile. " Docilement, Saccard se remit en marche, sachant que les journées de chance ne se recommencent pas. Mais il avait de nouveau renvoyé son fiacre, espérant rentrer chez lui, à deux pas ; et, la pluie ayant l'air enfin de cesser, il descendit à pied, heureux de sentir sous ses talons ce pavé de Paris, qu'il reconquérait. Rue Montmartre, quelques gouttes d'eau lui firent prendre par les passages. Il enfila le passage Verdeau, le passage Jouffroy ; puis, dans le passage des Panoramas, comme il suivait une galerie latérale pour raccourcir et tomber rue Vivienne, il fut surpris de voir sortir d'une allée obscure Gustave Sédille, qui disparut, sans s'ÃÂȘtre retourné. Lui, s'était arrÃÂȘté, regardant la maison, un discret hÎtel meublé, lorsque, dans une petite femme blonde, voilée, qui sortait à son tour, il reconnut positivement Mme Conin, la jolie papetiÚre. C'était donc là , quand elle avait un coup de tendresse, qu'elle amenait ses amants d'un jour, tandis que son bon gros garçon de mari la croyait en course pour des factures ! Ce coin de mystÚre, au beau milieu du quartier, était fort gentiment choisi, et un hasard seul venait de livrer le secret. Saccard souriait, trÚs égayé, enviant Gustave Germaine Coeur le matin, Mme Conin l'aprÚs-midi, il mettait les morceaux doubles, le jeune homme ! Et, à deux reprises, il regarda encore la porte, afin de la bien reconnaÃtre, tenté d'en ÃÂȘtre, lui aussi. Rue Vivienne, au moment oÃÂč il entrait chez Kolb, Saccard tressaillit et s'arrÃÂȘta de nouveau. Une musique légÚre, cristalline, qui sortait du sol, pareille à la voix des fées légendaires, l'enveloppait ; et il reconnut la musique de l'or, la continuelle sonnerie de ce quartier du négoce et de la spéculation, entendue déjà le matin. La fin de la journée en rejoignait le commencement. Il s'épanouit, à la caresse de cette voix, comme si elle lui confirmait le bon présage. Justement, Kolb se trouvait en bas, à l'atelier de fonte ; et, en ami de la maison, Saccard descendit l'y rejoindre. Dans le sous-sol nu, que de larges flammes de gaz éclairaient éternellement, les deux fondeurs vidaient à la pelle les caisses doublées de zinc, pleines, ce jour-là , de piÚces espagnoles, qu'ils jetaient au creuset, sur le grand fourneau carré. La chaleur était forte, il fallait parler haut pour s'entendre, au milieu de cette sonnerie d'harmonica, vibrante sous la voûte basse. Des lingots fondus, des pavés d'or, d'un éclat vif de métal neuf, s'alignaient le long de la table du chimiste-essayeur, qui en arrÃÂȘtait les titres. Et, depuis le matin, plus de six millions avaient passé là , assurant au banquier un bénéfice de trois ou quatre cents francs à peine ; car l'arbitrage sur l'or, cette différence réalisée entre deux cours, étant des plus minimes, s'appréciant par milliÚmes, ne peut donner un gain que sur des quantités considérables de métal fondu. De là , ce tintement d'or, ce ruissellement d'or, du matin au soir, d'un bout de l'année à l'autre, au fond de cette cave, oÃÂč l'or venait en piÚces monnayées, d'oÃÂč il partait en lingots, pour revenir en piÚces et repartir en lingots, indéfiniment, dans l'unique but de laisser aux mains du trafiquant quelques parcelles d'or. DÚs que Kolb, un homme petit, trÚs brun, dont le nez en bec d'aigle, sortant d'une grande barbe, décelait l'origine juive, eut compris l'offre de Saccard, que l'or courrait d'un bruit de grÃÂȘle, il accepta. " Parfait ! cria-t-il. TrÚs heureux d'en ÃÂȘtre, si Daigremont en est ! Et merci de ce que vous vous ÃÂȘtes dérangé ! " Mais ils s'entendaient à peine, ils se turent, restÚrent là un instant encore, étourdis, béats dans cette sonnerie si claire et exaspérée, dont leur chair frémissait toute, comme d'une note trop haute tenue sans fin sur les violons, jusqu'au spasme. Dehors, malgré le beau temps revenu, une limpide soirée de mai, Saccard, brisé de fatigue, reprit un fiacre pour rentrer. Une rude journée, mais bien remplie ! IV - Des difficultés surgirent, l'affaire traÃna, cinq mois s'écoulÚrent sans que rien pût se conclure. On était déjà aux derniers jours de septembre, et Saccard enrageait de voir que, malgré son zÚle, de continuels obstacles renaissaient, toute une série de questions secondaires, qu'il fallait résoudre d'abord, si l'on voulait fonder quelque chose de sérieux et de solide. Son impatience devint telle, qu'il fut un moment sur le point d'envoyer promener le syndicat, hanté et séduit par la brusque idée de faire l'affaire avec la princesse d'Orviedo, toute seule. Elle avait les millions nécessaires au premier lancement, pourquoi ne les mettrait-elle pas dans cette opération superbe, quitte à laisser venir la petite clientÚle, lors des futures augmentations du capital, qu'il projetait déjà ? Il était d'une bonne foi absolue, il avait la conviction de lui apporter un placement oÃÂč elle décuplerait sa fortune, cette fortune des pauvres, qu'elle répandrait en aumÎnes plus larges encore. Donc, un matin, Saccard monta chez la princesse, et, en ami doublé d'un homme d'affaires, il lui expliqua la raison d'ÃÂȘtre et le mécanisme de la banque qu'il rÃÂȘvait. Il dit tout, étala le portefeuille d'Hamelin, n'omit pas une des entreprises d'Orient. MÃÂȘme, cédant à cette faculté qu'il avait de se griser de son propre enthousiasme, d'arriver à la foi par son désir brûlant de réussir, il lùcha le rÃÂȘve fou de la papauté à Jérusalem, il parla du triomphe définitif du catholicisme, le pape trÎnant aux lieux saints, dominant le monde, assuré d'un budget royal, grùce à la création du Trésor du Saint-Sépulcre. La princesse, d'une ardente dévotion, ne fut guÚre frappée que de ce projet suprÃÂȘme, ce couronnement de l'édifice, dont la grandeur chimérique flattait en elle l'imagination déréglée qui lui faisait jeter ses millions en bonnes oeuvres d'un luxe colossal et inutile. Justement, les catholiques de France venaient d'ÃÂȘtre atterrés et irrités de la convention que l'empereur avait conclu avec le roi d'Italie, par laquelle il s'engageait, sous de certaines conditions de garantie, à retirer le corps de troupes français occupant Rome ; il était bien certain que c'était Rome livrée à l'Italie, on voyait déjà le pape chassé, réduit à l'aumÎne, errant par les villes avec le bùton des mendiants ; et quel dénouement prodigieux, le pape se retrouvant pontife et roi à Jérusalem, installé là et soutenu par une banque dont les chrétiens du monde entier tiendraient à honneur d'ÃÂȘtre les actionnaires ! C'était si beau, que la princesse déclara l'idée la plus grande du siÚcle, digne de passionner toute personne bien née ayant de la religion. Le succÚs lui semblait assuré, foudroyant. Son estime s'en accrut pour l'ingénieur Hamelin, qu'elle traitait avec considération, ayant su qu'il pratiquait. Mais elle refusa nettement d'ÃÂȘtre de l'affaire, elle entendait rester fidÚle au serment qu'elle avait fait de rendre ses millions aux pauvres, sans jamais plus tirer d'eux un centime d'intérÃÂȘt, voulant que cet argent du jeu se perdÃt fût bu par la misÚre, comme une eau empoisonnée qui devait disparaÃtre. L'argument que les pauvres profiteraient de la spéculation ne la touchait pas, l'irritait mÃÂȘme. Non, non ! la source maudite serait tarie, elle ne s'était pas donné d'autre mission. Saccard, déconcerté, ne put qu'utiliser sa sympathie pour obtenir d'elle une autorisation, vainement sollicitée jusque-là . Il avait eu la pensée, dÚs que la Banque universelle serait fondée, de l'installer dans l'hÎtel mÃÂȘme ; ou du moins c'était Mme Caroline qui lui avait soufflé cette idée, car, lui, voyait plus grand, aurait voulu tout de suite un palais. On se contenterait de vitrer la cour, pour servir de hall central ; on aménagerait en bureaux tout le rez-de-chaussée, les écuries, les remises ; au premier étage, il donnerait son salon qui deviendrait la salle du conseil, sa salle à manger et six autres piÚces dont on ferait des bureaux encore, ne garderait qu'une chambre à coucher et un cabinet de toilette, quitte à vivre en haut avec les Hamelin, mangeant, passant les soirées chez eux ; de sorte qu'à peu de frais on installerait la banque d'une façon un peu étroite mais fort sérieuse. La princesse, comme propriétaire, avait d'abord refusé, dans sa haine de tout trafic d'argent jamais son toit n'abriterait cette abomination. Puis, ce jour-là , mettant la religion dans l'affaire, émue de la grandeur du but, elle consentit. C'était une concession extrÃÂȘme, elle se sentait prise d'un petit frisson, lorsqu'elle songeait à cette machine infernale d'une maison de crédit, d'une maison de Bourse et d'agio, dont elle laissait ainsi établir sous elle les rouages de ruine et de mort. Enfin, une semaine aprÚs cette tentative avortée, Saccard eut la joie de voir l'affaire, si empÃÂȘtrée d'obstacles, se bùcler brusquement, en quelques jours. Daigremont vint un matin lui dire qu'il avait toutes les adhésions, qu'on pouvait marcher. DÚs lors, on étudia une derniÚre fois le projet des statuts, on rédigea l'acte de société. Et il était grand temps aussi pour les Hamelin, à qui la vie commençait à redevenir dure. Lui, depuis des années, n'avait qu'un rÃÂȘve, ÃÂȘtre l'ingénieur-conseil d'une grande maison de crédit comme il le disait, il se chargerait d'amener l'eau au moulin. Aussi, peu à peu, la fiÚvre de Saccard l'avait-elle gagné, brûlant du mÃÂȘme zÚle et de la mÃÂȘme impatience. Au contraire, Mme Caroline, aprÚs s'ÃÂȘtre enthousiasmée à l'idée des belles et utiles choses qu'on allait accomplir, semblait plus froide, l'air songeur, depuis qu'on entrait dans les broussailles et les fondriÚres de l'exécution. Son grand bon sens, sa nature droite flairaient toutes sortes de trous obscurs et malpropres ; et elle tremblait surtout pour son frÚre, qu'elle adorait, qu'elle traitait parfois en riant de " grosse bÃÂȘte " , malgré sa science ; non qu'elle soupçonnùt le moins du monde l'honnÃÂȘteté parfaite de leur ami, qu'elle voyait si dévoué à leur fortune ; mais elle avait une singuliÚre sensation de terrain mouvant, une inquiétude de chute et d'engloutissement, au premier faux pas. Ce matin-là , Saccard, lorsque Daigremont l'eut quitté, monta rayonnant à la salle des épures. " Enfin, c'est fait ! " cria-t-il. Hamelin, saisi, les yeux humides, vÃnt lui serrer les mains, à les briser. Et, comme Mme Caroline s'était simplement tournée vers lui, un peu pùle, il ajouta " Eh bien, quoi donc ; c'est tout ce que vous me dites ?... Ça ne vous fait pas plus de plaisir, à vous ?... " Elle eut un bon sourire. " Mais si, je suis trÚs contente, trÚs contente, je vous assure. " Puis, quand il eut donné à son frÚre des détails sur le syndicat, définitivement formé, elle intervint de son air paisible. " Alors, c'est permis, n'est-ce pas ? de se réunir ainsi à plusieurs, pour se distribuer les actions d'une banque, avant mÃÂȘme que l'émission soit faite ? " Violemment, il eut un geste d'affirmation. " Mais, certainement, c'est permis !... Est-ce que vous nous croyez assez niais, pour risquer un échec ? Sans compter que nous avons besoin de gens solides, maÃtres du marché, si les débuts sont difficiles... Voilà toujours les quatre cinquiÚmes de nos titres placés en des mains sûres. On va pouvoir aller signer l'acte de société chez le notaire. " Elle osa lui tenir tÃÂȘte. " Je croyais que la loi exigeait la souscription intégrale du capital social. " Cette fois, trÚs surpris, il la regarda en face. " Vous lisez donc le Code ? " Et elle rougit légÚrement, car il avait deviné la veille, cédant à son malaise, cette peur sourde et sans cause précise, elle avait lu la loi sur les sociétés. Un instant, elle fut sur le point de mentir. Puis, avouant, riant " C'est vrai, j'ai lu le Code, hier. J'en suis sortie, en tùtant mon honnÃÂȘteté et celle des autres, comme on sort des livres de médecine, avec toutes les maladies. " Mais lui se fùchait, car ce fait d'avoir voulu se renseigner, la lui montrait méfiante, prÃÂȘte à le surveiller, de ses yeux de femme, fureteurs et intelligents. " Ah ! reprit-il avec un geste qui jetait bas les vains scrupules, si vous croyez que nous allons nous conformer aux chinoiseries du Code ! Mais nous ne pourrions faire deux pas, nous serions arrÃÂȘtés par des entraves, à chaque enjambée, tandis que les autres, nos rivaux, nous devanceraient, à toutes jambes !... Non, non, je n'attendrai certainement pas que tout le capital soit souscrit ; je préfÚre, d'ailleurs, nous réserver des titres, et je trouverai un homme à nous auquel j'ouvrirai un compte, qui sera notre prÃÂȘte-nom enfin. - C'est défendu, déclara-t-elle simplement de sa belle voix grave. - Eh ! oui, c'est défendu, mais toutes les sociétés le font. - Elles ont tort, puisque c'est mal. " Saccard, se calmant par un brusque effort de volonté, crut alors devoir se tourner vers Hamelin, qui, gÃÂȘné, écoutait, sans intervenir. " Mon cher ami, j'espÚre que vous ne doutez pas de moi... Je suis un vieux routier de quelque expérience, vous pouvez vous remettre entre mes mains, pour le cÎté financier de l'affaire. Apportez-moi de bonnes idées, et je me charge de tirer d'elles tout le bénéfice désirable, en courant le moins de risques possible. Je crois qu'un homme pratique ne peut pas dire mieux. " L'ingénieur, avec son fond invincible de timidité et de faiblesse, tourna la chose en plaisanterie, pour éviter de répondre directement. " Oh ! vous aurez, dans Caroline, un vrai censeur. Elle est née maÃtre d'école. - Mais je veux bien aller à sa classe " , déclara galamment Saccard. Mme Caroline elle-mÃÂȘme s'était remise à rire. Et la conversation continua sur un ton de familiÚre bienveillance. " C'est que j'aime beaucoup mon frÚre, c'est que je vous aime vous- mÃÂȘme plus que vous ne pensez, et cela me ferait un gros chagrin de vous voir vous engager dans des trafics louches, oÃÂč il n'y a, au bout, que désastre et que tristesse... Ainsi, tenez ! puisque nous en sommes là - dessus, la spéculation, le jeu à la Bourse, eh bien ! j'en ai une terreur folle. J'étais si heureuse, dans le projet de statuts, que vous m'avez fait recopier, d'avoir lu, à l'article 8, que la société s'interdisait rigoureusement toute opération à terme. C'était s'interdire le jeu, n'est-ce pas ? Et puis, vous m'avez désenchantée, en vous moquant de moi, en m'expliquant que c'était là un simple article d'apparat, une formule de style que toutes les sociétés tenaient à honneur d'inscrire et que pas une n'observait... Vous ne savez pas ce que je voudrais, moi ? ce serait qu'à la place de ces actions, ces cinquante mille actions que vous allez lancer, vous n'émettiez que des obligations. Oh ! vous voyez que je suis trÚs forte, depuis que je lis le Code, je n'ignore plus qu'on ne joue pas sur une obligation, qu'un obligataire est un simple prÃÂȘteur qui touche tant pour cent sur son prÃÂȘt, sans ÃÂȘtre intéressé dans les bénéfices, tandis que l'actionnaire est un associé courant la chance des bénéfices et des pertes... Dites, pourquoi pas des obligations, ça me rassurerait tant, je serais si heureuse ! " Elle outrait plaisamment la supplication de sa requÃÂȘte, pour cacher sa réelle inquiétude. Et Saccard répondit sur le mÃÂȘme ton, avec un emportement comique. " Des obligations, des obligations ! mais jamais !... Que voulez-vous fiche avec des obligations ? C'est de la matiÚre morte... Comprenez donc que la spéculation, le jeu est le rouage central, le coeur mÃÂȘme, dans une vaste affaire comme la nÎtre. Oui ! il appelle le sang, il le prend partout par petits ruisseaux, l'amasse, le renvoie en fleuves dans tous les sens, établit une énorme circulation d'argent, qui est la vie mÃÂȘme des grandes affaires. Sans lui, les grands mouvements de capitaux, les grands travaux civilisateurs qui en résultent, sont radicalement impossibles... C'est comme pour les sociétés anonymes, a-t-on assez crié contre elles, a-t-on assez répété qu'elles étaient des tripots et des coupe-gorge. La vérité est que, sans elles, nous n'aurions ni les chemins de fer, ni aucune des énormes entreprises modernes, qui ont renouvelé le monde ; car pas une fortune n'aurait suffi à les mener à bien, de mÃÂȘme que pas un individu, ni mÃÂȘme un groupe d'individus, n'aurait voulu en courir les risques. Les risques, tout est là , et la grandeur du but aussi. Il faut un projet vaste, dont l'ampleur saisisse l'imagination ; il faut l'espoir d'un gain considérable, d'un coup de loterie qui décuple la mise de fonds, quand elle ne l'emporte pas ; et alors les passions s'allument, la vie afflue, chacun apporte son argent, vous pouvez repétrir la terre. Quel mal voyez-vous là ? Les risques courus sont volontaires, répartis sur un nombre infini de personnes, inégaux et limités selon la fortune et l'audace de chacun. On perd, mais on gagne, on espÚre un bon numéro, mais on doit s'attendre toujours à en tirer un mauvais, et l'humanité n'a pas de rÃÂȘve plus entÃÂȘté ni plus ardent, tenter le hasard, obtenir tout de son caprice, ÃÂȘtre roi, ÃÂȘtre dieu ! " Peu à peu, Saccard ne riait plus, se redressait sur ses petites jambes, s'enflammait d'une ardeur lyrique, avec des gestes qui jetaient ses paroles aux quatre coins du ciel. " Tenez, nous autres, avec notre Banque universelle, n'allons-nous pas couvrir l'horizon le plus large, toute une trouée sur le vieux monde de l'Asie, un champ sans limite à la pioche du progrÚs et à la rÃÂȘverie des chercheurs d'or. Certes, jamais ambition n'a été plus colossale, et, je l'accorde, jamais non plus conditions de succÚs ou d'insuccÚs n'ont été plus obscures. Mais c'est justement pour cela que nous sommes dans les termes mÃÂȘmes du problÚme, et que nous déterminerons, j'en ai la conviction, un engouement extraordinaire dans le public, dÚs que nous serons connus... Notre Banque universelle, mon Dieu ! elle va ÃÂȘtre d'abord la maison classique qui traitera de toutes affaires de banque, de crédit et d'escompte, recevra des fonds en comptes courants, contractera, négociera ou émettra des emprunts. Seulement, l'outil que j'en veux faire surtout, c'est une machine à lancer les grands projets de votre frÚre là sera son véritable rÎle, ses bénéfices croissants, sa puissance peu à peu dominatrice. Elle est fondée, en somme, pour prÃÂȘter son concours à des sociétés financiÚres et industrielles, que nous établirons dans les pays étrangers, dont nous placerons les actions, qui nous devront la vie et nous assurerons la souveraineté... Et, devant cet avenir aveuglant de conquÃÂȘtes, vous venez me demander s'il est permis de se syndiquer et d'avantager d'une prime les syndicataires, quitte à la porter au compte de premier établissement ; vous vous inquiétez des petites irrégularités fatales, des actions non souscrites, que la société fera bien de garder, sous le couvert d'un prÃÂȘte-nom ; enfin, vous partez en guerre contre le jeu, contre le jeu, Seigneur ! qui est l'ùme mÃÂȘme, le foyer, la flamme de cette géante mécanique que je rÃÂȘve !... Sachez donc que ce n'est rien encore, tout ça ! que ce pauvre petit capital de vingt-cinq millions est un simple fagot jeté sous la machine, pour le premier coup de feu ! que j'espÚre bien le doubler, le quadrupler, le quintupler, à mesure que nos opérations s'élargiront ! qu'il nous faut la grÃÂȘle des piÚces d'or, la danse des millions, si nous voulons, là -bas, accomplir les prodiges annoncés !... Ah ! dame ! je ne réponds pas de la casse, on ne remue pas le monde, sans écraser les pieds de quelques passants. " Elle le regardait, et, dans son amour de la vie, de tout ce qui était fort et actif, elle finissait par le trouver beau, séduisant de verve et de foi. Aussi, sans se rendre à ses théories qui révoltaient la droiture de sa claire intelligence, feignit-elle d'ÃÂȘtre vaincue. " C'est bon, mettons que je ne sois qu'une femme et que les batailles de l'existence m'effraient... Seulement, n'est-ce pas ? tùchez d'écraser le moins de monde possible, et surtout n'écrasez personne de ceux que j'aime. " Saccard, grisé de son accÚs d'éloquence, et qui triomphait de ce vaste plan exposé, comme si la besogne était faite, se montra tout à fait bonhomme. " N'ayez donc pas peur ! Je fais l'ogre, c'est pour rire... Tout le monde sera trÚs riche. " Ils causÚrent ensuite tranquillement des dispositions à prendre, et il fut convenu que, le lendemain mÃÂȘme de la constitution définitive de la société, Hamelin se rendrait à Marseille, puis de là en Orient, pour hùter la mise en oeuvre des grandes affaires. Mais déjà , sur le marché de Paris, des bruits se répandaient, une rumeur ramenait le nom de Saccard, du fond trouble oÃÂč il s'était noyé un instant ; et les nouvelles, d'abord chuchotées, peu à peu dites à voix plus haute, sonnaient si clairement le succÚs prochain, que, de nouveau, comme au parc Monceau jadis, son antichambre s'emplissait de solliciteurs, chaque matin. Il voyait Mazaud monter, par hasard, pour lui serrer la main et causer des nouvelles du jour ; il recevait d'autres agents de change, le juif Jacoby, avec sa voix tonitruante, et son beau-frÚre Delarocque, un gros roux, qui rendait sa femme si malheureuse. La coulisse venait aussi, dans la personne de Nathansohn, un petit blond trÚs actif, que la chance portait. Et quant à Massias, résigné à sa dure besogne de remisier malchanceux, il se présentait déjà chaque jour, bien qu'il n'y eût pas encore d'ordres à recevoir. C'était toute une foule montante. Un matin, dÚs neuf heures, Saccard trouva l'antichambre pleine. N'ayant pas arrÃÂȘté encore de personnel spécial, il était fort mal secondé par son valet de chambre et, le plus souvent, il se donnait la peine d'introduire les gens lui-mÃÂȘme. Ce jour-là , comme il ouvrait la porte de son cabinet, Jantrou voulut entrer ; mais il avait aperçu Sabatani, qu'il faisait chercher depuis deux jours. " Pardon, mon ami " , dit-il en arrÃÂȘtant l'ancien professeur, pour recevoir d'abord le Levantin. Sabatani, avec son inquiétant sourire de caresse, sa souplesse de couleuvre, laissa parler Saccard ; qui, trÚs nettement d'ailleurs, en homme qui le connaissait, lui fit sa proposition. " Mon cher, j'ai besoin de vous... Il nous faut un prÃÂȘte-nom. Je vous ouvrirai un compte, je vous ferai acheteur d'un certain nombre de nos titres, que vous paierez simplement par un jeu d'écritures... Vous voyez que je vais droit au but et que je vous traite en ami. " Le jeune homme le regardait de ses beaux yeux de velours, si doux dans sa longue face brune. " La loi, cher maÃtre, exige d'une façon formelle le versement en espÚces... Oh ! ce n'est pas pour moi que je vous dis ça. Vous me traitez en ami, et j'en suis trÚs fier... Tout ce que vous voudrez ! " Alors, Saccard, pour lui ÃÂȘtre agréable, lui dit l'estime oÃÂč le tenait Mazaud, qui avait fini par prendre ses ordres, sans ÃÂȘtre couvert. Puis, il le plaisanta sur Germaine Coeur, avec laquelle il l'avait rencontré la veille, faisant allusion crûment au bruit qui le douait d'un véritable prodige, une exception géante, dont rÃÂȘvaient les filles du monde de la Bourse, tourmentées de curiosité. Et Sabatani ne niait pas, riait de son rire équivoque sur ce sujet scabreux oui, oui ! ces dames étaient trÚs drÎles à courir aprÚs lui, elles voulaient voir. " Ah ! à propos, interrompit Saccard, nous aurons aussi besoin de signatures, pour régulariser certaines opérations, les transferts, par exemple... Pourrai-je envoyer chez vous les paquets de papiers à signer ? - Mais certainement, cher maÃtre. Tout ce que vous voudrez ! " Il ne soulevait mÃÂȘme pas la question de paiement, sachant que cela est sans prix, lorsqu'on rend de pareils services ; et, comme l'autre ajoutait qu'on lui donnerait un franc par signature, pour le dédommager de sa perte de temps, il acquiesça d'un simple mouvement de tÃÂȘte. Puis, avec son sourire " J'espÚre aussi, cher maÃtre, que vous ne me refuserez pas des conseils. Vous allez ÃÂȘtre si bien placé, je viendrai aux renseignements. - C'est ça, conclut Saccard, qui comprit. Au revoir... Ménagez-vous, ne cédez pas trop à la curiosité des dames. " Et, s'égayant de nouveau, il le congédia par une porte de dégagement, qui lui permettait de renvoyer les gens, sans leur faire retraverser la salle d'attente. Ensuite, Saccard, étant allé rouvrir l'autre porte, appela Jantrou. D'un coup d'oeil, il le vit ravagé, sans ressources, avec une redingote dont les manches s'étaient usées sur les tables des cafés, à attendre une situation. La Bourse continuait d'ÃÂȘtre une marùtre, et il portait beau pourtant, la barbe en éventail, cynique et lettré, lùchant encore de temps à autre une phrase fleurie d'ancien universitaire. " Je vous aurais écrit prochainement, dit Saccard. Nous dressons la liste de notre personnel, oÃÂč je vous ai inscrit un des premiers, et je crois bien que je vous appellerai au bureau des émissions. " Jantrou l'arrÃÂȘta d'un geste. " Vous ÃÂȘtes bien aimable, je vous remercie... Mais j'ai une affaire à vous proposer. " Il ne s'expliqua pas tout de suite, débuta par des généralités, demanda quelle serait la part des journaux, dans le lancement de la Banque universelle. L'autre prit feu aux premiers mots, déclara qu'il était pour la publicité la plus large, qu'il y mettrait tout l'argent disponible. Pas une trompette n'était à dédaigner, mÃÂȘme les trompettes de deux sous, car il posait en axiome que tout bruit était bon, en tant que bruit. Le rÃÂȘve serait d'avoir tous les journaux à soi ; seulement, ça coûterait trop cher. " Tiens ! est-ce que vous auriez l'idée de nous organiser notre publicité. Ce ne serait peut-ÃÂȘtre pas bÃÂȘte. Nous en causerons. " Oui, plus tard, si vous voulez.. Mais qu'est-ce que vous diriez d'un journal à vous, complÚtement à vous, dont je serais le directeur. Chaque matin, une page vous serait réservée, des articles qui chanteraient vos louanges, de simples notes rappelant l'attention sur vous, des allusions dans des études complÚtement étrangÚres aux finances, enfin une campagne en rÚgle, à propos de tout et de rien, vous exaltant sans relùche sur l'hécatombe de vos rivaux... Est-ce que ça vous tente ? - Dame ! si ça ne coûtait pas les yeux de la tÃÂȘte. - Non, le prix serait raisonnable. " Et il nomma enfin le journal L'Espérance , une feuille fondée, depuis deux ans, par un petit groupe de personnalités catholiques, les violents du parti, qui faisaient à l'empire une guerre féroce. Le succÚs était, d'ailleurs, absolument nul, et le bruit de la disparition du journal courait chaque matin. Saccard se récria. " Oh ! il ne tire pas à deux mille ! - Ça, ce sera notre affaire, d'arriver à un plus gros tirage. - Et puis, c'est impossible il traÃne mon frÚre dans la boue, je ne peux pas me fùcher avec mon frÚre dÚs le début. " Jantrou haussa doucement les épaules. " Il ne faut se fùcher avec personne... Vous savez comme moi que, lorsqu'une maison de crédit a un journal, peu importe qu'il soutienne ou attaque le gouvernement s'il est officieux, la maison est certaine de faire partie de tous les syndicats que forme le ministre des Finances pour assurer le succÚs des emprunts de l'Etat et des communes ; s'il est opposant, le mÃÂȘme ministre a toutes sortes d'égards pour la banque qu'il représente, un désir de le désarmer et de l'acquérir, qui se traduit souvent par plus de faveurs encore... Ne vous inquiétez donc pas de la couleur de L'Espérance . Ayez un journal, c'est une force. " Un instant silencieux, Saccard, avec cette vivacité d'intelligence qui lui faisait d'un coup s'approprier l'idée d'un autre, la fouiller, l'adapter à ses besoins, au point qu'il la rendait complÚtement sienne, développait tout un plan. Il achetait L'Espérance , en éteignait les polémiques acerbes, la mettait aux pieds de son frÚre qui était bien forcé de lui en avoir de la reconnaissance, mais lui conservait son odeur catholique, la gardait comme une menace, une machine toujours prÃÂȘte à reprendre sa terrible campagne, au nom des intérÃÂȘts de la religion. Et, si l'on n'était pas aimable avec lui, il brandissait Rome, il risquait le grand coup de Jérusalem. Ce serait un joli tour, pour finir. " Serions-nous libres ? demanda-t-il brusquement. - Absolument libres. Ils en ont assez, le journal est tombé entre les mains d'un gaillard besogneux qui nous le livrera pour une dizaine de mille francs. Nous en ferons ce qu'il nous plaira. " Une minute encore, Saccard réfléchit. " Eh bien, c'est fait. Prenez rendez-vous, amenez-moi votre homme ici... Vous serez directeur, et je verrai à centraliser entre vos mains toute notre publicité, que je veux exceptionnelle, énorme, oh ! plus tard, quand nous aurons de quoi chauffer sérieusement la machine. " Il s'était levé. Jantrou se leva également, cachant sa joie de trouver du pain, sous son rire blagueur de déclassé, las de la boue parisienne. " Enfin, je vais donc rentrer dans mon élément, mes chÚres belles- lettres ! - N'engagez personne encore, reprit Saccard en le reconduisant. Et, pendant que j'y songe, prenez donc note d'un protégé à moi, de Paul Jordan, un jeune homme à qui je trouve un talent remarquable, et dont vous ferez un excellent rédacteur littéraire. Je vais lui écrire d'aller vous voir. " Jantrou sortait par la porte de dégagement, lorsque cette heureuse disposition des deux issues le frappa. " Tiens ! c'est commode, dit-il avec sa familiarité. On escamote le monde... Quand il vient de belles dames, comme celle que j'ai saluée tout à l'heure dans l'anti-chambre, la baronne Sandorff... " Saccard ignorait qu'elle fût là ; et d'un haussement d'épaules, il voulut dire son indifférence ; mais l'autre ricanait, refusait de croire à ce désintéressement. Les deux hommes échangÚrent une vigoureuse poignée de main. Lorsqu'il fut seul, Saccard, instinctivement, se rapprocha de la glace, releva ses cheveux, oÃÂč pas un fil blanc n'apparaissait encore. Il n'avait pourtant pas menti, les femmes ne le préoccupaient guÚre, depuis que les affaires le reprenaient tout entier ; et il ne cédait qu'à l'involontaire galanterie qui fait qu'un homme, en France, ne peut se trouver seul avec une femme, sans craindre de passer pour un sot, s'il ne la conquiert pas. DÚs qu'il eut fait entrer la baronne, il se montra trÚs empressé. " Madame, je vous en prie, veuillez vous asseoir... " Jamais il ne l'avait vue si étrangement séduisante, avec ses lÚvres rouges, ses yeux brûlants, aux paupiÚres meurtries, enfoncés sous les sourcils épais. Que pouvait-elle lui vouloir ? et il demeura surpris, presque désenchanté, lorsqu'elle lui eut expliqué le motif de sa visite. " Mon Dieu ! monsieur, je vous demande pardon de vous déranger, inutilement pour vous ; mais, entre gens du mÃÂȘme monde, il faut bien se rendre de ces petits services... Vous avez eu derniÚrement un chef de cuisine, que mon mari est sur le point d'engager. Je viens donc tout simplement aux renseignements. " Alors, il se laissa questionner, répondit avec la plus grande obligeance, tout en ne la quittant pas du regard ; car il croyait deviner que c'était là un prétexte elle se moquait bien du chef de cuisine, elle venait pour autre chose, évidemment. Et, en effet, elle manoeuvra, finit par nommer un ami commun, le marquis de Bohain, qui lui avait parlé de la Banque universelle. On avait tant de peine à placer son argent, à trouver des valeurs solides ! Enfin, il comprit qu'elle prendrait volontiers des actions, avec la prime de dix pour cent abandonnée aux syndicataires ; et il comprit mieux encore que, s'il lui ouvrait un compte, elle ne paierait pas. " J'ai ma fortune personnelle, mon mari ne s'en mÃÂȘle jamais. Ça me donne beaucoup de tracas, ça m'amuse aussi un peu, je l'avoue... N'est- ce pas ? lorsqu'on voit me femme s'occuper d'argent, surtout une jeune femme, ça étonne, on est tenté de l'en blùmer... Il y a des jours oÃÂč je suis dans le plus mortel embarras, n'ayant pas d'amis qui veuillent me conseiller. L'autre quinzaine encore, faute d'un renseignement, j'ai perdu une somme considérable... Ah ! maintenant que vous allez ÃÂȘtre en si bonne position pour savoir, si vous étiez assez gentil, si vous vouliez... " La joueuse perçait sous la femme du monde, la joueuse ùpre, enragée, cette fille des Ladricourt dont un ancÃÂȘtre avait pris Antioche, cette femme d'un diplomate saluée trÚs bas par la colonie étrangÚre de Paris, et que sa passion promenait en solliciteuse louche chez tous les gens de finance. Ses lÚvres saignaient, ses yeux flambaient davantage, son désir éclatait, soulevait la femme ardente qu'elle semblait ÃÂȘtre. Et il eut la naïveté de croire qu'elle était venue s'offrir, simplement pour ÃÂȘtre de sa grande affaire et avoir, à l'occasion, d'utiles renseignements de Bourse. " Mais, cria-t-il, je ne demande pas mieux, madame, que de mettre à vos pieds mon expérience. " Il avait rapproché sa chaise, il lui prit la main. Du coup, elle parut dégrisée. Ah ! non, elle n'en était pas encore là , il serait toujours temps qu'elle payùt d'une nuit la communication d'une dépÃÂȘche. C'était déjà , pour elle, une corvée abominable que sa liaison avec le procureur général Delcambre, cet homme si sec et si jaune, que la ladrerie de son mari l'avait forcée d'accueillir. Et son indifférence sensuelle, le mépris secret oÃÂč elle tenait l'homme, venait de se montrer en une lassitude blÃÂȘme, sur son visage de fausse passionnée, que l'espoir du jeu seul enflammait. Elle se leva, dans une révolte de sa race et de son éducation, qui lui faisaient encore manquer des affaires. " Alors, monsieur, vous dites que vous étiez content de ce chef de cuisine ? " Etonné, Saccard se mit debout à son tour. Qu'avait-elle donc espéré ? qu'il l'inscrirait et la renseignerait pour rien ? Décidément, il fallait se méfier des femmes, elles apportaient dans les marchés la plus insigne mauvaise foi. Et, bien qu'il eût envie de celle-ci, il n'insista pas, il s'inclina avec un sourire qui signifiait " A votre aise, chÚre madame, quand il vous plaira " , tandis que, tout haut, il disait " TrÚs content, je vous le répÚte. Une question de réforme intérieure m'a seule décidé à me séparer de lui. " La baronne Sandorff eut une hésitation d'une seconde à peine, non qu'elle regrettùt sa révolte, mais sans doute elle sentait combien il était naïf de venir chez un Saccard, avant d'ÃÂȘtre résignée aux conséquences. Cela l'irritait contre elle-mÃÂȘme, car elle avait la prétention d'ÃÂȘtre une femme sérieuse. Elle finit par répondre d'une simple inclinaison de tÃÂȘte au respectueux salut dont il la congédiait ; et il l'accompagnait jusqu'à la petite porte, lorsque celle-ci fut brusquement ouverte, d'une main familiÚre. C'était Maxime, qui déjeunait chez son pÚre, ce matin-là , et qui arrivait en intime, par le couloir. Il s'effaça, salua également, pour laisser sortir la baronne. Puis, quand elle fut partie, il eut un léger rire. " Ça commence, ton affaire ? tu touches tes primes ? " Malgré sa grande jeunesse encore, il avait un aplomb d'homme d'expérience, incapable de se dépenser inutilement dans un plaisir hasardeux. Son pÚre comprit son attitude de supériorité ironique. " Non, justement, je n'ai rien touché du tout, et ce n'est point par sagesse, car, mon petit je suis aussi fier d'avoir toujours vingt ans que tu parais l'ÃÂȘtre d'en avoir soixante. " Le rire de Maxime s'accentua, son ancien rire perlé de fille, dont il avait gardé le roucoulement équivoque, dans l'attitude correcte qu'il s'était faite de garçon rangé, désireux de ne pas gùter sa vie davantage. Il affectait la plus grande indulgence, pourvu que rien de lui ne fût menacé. " Ma foi, tu as bien raison, du moment que ça ne te fatigue pas... Moi, tu sais, j'ai déjà des rhumatismes. " Et, s'installant à l'aise dans un fauteuil, prenant un journal " Ne t'occupe pas de moi, finis de recevoir, si je ne te gÃÂȘne pas... Je suis venu trop tÎt, parce que j'avais à passer chez mon médecin et que je ne l'ai pas trouvé. " A ce moment, le valet de chambre entrait dire que Mme la comtesse de Beauvilliers demandait à ÃÂȘtre reçue. Saccard, un peu surpris, bien qu'il eût déjà rencontré à l'Oeuvre du Travail sa noble voisine, comme il la nommait, donna l'ordre de l'introduire immédiatement ; puis, rappelant le valet, il lui commanda de renvoyer tout le monde, fatigué, ayant trÚs faim. Lorsque la comtesse entra, elle n'aperçut mÃÂȘme pas Maxime, que le dossier du grand fauteuil cachait. Et Saccard s'étonna davantage, en voyant qu'elle avait amené avec elle sa fille Alice. Cela donnait plus de solennité à la démarche ces deux femmes si tristes et si pùles, la mÚre mince, grande, toute blanche, à l'air suranné, la fille vieillie déjà , le cou trop long, jusqu'à la disgrùce. Il avança des siÚges, d'une politesse agitée, pour mieux montrer sa déférence. " Madame, je suis extrÃÂȘmement honoré... Si j'avais le bonheur de pouvoir vous ÃÂȘtre utile... " D'une grande timidité, sous son allure hautaine, la comtesse finit par expliquer le motif de sa visite. " Monsieur, c'est à la suite d'une conversation avec mon amie, Mme la princesse d'Orviedo, que la pensée m'est venue de me présenter chez vous... Je vous avoue que j'ai hésité d'abord, car on ne refait pas facilement ses idées à mon ùge et j'ai toujours eu grand-peur des choses d'aujourd'hui que je ne comprends pas... Enfin, j'en ai causé avec ma fille, je crois qu'il est de mon devoir de passer sur mes scrupules pour tenter d'assurer le bonheur des miens. " Et elle continua, elle dit comment la princesse lui avait parlé de la Banque universelle, certes une main de crédit telle que les autres, aux yeux des profanes, mais qui, aux yeux des initiés, allait avoir une excuse sans réplique, un but tellement méritoire et haut, qu'il devait imposer silence aux consciences les plus timorées. Elle ne prononça ni le nom du pape ni celui de Jérusalem c'était là ce qu'on ne disait pas, ce qu'on chuchotait à peine entre fidÚles, le mystÚre qui passionnait ; mais, de chacune de ses paroles, de ses allusions et de ses sous-entendus, un espoir et une foi se dégageaient, qui mettaient toute une flamme religieuse dans sa croyance au succÚs de la nouvelle banque. Saccard lui-mÃÂȘme fut étonné de son émotion contenue, du tremblement de sa voix. Il n'avait encore parlé de Jérusalem que dans l'excÚs lyrique de sa fiÚvre, il se méfiait au fond de ce projet fou, y flairant quelque ridicule, disposé à l'abandonner et à en rire, si des plaisanteries l'accueillaient. Et la démarche émue de cette sainte femme qui amenait sa fille, la façon profonde dont elle donnait à entendre qu'elle et tous les siens, toute la noblesse française croirait et s'engouerait, le frappait vivement, donnait un corps à une rÃÂȘverie pure, élargissait à l'infini son champ d'évolution. C'était donc vrai qu'il y avait là un levier, dont l'emploi allait lui permettre de soulever le monde ! Avec son assimilation si rapide, il entra d'un coup dans la situation, parla lui-aussi en termes mystérieux de ce triomphe final qu'il poursuivrait en silence ; et sa parole était pénétrée de ferveur, il venait réellement d'ÃÂȘtre touché de la foi, de la foi en l'excellence du moyen d'action que la crise traversée par la papauté lui mettait aux mains. Il avait la faculté heureuse de croire, dÚs que l'exigeait l'intérÃÂȘt de ses plans. " Enfin, monsieur, continuait la comtesse, je suis décidée à une chose qui m'a répugné jusqu'ici... Oui, l'idée de faire travailler de l'argent, de le placer à intérÃÂȘts, ne m'est jamais entrée dans la tÃÂȘte des façons anciennes d'entendre la vie, des scrupules qui deviennent un peu sots, je le sais ; mais, que voulez-vous ? on ne va point aisément contre les croyances qu'on a sucées avec le lait, et je m'imaginais que la terre seule, la grande propriété devait nourrir des gens tels que nous... Malheureusement, la grande propriété... " Elle rougit faiblement, car elle en arrivait à l'aveu de cette ruine qu'elle dissimulait avec tant de soin. " La grande propriété n'existe plus guÚre... Nous autres avons été trÚs éprouvés... Il ne nous reste plus qu'une ferme. " Saccard, alors, pour lui éviter toute gÃÂȘne, renchérit, s'enflamma. " Mais, madame, personne ne vit plus de la terre... L'ancienne fortune domaniale est une forme caduque de la richesse, qui a cessé d'avoir sa raison d'ÃÂȘtre. Elle était la stagnation mÃÂȘme de l'argent, dont nous avons décuplé la valeur, en le jetant dans la circulation, et par le papier-monnaie, et par les titres de toutes sortes, commerciaux et financiers. C'est ainsi que le monde va ÃÂȘtre renouvelé, car rien n'était possible sans l'argent, l'argent liquide qui coule, qui pénÚtre partout, ni les applications de la science, ni la paix finale, universelle... Oh ! la fortune domaniale ! elle est allée rejoindre les pataches. On meurt avec un million de terres, on vit avec le quart de ce capital placé dans de bonnes affaires, à quinze, vingt et mÃÂȘme trente pour cent. " Doucement, avec sa tristesse infinie, la comtesse hocha la tÃÂȘte. " Je ne vous entends guÚre, et, je vous l'ai dit, je suis restée d'une époque oÃÂč ces choses effrayaient, comme des choses mauvaises et défendues... Seulement, je ne suis pas seule, je dois surtout songer à ma fille. Depuis quelques années, j'ai réussi à mettre de cÎté, oh ! une petite somme... " Sa rougeur reparaissait. " Vingt mille francs qui dorment chez moi, dans un tiroir. Plus tard, j'aurais peut-ÃÂȘtre un remords de les avoir laissés ainsi improductifs ; et, puisque votre oeuvre est bonne, ainsi que me l'a confié mon amie, puisque vous allez travailler à ce que nous souhaitons tous ; de nos voeux les plus ardents, je me risque... Enfin je vous serai reconnaissante, si vous pouvez me réserver des actions de votre banque, pour une somme de dix à douze mille francs. J'ai tenu à ce que ma fille m'accompagnùt, car je ne vous cache pas que cet argent est à elle. " Jusque-là , Alice n'avait pas ouvert la bouche, l'air effacé, malgré son vif regard d'intelligence. Elle eut un geste de reproche tendre. " Oh ! à moi ! maman, est-ce que j'ai quelque chose à moi qui ne soit pas à vous ? - Et ton mariage, mon enfant ? - Mais vous savez bien que je ne veux pas me marier ! " Elle avait dit cela trop vite, le chagrin de sa solitude criait dans sa voix grÃÂȘle. Sa mÚre la fit taire d'un coup d'oeil navré ; et toutes deux se regardÚrent un instant, ne pouvant se mentir, dans le partage quotidien de ce qu'elles avaient à souffrir et à cacher. Saccard était trÚs ému. " Madame, il n'y aurait plus d'actions, que j'en trouverais quand mÃÂȘme pour vous. Oui, s'il le faut, j'en prendrai sur les miennes... Votre démarche me touche infiniment, je suis trÚs honoré de votre confiance... " Et, à cet instant, il croyait réellement faire la fortune de ces malheureuses, il les associait, pour une part, à la pluie d'or qui allait pleuvoir sur lui et autour de lui. Ces dames s'étaient levées et se retiraient. A la porte seulement, la comtesse se permit une allusion directe à la grande affaire dont on ne parlait pas. " J'ai reçu de mon fils Ferdinand, qui est à Rome, une lettre désolante sur la tristesse produite là -bas par l'annonce du retrait de nos troupes. - Patience ! déclara Saccard avec conviction, nous sommes là pour tout sauver. " Il y eut de profonds saluts, et il les accompagna jusqu'au palier, en passant cette fois à travers l'antichambre, qu'il croyait libre. Mais, comme il revenait, il aperçut, assis sur une banquette, un homme d'une cinquantaine d'années, grand et sec, vÃÂȘtu en ouvrier endimanché, qui avait avec lui une jolie fille de dix-huit ans, mince et pùle. " Quoi ? que voulez-vous ? " La jeune fille s'était levée la premiÚre, et l'homme, intimidé par cet accueil brusque, se mit à bégayer une explication confuse. " J'avais donné l'ordre de renvoyer tout le monde ! Pourquoi ÃÂȘtes- vous là ?... Dites-moi votre nom ; au moins. - Dejoie, monsieur, et je viens avec ma fille Nathalie... " De nouveau, il s'embrouilla, si bien que Saccard, impatienté, allait le pousser à la porte, lorsqu'il comprit enfin que c'était Mme Caroline qui le connaissait depuis longtemps et qui lui avait dit d'attendre. " Ah ! vous ÃÂȘtes recommandé par Mme Caroline. Il fallait le dire tout de suite... Entrez et dépÃÂȘchez-vous, car j'ai trÚs faim. Dans le cabinet, il laissa Dejoie et Nathalie debout, ne s'assit pas lui-mÃÂȘme, pour les expédier plus vite. Maxime qui, à la sortie de la comtesse, avait quitté son fauteuil, n'eut plus la discrétion de s'écarter, dévisageant les nouveaux venus, l'air curieux. Et Dejoie, longuement, racontait son affaire. " Voici, monsieur... J'ai fait mon congé, puis je suis entré comme garçon de bureau chez M. Durieu, le mari de Mme Caroline, quand il vivait et qu'il était brasseur. Puis, je suis entré chez M. Lamberthier, le facteur à la halle. Puis, je suis entré chez M. Blaisot, un banquier que vous connaissez bien il s'est fait sauter la cervelle, il y a deux mois, et alors je suis sans place... Il faut vous dire, avant tout, que je m'étais marié. Oui, j'avais épousé ma femme Joséphine, quand j'étais justement chez M. Durieu, et qu'elle était, elle, cuisiniÚre, chez la belle-soeur de monsieur, Mme LévÃÂȘque, que Mme Caroline a bien connue. Ensuite, quand j'ai été chez M. Lamberthier, elle n'a pas pu y entrer, elle s'est placée chez un médecin de Grenelle, M. Renaudin. Ensuite, elle est allée au magasin des Trois-FrÚres, rue Rambuteau, oÃÂč, comme par un guignon, il n'y a jamais eu de place pour moi... - Bref, interrompit Saccard, vous venez me demander un emploi, n'est-ce pas ? " Mais Dejoie tenait à expliquer le chagrin de sa vie, la mauvaise chance qui lui avait fait épouser une cuisiniÚre, sans que jamais il eût réussi à se placer dans les mÃÂȘmes maisons qu'elle. C'était quasiment comme si l'on n'avait pas été marié, n'ayant jamais une chambre à tous les deux, se voyant chez les marchands de vin, s'embrassant derriÚre les portes des cuisines. Et une fille était née, Nathalie, qu'il avait fallu laisser en nourrice jusqu'à huit ans, jusqu'au jour oÃÂč le pÚre, ennuyé d'ÃÂȘtre seul, l'avait reprise dans son étroit cabinet de garçon. Il était ainsi devenu la vraie mÚre de la petite, l'élevant, la menant à l'école, la surveillant avec des soins infinis, le coeur débordant d'une adoration grandissante. " Ah ! je puis bien dire, monsieur, qu'elle m'a donné de la satisfaction. C'est instruit, c'est honnÃÂȘte... Et, vous la voyez, il n'y a pas sa pareille pour la gentillesse. " En effet, Saccard la trouvait charmante, cette fleur blonde du pavé parisien, avec sa grùce chétive, ses larges yeux sous les petits frisons de ses cheveux pùles. Elle se laissait adorer par son pÚre, sage encore, n'ayant eu aucun intérÃÂȘt à ne pas l'ÃÂȘtre, d'un féroce et tranquille égoïsme, dans cette clarté si limpide de ses yeux. " Alors donc, monsieur, la voici en ùge de se marier, et il y a justement un beau parti qui se présente, le fils du cartonnier, notre voisin. Seulement, c'est un garçon qui veut s'établir, et il demande six mille francs. Ça n'est pas trop, il pourrait prétendre à une fille qui aurait davantage... Il faut vous dire que j'ai perdu ma femme, il y a quatre ans, et qu'elle nous a laissé des économies, ses petits bénéfices de cuisiniÚre, n'est-ce pas ?... J'ai quatre mille francs ; mais ça ne fait pas six mille, et le jeune homme est pressé, Nathalie aussi... " La jeune fille qui écoutait, souriante, avec son clair regard si froid et si décidé, eut une brusque affirmation du menton. " Bien sûr... Je ne m'amuse pas, je veux en finir, d'une maniÚre ou d'une autre. " De nouveau, Saccard les interrompit. Il avait jugé l'homme, borné, mais trÚs adroit, trÚs bon, rompu à la discipline militaire. Puis, il suffisait qu'il se présentùt au nom de Mme Caroline. " C'est parfait, mon ami... Je vais avoir un journal, je vous prends comme garçon de bureau... Laissez-moi votre adresse, et au revoir. " Cependant, Dejoie ne s'en allait point. Il continua, avec embarras " Monsieur est bien obligeant, j'accepte la place avec reconnaissance, parce qu'il faudra que je travaille, quand j'aurai casé Nathalie... Mais j'étais venu pour autre chose. Oui, j'ai su, par Mme Caroline et par d'autres personnes encore, que monsieur va se trouver dans de grandes affaires et qu'il pourra faire gagner tout ce qu'il voudra à ses amis et connaissances... Alors, si monsieur voulait bien s'intéresser à nous, si monsieur consentait à nous donner de ses actions... " Saccard, une seconde fois, fut ému, plus ému qu'il ne venait de l'ÃÂȘtre, la premiÚre lorsque la comtesse lui avait confié, elle aussi, la dot de sa fille. Cet homme simple, ce tout petit capitaliste aux économies grattées sou à sou, n'était-ce pas la foule croyante, confiante, la grande foule qui fait les clientÚles nombreuses et solides, l'armée fanatisée qui arme une maison de crédit d'une force invincible ? si ce brave homme accourait ainsi, avant toute publicité, que serait-ce lorsque les guichets seraient ouverts ? Son attendrissement souriait à ce premier petit actionnaire, il voyait là le présage d'un gros succÚs. " Entendu, mon ami, vous aurez des actions. " La face de Dejoie rayonna, comme à l'annonce d'une grùce inespérée. " Monsieur est trop bon... N'est-ce pas ? en six mois, de façon à compléter la somme... Et, puisque monsieur je puis bien, avec mes quatre mille, en gagner deux mille, y consent, j'aime mieux régler ça tout de suite. J'ai apporté l'argent. " Il se fouilla, tira une enveloppe, qu'il tendit à Saccard, immobile, silencieux, saisi d'une admiration charmée, à ce dernier trait. Et le terrible corsaire, qui avait déjà écumé tant de fortunes, finit par éclater d'un bon rire, résolu honnÃÂȘtement à l'enrichir aussi, cet homme de foi. " Mais, mon brave, ça ne se fait point ainsi... Gardez votre argent, je vous inscrirai, et vous paierez en temps et lieu. " Cette fois, il les congédia, aprÚs que Dejoie l'eut tait remercier par Nathalie, dont un sourire de contentement éclairait les beaux yeux durs et candides. Lorsque Maxime se retrouva enfin seul avec son pÚre, il dit, de son air d'insolence moqueuse " Voilà que tu dotes les jeunes filles, maintenant. - Pourquoi pas ? répondit gaiement Saccard. C'est un bon placement que le bonheur des autres. " Il rangeait quelques papiers, avant de quitter son cabinet. Puis, brusquement " Et toi, tu n'en veux pas, des actions ? " Maxime, qui marchait à petits pas, se retourna d'un sursaut, se planta devant lui. " Ah ! non, par exemple ! Est-ce que tu me prends pour un imbécile ? " Saccard eut un geste de colÚre, trouvant la réponse d'un irrespect et d'un esprit déplorables, prÃÂȘt à lui crier que l'affaire était réellement superbe, qu'il le jugeait vraiment trop bÃÂȘte, s'il le croyait un simple voleur, comme les autres. Mais, en le regardant, une pitié lui vint de son pauvre garçon, épuisé à vingt-cinq ans, rangé, avare mÃÂȘme, si vieilli de vices, si inquiet de sa santé, qu'il ne risquait plus une dépense ni une jouissance, sans en avoir réglementé le bénéfice. Et, tout consolé, tout fier de l'imprudence passionnée de ses cinquante ans, il se remit à rire, il lui tapa sur l'épaule. " Tiens ! allons déjeuner, mon pauvre petit, et soigne tes rhumatismes. Ce fut le surlendemain, le 5 octobre, que Saccard, assisté d'Hamelin et de Daigremont, se rendit chez maÃtre Lelorrain, notaire, rue Sainte- Anne ; et l'acte fut reçu, qui constituait, sous la dénomination de société de la Banque universelle, une société anonyme, au capital de vingt-cinq millions, divisé en cinquante mille actions de cinq cents francs chacune, dont le quart seul était exigible. Le siÚge de la société était fixé rue Saint-Lazare, à l'hÎtel d'Orviedo. Un exemplaire des statuts, dressés suivant l'acte, fut déposé en l'étude de maÃtre Lelorrain. Il faisait, ce jour-là , un trÚs clair soleil d'automne, et ces messieurs, lorsqu'ils sortirent de chez le notaire, allumÚrent des cigares, remontÚrent doucement par le boulevard et la rue de la Chaussée-d'Antin, heureux de vivre, s'égayant comme des collégiens échappés. L'assemblée générale constitutive n'eut lieu que la semaine suivante, rue Blanche, dans la salle d'un petit bal qui avait fait faillite, et oÃÂč un industriel tùchait d'organiser des expositions de peinture. Déjà , les syndicataires avaient placé celles des actions souscrites par eux, qu'ils ne gardaient pas ; et il vint cent vingt-deux actionnaires, représentant prÚs de quarante mille actions, ce qui aurait dû donner un total de deux mille voix, le chiffre de vingt actions étant nécessaire pour avoir le droit de siéger et de voter. Cependant, comme un actionnaire ne pouvait exprimer plus de dix voix, quel que fût le chiffre de ses titres, le nombre exact des suffrages fut de seize cent quarante-trois. Saccard tint absolument à ce qu'Hamelin présidùt. Lui, s'était volontairement perdu dans le troupeau, il avait inscrit l'ingénieur, et s'était inscrit lui-mÃÂȘme, chacun pour cinq cents actions, qu'il devait payer par un jeu d'écritures. Tous les syndicataires étaient là Daigremont, Huret, Sédille, Kolb, le marquis de Bohain, chacun avec le groupe d'actionnaires qui marchait sous ses ordres. On remarquait également Sabatani, un des plus gros souscripteurs, ainsi que Jantrou, au milieu de plusieurs des hauts employés de la banque, en fonctions depuis l'avant-veille. Et toutes les décisions à prendre avaient été si bien prévues et réglées d'avance, que jamais assemblée constitutive ne fut si belle de calme, de simplicité et de bonne entente. A l'unanimité des voix, on reconnut sincÚre la déclaration de la souscription intégrale du capital, ainsi que celle du versement des cent vingt-cinq francs par action. Puis, solennellement, on déclara la société constituée. Le conseil d'administration fut ensuite nommé il devait se composer de vingt membres qui, outre les jetons de présence, chiffrés à un total annuel de cinquante mille francs, auraient à toucher, d'aprÚs un article des statuts, le dix pour cent sur les bénéfices. Cela n'étant pas à dédaigner, chaque syndicataire avait exigé de faire partie du conseil ; et Daigremont, Huret, Sédille, Kolb, le marquis de Bohain ainsi qu'Hamelin, que l'on voulait porter à la présidence, passÚrent naturellement en tÃÂȘte de liste, avec quatorze autres de moindre importance, triés parmi les plus obéissants et les plus décoratifs des actionnaires. Enfin, Saccard, resté dans l'ombre jusque-là , apparut lorsque, le moment de choisir un directeur étant arrivé, Hamelin le proposa. Un murmure sympathique accueillit son nom, il obtint lui aussi l'unanimité. Et il n'y avait plus qu'à élire les deux commissaires censeurs, chargés de présenter à l'assemblée un rapport sur le bilan et de contrÎler ainsi les comptes fournis par les administrateurs fonction délicate autant qu'inutile, pour laquelle Saccard avait désigné un sieur Rousseau et un sieur LavigniÚre, le premier complÚtement inféodé au second, celui-ci grand, blond, trÚs poli, approuvant toujours, dévoré de l'envie d'entrer plus tard dans le conseil, lorsqu'on serait content de ses services. Rousseau et LavigniÚre nommés, on allait lever la séance, lorsque le président crut devoir parler de la prime de dix pour cent accordée aux syndicataires, en tout quatre cent mille francs, que l'assemblée, sur sa proposition, passa aux frais de premier établissement. C'était une vétille, il fallait bien faire la part du feu ; et, laissant la foule des petits actionnaires s'écouler avec le piétinement d'un troupeau, les gros souscripteurs restÚrent les derniers, échangÚrent encore sur le trottoir des poignées de main, l'air souriant. DÚs le lendemain, le conseil se réunit à l'hÎtel d'Orviedo, dans l'ancien salon de Saccard, transformé en salle des séances. Une vaste table, recouverte d'un tapis de velours vert, entourée de vingt fauteuils tendus de la mÃÂȘme étoffe, en occupait le centre ; et il n'y avait pas d'autres meubles que deux corps de bibliothÚque, aux vitres garnies à l'intérieur de petits rideaux de soie également verte. Les tentures d'un rouge foncé assombrissaient la piÚce, dont les trois fenÃÂȘtres ouvraient sur le jardin de l'hÎtel Beauvilliers. Il ne venait de là qu'un jour crépusculaire, comme une paix de vieux cloÃtre, endormi sous l'ombre verte de ses arbres. Cela était sévÚre et noble, on entrait dans une honnÃÂȘteté antique. Le conseil se réunissait pour former son bureau ; et il se trouva presque tout de suite au grand complet, comme sonnaient quatre heures. Le marquis de Bohain, avec sa grande taille, sa petite tÃÂȘte blÃÂȘme et aristocratique, était vraiment trÚs vieille France ; tandis que Daigremont, affable, représentait la haute fortune impériale, dans son succÚs fastueux. Sédille, moins tourmenté que de coutume, causait avec Kolb d'un mouvement imprévu qui venait de se produire sur le marché de Vienne ; et, autour d'eux, les deux autres administrateurs, la bande, écoutaient, tùchaient de saisir un renseignement, ou bien s'entretenaient aussi de leurs occupations personnelles, n'étant là que pour faire nombre et pour ramasser leur part, les jours de butin. Ce fut, comme toujours, Huret qui arriva en retard, essoufflé, échappé à la derniÚre minute d'une commission de la Chambre. Il s'excusa, et l'on s'assit sur les fauteuils, entourant la table. Le doyen d'ùge, le marquis de Bohain, avait pris place au fauteuil présidentiel, un fauteuil plus haut et plus doré que les autres. Saccard, comme directeur, s'était placé en face de lui. Et, immédiatement, lorsque le marquis eut déclaré qu'on allait procéder à la nomination du président, Hamelin se leva, pour décliner toute candidature il croyait savoir que plusieurs de ces messieurs avaient songé à lui pour la présidence ; mais il leur faisait remarquer qu'il devait partir dÚs le lendemain pour l'Orient, qu'il était en outre d'une inexpérience absolue en matiÚre de comptabilité, de banque et de Bourse, qu'enfin il y avait là une responsabilité dont il ne pouvait accepter le poids. TrÚs surpris, Saccard l'écoutait, car, la veille encore, la chose était entendue ; et il devinait l'influence de Mme Caroline sur son frÚre, sachant que, le matin, ils avaient eu une longue conversation ensemble. Aussi, ne voulant pas d'un autre président qu'Hamelin, quelque indépendant qui le gÃÂȘnerait peut-ÃÂȘtre, se permit-il d'intervenir, en expliquant que la fonction était surtout honorifique, qu'il suffisait que le président fÃt acte de présence, au moment des assemblées générales, pour appuyer les propositions du conseil et prononcer les discours d'usage. D'ailleurs, on allait élire un vice-président qui donnerait les signatures. Et, pour le reste, pour la partie purement technique, la comptabilité, la Bourse, les mille détails intérieurs d'une grande maison de crédit, est-ce qu'il ne serait pas là , lui, Saccard, le directeur, justement nommé à cet effet ? Il devait, d'aprÚs les statuts, diriger le travail des bureaux, effectuer les recettes et les dépenses, gérer les affaires courantes, assurer les délibérations du conseil, ÃÂȘtre en un mot le pouvoir exécutif de la société. Ces raisons semblaient bonnes. Hamelin ne s'en débattit pas moins longtemps encore, il fallut que Daigremont et Huret insistassent eux-mÃÂȘmes de la maniÚre la plus pressante. Majestueux, le marquis de Bohain se désintéressait. Enfin, l'ingénieur céda, il fut nommé président, et l'on choisit pour vice-président un obscur agronome, ancien conseiller d'Etat, le vicomte de Robin-Chagot, homme doux et ladre, excellente machine à signatures. Quant au secrétaire, il fut pris en dehors du conseil, dans le personnel des bureaux de la banque, le chef du service des émissions. Et, comme la nuit venait, dans la grande piÚce grave, une ombre verdie d'une infinie tristesse, on jugea la besogne bonne et suffisante, on se sépara aprÚs avoir réglé les séances à deux par mois, le petit conseil le quinze, et le grand conseil le trente. Saccard et Hamelin remontÚrent ensemble dans la salle des épures, oÃÂč Mme Caroline les attendait. Elle vit bien tout de suite, à l'embarras de son frÚre, qu'il venait de céder une fois encore, par faiblesse ; et, un instant, elle en fut trÚs fùchée. " Mais, voyons, ce n'est pas raisonnable ! cria Saccard. Songez que le président touche trente mille francs, chiffre qui sera doublé, lorsque nos affaires s'étendront. Vous n'ÃÂȘtes pas assez riches pour dédaigner cet avantage... Et que craignez-vous, dites ? - Mais je crains tout, répondit Mme Caroline. Mon frÚre ne sera pas là , moi-mÃÂȘme je n'entends rien à l'argent... Tenez ! ces cinq cents actions que vous avez inscrites pour lui sans qu'il les paie tout de suite, eh bien, n'est-ce pas irrégulier, ne serait-il pas en faute, si l'opération tournait mal ? " Il s'était mis à rire. " Une belle histoire ! cinq cents actions, un premier versement de soixante-deux mille cinq cents francs ! Si, au premier bénéfice, avant six mois, il ne pouvait rembourser cela, autant vaudrait-il nous aller jeter sur-le-champ à la Seine, plutÎt que de nous donner le souci de rien entreprendre... Non, vous pouvez ÃÂȘtre tranquille, la spéculation ne dévore que les maladroits. " Elle restait sévÚre, dans l'ombre croissante de la piÚce. Mais on apporta deux lampes, et les murs furent largement éclairés, les vastes plans, les aquarelles vives, qui la faisaient si souvent rÃÂȘver des pays de là -bas. La plaine encore était nue, les montagnes barraient l'horizon, elle évoquait la détresse de ce vieux monde endormi sur ses trésors, et que la science alliait réveiller dans sa crasse et dans son ignorance. Que de grandes et belles et bonnes choses à accomplir ! Peu à peu, une vision lui montrait des générations nouvelles, toute une humanité plus forte et plus heureuse poussant de l'antique sol, labouré à nouveau par le progrÚs. " La spéculation, la spéculation, répéta-t-elle machinalement, combattue de doute. Ah ! j'en ai le coeur troublé d'angoisse. " Saccard, qui connaissait bien ses habituelles pensées, avait suivi sur son visage cet espoir de l'avenir. " Oui, la spéculation. Pourquoi ce mot vous fait-il peur ?... Mais la spéculation, c'est l'appùt mÃÂȘme de la vie, c'est l'éternel désir qui force à lutter et à vivre... Si j'osais une comparaison, je vous convaincrais... " Il riait de nouveau, pris d'un scrupule de délicatesse. Puis, il osa tout de mÃÂȘme, volontiers brutal devant les femmes. " Voyons, pensez-vous que sans... comment dirai-je ? sans la luxure, on ferait beaucoup d'enfants ?... Sur cent enfants qu'on manque de faire, il arrive qu'on en fabrique un à peine. C'est l'excÚs qui amÚne le nécessaire, n'est-ce pas ? - Certes, répondit-elle, gÃÂȘnée. - Eh bien, sans la spéculation, on ne ferait pas d'affaires, ma chÚre amie... Pourquoi diable voulez-vous que je sorte mon argent, que je risque ma fortune, si vous ne me promettez pas une jouissance extraordinaire, un brusque bonheur qui m'ouvre le ciel ?... Avec la rémunération légitime et médiocre du travail, le sage équilibre des transactions quotidiennes, c'est un désert d'une platitude extrÃÂȘme que l'existence, un marais oÃÂč toutes les forces dorment et croupissent ; tandis que, violemment, faites flamber un rÃÂȘve à l'horizon, promettez qu'avec un sou on en gagnera cent, offrez à tous ces endormis de se mettre à la chasse de l'impossible, des millions conquis en deux heures, au milieu des plus effroyables casse-cou ; et la course commence, les énergies sont décuplées, la bousculade est telle, que, tout en suant uniquement pour leur plaisir, les gens arrivent parfois à faire des enfants, je veux dire des choses vivantes, grandes et belles... Ah ! dame ! il y a beaucoup de saletés inutiles, mais certainement le monde finirait sans elles. " Mme Caroline s'était décidée à rire, elle aussi ; car elle n'avait point de pruderie. " Alors, dit-elle, votre conclusion est qu'il faut s'y résigner, puisque cela est dans le plan de la nature... Vous avez raison, la vie n'est pas propre. " Et une véritable bravoure lui était venue, à cette idée que chaque pas en avant s'était fait dans le sang et la boue. Il fallait vouloir. Le long des murs, ses yeux n'avaient pas quitté les plans et les dessins, et l'avenir s'évoquait, des ports, des canaux, des routes, des chemins de fer, des campagnes aux fermes immenses et outillées comme des usines, des villes nouvelles, saines, intelligentes, oÃÂč l'on vivait trÚs vieux et trÚs savant. " Allons, reprit-elle gaiement, il faut bien que je cÚde, comme toujours... Tùchons de faire un peu de bien pour qu'on nous pardonne. " Son frÚre, resté silencieux, s'était approché et l'embrassait. Elle le menaça du doigt. " Oh ! toi, tu es un cùlin. Je te connais... Demain, quand tu nous auras quittés, tu ne t'inquiéteras guÚre de savoir ce qui se passe ici ; et, là -bas, dÚs que tu te seras enfoncé dans tes travaux, tout ira bien, tu rÃÂȘveras de triomphe, pendant que l'affaire craquera sous nos pieds peut-ÃÂȘtre. - Mais, cria plaisamment Saccard, puisqu'il est entendu qu'il vous laisse prÚs de moi comme un gendarme, pour m'empoigner, si je me conduis mal ! " Tous trois éclatÚrent. " Et vous pouvez y compter, que je vous empoignerais !... Rappelez- vous ce que vous nous avez promis à nous d'abord, puis à tant d'autres, par exemple à mon brave Dejoie, que je vous recommande bien... Ah ! et à nos voisines aussi, ces pauvres dames de Beauvilliers, que j'ai vues aujourd'hui surveillant le lavage de quelques nippes fait par leur cuisiniÚre, sans doute pour diminuer le compte de la blanchisseuse. " Un instant encore, ils causÚrent trÚs amicalement tous trois, et le départ d'Hamelin fut réglé d'une façon définitive. Comme Saccard redescendait à son cabinet, le valet de chambre lui dit qu'une femme s'était obstinée à l'attendre, bien qu'il lui eût répondu qu'il y avait conseil et que monsieur ne pourrait sans doute pas la recevoir. D'abord, fatigué, il s'emporta, donna l'ordre de la renvoyer ; puis, la pensée qu'il se devait au succÚs, la crainte de changer la veine, s'il fermait sa porte, le firent se raviser. Le flot des solliciteurs augmentait chaque jour, et cette foule lui apportait une ivresse. Une seule lampe éclairait le cabinet, il ne voyait pas bien la visiteuse. " C'est M. Busch qui m'envoie, monsieur... " La colÚre le tint debout, et il ne lui dit mÃÂȘme pas de s'asseoir. Cette voix grÃÂȘle, dans ce corps débordant, venait de lui faire reconnaÃtre Mme Méchain. Une jolie actionnaire, cette acheteuse d'actions à la livre ! Elle, tranquillement, expliquait que Busch l'envoyait pour avoir des renseignements sur l'émission de la Banque universelle. Restait-il des titres disponibles ? Pouvait-on espérer en obtenir, avec la prime accordée aux syndicataires ? Mais ce n'était là , sûrement, qu'un prétexte, une façon d'entrer, de voir la maison, d'espionner ce qu'il s'y faisait, et de le tùter lui-mÃÂȘme ; car ses yeux minces percés à la vrille dans la graisse de son visage, furetaient partout, revenaient sans cesse le fouiller jusqu'à l'ùme. Busch, aprÚs avoir patienté longtemps, mûrissant la fameuse affaire de l'enfant abandonné, se décidait à agir et l'envoyait en éclaireur. " Il n'y a plus rien " , répondit brutalement Saccard. Elle sentit qu'elle n'en apprendrait pas davantage, qu'il serait imprudent de tenter quelque chose. Aussi, ce jour-là , sans lui laisser le temps de la pousser dehors, fit-elle d'elle-mÃÂȘme un pas vers la porte. " Pourquoi ne me demandez-vous pas des actions pour vous ? " reprit- il, voulant ÃÂȘtre blessant. De sa voix zézayante, sa voix pointue qui avait l'air de se moquer, elle répondit " Oh ! moi, ce n'est pas mon genre d'opérations... Moi, j'attends. " Et, à cette minute, ayant aperçu le vaste sac de cuir usé, qui ne la quittait point, il fut traversé d'un frisson. Un jour oÃÂč tout avait marché à souhait, le jour oÃÂč il était si heureux de voir naÃtre enfin la maison de crédit tant désirée, est-ce que cette vieille coquine allait ÃÂȘtre la fée mauvaise, celle qui jette un sort sur les princesses au berceau ? Il le sentait plein de valeurs dépréciées, de titres déclassés, ce sac qu'elle venait promener dans les bureaux de sa banque naissante ; il croyait comprendre qu'elle menaçait d'attendre aussi longtemps qu'il serait nécessaire, pour y enterrer à leur tour ses actions à lui, quand la maison croulerait. C'était le cri du corbeau qui part avec l'armée en marche, la suit jusqu'au soir du carnage, plane et s'abat, sachant qu'il y aura des morts à manger. " Au revoir, monsieur " , dit la Méchain en se retirant, essoufflée et trÚs polie. V - Un mois plus tard, dans les premiers jours de novembre, l'installation de la Banque universelle n'était pas terminée. Il y avait encore des menuisiers qui posaient des boiseries, des peintres qui achevaient de mastiquer l'énorme toiture vitrée dont on avait couvert la cour. Cette lenteur venait de Saccard, qui, mécontent de la mesquinerie de l'installation, prolongeait les travaux par des exigences de luxe ; et, ne pouvant repousser les murs, pour contenter son continuel rÃÂȘve de l'énorme, il avait fini par se fùcher et par se décharger sur Mme Caroline du soin de congédier enfin les entrepreneurs. Celle-ci surveillait donc la pose des derniers guichets. Il y avait un nombre de guichets extraordinaire ; la cour, transformée hall central, en était entourée guichets grillagés, sévÚres et dignes, surmontés de belles plaques de cuivre, portant les indications en lettres noires. En somme, l'aménagement, bien que réalisé dans un local un peu étroit, était d'une disposition heureuse au rez-de-chaussée, les services qui devaient ÃÂȘtre en relation suivie avec le public, les différentes caisses, les émissions, toutes les opérations courantes de banque ; et, en haut, le mécanisme en quelque sorte intérieur, la direction, la correspondance, la comptabilité, les bureaux du contentieux et du personnel. Au total, dans un espace si resserré, s'agitaient là plus de deux cent employés. Et ce qui frappait déjà , en entrant, mÃÂȘme au milieu de la bousculade des ouvriers, finissant de taper leurs clous, c'était cet air de sévérité, un air de probité antique, fleurant vaguement la sacristie, qui provenait sans doute du local, de ce vieil hÎtel humide et noir, silencieux, à l'ombre des arbres du jardin voisin. On avait la sensation de pénétrer dans une maison dévote. Un aprÚs-midi, revenant de la Bourse, Saccard lui-mÃÂȘme eut cette sensation, qui le surprit. Cela le consola des dorures absentes. Il témoigna de son contentement à Mme Caroline. " Eh bien, tout de mÃÂȘme, pour commencer, c'est gentil. On a l'air en famille, une vraie petite chapelle. Plus tard, on verra... Merci, ma belle amie, de la peine que vous vous donnez, depuis que votre frÚre est absent. Et, comme il avait pour principe d'utiliser les circonstances imprévues, il s'ingénia dÚs lors à développer cette apparence austÚre de la maison, il exigea de ses employés une tenue de jeunes officiants, on ne parla plus que d'une voix mesurée, on reçut et on donna l'argent avec une discrétion toute cléricale. Jamais Saccard, dans sa vie tumultueuse, ne s'était dépensé avec autant d'activité. Le matin, dÚs sept heures, avant tous les employés, et avant mÃÂȘme que le garçon de bureau eût allumé le feu, il était dans son cabinet, à dépouiller le courrier, à répondre déjà aux lettres les plus pressées. Puis, c'était, jusqu'à onze heures, un interminable galop, les amis et les clients considérables, les agents de change, les coulissiers, les remisiers, toute la nuée de la finance ; sans compter le défilé des chefs de service de la maison venant aux ordres. Lui-mÃÂȘme, dÚs qu'il avait une minute de répit, se levait, faisait une rapide inspection des divers bureaux, oÃÂč les employés vivaient dans la terreur de ses apparitions brusques, qui se produisaient à des heures sans cesse différentes. A onze heures il montait déjeuner avec Mme Caroline, mangeait largement, buvait de mÃÂȘme, avec une aisance d'homme maigre, sans en ÃÂȘtre incommodé ; et l'heure pleine qu'il employait là n'était pas perdue, car c'était le moment oÃÂč, comme il le disait, il confessait sa belle amie, c'est-à -dire oÃÂč il lui demandait son avis sur les hommes et sur les choses, quitte à ne pas savoir le plus souvent profiter de sa grande sagesse. A midi, il sortait, allait à la Bourse, voulant y ÃÂȘtre un des premiers, pour voir et causer. Du reste, il ne jouait pas ouvertement, se trouvait là ainsi qu'à un rendez-vous naturel, oÃÂč il était certain de rencontrer les clients de sa banque. Pourtant, son influence s'y indiquait déjà , il y était rentré en victorieux, en homme solide, appuyé désormais sur de vrais millions ; et les malins se parlaient à voix basse en le regardant, chuchotaient des rumeurs extraordinaires, lui prédisaient la royauté. Vers trois heures et demie, il était toujours rentré, il s'attelait à la fastidieuse besogne des signatures, tellement entraÃné à cette course mécanique de la main, qu'il mandait des employés, donnait des réponses, réglait des affaires, la tÃÂȘte libre et parlant à l'aise, sans discontinuer de signer. Jusqu'à six heures, il recevait encore des visites, terminait le travail du jour, préparait celui du lendemain. Et, quand il remontait prÚs de Mme Caroline, c'était pour un repas plus copieux que celui de onze heures, des poissons fins et du gibier surtout, avec des caprices de vins qui le faisaient dÃner au bourgogne, au bordeaux, au champagne, selon l'heureux emploi de sa journée. " Dites que je ne suis pas sage ! s'écriait-il parfois, en riant. Au lieu de courir les femmes, les cercles, les théùtres, je vis là , en bon bourgeois, prÚs de vous... Il faut écrire cela à votre frÚre, pour le rassurer. " Il n'était pas si sage qu'il le prétendait, ayant eu, à cette époque, la fantaisie d'une petite chanteuse des Bouffes ! et il s'était mÃÂȘme un jour oublié, à son tour, chez Germaine Coeur, oÃÂč il n'avait trouvé aucune satisfaction. La vérité était que, le soir, il tombait de fatigue. Il vivait, d'ailleurs, dans un tel désir, dans une telle anxiété du succÚs, que ses autres appétits allaient en rester comme diminués et paralysés, tant qu'il ne se sentirait pas triomphant, maÃtre indiscuté de la fortune. " Bah ! répondait gaiement Mme Caroline, mon frÚre a toujours été si sage, que la sagesse est pour lui une condition de nature, et non un mérite... Je lui ai écrit hier que je vous avais déterminé à ne pas faire redorer la salle du conseil. Cela lui fera plus de plaisir. " Ce fut donc par un aprÚs-midi trÚs froid des premiers jours de novembre, au moment oÃÂč Mme Caroline donnait au maÃtre peintre l'ordre de lessiver simplement les peintures de cette salle, qu'on lui apporta une carte, en lui disant que la personne insistait beaucoup pour la voir. La carte, malpropre, portait le nom de Busch, imprimé grossiÚrement. Elle ne connaissait pas ce nom, elle donna l'ordre de faire monter chez elle, dans le cabinet de son frÚre, oÃÂč elle recevait. Si Busch, depuis bientÎt six grands mois, patientait, n'utilisait pas l'extraordinaire découverte qu'il avait faite d'un fils naturel de Saccard, c'était d'abord pour les raisons qu'il avait pressenties, le médiocre résultat qu'il y aurait à tirer seulement de lui les six cents francs de billets souscrits à la mÚre, la difficulté extrÃÂȘme de le faire chanter pour en obtenir davantage, une somme raisonnable de quelques milliers de francs. Un homme veuf, libre de toutes entraves, que le scandale n'effrayait guÚre, comment le terroriser, lui faire payer cher ce vilain cadeau d'un enfant de hasard, poussé dans la boue, graine de souteneur et d'assassin ? Sans doute, la Méchain avait laborieusement dressé un gros compte de frais, environ six mille francs des piÚces de vingt sous prÃÂȘtées à Rosalie Chavaille, sa cousine, la mÚre du petit, puis ce que lui avait coûté la maladie de la malheureuse, son enterrement, l'entretien de sa tombe, enfin ce qu'elle dépensait pour Victor lui-mÃÂȘme depuis qu'il était tombé à sa charge, la nourriture, les vÃÂȘtements, un tas de choses. Mais, dans le cas oÃÂč Saccard n'aurait point la paternité tendre, n'était-il pas croyable qu'il allait les envoyer promener ? car rien au monde ne la prouverait, cette paternité, sinon la ressemblance de l'enfant ; et ils ne tireraient toujours de lui que l'argent des billets, encore s'il n'invoquait pas la prescription. D'autre part, si Busch avait tant tardé, c'était qu'il venait de passer des semaines d'affreuse inquiétude, prÚs de son frÚre Sigismond, couché, terrassé par la phtisie. Pendant quinze jours surtout, ce terrible remueur d'affaires avait tout négligé, tout oublié des mille pistes enchevÃÂȘtrées qu'il suivait, ne paraissant plus à la Bourse, ne traquant plus un débiteur, ne quittant pas le chevet du malade, qu'il veillait, soignait, changeait, comme une mÚre. Devenu prodigue, lui d'une ladrerie immonde, il appelait les premiers médecins de Paris, aurait voulu payer les remÚdes plus cher au pharmacien, pour qu'ils fussent plus efficaces ; et, comme les médecins avaient défendu tout travail, et que Sigismond s'entÃÂȘtait, il lui cachait ses papiers, ses livres. Entre eux, c'était devenu une guerre de ruses. DÚs que, vaincu par la fatigue, son gardien s'endormait, le jeune homme, trempé de sueur, dévoré de fiÚvre, retrouvait un bout de crayon, une marge de journal, se remettait à des calculs, distribuant la richesse selon son rÃÂȘve de justice, assurant à chacun sa part de bonheur et de vie. Et Busch, à son réveil, s'irritait de le voir plus malade, le coeur crevé de ce qu'il donnait ainsi à sa chimÚre le peu qu'il lui restait d'existence. Faire joujou avec ces bÃÂȘtises-là , il le lui permettait, comme on permet des pantins à un enfant, lorsqu'il était en bonne santé ; mais s'assassiner avec des idées folles, impraticables, vraiment c'était imbécile ! Enfin, ayant consenti à ÃÂȘtre sage, par affection pour son grand frÚre, Sigismond avait repris quelque force, et il commençait à se lever. Ce fut alors que Busch, se remettant à ses besognes, déclara qu'il fallait liquider l'affaire Saccard, d'autant plus que Saccard était rentré en conquérant à la Bourse et qu'il redevenait un personnage d'une solvabilité indiscutable. Le rapport de Mme Méchain, qu'il avait envoyée rue Saint-Lazare, était excellent. Cependant, il hésitait encore à attaquer son homme de face, il temporisait en cherchant par quelle tactique il le vaincrait, lorsqu'une parole échappée à la Méchain sur Mme Caroline, cette dame qui tenait la maison, dont tous les fournisseurs du quartier lui avaient parlé, le lança dans un nouveau plan de campagne. Est-ce que, par hasard, cette dame était la vraie maÃtresse, celle qui avait la clef des armoires et du coeur ? Il obéissait assez souvent à ce qu'il appelait le coup de l'inspiration, cédant à une divination brusque, partant en chasse sur une simple indication de son flair, quitte ensuite à tirer des faits une certitude et une résolution. Et ce fut ainsi qu'il se rendit rue Saint-Lazare, pour voir Mme Caroline. En haut, dans la salle des épures, Mme Caroline resta surprise devant ce gros homme mal rasé, à la figure plate et sale, vÃÂȘtu d'une belle redingote graisseuse et cravaté de blanc. Lui-mÃÂȘme la fouillait jusqu'à l'ùme, la trouvait telle qu'il la souhaitait, si grande, si saine, avec ses admirables cheveux blancs, qui éclairaient de gaieté et de douceur son visage resté jeune ; et il était surtout frappé par l'expression de la bouche un peu forte, une telle expression de bonté, que tout de suite il se décida. " Madame, dit-il, j'aurais désiré parler à M. Saccard, mais on vient de me répondre qu'il était absent... " Il mentait, il ne l'avait mÃÂȘme pas demandé, car il savait fort bien qu'il n'y était point, ayant guetté son départ pour la Bourse. " Et je me suis alors permis de m'adresser à vous, préférant cela au fond, n'ignorant pas à qui je m'adresse... Il s'agit d'une communication si grave, si délicate... " Mme Caroline, qui, jusque-là , ne lui avait pas dit de s'asseoir, lui indiqua un siÚge, avec un empressement inquiet. " Parlez, monsieur, je vous écoute. " Busch, en relevant avec soin les pans de sa redingote, qu'il semblait craindre de salir, se posa à lui-mÃÂȘme, comme un point acquis, qu'elle couchait avec Saccard. " C'est que, madame, ce n'est point commode à dire, et je vous avoue qu'au dernier moment je me demande si je fais bien de vous confier une pareille chose... J'espÚre que vous verrez, dans ma démarche, l'unique désir de permettre à M. Saccard de réparer d'anciens torts... " D'un geste, elle le mit à l'aise, ayant compris de son cÎté à quel personnage elle avait affaire, désirant abréger les protestations inutiles. Du reste, il n'insista pas, conta longuement l'ancienne histoire, Rosalie séduite rue de la Harpe, l'enfant naissant aprÚs la disparition de Saccard, et la mÚre morte dans la débauche, et Victor laissé à la charge d'une cousine trop occupée pour le surveiller, poussant au milieu de l'abjection. Elle l'écouta, étonnée d'abord par ce roman qu'elle n'attendait point, car elle s'était imaginé qu'il s'agissait de quelque louche aventure d'argent ; puis, visiblement, elle s'attendrit, émue du triste sort de la mÚre et de l'abandon du petit, profondément remuée dans sa maternité de femme restée stérile. " Mais, dit-elle, ÃÂȘtes-vous certain, monsieur, des faits que vous me racontez ?... Il faut des preuves bien fortes, absolues, dans ces sortes d'histoires. " Il eut un sourire. " Oh ! madame, il y a une preuve aveuglante, la ressemblance extraordinaire de l'enfant... Puis, les dates sont là , tout s'accorde et prouve les faits jusqu'à la derniÚre évidence. " Elle demeurait tremblante, et il l'observait. AprÚs un silence, il continua " Vous comprenez maintenant, madame, combien j'étais embarrassé pour m'adresser directement à M. Saccard. Moi, je n'ai aucun intérÃÂȘt là - dedans, je ne viens qu'au nom de Mme Méchain, la cousine, qu'un hasard seul a mise sur la trace du pÚre tant cherché ; car j'ai eu l'honneur de vous dire que les douze billets de cinquante francs, donnés à la malheureuse Rosalie, étaient signés du nom de Sicardot, chose que je ne me permets pas de juger, excusable, mon Dieu ! dans cette terrible vie de Paris. Seulement, n'est-ce pas ? M. Saccard aurait pu se méprendre sur le caractÚre de mon intervention... Et c'est alors que j'ai eu l'inspiration de vous voir la premiÚre, madame, pour m'en remettre complÚtement à vous sur la marche à suivre, sachant quel intérÃÂȘt vous portez à M. Saccard... Voilà ! vous avez notre secret, pensez-vous que je doive l'attendre et lui tout dire, dÚs aujourd'hui ? " Mme Caroline montra une émotion croissante. " Non, non, plus tard. " Mais elle-mÃÂȘme ne savait que faire, dans l'étrangeté de la confidence. Il continuait de l'étudier, satisfait de la sensibilité extrÃÂȘme qui la lui livrait, achevant de bùtir son plan, certain désormais de tirer d'elle plus que Saccard n'aurait jamais donné. " C'est que, murmura-t-il, il faudrait prendre un parti. - Eh bien, j'irai... Oui, j'irai à cette cité, j'irai voir cette Mme Méchain et l'enfant... Cela vaut mieux, beaucoup mieux que je me rende d'abord compte des choses. " Elle pensait tout haut, la résolution lui venait de faire une soigneuse enquÃÂȘte, avant de rien dire au pÚre. Ensuite, si elle était convaincue, il serait temps de l'avertir. N'était-elle pas là pour veiller sur sa maison et sur sa tranquillité ? " Malheureusement, ça presse, reprit Busch, l'amenant peu à peu oÃÂč il voulait. Le pauvre gamin souffre. Il est dans un milieu abominable. " Elle s'était levée. " Je mets un chapeau et j'y vais à l'instant. " A son tour, il dut quitter sa chaise, et négligemment " Je ne vous parle pas du petit compte qu'il y aura à régler. L'enfant a coûté, naturellement ; et il y a aussi de l'argent prÃÂȘté, du vivant de la mÚre... Oh ! moi, je ne sais pas au juste. Je n'ai voulu me charger de rien. Tous les papiers sont là -bas. - Bon ! je vais voir. " Alors, il parut s'attendrir lui-mÃÂȘme. " Ah ! madame, si vous saviez toutes les drÎles de choses que je vois, dans les affaires ! Ce sont les gens les plus honnÃÂȘtes qui ont à souffrir plus tard de leurs passions, ou, ce qui est pis, des passions de leurs parents... Ainsi, je pourrais vous citer un exemple. Vos infortunées voisines, ces dames de Beauvilliers... " D'un mouvement brusque, il s'était approché d'une des fenÃÂȘtres, il plongeait ses regards ardemment curieux dans le jardin voisin. Sans doute, depuis qu'il était entré, il méditait ce coup d'espionnage, aimant à connaÃtre ses terrains de bataille. Dans l'affaire de la reconnaissance de dix mille francs, signée par le comte à la fille Léonie Cron, il avait deviné juste, les renseignements envoyés de VendÎme disaient l'aventure prévue la fille séduite, restée sans un sou, à la mort du comte, avec son chiffon de papier inutile, et dévorée de l'envie dé venir à Paris, et finissant par laisser le papier en nantissement à l'usurier Charpier, pour cinquante francs peut-ÃÂȘtre. Seulement, s'il avait tout de suite retrouvé les Beauvilliers, il faisait battre Paris depuis six mois par la Méchain, sans pouvoir mettre la main sur Léonie. Elle y était tombée bonne à tout faire, chez un huissier, et il la suivait dans trois places ; puis, chassée pour inconduite notoire, elle disparaissait, il avait en vain fouillé tous les ruisseaux. Cela l'exaspérait d'autant plus, qu'il ne pouvait rien tenter sur la comtesse, tant qu'il n'aurait pas la fille comme une menace vivante de scandale. Mais il n'en nourrissait pas moins l'affaire, il était heureux, debout devant la fenÃÂȘtre, de connaÃtre le jardin de l'hÎtel, dont il n'avait vu encore que la façade, sur la rue. " Est-ce que ces dames seraient également menacées de quelque ennui ? " demanda Mme Caroline, avec une inquiÚte sympathie. Il fit l'innocent. " Non, je ne crois pas... Je voulais parler simplement de la triste situation oÃÂč les a laissées la mauvaise conduite du comte... Oui, j'ai des amis à VendÎme, je sais leur histoire. " Et, comme il se décidait enfin à quitter la fenÃÂȘtre, il eut, dans l'émotion qu'il jouait, un brusque et singulier retour sur lui-mÃÂȘme. " Encore, quand ce ne sont que des plaies d'argent ! mais c'est lorsque la mort entre dans une maison ! " Cette fois, de vraies larmes mouillaient ses yeux. Il venait de songer à son frÚre, il étouffait. Elle crut qu'il avait récemment perdu un des siens, elle ne le questionna pas, par discrétion. Jusque-là , elle ne s'était pas trompée sur les basses besognes du personnage, à la répugnance qu'il lui inspirait ; et ces larmes inattendues la déterminaient davantage que la plus savante des tactiques son désir s'accrut de courir tout de suite à la cité de Naples. " Madame, je compte donc sur vous. - Je pars à l'instant. " Une heure plus tard, Mme Caroline, qui avait pris une voiture, errait derriÚre la butte Montmartre, sans pouvoir trouver la cité. Enfin, dans une des rues désertes qui se relient à la rue Marcadet, une vieille femme la désigna au cocher. C'était, à l'entrée, comme un chemin de campagne, défoncé, obstrué de boue et de détritus, s'enfonçant au milieu d'un terrain vague ; et l'on ne distinguait qu'aprÚs un coup d'oeil attentif les misérables constructions, faites de terre, de vieilles planches et de vieux zinc, pareilles à des tas de démolitions, rangés autour de la cour intérieure. Sur la rue, une maison à un étage, bùtie en moellons, celle-là , mais d'une décrépitude et d'une crasse repoussantes, semblait commander l'entrée, ainsi qu'une geÎle. Et, en effet, Mme Méchain demeurait là , en propriétaire vigilante, sans cesse aux aguets, exploitant elle-mÃÂȘme son petit peuple de locataires affamés. DÚs que Mme Caroline fut descendue de voiture, elle la vit apparaÃtre sur le seuil, énorme, la gorge et le ventre coulant dans une ancienne robe de soie bleue, limée aux plis, craquée aux coutures, les joues si bouffies et si rouges, que le nez petit, disparu, semblait cuire entre deux brasiers. Elle hésitait, prise de malaise, lorsque la voix trÚs douce, d'un charme aigrelet de pipeau champÃÂȘtre, la rassura. " Ah ! madame, c'est M. Busch qui vous envoie. Vous venez pour le petit Victor... Entrez, entrez donc. Oui, c'est bien ici la cité de Naples. La rue n'est pas classée, nous n'avons pas encore de numéros... Entrez, il faut causer de tout ça, d'abord. Mon Dieu ! c'est si ennuyeux, c'est si triste ! " Et Mme Caroline dut accepter une chaise dépaillée, dans une salle à manger noire de graisse, oÃÂč un poÃÂȘle rouge entretenait une chaleur et une odeur asphyxiantes. La Méchain, maintenant, se récriait sur la chance que la visiteuse avait de la rencontrer, car elle avait tant d'affaires dans Paris, elle ne remontait guÚre avant six heures. Il fallut l'interrompre. " Pardon, madame, je venais pour ce malheureux enfant. - Parfaitement, madame, je vais vous le montrer... Vous savez que sa mÚre était ma cousine. Ah ! je puis dire que j'ai fait mon devoir... Voici les papiers, voici les comptes. " D'un buffet, elle tirait un dossier, bien en ordre, classé dans une chemise bleue, comme chez un agent d'affaires. Et elle ne tarissait plus sur la pauvre Rosalie sans doute elle avait fini par mener une vie tout à fait dégoûtante, allant avec le premier venu, rentrant ivre et en sang, aprÚs des bordées de huit jours ; seulement, n'est-ce pas ? Il fallait comprendre, car elle était bonne ouvriÚre avant que le pÚre lui eût démis l'épaule, le jour oÃÂč il l'avait prise sur l'escalier ; et ce n'était pas, avec son infirmité, en vendant des citrons aux Halles, qu'elle pouvait vivre sage. " Vous voyez, madame, c'est par vingt sous, par quarante sous, que je lui ai prÃÂȘté tout ça. Les dates y sont le 20 juin, vingt sous ; le 27 juin, encore vingt sous ; le 3 juillet, quarante sous. Et, tenez ! elle a dû ÃÂȘtre malade à cette époque, parce que voici des quarante sous à n'en plus finir... Puis, il y avait Victor que j'habillais. J'ai mis un V devant toutes les dépenses faites pour le gamin... Sans compter que, lorsque Rosalie a été morte, oh ! bien salement, dans une maladie qui était une vraie pourriture, il est tombé complÚtement à ma charge. Alors, regardez, j'ai mis cinquante francs par mois. C'est trÚs raisonnable. Le pÚre est riche, il peut bien donner cinquante francs par mois pour son garçon... Enfin, ça fait cinq mille quatre cent trois francs ; et, si nous ajoutons les six cents francs des billets, nous arrivons au total de six mille francs... Oui, tout pour six mille francs, voilà ! " Malgré la nausée qui la pùlissait, Mme Caroline fit une réflexion. " Mais les billets ne vous appartiennent pas, ils sont la propriété de l'enfant. - Ah ! pardon, reprit la Méchain, aigrement, j'ai avancé de l'argent dessus. Pour rendre service à Rosalie, je les lui ai escomptés. Vous voyez derriÚre mon endos... C'est encore gentil de ma part de ne pas réclamer des intérÃÂȘts... On réfléchira, ma bonne dame, on ne voudra pas faire perdre un sou à une pauvre femme comme moi. " Sur un geste las de la bonne dame, qui acceptait le compte, elle se calma. Et elle retrouva sa petite voix flûtée pour dire " Maintenant, je vais faire appeler Victor. " Mais elle eut beau envoyer coup sur coup trois mioches qui rÎdaient, se planter sur le seuil, faire de grands gestes il fut acquis que Victor refusait de se déranger. Un des mioches rapporta mÃÂȘme, pour toute réponse, un mot ignoble. Alors, elle s'ébranla, disparut comme pour aller le chercher par une oreille. Puis, elle reparut seule, ayant réfléchi, trouvant bon sans doute de le montrer dans toute son horreur. " Si madame veut bien prendre la peine de me suivre. " Et, en marchant, elle fournit des détails sur la cité de Naples, que son mari tenait d'un oncle. Ce mari devait ÃÂȘtre mort, personne ne l'avait connu, et elle n'en parlait jamais que pour expliquer la provenance de sa propriété. Une mauvaise affaire qui la tuerait, disait- elle, car elle y trouvait plus de soucis que de profits, surtout depuis que la préfecture la tracassait, lui envoyait des inspecteurs qui exigeaient des réparations, des améliorations, sous le prétexte que les gens crevaient chez elle comme des mouches. D'ailleurs, elle se refusait énergiquement à dépenser un sou. Est-ce qu'on n'allait pas bientÎt exiger des cheminées ornées de glaces, dans des chambres qu'elle louait deux francs par semaine ! Et ce qu'elle ne disait point, c'était son ùpreté à toucher ses loyers, jetant les familles à la rue, dÚs qu'on ne lui donnait pas d'avance ses deux francs, faisant elle-mÃÂȘme sa police, si redoutée, que les mendiants sans asile n'auraient osé dormir pour rien contre un de ses murs. Le coeur serré, Mme Caroline examinait la cour, un terrain ravagé, creusé de fondriÚres, que les ordures accumulées transformaient en un cloaque. On jetait tout là , il n'y avait ni fosse ni puisard, c'était un fumier sans cesse accru, empoisonnant l'air ; et heureusement qu'il faisait froid, car la peste s'en dégageait, sous les grands soleils. D'un pied inquiet, elle cherchait à éviter les débris de légumes et les os, en promenant ses regards aux deux bords, sur les habitations, des sortes de taniÚres sans nom, des rez-de-chaussée effondrés à demi, masures en ruine consolidées avec les matériaux les plus hétéroclites. Plusieurs étaient simplement couvertes de papier goudronné. Beaucoup n'avaient pas de porte, laissaient entrevoir des trous noirs de cave, d'oÃÂč sortait une haleine nauséabonde de misÚre. Des familles de huit et dix personnes s'entassaient dans ces charniers, sans mÃÂȘme avoir un lit souvent, les hommes, les femmes, les enfants se pourrissant les uns les autres, comme les fruits gùtés, livrés dÚs la petite enfance à l'instinctive luxure par la plus monstrueuse des promiscuités. Aussi des bandes de mioches, hùves, chétifs, mangés de la scrofule et de la syphilis héréditaires, emplissaient-elles sans cesse la cour, pauvres ÃÂȘtres poussés sur ce fumier ainsi que des champignons véreux, dans le hasard d'une étreinte, sans qu'on sût au juste quel pouvait ÃÂȘtre le pÚre. Lorsqu'une épidémie de fiÚvre typhoïde ou de variole soufflait, elle balayait d'un coup au cimetiÚre la moitié de la cité. " Je vous expliquais donc, Madame, reprit la Méchain, que Victor n'a pas eu de trop bons exemples sous les yeux, et qu'il serait temps de songer à son éducation, car le voilà qui achÚve ses douze ans... Du vivant de sa mÚre, n'est-ce pas ? il voyait des choses pas trÚs convenables, attendu qu'elle ne se gÃÂȘnait guÚre, quand elle était soûle. Elle amenait les hommes, et tout ça se passait devant lui... Ensuite, moi, je n'ai jamais eu le temps de le surveiller d'assez prÚs, à cause de mes affaires dans Paris. Il courait toute la journée sur les fortifications. Deux fois, j'ai dû aller le réclamer, parce qu'il avait volé, oh ! des bÃÂȘtises seulement. Et puis, dÚs qu'il a pu, ç'a été avec les petites filles, tant sa pauvre mÚre lui en avait montré. Avec ça, vous allez le voir, à douze ans, c'est déjà un homme. Enfin, pour qu'il travaille un peu, je l'ai donné à la mÚre Eulalie, une femme qui vend à Montmartre des légumes au panier. Il l'accompagne à la Halle, il lui porte un de ses paniers. Le malheur est qu'en ce moment elle a des abcÚs à la cuisse... Mais nous y voici, madame, veuillez entrer. " Mme Caroline eut un mouvement de recul. C'était, au fond de la cour, derriÚre une véritable barricade d'immondices, un des trous les plus puants, une masure écrasée dans le sol, pareille à un tas de gravats que des bouts de planches soutenaient. Il n'y avait pas de fenÃÂȘtre. Il fallait que la porte, une ancienne porte vitrée, doublée d'une feuille de zinc, restùt ouverte, pour qu'on vÃt clair ; et le froid entrait, terrible. Dans un coin, elle aperçut une paillasse, jetée simplement sur la terre battue. Aucun autre meuble n'était reconnaissable, parmi le pÃÂȘle-mÃÂȘle de tonneaux éclatés, de treillages arrachés, de corbeilles à demi pourries, qui devaient servir de siÚges et de tables. Les murs suintaient, d'une humidité gluante. Une crevasse, une fente verte dans le plafond noir, laissait couler la pluie, juste au pied de la paillasse. Et l'odeur, l'odeur surtout était affreuse, l'abjection humaine dans l'absolu dénuement. " MÚre Eulalie, cria la Méchain, c'est une dame qui veut du bien à Victor... Qu'est-ce qu'il a, ce crapaud, à ne pas venir, quand on l'appelle ? " Un paquet de chair informe grouilla sur la paillasse, dans un lambeau de vieille indienne qui servait de drap ; et Mme Caroline distingua une femme d'une quarantaine d'années, toute nue là -dedans, faute de chemise, semblable à une outre à moitié vide, tant elle était molle et coupée de plis. La tÃÂȘte n'était point laide, fraÃche encore, encadrée de petits cheveux blonds frisés. " Ah ! geignit-elle, qu'elle entre, si c'est pour notre bien, car il n'est pas Dieu possible que ça continue !... Quand on pense, madame, que voilà quinze jours que je n'ai pu me lever, à cause de ces saletés de gros boutons qui me font des trous dans la cuisse !... Alors, il n'y a plus un sou, naturellement. Impossible de continuer le commerce. J'avais deux chemises que Victor est allé vendre ; et je crois bien que, ce soir, nous serions claqués de faim. " Puis, haussant la voix " C'est bÃÂȘte, à la fini sors donc de là , petit... La dame ne veut pas te faire du mal. " Et Mme Caroline tressaillit, en voyant se dresser d'un panier un paquet, qu'elle avait pris pour un tas de loques. C'était Victor, vÃÂȘtu des restes d'un pantalon et d'une veste de toile, par les trous desquels sa nudité passait. Il se trouvait en plein dans la clarté de la porte, elle restait béante, stupéfiée de son extraordinaire ressemblance avec Saccard. Tous ses doutes s'en allÚrent, la paternité était indéniable. " Je veux pas, moi, déclara-t-il, qu'on m'embÃÂȘte pour aller à l'école. " Mais elle le regardait toujours envahie d'un malaise croissant. Dans cette ressemblance qui la frappait, il était inquiétant, ce gamin, avec toute une moitié de la face plus grosse que l'autre, le nez tordu à droite, la tÃÂȘte comme écrasée sur la marche oÃÂč sa mÚre, violentée, l'avait conçu. En outre, il paraissait prodigieusement développé pour son ùge, pas trÚs grand, trapu, entiÚrement formé à douze ans, déjà poilu, ainsi qu'une bÃÂȘte précoce. Les yeux hardis, dévorants, la bouche sensuelle, étaient d'un homme. Et, dans cette grande enfance, au teint si pur encore, avec certains coins délicats de fille, cette virilité, si brusquement épanouie gÃÂȘnait et effrayait, ainsi qu'une monstruosité. " L'école vous fait donc bien peur mon petit ami ? finit par dire Mme Caroline. Vous y seriez pourtant mieux qu'ici... OÃÂč couchez-vous ? " D'un geste, il montra la paillasse. " Là , avec elle. " Contrariée de cette réponse franche, la mÚre Eulalie s'agita, cherchant une explication. " Je lui avais fait un lit avec un petit matelas ; et puis, il a fallu le vendre... On couche comme on peut, n'est-ce pas ? quand tout a filé. " La Méchain crut devoir intervenir, bien qu'elle n'ignorùt rien de ce qui se passait. " Ce n'est tout de mÃÂȘme pas convenable, Eulalie... Et toi, garnement, tu aurais bien pu venir coucher chez moi, au lieu de coucher avec elle. " Mais Victor se planta sur ses courtes et fortes jambes, se carrant dans sa précocité de mùle. " Pourquoi donc, c'est ma femme ! " Alors, la mÚre Eulalie, vautrée dans sa molle graisse, prit le parti de rire, tùchant de sauver l'abomination, en en parlant d'un air de plaisanterie. Et une admiration tendre perçait en elle. " Oh ! ça, bien sûr que je ne lui confierais pas ma fille, si j'en avais une... C'est un vrai petit homme. " Mme Caroline frémit. Le coeur lui manquait, dans une nausée affreuse. Eh quoi ? ce gamin de douze ans, ce petit monstre, avec cette femme de quarante, ravagée et malade, sur cette paillasse immonde, au milieu de ces tessons et de cette puanteur ! Ah ! misÚre, qui détruit et pourrit tout ! Elle laissa vingt francs, se sauva, revint se réfugier chez la propriétaire, pour prendre un parti et s'entendre définitivement avec celle-ci. Une idée s'était éveillée en elle, devant un tel abandon, celle de l'Oeuvre du Travail n'avait-elle pas été justement créée, cette oeuvre, pour des déchéances pareilles, les misérables enfants du ruisseau qu'on tùchait de régénérer par de l'hygiÚne et un métier ? Au plus vite, il fallait enlever Victor de ce cloaque, le mettre là -bas, lui refaire une existence. Elle en était restée toute tremblante. Et, dans cette décision, il lui venait une délicatesse de femme ne rien dire encore à Saccard, attendre d'avoir décrassé un peu le monstre, avant de le lui montrer ; car elle éprouvait comme une pudeur pour lui de cet effroyable rejeton, elle souffrait de la honte qu'il en aurait eue. Quelques mois suffiraient sans doute, elle parlerait ensuite, heureuse de sa bonne action. La Méchain comprit difficilement. " Mon Dieu, madame, comme il vous plaira... Seulement, je veux mes six mille francs tout de suite. Victor ne bougera pas de chez moi, si je n'ai pas mes six mille francs. " Cette exigence désespéra Mme Caroline. Elle n'avait pas la somme, elle ne voulait pas la demander au pÚre, naturellement. En vain, elle discuta, supplia. " Non, non ! si je n'avais plus mon gage, je pourrais me fouiller. Je connais ça. " Enfin, voyant que la somme était grosse et qu'elle n'obtiendrait rien, elle fit un rabais. " Eh bien, donnez-moi deux mille francs tout de suite. J'attendrai pour le reste. " Mais l'embarras de Mme Caroline restait le mÃÂȘme, et elle se demandait oÃÂč prendre ces deux mille francs, lorsque la pensée lui vint de s'adresser à Maxime. Elle ne voulut pas la discuter. Il consentirait bien à ÃÂȘtre du secret, il ne refuserait pas l'avance de ce peu d'argent, que certainement son pÚre lui rembourserait. Et elle s'en alla en annonçant qu'elle reviendrait prendre Victor le lendemain. Il n'était que cinq heures, elle avait une telle fiÚvre d'en finir, qu'en remontant dans son fiacre, elle donna au cocher l'adresse de Maxime, avenue de l'impératrice. Quand elle arriva, le valet de chambre lui dit que monsieur était à sa toilette, mais qu'il allait tout de mÃÂȘme l'annoncer. Un instant, elle étouffa, dans le salon oÃÂč elle attendait. C'était un petit hÎtel installé avec un raffinement exquis de luxe et de bien-ÃÂȘtre. Les tentures, les tapis s'y trouvaient prodigués ; et une odeur fine, ambrée, s'exhalait, dans le tiÚde silence des piÚces. Cela était joli, tendre et discret, bien qu'il n'y eût pas là de femme ; car le jeune veuf, enrichi par la mort de la sienne, avait réglé sa vie pour l'unique culte de lui-mÃÂȘme, fermant sa porte, en garçon d'expérience, à tout nouveau partage. Cette jouissance de vivre, qu'il devait à une femme, il n'entendait pas qu'une autre femme la lui gùtùt. Désabusé du vice, il ne continuait à en prendre que comme d'un dessert qui lui était défendu, à cause de son estomac déplorable. Il avait abandonné depuis longtemps son idée d'entrer au Conseil d'Etat, il ne faisait mÃÂȘme plus courir, les chevaux l'ayant rassasié comme les filles. Et il vivait seul, oisif, parfaitement heureux, mangeant sa fortune avec art et précaution, d'une férocité de beau-fils pervers et entretenu, devenu sérieux. " Si madame veut me suivre, revint dire le valet. Monsieur la recevra tout de suite dans sa chambre. " Mme Caroline avait avec Maxime des rapports familiers, depuis qu'il la voyait installée en intendante fidÚle, chaque fois qu'il allait dÃner chez son pÚre. En entrant dans la chambre, elle trouva les rideaux fermés, six bougies brûlant sur la cheminée et sur un guéridon, éclairant d'une flamme tranquille ce nid de duvet et de soie, une chambre trop douillette de belle dame à vendre, avec ses siÚges profonds, son immense lit, d'une mollesse de plumes. C'était la piÚce aimée, oÃÂč il avait épuisé les délicatesses, les meubles et les bibelots précieux, des merveilles du siÚcle dernier, fondus, perdus dans le plus délicieux fouillis d'étoffes qui se pût voir. Mais la porte donnant sur le cabinet de toilette était grande ouverte, et il parut, disant " Quoi donc, qu'est-il arrivé ?... Papa n'est pas mort ? " Au sortir du bain, il venait de passer un élégant costume de flanelle blanche, la peau fraÃche et embaumée, avec sa jolie tÃÂȘte de fille, déjà fatiguée, les yeux bleus et clairs sur le vide du cerveau. Par la porte, on entendait encore l'égouttement d'un des robinets de la baignoire, tandis qu'un parfum de violente fleur montait, dans la douceur de l'eau tiÚde. " Non, non, ce n'est pas si grave, répondit-elle, gÃÂȘnée par le ton tranquillement plaisant de la question. Et ce que j'ai à vous dire pourtant m'embarrasse un peu... Vous m'excuserez de tomber ainsi chez vous... - C'est vrai, je dÃne en ville, mais j'ai bien le temps de m'habiller... Voyons, qu'y a-t-il ? " Il attendait, et elle hésitait maintenant, balbutiait, saisie de ce grand luxe, de ce raffinement jouisseur, qu'elle sentait autour d'elle. Une lùcheté la prenait, elle ne retrouvait plus son courage à tout dire. Etait-ce possible que l'existence, si dure à l'enfant de hasard, là -bas, dans le cloaque de la cité de Naples, se fût montrée si prodigue, pour celui-ci, au milieu de cette savante richesse ? Tant de saletés ignobles, la faim et l'ordure inévitable d'un cÎté, et de l'autre une telle recherche de l'exquis, l'abondance, la vie belle ! L'argent serait-il donc l'éducation, la santé, l'intelligence ? Et, si la mÃÂȘme boue humaine restait dessous, toute la civilisation n'était-elle pas dans cette supériorité de sentir bon et de bien vivre ? " Mon Dieu ! c'est une histoire. Je crois que je fais bien en vous la racontant... Du reste, j'y suis forcée, j'ai besoin de vous. " Maxime l'écouta, d'abord debout ; puis, il s'assit devant elle, les jambes cassées par la surprise. Et, lorsqu'elle se tut " Comment ! comment ! je ne suis pas tout seul de fils, voilà un affreux petit frÚre qui me tombe du ciel, sans crier gare ! " Elle le crut intéressé, fit une allusion à la question d'héritage. " Oh ! l'héritage de papa ! " Et il eut un geste d'insouciance ironique, qu'elle ne comprit pas. Quoi ? que voulait-il dire ? Ne croyait-il pas aux grandes qualités, à la fortune certaine de son pÚre ? " Non, non, mon affaire est faite, je n'ai besoin de personne... Seulement, en vérité, c'est si drÎle, ce qui arrive, que je ne puis m'empÃÂȘcher d'en rire. " Il riait, en effet, mais vexé, inquiet sourdement, ne songeant qu'à lui, n'ayant pas encore eu le temps d'examiner ce que l'aventure pouvait lui apporter de bon ou de mauvais. Il se sentit à l'écart, il lùcha un mot ou, brutalement, il se mit tout entier. " Au fond, je m'en fiche, moi ! " S'étant levé, il passa dans le cabinet de toilette, en revint tout de suite avec un polissoir d'écaille, dont il se frottait doucement les ongles. " Et qu'est-ce que vous allez en faire, de votre monstre ? On ne peut pas le mettre à la Bastille, comme le Masque de fer. " Elle parla alors des comptes de la Méchain, expliqua son idée de faire entrer Victor à l'Oeuvre du Travail, et lui demanda les deux mille francs. " Je ne veux pas que votre pÚre sache rien encore, je n'ai que vous à qui m'adresser, il faut que vous fassiez cette avance. Mais il refusa net. " A papa, jamais de la vie ! pas un sou !... Ecoutez, c'est un serment, papa aurait besoin d'un sou pour passer un pont que je ne le lui prÃÂȘterais pas... Comprenez donc ! il y a des bÃÂȘtises trop bÃÂȘtes, je ne veux pas ÃÂȘtre ridicule ! " De nouveau, elle le regardait, troublée des choses vilaines qu'il insinuait. En ce moment de passion, elle n'avait ni le désir ni le temps de le faire causer. " Et à moi, reprit-elle d'une voix brusque, me les prÃÂȘterez-vous, ces deux mille francs ? - A vous, à vous... " Il continuait de se polir les ongles, d'un mouvement joli et léger, tout en l'examinant de ses yeux clairs, qui fouillaient les femmes jusqu'au sang du coeur. " A vous, tout de mÃÂȘme, je veux bien.. Vous ÃÂȘtes une gobeuse, vous me les ferez rendre. " Puis, quand il fut allé chercher les deux billets dans un petit meuble, et qu'il les lui eut remis, il lui prit les mains, les garda un instant entre les siennes, d'un air de gaieté amicale, en beau-fils qui a de la sympathie pour sa belle-maman. " Vous avez des illusions sur papa, vous !... Oh ! ne vous en défendez pas, je ne vous demande pas vos affaires... Les femmes, c'est si bizarre, ça se distrait parfois à se dévouer ; et, naturellement, elles ont bien raison de prendre leur plaisir oÃÂč elles le trouvent... N'importe, si un jour vous en étiez mal récompensée, venez donc me voir, nous causerons. " Lorsque Mme Caroline se retrouva dans son fiacre, étouffée encore par la tiédeur molle du petit hÎtel, par le parfum d'héliotrope qui avait pénétré ses vÃÂȘtements, elle était frissonnante comme au sortir d'un lieu suspect, effrayée aussi de ces réticences, de ces plaisanteries du fils sur le pÚre, qui aggravaient son soupçon de l'inavouable passé. Mais elle ne voulait rien savoir, elle avait l'argent, elle se calma en combinant sa journée du lendemain, de façon que, dÚs le soir, l'enfant fût sauvé de son vice. Aussi, le matin, dut-elle se mettre en course, car elle avait toutes sortes de formalités à remplir, pour ÃÂȘtre certaine que son protégé serait accueilli à l'Oeuvre du Travail. Sa situation de secrétaire du conseil de surveillance, que la princesse d'Orviedo, la fondatrice, avait composé de dix dames du monde, lui facilita d'ailleurs ces formalités ; et, l'aprÚs-midi, elle n'eut plus qu'à aller chercher Victor à la cité de Naples. Elle avait emporté des vÃÂȘtements convenables, elle n'était pas au fond sans inquiétude sur la résistance que le petit allait leur opposer, lui qui ne voulait pas entendre parler de l'école. Mais la Méchain, à qui elle avait envoyé une dépÃÂȘche et qui l'attendait, lui apprit dÚs le seuil une nouvelle, dont elle était bouleversée elle-mÃÂȘme dans la nuit, brusquement, la mÚre Eulalie était morte, sans que le médecin eût pu dire au juste de quoi, une congestion peut-ÃÂȘtre, quelque ravage du sang gùté ; et l'effrayant, c'était que le gamin, couché avec elle, ne s'était aperçu de la mort, dans l'obscurité, qu'en la sentant contre lui devenir toute froide. Il avait fini sa nuit chez la propriétaire, hébété de ce drame, travaillé d'une sourde peur, si bien qu'il se laissa habiller et qu'il parut content, à l'idée de vivre dans une maison qui avait un beau jardin. Rien ne le retenait plus là , puisque la grosse, comme il disait, allait pourrir dans le trou. Cependant, la Méchain, en écrivant son reçu des deux mille francs, posait ses conditions. " C'est bien entendu, n'est-ce pas ? vous compléterez les six mille en un seul paiement, à six mois... Autrement, je m'adresserai à M. Saccard. - Mais, dit Mme Caroline, c'est M. Saccard lui-mÃÂȘme qui vous paiera... Aujourd'hui, je le remplace, simplement. " Les adieux de Victor et de la vieille cousine furent sans tendresse un baiser sur les cheveux, une hùte du petit à monter dans la voiture, tandis qu'elle, grondée par Busch d'avoir consenti à ne recevoir qu'un acompte, continuait à mùcher sourdement son ennui de voir ainsi son gage lui échapper. " Enfin, madame, soyez honnÃÂȘte avec moi, autrement je vous jure que je saurai bien vous en faire repentir. " De la cité de Naples à l'Oeuvre du Travail, boulevard Bineau, Mme Caroline ne put tirer que des monosyllabes de Victor, dont les yeux luisants dévoraient la route, les larges avenues, les passants et les maisons riches. Il ne savait pas écrire, à peine lire, ayant toujours déserté l'école pour des bordées sur les fortifications ; et, de sa face d'enfant mûri trop vite, ne sortaient que les appétits exaspérés de sa race, une hùte, une violence à jouir, aggravées par le terreau de misÚre et d'exemples abominables dans lequel il avait grandi. Boulevard Bineau, ses yeux de jeune fauve étincelÚrent davantage, lorsque, descendu de voiture, il traversa la cour centrale, que le bùtiment des garçons et celui des filles bordaient à droite et à gauche. Déjà , il avait fouillé d'un regard les vastes préaux plantés de beaux arbres, les cuisines revÃÂȘtues de faïence, dont les fenÃÂȘtres ouvertes exhalaient des odeurs de viandes, les réfectoires ornés de marbre, longs et hauts comme des nefs de chapelle, tout ce luxe royal que la princesse, s'entÃÂȘtant à ses restitutions, voulait donner aux pauvres. Puis, arrivé au fond, dans le corps de logis que l'administration occupait, promené de service en service pour ÃÂȘtre admis avec les formalités d'usage, il écouta sonner ses souliers neufs le long des immenses corridors, des larges escaliers, de ces dégagements inondés d'air et de lumiÚre, d'une décoration de palais. Ses narines frémissaient, tout cela allait ÃÂȘtre à lui. Mais, comme Mme Caroline, redescendue au rez-de-chaussée pour la signature d'une piÚce, lui faisait suivre un nouveau couloir, elle l'amena devant une porte vitrée, et il put voir un atelier oÃÂč des garçons de son ùge, debout devant des établis, apprenaient la sculpture sur bois. " Vous voyez, mon petit ami, dit-elle, on travaille ici parce qu'il faut travailler, si l'on veut ÃÂȘtre bien portant et heureux... Le soir, il y a des classes, et je compte, n'est-ce pas ? que vous serez sage, que vous étudierez bien... C'est vous qui allez décider de votre avenir, un avenir tel que vous ne l'avez jamais rÃÂȘvé. " Un pli sombre avait coupé le front de Victor. Il ne répondit pas, et ses yeux de jeune loup ne jetÚrent plus sur ce luxe étalé, prodigué, que des regards obliques de bandit envieux avoir tout ça, mais sans rien faire ; le conquérir, s'en repaÃtre, à la force des ongles et des dents. DÚs lors, il ne fut plus là qu'en révolté, qu'en prisonnier qui rÃÂȘve de vol et d'évasion. " Maintenant, tout est réglé, reprit Mme Caroline. Nous allons monter à la salle de bains. " L'usage était que chaque nouveau pensionnaire, à son entrée, prenait un bain ; et les baignoires se trouvaient en haut, dans des cabinets attenant à l'infirmerie, qui elle-mÃÂȘme, composée de deux petits dortoirs, l'un pour les garçons, l'autre pour les filles, était voisine de la lingerie. Les six soeurs de la communauté régnaient là , dans cette lingerie superbe, tout en érable verni, à trois étages de profondes armoires, dans cette infirmerie modÚle, d'une clarté, d'une blancheur sans tache, gaie et propre comme la santé. Souvent aussi, les dames du conseil de surveillance venaient y passer une heure de l'aprÚs-midi, moins pour contrÎler que pour donner à l'oeuvre l'appui de leur dévouement. Et, justement, la comtesse de Beauvilliers se trouvait là , avec sa fille Alice, dans la salle qui séparait les deux infirmeries. Souvent, elle l'amenait ainsi pour la distraire, en lui donnant le plaisir de la charité. Ce jour-là , Alice aidait une des soeurs à faire des tartines de confiture, pour deux petites convalescentes, à qui on avait permis de goûter. " Ah ! dit la comtesse, à la vue de Victor qu'on venait de faire asseoir en attendant son bain, voici un nouveau. " D'habitude, elle restait cérémonieuse à l'égard de Mme Caroline, ne la saluant que d'un signe de tÃÂȘte, sans jamais lui adresser la parole, de crainte peut-ÃÂȘtre d'avoir à lier avec elle des relations de voisinage. Mais ce garçon que celle-ci amenait, l'air d'active bonté dont elle s'occupait de lui, la touchaient sans doute, la faisaient sortir de sa réserve. Et elles causÚrent à demi-voix. " Si vous saviez, madame, de quel enfer je viens de le tirer ! Je le recommande à votre surveillance, comme je l'ai recommandé à toutes ces dames et à tous ces messieurs. " " Est-ce qu'il a des parents ? Est-ce que vous les connaissez ? - Non, sa mÚre est morte... Il n'a plus que moi. - Pauvre gamin !... Ah ! que de misÚre ! " Pendant ce temps, Victor ne quittait pas des yeux les tartines. Ses regards s'étaient allumés d'une féroce convoitise ; et, de cette confiture que le couteau étalait, il remontait aux fluettes mains blanches d'Alice, à son cou trop, à toute sa personne de vierge chétive, qui s'émaciait l'attente vaine du mariage. S'il s'était trouvé seul avec elle, d'un bon coup de tÃÂȘte dans le ventre, comme il l'aurait envoyée rouler contre le mur, pour lui prendre ses tartines ! Mais la jeune fille avait remarqué ses regards gloutons ; et, d'un coup d'oeil, ayant consulté la religieuse " Est-ce que vous avez faim, mon petit ami ? - Oui. - Et vous ne détestez pas la confiture ? - Non. - Alors, ça vous irait si je vous faisais deux tartines, que vous mangeriez en sortant du bain ? - Oui. - Beaucoup de confiture sur pas beaucoup de pain, n'est-ce pas ? - Oui. " Elle riait, plaisantait, mais lui restait grave et béant, avec ses yeux dévorateurs qui la mangeaient, elle et ses bonnes choses. A ce moment, des cris de joie, tout un violent tapage monta du préau des garçons, oÃÂč la récréation de quatre heures commençait. Les ateliers se vidaient, les pensionnaires avaient une demi-heure pour goûter et se dégourdir les jambes. " Vous voyez, reprit Mme Caroline, en l'amenant prÚs d'une fenÃÂȘtre, si l'on travaille, on joue aussi... Vous aimez travailler ? - Non. - Mais vous aimez jouer ? - Oui. - Eh bien, si vous voulez jouer, il faudra travailler... Tout cela s'arrangera, vous serez raisonnable, j'en suis sûre. " Il ne répondit pas. Une flamme de plaisir lui avait chauffé la face, à la vue de ses camarades lùchés, sautant et criant ; et ses regards revinrent vers ses tartines que la jeune fille achevait et posait sur une assiette. Oui ! de la liberté, de la jouissance, tout le temps, il ne voulait rien d'autre. Son bain était prÃÂȘt, on l'emmena. " Voilà un petit monsieur qui ne sera guÚre commode, je crois, dit doucement la religieuse. Je me méfie d'eux, quand ils n'ont pas la figure d'aplomb. - Il n'est pourtant pas laid, celui-ci, murmura Alice, et on lui donnerait dix-huit ans, à le voir vous regarder. - C'est vrai, conclut Mme Caroline avec un léger frisson, il est trÚs avancé pour son ùge. " Et, avant de s'en aller, ces dames voulurent se donner le plaisir de voir les petites convalescentes manger leurs tartines. L'une surtout était trÚs intéressante, une blonde fillette de dix ans, avec des yeux savants déjà , un air de femme, la chair hùtive et malade des faubourgs parisiens. C'était, d'ailleurs, la commune histoire un pÚre ivrogne qui amenait ses maÃtresses ramassées sur le trottoir, qui venait de disparaÃtre avec une d'elles ; une mÚre qui avait pris un autre homme, puis un autre, tombée elle-mÃÂȘme à la boisson ; et la petite, là -dedans, battue par tous ces mùles, quand ils n'essayaient pas de la violer. Un matin, la mÚre avait dû la retirer des bras d'un maçon, ramené par elle, la veille. On lui permettait pourtant, à cette mÚre misérable, de venir voir son enfant, car c'était elle qui avait supplié qu'on la lui enlevùt, ayant gardé dans son abjection un ardent amour maternel. Et elle se trouvait précisément là , une femme maigre et jaune, dévastée, avec des paupiÚres brûlées de larmes, assise prÚs du lit blanc, oÃÂč sa gamine, trÚs propre, le dos appuyé contre des oreillers, mangeait gentiment ses tartines. Elle reconnut Mme Caroline, étant allée chez Saccard chercher des secours. " Ah madame, voilà encore ma pauvre Madeleine sauvée une fois. C'est tout notre malheur qu'elle a dans le sang, voyez-vous, et le médecin m'avait bien dit qu'elle ne vivrait pas, si elle continuait à ÃÂȘtre bousculée chez nous... Tandis qu'ici elle a de la viande, elle a du vin ; et puis, elle respire, elle est tranquille... Je vous en prie, madame, dites bien à ce bon monsieur que je ne vis pas une heure de mon existence sans le bénir. " Un sanglot la suffoqua, son coeur se fondait de reconnaissance. C'était de Saccard qu'elle parlait, car elle ne connaissait que lui, comme la plupart des parents qui avaient des enfants à l'Oeuvre du Travail. La princesse d'Orviedo ne paraissait point, tandis que lui s'était longtemps prodigué, peuplant l'oeuvre, ramassant toutes les misÚres du ruisseau pour voir plus vite fonctionner cette machine charitable qui était un peu sa création, se passionnant du reste comme toujours, distribuant des piÚces de cent sous de sa poche aux tristes familles dont il sauvait les petits. Et il restait le seul et vrai bon Dieu, pour tous ces misérables. " N'est-ce pas ? madame, dites-lui bien qu'il y a quelque part une pauvre femme qui prie pour lui... Oh ! ce n'est pas que j'aie de la religion, je ne veux point mentir, je n'ai jamais été hypocrite. Non, les églises et nous, c'est fini, parce que nous n'y songeons seulement plus, tout ça ne servait à rien, d'aller y perdre son temps... Mais ça n'empÃÂȘche qu'il y a tout de mÃÂȘme quelque chose au-dessus de nous, et alors ça soulage, quand quelqu'un a été bon, d'appeler sur lui les bénédictions du Ciel. " Ses larmes débordÚrent, coulÚrent sur ses joues flétries. " Ecoute-moi, Madeleine, écoute... " La fillette, si pùle dans sa chemise de neige, et qui léchait la confiture de sa tartine d'un petit bout de langue gourmande, avec des yeux de bonheur, leva la tÃÂȘte, devint attentive, sans cesser son régal. " Chaque soir, avant de t'endormir dans ton lit, tu joindras tes mains comme ça, et tu diras " Mon Dieu, " faites que M. Saccard soit récompensé de sa bonté, qu'il ait de longs jours et qu'il soit heureux. Tu entends, tu me le promets ? - Oui, maman. " Les semaines qui suivirent, Mme Caroline vécut dans un grand trouble moral. Elle n'avait plus sur Saccard d'idées nettes. L'histoire de la naissance et de l'abandon de Victor, cette triste Rosalie prise sur une marche d'escalier, si violemment, qu'elle en était restée infirme, et les billets signés et impayés, et le malheureux enfant sans pÚre grandi dans la boue, tout ce passé lamentable lui donnait une nausée au coeur. Elle écartait les images de ce passé, de mÃÂȘme qu'elle n'avait pas voulu provoquer les indiscrétions de Maxime certainement, il y avait là des tares anciennes, qui l'effrayaient, dont elle aurait eu trop de chagrin. Puis, c'était cette femme en pleurs, joignant les mains de sa petite fille, la faisant prier pour cet homme ; c'était Saccard adoré comme le Dieu de bonté, et véritablement bon, et ayant réellement sauvé des ùmes, dans cette activité passionnée de brasseur d'affaires, qui se haussait à la vertu, lorsque la besogne était belle. Aussi arriva-t-elle à ne plus vouloir le juger, en se disant, pour mettre en paix sa conscience de femme savante, ayant trop lu et trop réfléchi, qu'il y avait chez lui, comme chez tous les hommes, du pire et du meilleur. Cependant, elle venait d'avoir un réveil sourd de honte à la pensée qu'elle lui avait appartenu. Cela la stupéfiait toujours, elle se tranquillisait en se jurant que c'était fini que cette surprise d'un moment ne pouvait recommencer. Et trois mois s'écoulÚrent, pendant lesquels, deux fois par semaine, elle allait voir Victor ; et, un soir, elle se retrouva dans les bras de Saccard, définitivement à lui, laissant s'établir des relations réguliÚres. Que se passait-il donc en elle ? Etait-elle, comme les autres, curieuse ? ces troubles amours de jadis, remués par elle, lui avaient-ils donné le sensuel désir de savoir ? Ou plutÎt n'était-ce pas l'enfant qui était devenu le lien, le rapprochement fatal entre lui, le pÚre, et elle, la mÚre de rencontre et d'adoption ? Oui, il ne devait y avoir eu là qu'une perversion sentimentale. Dans son grand chagrin de femme stérile, cela certainement l'avait attendrie jusqu'à la débùcle de sa volonté, de s'ÃÂȘtre occupée du fils de cet homme, au milieu de si poignantes circonstances. Chaque fois qu'elle le revoyait, elle se donnait davantage, et une maternité était au fond de son abandon. D'ailleurs, elle était femme de clair bon sens, elle acceptait les faits de la vie, sans s'épuiser à tacher de s'en expliquer les mille causes complexes. Pour elle, dans ce dévidage du coeur et de la cervelle, dans cette analyse raffinée des cheveux coupés en quatre, il n'y avait qu'une distraction de mondaines inoccupées, sans ménage à tenir, sans enfant à aimer, des farceuses intellectuelles qui cherchent des excuses à leurs chutes, qui masquent de leur science de l'ùme les appétits de la chair, communs aux duchesses et aux filles d'auberge. Elle, d'une érudition trop vaste, qui avait perdu son temps, autrefois, à brûler de connaÃtre le vaste monde et à prendre parti dans les querelles des philosophes, en était revenue avec le grand dédain de ces récréations psychologiques, qui tendent à remplacer le piano et la tapisserie, et dont elle disait en riant qu'elles ont débauché plus de femmes qu'elles n'en ont corrigé. Aussi, les jours oÃÂč des trous se produisaient en elle, oÃÂč elle sentait une cassure dans son libre arbitre préférait-elle avoir le courage d'accepter les faits, aprÚs l'avoir constaté ; et elle comptait sur le travail de la vie pour effacer la tare, pour réparer le mal, de mÃÂȘme que la sÚve qui monte toujours ferme d'un chÃÂȘne, refait du bois et de l'écorce. Si elle était maintenant à Saccard sans l'avoir voulu, sans ÃÂȘtre certaine qu'elle l'estimait, elle se relevait de cette déchéance en ne le jugeant pas indigne d'elle, séduite par ses qualités d'homme d'action, par son énergie à vaincre, le croyant bon et utile aux autres. Sa honte premiÚre s'en était allée, dans ce besoin que l'on a de purifier ses fautes, et rien n'était en effet plus naturel ni plus tranquille que leur liaison un ménage de raison simplement, lui heureux de l'avoir là , le soir, quand il ne sortait pas, elle presque maternelle, d'une affection calmante, avec sa vive intelligence et sa droiture. Et c'était vraiment, pour ce forban du pavé de Paris, brûlé et tanné dans tous les guets-apens financiers, une chance imméritée, une récompense volée comme le reste, que d'avoir à lui cette adorable femme, si jeune et si saine à trente-six ans, sous la neige de son épaisse chevelure blanche, d'un bon sens si brave et d'une sagesse si humaine, dans sa foi à la vie, telle qu'elle est, malgré la boue que le torrent emporte. Des mois se passÚrent, et il faut dire que Mme Caroline trouva Saccard trÚs énergique et trÚs prudent, durant tous ces pénibles débuts de la Banque universelle. Ses soupçons de trafics louches, ses craintes qu'il ne les compromit elle et son frÚre, se dissipÚrent mÃÂȘme entiÚrement, à le voir sans cesse en lutte avec les difficultés, se dépensant du matin au soir pour assurer le bon fonctionnement de cette grosse mécanique neuve, dont les rouages grinçaient, prÚs d'éclater ; et elle lui en eut de la reconnaissance, elle l'admira. L'Universelle, en effet, ne marchait pas comme il l'avait espéré, car elle avait contre elle la sourde hostilité de la haute banque de mauvais bruits couraient, des obstacles renaissaient, immobilisant le capital, ne permettant pas les grandes tentatives fructueuses. Aussi s'était-il fait une vertu de cette lenteur d'allures, à laquelle on le réduisait, n'avançant que pas à pas sur un terrain solide, guettant les fondriÚres, trop occupé à éviter une chute pour oser se lancer dans les hasards du jeu. Il se rongeait d'impatience, piétinant comme une bÃÂȘte de course réduite à un petit trot de promenade ; mais jamais commencements d'une maison de crédit ne furent plus honorables ni plus corrects ; et la Bourse en causait, étonnée. Ce fut de la sorte qu'on atteignit l'époque de la premiÚre assemblée générale. Elle avait été fixée au 25 avril. DÚs le 20, Hamelin débarqua d'Orient, tout exprÚs pour la présider, rappelé en hùte par Saccard, qui étouffait dans la maison trop étroite. Il rapportait, d'ailleurs, d'excellentes nouvelles les traités étaient conclus pour la formation de la Compagnie générale des Paquebots réunis et, d'autre part, il avait en poche les concessions qui assuraient à une société française l'exploitation des mines d'argent du Carmel ; sans parler de la Banque nationale turque, dont il venait de jeter les bases à Constantinople, et qui serait une véritable succursale de l'Universelle. Quant à la grosse question des chemins de fer de l'Asie Mineure, elle n'était pas mûre, il fallait la réserver ; du reste, il devait retourner là -bas, pour continuer ses études, dÚs le lendemain de l'assemblée. Saccard, ravi, eut avec lui une longue conversation, à laquelle assistait Mme Caroline, et il leur persuada aisément qu'une augmentation du capital social était une nécessité absolue, si l'on voulait faire face à ces entreprises. Déjà , les forts actionnaires, Daigremont, Huret, Sédille, Kolb, consultés avaient approuvé cette augmentation ; de sorte qu'en deux jours la proposition put ÃÂȘtre étudiée et présentée au conseil d'administration, la veille mÃÂȘme de la réunion des actionnaires. Ce conseil d'urgence fut solennel, tous les administrateurs y assistÚrent, dans la salle grave, verdie par le voisinage des grands arbres de l'hÎtel Beauvilliers. D'ordinaire, il y avait deux conseils par mois le petit, vers le 15, le plus important, celui auquel ne paraissaient que les vrais chefs, les administrateurs d'affaires ; et le grand, vers le 30, la réunion d'apparat, oÃÂč tous venaient, les muets et les décoratifs, approuver les travaux préparés d'avance et donner des signatures. Ce jour-là , le marquis de Bohain, avec sa petite tÃÂȘte aristocratique, arriva un des premiers, apportant avec lui, dans son grand air fatigué, l'approbation de toute la noblesse française. Et le vicomte de Robin-Chagot, le vice-président, homme doux et ladre, avait charge de guetter les administrateurs qui n'étaient point au courant, les prenait à part et leur communiquait d'un mot les ordres du directeur, le vrai maÃtre. Chose entendue, tous promettaient d'obéir, d'un signe de tÃÂȘte. Enfin, on entra en séance. Hamelin fit connaÃtre au conseil le rapport qu'il devait lire devant l'assemblée générale. C'était le gros travail que Saccard préparait depuis longtemps, qu'il venait de rédiger en deux jours, augmenté des notes apportées par l'ingénieur, et qu'il écoutait modestement, d'un air de vif intérÃÂȘt, comme s'il n'en avait pas connu un seul mot. D'abord, le rapport parlait des affaires faites par la Banque universelle, depuis sa fondation elles n'étaient que bonnes, de petites affaires au jour le jour, réalisées de la veille au lendemain, le courant banal des maisons de crédit. Pourtant, d'assez gros bénéfices s'annonçaient sur l'emprunt mexicain, qui venait d'ÃÂȘtre lancé le mois d'auparavant, aprÚs le départ de l'empereur Maximilien pour Mexico un emprunt de gùchis et de primes folles, dans lequel Saccard regrettait mortellement de n'avoir pu barboter davantage, faute d'argent. Tout cela était ordinaire, mais ou avait vécu. Pour le premier exercice, qui ne comprenait que trois mois, du 5 octobre, date de la fondation, 31 décembre, l'excédent des bénéfices était seulement de quatre cent et quelques mille francs, ce qui avait permis d'amortir d'un quart les frais de premier établissement, de payer aux actionnaires leur cinq pour cent et de verser dix pour cent au fonds de réserve ; en outre, les administrateurs avaient prélevé le dix pour cent que leur accordaient les statuts, et il restait une somme d'environ soixante-huit mille francs, qu'on avait portée à l'exercice suivant. Seulement, il n'y avait pas eu de dividende. Rien à la fois de plus médiocre ni de plus honorable. C'était comme pour les cours des actions de l'Universelle en Bourse, ils avaient lentement monté de cinq cents à six cents francs, sans secousse, d'une façon normale, ainsi que les cours des valeurs de toute banque qui se respecte ; et, depuis deux mois, ils demeuraient stationnaires, n'ayant aucune raison de s'élever davantage, dans le petit train journalier oÃÂč semblait s'endormir la maison naissante. Puis, le rapport passait à l'avenir, et ici c'était un brusque élargissement, le vaste horizon ouvert de toute une série de grandes entreprises. Il insistait particuliÚrement sur la Compagnie générale des Paquebots réunis, dont l'Universelle allait avoir à émettre les actions une compagnie au capital de cinquante millions, qui monopoliserait tous les transports de la Méditerranée, et oÃÂč se trouveraient syndiquées les deux grandes sociétés rivales, la Phocéenne, pour Constantinople, Smyrne et Trébizonde, par le Pirée et les Dardanelles, et la Société Maritime, pour Alexandrie, par Messine et la Syrie, sans compter des maisons moindres qui entraient dans le syndicat, les Combarel et Cie, pour l'Algérie et la Tunisie, la veuve Henri Liotard, pour l'Algérie également, par l'Espagne et le Maroc, enfin les Féraud-Giraud frÚres, pour l'Italie, Naples et les villes de l'Adriatique, par Civita-Vecchia. On conquérait la Méditerranée entiÚre, en faisant une seule compagnie de ces sociétés et de ces maisons rivales qui se tuaient les unes les autres. Grùce aux capitaux centralisés, on construirait des paquebots types, d'une vitesse et d'un confort inconnus, on multiplierait les départs, on créerait des escales nouvelles, on ferait de l'Orient le faubourg de Marseille ; et quelle importance prendrait la Compagnie, lorsque, le canal de Suez achevé, il lui serait permis de créer des services pour les Indes, le Tonkin, la Chine et le Japon ! Jamais affaire ne s'était présentée, d'une conception plus large ni plus sûre. Ensuite, viendrait l'appui donné à la Banque nationale turque, sur laquelle le rapport fournissait de longs détails techniques, qui en démontraient l'inébranlable solidité. Et il terminait cet exposé des opérations futures, en annonçant que l'Universelle prenait encore sous son patronage la Société française des mines d'argent du Carmel, fondée au capital de vingt-cinq millions. Des analyses de chimistes indiquaient, dans les échantillons du minerai, une proportion considérable d'argent. Mais, plus encore que la science, l'antique poésie des lieux saints faisait ruisseler cet argent en une pluie miraculeuse, éblouissement divin que Saccard avait mis à la fin d'une phrase dont il était trÚs content. Enfin, aprÚs ces promesses d'un avenir glorieux, le rapport concluait à l'augmentation du capital. On le doublait, on l'élevait de vingt-cinq à cinquante millions. Le systÚme d'émission adopté était le plus simple du monde, pour qu'il entrùt aisément dans toutes les cervelles cinquante mille actions nouvelles seraient créées, et on les réserverait titre pour titre aux porteurs des cinquante mille actions primitives ; de façon qu'il n'y aurait pas mÃÂȘme de souscription publique. Seulement, ces actions nouvelles seraient de cinq cent vingt francs, dont une prime de vingt francs, formant au total une somme d'un million, qu'on porterait au fonds de réserve. Il était juste et prudent de frapper les actionnaires de ce petit impÎt, puisqu'on les avantageait. D'ailleurs, le quart seul des actions était exigible, plus la prime. Lorsque Hamelin cessa de lire, il se produisit un brouhaha d'approbation. C'était parfait, pas une observation à faire. Pendant tout le temps qu'avait duré la lecture, Daigremont, trÚs intéressé par un examen soigneux de ses ongles, avait souri à des pensées vagues ; et le député Huret, renversé dans son fauteuil, les yeux clos, sommeillait à demi, se croyant à la Chambre ; tandis que Kolb, le banquier, tranquillement, sans se cacher, s'était livré à un long calcul, sur les quelques feuilles de papier qu'il avait devant lui, ainsi que chaque administrateur. Pourtant, Sédille, toujours anxieux et méfiant, voulut poser une question que deviendraient les actions abandonnées par ceux des actionnaires qui ne voudraient pas user de leur droit ? la société les garderait-elle à son compte, ce qui était illicite, puisque la déclaration légale ne pouvait avoir lieu, chez le notaire, que lorsque le capital était intégralement souscrit ? et, si elle s'en débarrassait, à qui et comment comptait-elle les céder ? Mais, dés les premiers mots du fabricant de soie, le marquis de Bohain, voyant l'impatience de Saccard, lui coupa la parole, en disant, de son grand air noble, que le conseil s'en remettait de ces détails à son président et au directeur, tous les deux si compétents et si dévoués. Et il n'y eut plus que des congratulations, la séance fut levée au milieu du ravissement de tous. Le lendemain, l'assemblée générale donna lieu à des manifestations vraiment touchantes. Elle se tint encore dans la salle de la rue Blanche, oÃÂč un entrepreneur de bals publics avait fait faillite ; et, avant l'arrivée du président, dans cette salle déjà pleine, couraient les meilleurs bruits, un surtout qu'on se chuchotait à oreille violemment attaqué par l'opposition grandissante, Rougon, le ministre, le frÚre du directeur, était disposé à favoriser l'Universelle, si le journal de la société, L'Espérance , un ancien organe catholique, défendait le gouvernement. Un député de la gauche venait de lancer le terrible cri " Le 2 décembre est un crime ! " qui avait retenti d'un bout de la France à l'autre, comme un réveil de la conscience publique. Il était nécessaire de répondre par de grands actes, la prochaine Exposition universelle décuplerait le chiffre des affaires, on allait gagner gros au Mexique et ailleurs, dans le triomphe de l'empire à son apogée. Et, parmi un petit groupe d'actionnaires, qu'endoctrinaient Jantrou et Sabatani, on riait beaucoup d'un autre député qui, lors de la discussion sur l'armée, avait eu l'extraordinaire fantaisie de proposer d'établir en France le systÚme de recrutement de la Prusse. La Chambre s'en était amusée fallait-il que la terreur de la Prusse troublùt certaines cervelles, à la suite de l'affaire du Danemark et sous le coup de la rancune sourde que nous gardait l'Italie, depuis Solferino ! Mais le bruit des conversations particuliÚres, le grand murmure de la salle, tomba brusquement, lorsque Hamelin et le bureau parurent. Plus modeste encore que dans le conseil de surveillance, Saccard s'effaçait, perdu au milieu de la foule ; et il se contenta de donner le signal des applaudissements, approuvant le rapport qui soumettait à l'assemblée les comptes du premier exercice, revus et acceptés par les commissaires- censeurs, LavigniÚre et Rousseau, et qui lui proposait de doubler le capital. Elle seule était compétente pour autoriser cette augmentation, qu'elle décida d'ailleurs d'enthousiasme, absolument grisée par les millions de la Compagnie générale des Paquebots réunis et de la Banque nationale turque, reconnaissant la nécessité de mettre le capital en rapport avec l'importance que l'Universelle allait prendre. Quant aux mines d'argent du Carmel, elles furent accueillies par un frémissement religieux. Et, lorsque les actionnaires se furent séparés, en votant des remerciements au président, au directeur et aux administrateurs, tous rÃÂȘvÚrent du Carmel, de cette miraculeuse pluie d'argent, tombant des lieux saints, au milieu d'une gloire. Deux jours aprÚs, Hamelin et Saccard, accompagnés cette fois du vice- président, le vicomte de Robin-Chagot, retournÚrent rue Sainte-Anne, chez maÃtre Lelorrain pour déclarer l'augmentation du capital, qu'ils affirmaient avoir été intégralement souscrit. La vérité était que trois mille actions environ, refusées par les premiers actionnaires à qui elles appartenaient de droit, restaient aux mains de la société, laquelle les passa de nouveau au compte Sabatani, par un jeu d'écritures. C'était l'ancienne irrégularité, aggravée, le systÚme qui consistait à dissimuler dans les caisses de l'Universelle une certaine quantité de ses propres valeurs, une sorte de réserve de combat, qui lui permettait de spéculer, de se jeter en pleine bataille de Bourse, s'il le fallait, pour soutenir les cours, au cas d'une coalition de baissiers. D'ailleurs, Hamelin, tout en désapprouvant cette tactique illégale, avait fini par s'en remettre complÚtement à Saccard, pour les opérations financiÚres ; et il y eut une conversation à ce sujet, entre eux et Mme Caroline, relative seulement aux cinq cents actions qu'il les avait forcés de prendre, lors de la premiÚre émission, et que la seconde, naturellement, venait de doubler mille actions en tout, représentant, pour le versement du quart et la prime, une somme de cent trente-cinq mille francs, que le frÚre et la soeur voulurent absolument payer, un héritage inattendu d'environ trois cent mille francs leur étant tombé d'une tante, morte dix jours aprÚs son fils unique, tous deux emportés par la mÃÂȘme fiÚvre. Saccard les laissa faire, sans s'expliquer lui-mÃÂȘme sur la maniÚre dont il comptait libérer ses propres actions. " Ah ! cet héritage, dit en riant Mme Caroline, c'est la premiÚre chance qui nous arrive... Je crois bien que vous nous portez bonheur. Mon frÚre avec ses trente mille francs de traitement, ses frais de déplacement considérables, et tout cet or qui tombe sur nous, parce que nous n'en avons plus besoin sans doute... Nous voilà riches. " Elle regardait Saccard, avec sa gratitude de bon coeur, vaincue désormais, confiante en lui, perdant chaque jour de sa clairvoyance, dans la tendresse croissante qu'il lui inspirait. Puis, emportée tout de mÃÂȘme par sa gaie franchise, elle continua " N'importe, si je l'avais gagné, cet argent, je vous réponds que je ne le risquerais pas dans vos affaires... Mais une tante que nous avons à peine connue, un argent auquel nous n'avions jamais pensé, enfin de l'argent trouvé par terre, quelque chose qui ne me semble mÃÂȘme pas trÚs honnÃÂȘte et dont j'ai un peu honte... Vous comprenez, il ne me tient pas au coeur, je veux bien le perdre. - Justement dit Saccard, plaisantant à son tour, il va grossir et vous donner des mimons. Il n'y a rien de tel pour profiter comme l'argent volé.. Avant huit jours, vous verrez, vous verrez la hausse ! " Et, en effet, Hamelin, ayant dû retarder son départ, assista avec surprise à une hausse rapide des actions de l'Universelle. A la liquidation de la fin de mai, le cours de sept cents francs fut dépassé. Il y avait là l'ordinaire résultat que produit toute augmentation de capital c'est le coup classique, la façon de cravacher le succÚs, de donner un temps de galop aux cours, à chaque émission nouvelle. Mais il y avait aussi la réelle importance des entreprises que la maison allait lancer ; et de grandes affiches jaunes, collées dans tout Paris, annonçant la prochaine exploitation des mines d'argent du Carmel, achevaient de troubler les tÃÂȘtes, y allumaient un commencement de griserie, cette passion qui devait croÃtre et emporter toute raison. Le terrain était préparé, le terreau impérial, fait de débris en fermentation, chauffé des appétits exaspérés, extrÃÂȘmement favorable à une de ces poussées folles de la spéculation, qui, toutes les dix à quinze années, obstruent et empoisonnent la Bourse, ne laissant aprÚs elles que des ruines et du sang. Déjà , les sociétés véreuses naissaient comme des champignons, les grandes compagnies poussaient aux aventures financiÚres, une fiÚvre intense du jeu se déclarait, au milieu de la prospérité bruyante du rÚgne, tout un éclat de plaisir et de luxe, dont la prochaine Exposition promettait d'ÃÂȘtre la splendeur finale, la menteuse apothéose de féerie. Et, dans le vertige qui frappait la foule, parmi la bousculade des autres belles affaires s'offrant sur le trottoir, l'Universelle enfin se mettait en marche, en puissante machine destinée à tout affoler, à tout broyer, et que des mains violentes chauffaient sans mesure, jusqu'à l'explosion. Lorsque son frÚre fut reparti pour l'Orient, Mme Caroline se retrouva seule avec Saccard, reprenant leur étroite vie d'intimité, presque conjugale. Elle s'entÃÂȘtait à s'occuper de sa maison, à lui faire réaliser des économies, en intendante fidÚle, bien que leur fortune à tous deux eût changé. Et, dans sa paix souriante, son humeur toujours égale, elle n'éprouvait qu'un trouble, son cas de conscience au sujet de Victor, l'hésitation de savoir si elle devait cacher plus longtemps au pÚre l'existence de son fils. On était trÚs mécontent de ce dernier, à l'Oeuvre du Travail, qu'il ravageait. Les six mois d'expérience étaient écoulés, allait-elle produire le petit monstre, avant de l'avoir décrassé de ses vices ? Elle en ressentait parfois une vraie souffrance. Un soir, elle fut sur le point de parler. Saccard, que l'installation mesquine de l'Universelle désespérait, venait de décider le conseil à louer le rez-de-chaussée de la maison voisine, pour agrandir les bureaux, en attendant qu'il osùt proposer la construction de l'hÎtel luxueux de ses rÃÂȘves. De nouveau, il faisait percer des portes de communication, abattre des cloisons, poser encore des guichets. Et, comme elle revenait du boulevard Bineau, désespérée d'une abomination de Victor, qui avait presque mangé l'oreille à un camarade, elle le pria de monter avec elle, chez eux. " Mon ami, j'ai quelque chose à vous dire. " Mais, en haut, quand elle le vit, une épaule couverte de plùtre, enchanté d'une nouvelle idée d'agrandissement qu'il venait d'avoir, celle de vitrer aussi la cour de la maison voisine, elle n'eut pas le courage de le bouleverser, avec le déplorable secret. Non, elle attendrait encore, il faudrait bien que l'affreux vaurien se corrigeùt. Elle était sans force devant la peine des autres. " Eh bien, mon ami, c'était pour cette cour. J'avais eu justement la mÃÂȘme idée que vous. " VI - Les bureaux de L'Espérance , le journal catholique en détresse que, sur l'offre de Jantrou, Saccard avait acheté, pour travailler au lancement de l'Universelle, se trouvaient rue Saint-Joseph, dans un vieil hÎtel noir et humide, dont ils occupaient le premier étage, au fond de la cour. Un couloir partait de l'antichambre, oÃÂč le gaz brûlait éternellement ; et il y avait, à gauche, le cabinet de Jantrou, le directeur, puis une piÚce que Saccard s'était réservée, tandis que s'alignaient, à droite, la salle commune de la rédaction, le cabinet du secrétaire, des cabinets destinés aux différents services. De l'autre cÎté du palier, étaient installées l'administration et la caisse, qu'un couloir intérieur, tournant derriÚre l'escalier, reliait à la rédaction. Ce jour-là , Jordan, en train d'achever une chronique, dans la salle commune, oÃÂč il s'était installé de bonne heure pour n'ÃÂȘtre pas dérangé, en sortit comme quatre heures sonnaient, et vint trouver Dejoie, le garçon de bureau, qui, à la flamme large du gaz, malgré la radieuse journée de juin qu'il faisait dehors, lisait avidement le bulletin de la Bourse, qu'on apportait et dont il prenait le premier connaissance. " Dites donc, Dejoie, c'est M. Jantrou qui vient d'arriver ? - O Coupefoie gras/fromage sur marbre- chromĂ© avec fil en inox ( 2fils inox de rechange). Dimension : 18 x 12cm. 1 Avis 17,90 € 2 3 ERREUR rĂ©essayer QuantitĂ© Ajouter au panier Retrait en click & Collect Bazar Avenue Nantes Bazar Avenue Rennes Bazar Avenue Le Mans En savoir plus Coupe foie gras/fromage sur marbre Etoile pleineEtoile pleineEtoile pleineEtoile videEtoile vide 3 avis Le fil de rechange pour votre coupe foie gras et fromage. 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Article rĂ©servĂ© aux abonnĂ©s Voici le moment de l'annĂ©e oĂč le foie gras est dĂ©licieux, qu'il soit d'oie ou de canard. Il n'est pas nĂ©cessaire qu'il soit parfumĂ© aux truffes surtout si elles viennent de Chine ! Aujourd'hui, la simplicitĂ© est de rigueur. Le foie gras n'est jamais aussi bon que servi au naturel, mi-cuit ou en conserve, une affaire de goĂ»t, et accompagnĂ© d'une bonne bouteille. La Comtesse du Barry propose l'un ou l'autre, dont l'Ă©patant canard en mi-cuisson, Ă©levĂ© aux figues et au maĂŻs. Les foies viennent aussi bien de Hongrie, de Pologne, de BohĂȘme-Moravie ou d'Autriche, et leur passage en Dordogne est une question d'Ă©tiquette. ConditionnĂ© dans cette belle province, le foie gras en porte le label, prestige du PĂ©rigord. Il n'y a que la foi qui sauve le foie. » Mais il semble que l'on soit, cette annĂ©e, incitĂ© Ă  l'honorer d'une habile et rigoureuse dĂ©coupe. Cet aliment dĂ©licat exige, on le sait, d'ĂȘtre tranchĂ© avec doigtĂ©, afin que la texture de la prĂ©paration ne s'agglutine au tranchant, ni ne se dĂ©sagrĂšge pendant l'opĂ©ration. Chaque tablĂ©e a ses coutumes ou ses querelles Ă  propos de la meilleure maniĂšre de s'y prendre lame trempĂ©e dans l'eau chaude entre deux gestes prĂ©cis, choix du couteau, expĂ©rience de l'opĂ©rateur, sans compter ceux qui renoncent, s'en remettent Ă  la chance ou Ă  des ustensiles moins exigeants. Or voici que d'infatigables inventeurs ont mis au point le fil Ă  couper le foie gras » indispensable une fois l'an , qui pourrait s'ajouter au Catalogue de ces objets introuvables » recensĂ©s par Carelman Livre de poche. Parmi ces ustensiles ultra-spĂ©cialisĂ©s qui Ă©voquent la trousse du chirurgien de la campagne de Russie, Ă  manches de corne ou d'ivoire, on connaissait dĂ©jĂ  le couteau Ă  pamplemousse lame recourbĂ©e et fines dentelures, le couteau-coquilleur pour servir le beurre en rubans, le couteau Ă  lamelles pour le gruyĂšre, le couteau Ă  tomates pour rĂ©ussir parfaitement les rondelles, l'Ă©plucheur spĂ©cial pour peler finement les asperges, les divers modĂšles de couteaux d'Ă©cailler... et, dĂ©jĂ , un couteau Ă  lame perforĂ©e et Ă©vidĂ©e pour trancher le foie sans dĂ©gĂąts, qui autorise une habile et rigoureuse dĂ©coupe. Il vous reste de cet article Ă  lire. La suite est rĂ©servĂ©e aux abonnĂ©s. Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil Ă  la fois Ce message s’affichera sur l’autre appareil. DĂ©couvrir les offres multicomptes Parce qu’une autre personne ou vous est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil. Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil Ă  la fois ordinateur, tĂ©lĂ©phone ou tablette. Comment ne plus voir ce message ? En cliquant sur » et en vous assurant que vous ĂȘtes la seule personne Ă  consulter Le Monde avec ce compte. Que se passera-t-il si vous continuez Ă  lire ici ? Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connectĂ© avec ce compte. Y a-t-il d’autres limites ? Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant Ă  des moments diffĂ©rents. Vous ignorez qui est l’autre personne ? Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.
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