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JohnnyHallyday : « Je fais partie de la vie des gens » Guerre en Ukraine Musique - Interview spéciale pour les journaux de l'est Johnny Hallyday : « Je fais partie de la vie des gens »
La solution Ă ce puzzle est constituéÚ de 7 lettres et commence par la lettre B Les solutions â pour FAIT PARTIE DES GENS DU VOYAGE de mots flĂ©chĂ©s et mots croisĂ©s. DĂ©couvrez les bonnes rĂ©ponses, synonymes et autres types d'aide pour rĂ©soudre chaque puzzle Voici Les Solutions de Mots CroisĂ©s pour "FAIT PARTIE DES GENS DU VOYAGE" 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 Partagez cette question et demandez de l'aide Ă vos amis! Recommander une rĂ©ponse ? Connaissez-vous la rĂ©ponse? profiter de l'occasion pour donner votre contribution! Similaires Youssouphasur la polĂ©mique nĂ©e de sa chanson pour les Bleus : «Les gens du RN ne sont pas importants» Par Le Figaro PubliĂ© le 03/06/2021 Ă 22:59 , Mis Ă 1Le chant est devenu aujourd'hui l'un des domaines les plus spontanĂ©ment associĂ©s au Pays Basque, et il fait partie des idĂ©es courantes que le chant basque » a toujours existĂ©, ou du moins qu'il est l'une des caractĂ©ristiques majeures du Pays Basque depuis fort longtemps. Pourtant, un survol historique nous montre qu'il n'en est pas ainsi. Le musicographe F. J. FĂ©tis, par exemple, dĂ©finissant les termes d'air et de chanson, relĂšve les airs nationaux » de diffĂ©rents pays ou rĂ©gions d'Europe et les airs d'un caractĂšre particulier » des diffĂ©rentes provinces de France sans mentionner les chants basques FĂ©tis, F. J., 1836 290, 311. Ce terme lui-mĂȘme, si banal aujourd'hui, ne se rencontre semble-t-il qu'Ă partir de 1834, et avec un sens particulier un chant basque » est un texte de chant historique, plus restreint que l'acception courante actuelle, qui englobe des pratiques et un rĂ©pertoire variĂ©s. Ce n'est que vers le milieu du xixe siĂšcle que l'on commence rĂ©ellement Ă s'intĂ©resser aux chants basques » en tant que manifestations musicales et non plus seulement littĂ©raires et ce n'est que peu Ă peu que l'on en vient Ă le considĂ©rer comme une spĂ©cificitĂ© basque. Cet intĂ©rĂȘt se manifeste par le biais de la musique savante, de l'attention portĂ©e au folklore musical, du dĂ©veloppement d'une pratique musicale l'orphĂ©on, puis la chorale et de la volontĂ© de dĂ©finir ou de crĂ©er une nationalitĂ© artistique et/ou politique. 2On voudrait donc essayer de montrer que les dĂ©signations ont Ă©voluĂ©, les contenus ont Ă©voluĂ©, au fur et Ă mesure que se constituait ce que nous appelons aujourd'hui le chant basque » â d'autant que ce terme recouvre deux rĂ©alitĂ©s le rĂ©pertoire et la façon de chanter. C'est le discours sur le chant basque » qui retiendra pour cela notre attention, et nous permettra de retracer cette Ă©volution. Danse basque et chanson française 1 Un exemple, donnĂ© dans une histoire de Bayonne par P. Masein 1792 86-87 les habitants des ... 3Dans les premiers rĂ©cits de voyage en Pays Basque, il est peu fait mention du chant manque d'intĂ©rĂȘt pour ce qui n'est pas considĂ©rĂ© comme un art, barriĂšre de la langue ? Toujours est-il que les mentions des pratiques vocales sont trĂšs rares et succinctes1. La danse, en revanche, est constamment dĂ©crite elle partage parfois avec le jeu de paume l'Ă©vocation des divertissements du pays, en particulier le saut basque qui est souvent prĂ©sentĂ© comme la danse nationale. La rĂ©putation des danseurs basques Ă Paris n'est plus Ă faire ils ont mĂȘme donnĂ© au ballet un pas de Basque » et l'on connaĂźt la dĂ©finition que Voltaire donne des Basques dans La Princesse de Babylone 1966 [1768] 506 Ces peuples qui demeurent, ou plutĂŽt qui sautent au pied des PyrĂ©nĂ©es. » 4Est-ce parce que la pratique du chant, ou plutĂŽt de la chanson » comme on dit alors, est jusqu'au xviiie siĂšcle trĂšs rĂ©pandue, en particulier en France ? Rousseau, parmi tant d'autres, le constatait tous les Ă©trangers conviennent de notre supĂ©rioritĂ© dans cet art ..., on peut assurer que l'humeur chansonniĂšre est une des caractĂ©ristiques de la nation .... Battant ou battu, dans l'abondance ou dans la disette, heureux ou malheureux, triste ou gai, [le Français] chante toujours, et l'on dirait que la chanson est l'expression naturelle de tous ses sentiments ». 2 On y verrait plutĂŽt... le Basque, tel que le dĂ©crit le PĂšre Donostia dans Comment chante le Basque ... 5Cette remarque est rapportĂ©e dans Dictionnaire de la conversation, HĂ©reau, E., 1833 article chanson », qui enchaĂźne les choses se sont modifiĂ©es depuis, et l'on reconnaĂźtrait difficilement dans le Français d'aujourd'hui le portrait que Rousseau a tracĂ© du Français d'autrefois »2. Il aurait alors fallu quelques dĂ©cennies pour que l'humeur chansonniĂšre » du Basque, restĂ©e Ă©gale Ă elle-mĂȘme, apparaisse comme un fait digne d'ĂȘtre remarquĂ©. Elle frappe en tout cas Frederick Link 1801 53, professeur Ă l'universitĂ© de Rostock, par contraste avec la France qui ne chante plus dans les autres provinces de France, on entend rarement le petit peuple chanter, en tout cas beaucoup plus rarement qu'avant la RĂ©volution ; mais ici des chansons retentissent de chaque vallĂ©e ». Les Français- et les Basques eux-mĂȘmes â seront plus longs Ă le remarquer. De Pierre-Jean Garat aux Cantabres 6En 1783, Pierre-Jean Garat chante en euskara Ă la cour de Versailles, devant Marie-Antoinette dont il devient le professeur de chant il faudrait voir en quels termes cet Ă©pisode est rapportĂ© par les contemporains, et les raisons invoquĂ©es le jeune autodidacte qui arrive de sa province chante d'abord des airs de son pays ?. Il semble qu'Izar ederra et Aitarik ez dut aient Ă©tĂ© par la suite particuliĂšrement apprĂ©ciĂ©s par la reine. Cet intĂ©rĂȘt de Garat nous est aujourd'hui connu par des annotations portĂ©es au xixe siĂšcle ; l'Ă©crivain Augustin Chaho note ainsi dans Biarritz entre les PyrĂ©nĂ©es et l'OcĂ©an 1855 248 il excellait Ă chanter les airs naĂŻfs des montagnes labourdines ». Presque un siĂšcle aprĂšs la prestation de Garat Ă Versailles, le tĂ©nor Pascal Lamazou publie un recueil, avec accompagnement de piano, oĂč il donne deux mĂ©lodies comme Ă©tant composĂ©es par lui Irulia et Charmangarria. Un autre collecteur, J. D. J. Sallaberry 1870 403, reprenant les assertions de Chaho qui parle au mĂȘme endroit d'un air basque auquel on a accordĂ© une petite place dans le recueil des vaudevilles français », indique que Mendian zoinen eder a Ă©tĂ© popularisĂ© par Garat et inclus dans la quatriĂšme Ă©dition de La clĂ© du caveau, recueil de chansons rĂ©unies par P. Capelle Ă partir de 1811. Son biographe Miel, enfin, Ă©crit 1841 C'est Ă son retour de Madrid qu'il donna Ă Catel le charmant air basque qui sert de motif principal Ă 1'ouverture de l'Auberge de BagnĂšres. » 7Les piĂšces dont le titre vient d'ĂȘtre citĂ© correspondent bien au type de la romance de la fin du xviiie siĂšcle une investigation plus poussĂ©e, menĂ©e Ă partir de sources contemporaines, permettra de voir comment ces romances en langue basque, qui sont passĂ©es aujourd'hui dans le fond populaire, Ă©taient nommĂ©es et perçues Ă l'Ă©poque, et quel rĂŽle Ă©ventuel elles ont pu jouer dans la constitution du chant basque ». 8Il ne semble pas en tout cas que, de son vivant, l'on fasse un lien entre la voix exceptionnelle de P. J. Garat et son origine basque et bordelaise !, que celui-ci revendique bien que quelques voyageurs tels que Madame d'Aulnoy 1874 [1679] 6 aient notĂ© les trĂšs belles voix » des habitants du Sud-Ouest de la France j'ai remarquĂ© dans toute la Guyenne et vers Bayonne que l'on y a de la voix naturellement et il n'y manque que de bons maĂźtres », les Basques n'ont sans doute pas acquis auprĂšs du public la rĂ©putation de chanteurs qu'ils auront par la suite. En d'autres termes, le Basque chanteur, ou le chanteur basque, n'existe pas » encore, mais quand on s'intĂ©ressera plus tard au chant basque, on ressortira la figure de Garat, en tant que premiĂšre grande voix basque cĂ©lĂšbre. 3 CitĂ© par P. Urkizu en exergue de Bertso zahar eta berri zenbaiten bilduma 1798. 9Dans la premiĂšre moitiĂ© du xixe siĂšcle, on commence cependant Ă trouver ici ou lĂ mention des aptitudes vocales des Basques, mais sans que ce point soit dĂ©veloppĂ©. Deux ans aprĂšs la mort de Garat, l'abbĂ© d'Iharce de Bidassouet, dans son Histoire des Cantabres ou des premiers colons de toute l'Europe, avec celle des Basques, leurs descendants directs, qui existent encore, et leur langue asiatique-basque 1825 12, donne l'Ă©tymologie suivante Cantabre, en basque khanta ber, chantre, chanteur sans pareil », avec en note les Romains les appeloient Cantabri, Ă raison de l'excellence de leurs voix ; aussi Ă©toient-ils les ornements de leurs théùtres, comme le cĂ©lĂšbre Garat, Basque, l'a Ă©tĂ© de ceux de Paris ». Cette rĂ©fĂ©rence romaine est mĂȘme plus ancienne, puisqu'on la trouve au dernier distique de la dĂ©dicace faite par Etcheberri de Ciboure Ă Bertrand d'Etchauz de son Eliçara erabilceco liburua 1636 ecen daquiçun beçala Escualdunac, çaharrec,/ Cantuen maitatçaille deithu zituzten Erromarec » car comme vous le savez, les anciens Romains nommĂšrent les Basques amateurs des chants », ou encore au xviie siĂšcle sous la plume de Jacques de Bela je tiens que le mot Cantaber fut donnĂ© aux Basques pour ce qu'ils sont joviaux et chanteurs de leur nature »3. 10Cette Ă©tymologie sera reprise dans plusieurs dictionnaires, ce qui contribuera sans doute Ă la diffusion de l'idĂ©e. On la trouve par exemple dans le Dictionnaire de la conversation de 1833 Garay de Monglave, E. article Basques », avec allusion en forme de preuve » aux chanteurs d'opĂ©ras tels que Garat, comme chez d'Iharce, mais pas dans l'Ă©dition de 1873, ou dans le Dictionnaire universel Larousse de 1867 [s. n]. article Basques ». Le voyageur anglais George Borrow 1989 [1845] 264-265 la cite encore et ajoute Les Basques sont plus portĂ©s Ă la musique qu'Ă la poĂ©sie, et bien que la composition des vers leur soit facile, ils y rĂ©ussissent assez mal. Par contre, leurs voix sont particuliĂšrement agrĂ©ables et leurs compositions musicales surpassent en beautĂ© celles des autres peuples. » Une dĂ©couverte » allemande 11C'est un Allemand qui, le premier, s'intĂ©resse au chant basque », et non pas seulement Ă la voix basque ». Les Allemands sont peut-ĂȘtre plus sensibilisĂ©s Ă la musique que leurs contemporains venant d'autres horizons culturels. De plus, leur intĂ©rĂȘt pour le populaire, oĂč ils voient s'incarner l'esprit national », l'Ăąme du peuple », a Ă©tĂ© particuliĂšrement aiguisĂ© dans le domaine qui nous intĂ©resse par la publication par J. G. Herder, en 1778-1779, de son recueil de Volkslieder Chansons populaires », rééditĂ© sous le titre Stimmen der Völker in Liedern Voix des peuples dans leurs chansons ». Ă la gĂ©nĂ©ration suivante, Clemens Brentano et Achim von Arnim poursuivent sa quĂȘte de chansons populaires », et font paraĂźtre en 1806 Das Knaben Wunderhorn Le cor enchantĂ© de l'enfant ». Seuls les textes sont donnĂ©s la premiĂšre compilation avec musique date de 1840 il s'agit des Deutsche Volkslieder de A. Kretzschmer et A. von Zuccalmaglio ; on ne discutera pas ici de leur authenticitĂ© ou des transformations que les collecteurs » ont pu leur faire subir, seul nous importe le retentissement de ces publications â qui n'est pas limitĂ© aux musiciens et aux poĂštes. 4 De mĂȘme, lorsque le botaniste Moritz Wilkomm visite le Pays Basque en 1850, il prĂȘte une attention ... 12Wilhelm von Humboldt, ambassadeur du roi de Prusse, visite le Pays Basque en 1799 et 1800, et mĂȘme s'il est animĂ© d'objectifs historiques et linguistiques, il ne nĂ©glige pas pour autant les aspects culturels » du pays4, notamment ses proverbes, ses danses nationales, sa musique et sa poĂ©sie » Humboldt, W. von, 1975 [1801] 20. Ceux-ci sont les tĂ©moins du mode de pensĂ©e et de vie » des Basques dont il veut Ă©galement rendre compte et qui l'aideront, pense-t-il, dans ses investigations scientifiques sur l'origine de la nation basque et de sa langue ». W. von Humboldt distingue Ă©galement les Souletins, Italiens parmi les Basques », pour leur inclination particuliĂšre pour la poĂ©sie et la musique 1975 185-186. S'il a entrepris ce voyage, c'est afin de chercher les traces des plus vieilles constitutions du peuple et des plus vieilles histoires Ă trouver toujours dans les anciens dictons et chants nationaux », prĂ©cise-t-il ailleurs Bidart, P., 1997 318. 5 Zortziko Ă huit », sans doute en rĂ©fĂ©rence au nombre de vers ou de pas puisqu'il s'agit aussi ... 13Jorge de Riezu a publiĂ©, sous le titre de Papeles de Humboldt, des documents trouvĂ©s Ă la Preussische Staatsbibliothek de Berlin, comprenant quelques pages en espagnol datĂ©es de 1802 environ et intitulĂ©es De la MĂșsica en el PaĂs Vascongado, des partitions de musique de danse ainsi que trois petites piĂšces arrangĂ©es Ă quatre voix et des textes poĂ©tiques. De la MĂșsica... est attribuĂ© Ă Juan Antonio Moguel, prĂȘtre biscayen qui fut l'un des informateurs » de W. von Humboldt. Malheureusement, la dĂ©tĂ©rioration du manuscrit le rend partiellement illisible. Son auteur y prĂ©sente le Zorzico5 [sic], qu'il soit vocal ou instrumental, et le Contrapas comme les cantilĂšnes propres » cantilenas privativas du Pays Basque. Il semble vouloir insister sur l'originalitĂ© du zortziko, et termine par une remarque sur l' heureuse disposition [des Basques] pour la musique en gĂ©nĂ©ral, et [leur] extrĂȘme sensibilitĂ© pour la leur en particulier » Riezu, J. de, 1994 1529-1536. Les textes poĂ©tiques sont en basque, Ă©crits de la main d'Humboldt et groupĂ©s sous deux intitulĂ©s allemands Lieder deren sich der 78 jĂ€hrige Harambillet in Itzazu aus sei-ner Juengend erinnerte chansons de sa jeunesse qu'Harambillet d'Itsassou se rappelait Ă 78 ans et Durch Ithurbide in Bayonne erhaltene Gedichte poĂ©sies recueillies Ă Bayonne grĂące Ă Ithurbide. Il semble donc qu'Humboldt se soit adonnĂ© lui-mĂȘme au collectage limitĂ© au texte, comme Herder. Certaines des poĂ©sies » de Bayonne portent un titre français Chanson basquaise, Chanson libre, Chanson bachique 2, Lamentation d'un vieillard, La rencontre du crĂ©ancier et du dĂ©biteur op. cit. 1553 et ss.. 6 J. Michelet n'a malheureusement pas menĂ© Ă bien le projet d'une EncyclopĂ©die des chants populaires ... 14Ces documents n'ont pas Ă©tĂ© exploitĂ©s jusqu'en 1934, date Ă laquelle le PĂšre Donostia en a appris l'existence. En revanche, W. von Humboldt publie lui-mĂȘme, en 1817, en faisant quelques rĂ©serves, le texte du Chant de Lelo. C'est la premiĂšre publication d'un chant basque » et, avec les deux textes accompagnĂ©s d'une traduction française donnĂ©s par E. Boucher de CrĂšvecĆur en 1823 dans ses Souvenirs du Pays Basque et des PyrĂ©nĂ©es, qui seront repris dans des publications allemandes en 1825 et 1831, la seule jusqu'aux annĂ©es 1830, si l'on en croit la bibliographie Ă©tablie par Julien Vinson en 18846. Elle va certainement contribuer Ă orienter l'intĂ©rĂȘt vers un certain type de chant ce Chant de Lelo est censĂ© raconter la rĂ©sistance des Cantabres, considĂ©rĂ©s comme les ancĂȘtres des Basques, par les armĂ©es romaines commandĂ©es par Auguste, et se rĂ©vĂ©lera plus tard comme n'Ă©tant pas du tout contemporain des Ă©vĂ©nements qu'il met en scĂšne. Les chants nationaux basques » 7 Voir l'Ă©tude qu'en font Paul BĂ©nichou 1970 47 et ss et Anne-Marie Thiesse 1999 50-59. 8 On trouvera les textes relatifs Ă l'organisation, Ă la mĂ©thode utilisĂ©e et prĂ©conisĂ©e, ainsi qu'au ... 15Les Basques, en cette premiĂšre moitiĂ© du xixe siĂšcle, commencent Ă ĂȘtre l'objet d'Ă©tudes dans tous les domaines sang, mĆurs, langue, usages, pour reprendre par exemple les rubriques Ă©numĂ©rĂ©es Ă propos de la spĂ©cificitĂ© qu'on leur attribue dans le Dictionnaire de la conversation en 1833, Garay de Monglave, E. article Basques ». On s'intĂ©resse Ă la littĂ©rature or la littĂ©rature Ă©crite apparaĂźt presque inexistante ; on se tourne alors vers la littĂ©rature orale, et on la trouve dans les chants, et tout d'abord les chants nationaux », qui reprĂ©sentent donc la premiĂšre forme reconnue que prend le chant basque ». Ces deux termes sont employĂ©s dĂšs 1834 dans le Dictionnaire de la conversation Olivier, G., 1834 article chants populaires » et l'idĂ©e se rencontre dĂšs lors couramment la vraie littĂ©rature basque se trouve dans les chants nationaux », Ă©crit A. Mazure 1839 519, professeur de philosophie au lycĂ©e de Pau et auteur d'une Histoire du BĂ©arn et du Pays Basque. Cette quĂȘte de chants nationaux, c'est-Ă -dire historiques l'histoire restant une discipline reine dans la hiĂ©rarchie des savoirs, est surtout perceptible en France, qui se sent infĂ©rieure, dans ce domaine, Ă l'Angleterre, l'Allemagne et l'Espagne7, et on trouve encore la catĂ©gorie chants historiques » dans la nomenclature Ă©tablie pour l'enquĂȘte Fortoul en 18538. 9 En version moderne et castillane, prenant la place d'une diffusion historique vĂ©ritable, et avec u ... 16Dans les provinces basques d'Espagne, un intĂ©rĂȘt pour la langue se manifeste au xviiie et au dĂ©but du xixe siĂšcle, avec un retentissement ibĂ©rique et parfois international il est le fait des apologistes » tels que Larramendi, Astarloa, Moguel, puis on observe un retrait de la scĂšne intellectuelle dĂ» aux guerres carlistes et, Ă partir de 1850, un goĂ»t davantage portĂ© vers le roman historique et la lĂ©gende9 que vers le chant dans la premiĂšre moitiĂ© du xixe siĂšcle, le chant basque » est donc essentiellement une invention » de linguistes allemands, de voyageurs anglais, de savants » français et d'hommes de lettres originaires du Pays Basque d'expression française. 17De plus, il y a l'idĂ©e que la chanson » est Ă la base de tous les genres littĂ©raires la chanson, poĂ©sie naturelle du peuple », au lieu d'ĂȘtre un genre, est le berceau de tous les genres » explique H. Fortoul dans l'EncyclopĂ©die nouvelle, 1841 article chanson » et que la premiĂšre forme sous laquelle elle se manifeste gĂ©nĂ©ralement est le genre Ă©pique id.. Les Basques ont-ils eu des productions relevant de ce domaine ? Ils avaient indubitablement une poĂ©sie », estime l'historien Claude Fauriel 1836 353, et quelques rudiments des arts immĂ©diatement liĂ©s avec elle, tels que la musique et la danse. Le nom d'eressiac [sic], dont ils se servent encore pour caractĂ©riser les chants populaires qui roulent sur quelque histoire vieille ou antique, a l'air d'ĂȘtre fort ancien dans la langue, bien que les piĂšces de poĂ©sies auxquelles il peut s'appliquer soient toutes assez modernes ». 18Quoi qu'il en soit, on va donc rechercher les chants historiques, qui seront apprĂ©ciĂ©s pour leur anciennetĂ© le goĂ»t est aux antiquitĂ©s » dans tous les domaines depuis le dĂ©but du siĂšcle et leur intĂ©rĂȘt d'information et de tĂ©moignage historiques jusqu'aux annĂ©es 1860 au moins, c'est la vogue des chants historiques, dont les plus cĂ©lĂšbres s'avĂšrent apocryphes c'est le cas, par exemple, du Chant deLelo, du Chant d'Altabiscar fabriquĂ© » en 1834 par le littĂ©rateur EugĂšne Garay de Monglave Ă partir d'une Ă©numĂ©ration de nombres se rĂ©citant de façon traditionnelle, du Chant d'Annibal inventĂ© par A. Chaho en 1845, etc.. Dans l'Ă©dition de 1878 du Dictionnaire de la conversation article chants populaires », G. Olivier s'Ă©merveille on possĂšde une centaine de chants de guerre eusca-riens ». Les chants nationaux sont donc ces monuments de la vieille langue des Escualdunacs » A. du MĂšge, 1858, citĂ© par J. Vinson 1884 44, qui vont permettre de mieux saisir un peuple et une histoire encore trĂšs mal connus. Les Ă©tudes basques n'en sont qu'Ă leurs balbutiements, dans tous les domaines, et tant dans les encyclopĂ©dies et dictionnaires français que chez les auteurs locaux, on trouve des remarques soulignant ces lacunes, le regrettant parfois l'histoire politique, physique, intellectuelle et pittoresque des Basques n'a pas Ă©tĂ© racontĂ©e. C'est une mine d'or qui demande Ă ĂȘtre exploitĂ©e » Morel, F., 1836 501. 19On comprend donc que les chants n'intĂ©ressent pas vraiment en eux-mĂȘmes, mais par les renseignements qu'ils apportent comme le souligneront encore les Instructions d'AmpĂšre en 1853, il s'agit d'Ă©clairer les parties obscures de nos annales » Cheyronnaud, J., 1997 83. Les publications Ă©parses de chants isolĂ©s, dans des ouvrages plus gĂ©nĂ©raux, et dans des revues Album pyrĂ©nĂ©en, Ariel en particulier, n'en donnent par consĂ©quent que le texte. La traduction revĂȘt une importance primordiale, car le dĂ©bat est international â et le basque une langue particuliĂšrement hermĂ©tique. Le chant populaire », tableau des mĆurs et du caractĂšre de la nation basque » 20La notion de chant basque » va ensuite s'Ă©largir au chant populaire », tel que le dĂ©finit le Dictionnaire de la conversation Olivier G., 1833 article chants populaires » le chant populaire, c'est celui qui, sans relation directe avec aucun paroxysme donnĂ© du patriotisme, se montre cependant le fils le plus dĂ©vouĂ© de la patrie, qui en revĂȘt les mĆurs, en garde les coutumes, et se fait l'arche dĂ©positaire de ses plus prĂ©cieux souvenirs ; c'est celui qui n'oubliera jamais les conquĂȘtes ni les croyances de nos aĂŻeux ; c'est la ronde de noce, la chanson de berceau, de table ou de mĂ©tier ... c'est enfin toute mĂ©lodie qui porte empreints la nationalitĂ© d'un peuple, ses mĆurs, ses jeux, ses usages, ses traditions et ses croyances ». 21National encore bien sĂ»r, mais plus seulement historique et guerrier, il rend compte d'une culture dans l'acception large du terme. A. Mazure l'avait dit, Ă propos des Basques 1839 520 interroger [sic] les vieux souvenirs de ce peuple antique [en recueillant les chants] ; ils ne seront point ingrats ; peut-ĂȘtre rĂ©vĂ©leront-ils des traditions que l'on pouvait croire Ă©vanouies depuis des siĂšcles ». Il ajoutait lĂ est l'homme, lĂ est le peuple ». Quelques annĂ©es plus tard, A. Chaho, publiant une improvisation populaire » voir plus loin dont il donnait le titre en français Amour et devoir, la voyait occuper une des premiĂšres places dans le tableau des mĆurs et du caractĂšre de la nation basque » 1845, n°30 PoĂ©sie cantabre ». 10 CitĂ© par J. Haritschelhar 1969 386. 11 Julie Adrienne Carricaburu, auteur de l'un des premiers recueils imprimĂ©s de chants basques voir ... 22Le terme de chant populaire n'est cependant pas le plus rĂ©pandu dans les annĂ©es 1830, on lui prĂ©fĂšre â pendant une trentaine d'annĂ©es â celui de poĂ©sie populaire » mettant en relief le primat donnĂ© au texte cf. les Instructions pour un Recueil gĂ©nĂ©ral de poĂ©sies populaires de la France qui encadrent l'enquĂȘte Fortoul par exemple. L'intĂ©rĂȘt pour le texte seul perdure dans les fĂȘtes basques instituĂ©es par Antoine d'Abbadie d'Arrast, comportant un concours de poĂ©sie » Ă partir de 1853 la chanson » primĂ©e est en fait une poĂ©sie primĂ©e, chantĂ©e sur un air connu qui n'est qu'un support ; le chant n'est alors qu'un moyen de rendre publique la poĂ©sie couronnĂ©e. Une lettre adressĂ©e par le chanoine Harriet Ă d'Abbadie le 3 juin 1853 expose clairement la situation il faut populariser l'Ćuvre dĂšs le principe ; par suite adopter une forme que gĂ©nĂ©ralement on comprenne ; or le Basque n'entend du sentiment et de la poĂ©sie qu'autant qu'il en chante ; c'est du reste le privilĂšge des peuples qui en sont encore Ă la naĂŻvetĂ© de la poĂ©sie primitive ; ils aiment, ils souffrent, ils jouissent en chantant. Ne faudrait-il pas que les piĂšces fussent des chansons ?... Ne serait-il pas utile d'exiger un air connu de tous, un de ces airs populaires que nos montagnards savent depuis longtemps et entendent toujours avec plaisir ? »10. En rĂ©alitĂ©, l'air ne sera pas imposĂ©, mais laissĂ© au choix du candidat â Ă moins que celui-ci ne le laisse Ă la libertĂ© du jury... On peut complĂ©ter l'analyse des relations entre poĂ©sie et chant basque » en rappelant que la poĂ©sie Ă©crite peut ĂȘtre Ă l'origine d'une piĂšce passĂ©e dans le domaine populaire, comme c'est le cas par exemple de la trĂšs cĂ©lĂšbre chanson Nere etchea edo laboraria, pour laquelle Jean-Baptiste Elissamburu obtint le prix de poĂ©sie Ă Urrugne en 1862 selon Madame de la VillehĂ©lio11, la poĂ©sie est chantĂ©e sur un zortziko prĂ©existant, dont elle donne une version pour piano 1869 23, et elle est dĂ©jĂ trĂšs rĂ©pandue sept ans aprĂšs son Ă©criture. 23La terminologie pour ce qui ne concerne pas les chants nationaux ou populaires au sens de chants historiques est variĂ©e ballade », chansonnette », romance » Garay de Monglave, E., 1833 article Basques », complainte », lĂ©gende », Ă©lĂ©gie » Chaho, A., 1845 Ariel, passim, sĂ©rĂ©nade », nocturne » Sallaberry, J., 1870 passim, ces termes reprenant des catĂ©gories de la poĂ©sie et de la musique savantes elles-mĂȘmes pouvant ĂȘtre d'inspiration populaire, comme la ballade. Vers une nouvelle esthĂ©tique littĂ©raire 24Chants historiques, chansons politiques, lĂ©gendes poĂ©tiques, chants funĂšbres, romances, chants de Montevideo [c'est-Ă -dire concernant l'Ă©migration en AmĂ©rique du Sud], chansons morales, satires, chansons diverses â pour reprendre par exemple les rubriques dĂ©finies par Francisque-Michel en 1857 font donc l'objet d'Ă©tudes et de rapprochements Ă partir des annĂ©es 1830 est-ce l'article d'E. Garay de Monglave, donnant en 1834 dans le Journal de l'Institut historique le texte du Chant d'Altabiscar, qui lance » vĂ©ritablement le chant basque » sur la scĂšne intellectuelle ?. 12 On peut en suivre les principale Ă©tapes dans la Notice bibliographique sur le folklore basque de J ... 13 CitĂ© par Francisque-Michel 1857 213. Cette idĂ©e ne figure pas exactement sous cette forme dans ... 25Des polĂ©miques Ă©clatent au sujet de leur authenticitĂ© et de leur anciennetĂ© surtout pour les chants historiques12, ou de leur valeur littĂ©raire, qui est loin d'ĂȘtre une Ă©vidence on demandera peut-ĂȘtre si les Basques ne possĂšdent pas des poĂ©sies populaires, comme la plupart des autres nations, quelque petites et peu considĂ©rables qu'elles soient. Certainement ils ne sont point dĂ©pourvus de chansons, de ballades ni de couplets ; mais ces piĂšces ne prĂ©sentent aucun caractĂšre qui mĂ©rite le nom de poĂ©sie », estime par exemple G. Borrow en 184313. Il rejoint C. Fauriel 1836 525 pour ce qui est des chants modernes [c'est-Ă -dire ceux qui ne sont pas des chants historiques ?] des Basques, je n'en connais pas qui mĂ©ritent d'ĂȘtre citĂ©s, et j'ai entendu dire la mĂȘme chose par des Basques lettrĂ©s ». A. Mazure, en revanche, trouvait le tour d'imagination mĂ©lancolique et narratif du peuple basque ... remarquable » dans les chansons basques » des vallĂ©es de Soule et de BaĂŻgorry1839 518. 26Point de vue Ă©rudit, Ă©tude par des savants », apprĂ©ciation dans la triple perspective historique, ethnographique et littĂ©raire tel est donc le cadre intellectuel Ă l'intĂ©rieur duquel s'Ă©labore la notion de chant basque » dans la premiĂšre moitiĂ© du xixe siĂšcle. En ce qui concerne ce dernier point, 1'intĂ©rĂȘt pour le chant basque » et pour le chant populaire » en gĂ©nĂ©ral s'inscrit dans un renouvellement non seulement du goĂ»t littĂ©raire, mais aussi des catĂ©gories et des mĂ©thodes employĂ©es dans les Ă©tudes littĂ©raires, en particulier en France. La dĂ©marche intellectuelle et la carriĂšre de Claude Fauriel les illustrent bien une chaire de littĂ©rature moderne Ă©trangĂšre spĂ©cialitĂ© alors inconnue en France est créée pour lui Ă la Sorbonne 1830, par laquelle il manifeste son intĂ©rĂȘt pour les Ă©tudes comparĂ©es, et pour la recherche des origines de la civilisation moderne » dans les cultures jusque lĂ dĂ©laissĂ©es arabe, provençale, celte, basque, etc. 27L'AntiquitĂ© grĂ©co-latine cesse d'ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme la rĂ©fĂ©rence et la source uniques, le classicisme n'impose plus sa loi, ce qui suppose et suscite une Ă©volution des canons esthĂ©tiques, et conduit Ă une valorisation des caractĂ©ristiques du populaire » limpiditĂ©, spontanĂ©itĂ©, fĂ©conditĂ©, fraĂźcheur » Parisot et anonyme, 1855 article Fauriel » sont par exemple les qualitĂ©s reconnues aux Chants populaires de la GrĂšce moderne que C. Fauriel traduit et publie en 1824, et qui marquent une Ă©tape importante, par leur retentissement, dans l'Ă©volution du goĂ»t en littĂ©rature. 28Ballades anglaises, chants populaires Ă©cossais, romances espagnols, chants serbes sont Ă©galement traduits en français et assez largement diffusĂ©s Ă la mĂȘme Ă©poque. En France, une collecte organisĂ©e a du mal Ă se mettre en place, malgrĂ© les efforts de l'AcadĂ©mie celtique, puis de la SociĂ©tĂ© Royale des Antiquaires de France, et du projet Salvandy en 1845 il faut attendre l'enquĂȘte Fortoul, dont on verra plus loin les maigres rĂ©sultats en ce qui concerne le Pays Basque. L'introduction de Francisque-Michel Ă son Ă©tude sur les poĂ©sies populaires des Basques » permet cependant de mesurer l'Ă©volution de l'attitude envers la littĂ©rature populaire. Il commence en citant Montaigne citation souvent utilisĂ©e dans ce contexte, par exemple dans les Instructions d'AmpĂšre la poĂ©sie populere et purement naturelle a des naĂŻfvetez et graces par oĂč elle se compare Ă la principale beautĂ© de la poĂ©sie parfaite selon l'art comme il se voit Ăšs villanelles de Gascouigne ... » Francisque-Michel 1857 209 ; puis il rejoint A. Mazure et A. Chaho, en lui trouvant un intĂ©rĂȘt pour ainsi dire psychologique » ses productions rĂ©vĂšlent les aventures privĂ©es d'un peuple, les allures de son caractĂšre, les attitudes de son esprit ce sont des mĂ©moires, ou plutĂŽt des confessions ». Il conclut alors aprĂšs cela, il n'y a pas Ă douter que la poĂ©sie populaire ne devĂźnt une source fĂ©conde et rĂ©paratrice pour la poĂ©sie d'art » op. cit. 211. MĂȘme si les chansons basques » lui paraissent infĂ©rieures aux piĂšces serbes et bretonnes, il y trouve des inspirations heureuses, des Ă©lans vraiment poĂ©tiques » ibid. 221 . Un vrai chant primitif » 14 Peuple bizarre, qui, jetĂ©, comme un monument antique, entre la France et l'Espagne, entre les Py ... 29En ce qui concerne le Pays Basque, C. Fauriel 1836 353 parle en ces termes du chant cantabre » publiĂ© par Humboldt Chant de Lelo il lui apparaĂźt trĂšs curieux, ne fĂ»t-ce que par la rudesse sauvage de ton et de style qui le caractĂ©rise. C'est, dans toute la propriĂ©tĂ© du terme, un chant de montagnard, un vrai chant primitif, oĂč l'art en est encore aux plus simples inspirations de la nature ». Primitivisme, naturalisme » rousseauiste, enfance de l'art correspondant Ă une enfance du peuple et de la civilisation, ces idĂ©es se rencontrent frĂ©quemment pour caractĂ©riser le chant populaire, et particuliĂšrement le chant basque Ă cause du rĂŽle de la montagne, sur lequel on reviendra plus loin, et de la situation et la spĂ©cificitĂ© des populations basques, qui forment un peuple singulier, retranchĂ© du reste du monde, etc14 ?, connotĂ©es positivement ou nĂ©gativement selon les options intellectuelles et l'origine de celui qui les transcrit. 30Ainsi peut-on lire dans l'EncyclopĂ©die des gens du monde de Walckenaer 1834 article Basques peuple et langage », une condamnation sans appel de ces quelques petites chansons satiriques » dont aucune n'a mĂ©ritĂ© d'ĂȘtre Ă©crite » chez aucune des branches de la nation basque, soit en Espagne, soit en France, il n'existe de vestige d'une littĂ©rature qui soit propre Ă ce peuple trĂšs ignorant », peuple qui a toutes les qualitĂ©s et tous les dĂ©fauts attachĂ©s Ă un Ă©tat social qui participe du sauvage et de l'homme civilisĂ© ». A. Chaho en revanche 1844 Chants basques », aprĂšs avoir Ă©voquĂ© la chaĂźne non rompue des traditions primitives », estime nation neuve encore, malgrĂ© sa haute antiquitĂ©, les Basques sont restĂ©s prĂšs de la nature, et ils doivent Ă cet avantage une certaine hardiesse de conception et d'entreprises qui les distingue, et surtout le don de l'invention poĂ©tique ». 31Dans l'EncyclopĂ©die des gens du monde Spach, L., 1835 article chants populaires », Louis Spach, aprĂšs avoir dissertĂ© sur le peuple qui chante comme le vent souffle, comme le ruisseau murmure » et passĂ© en revue la situation des diffĂ©rents pays europĂ©ens dans ce domaine, s'intĂ©resse au cas de la France ; le seul exemple qu'il cite concerne le chant basque la France est peut-ĂȘtre moins riche que d'autres pays en chants primitifs [...]. Cependant, si l'on s'appliquait sĂ©rieusement Ă recueillir dans toutes les provinces ces voix perdues du passĂ© [...] la moisson serait plus riche qu'on ne pense. Les montagnes surtout recĂšlent de curieuses mĂ©lodies, accompagnement de paroles bizarres. Au fond des PyrĂ©nĂ©es, le descendant des Basques a conservĂ© de mĂ©lancoliques chansons dont il accompagne sa danse ou dont il charme sa solitude ». De telles remarques, concernant aussi la musique, sont rares. Aussi la parution du recueil d'Iztueta fait-elle figure d'exception. Un premier monument national » 32Le recueil publiĂ© par Juan Ignacio de Iztueta matelassier de son Ă©tat, mais aussi auteur d'une histoire de sa province natale Ă Saint-SĂ©bastien dĂ©ment Ă premiĂšre vue le fait qu'on ne s'intĂ©resse pas encore Ă l'aspect musical. Guipuzcoaco dantza gogoangarrien condaira edo historia beren sonu zar, eta itz neurtu edo versoa-quin, c'est-Ă -dire Notice ou histoire des danses les plus mĂ©morables du Guipuzcoa, avec les airs anciens et les paroles mesurĂ©es ou vers » 1824, est suivi, deux ans plus tard, d'un autre ouvrage prĂ©sentant la musique de ces danses Euscaldun ancina ancinaco ta lendabicico etorquien dantza on iritci pozcarri gai-zic gabecoen sonu gogoangarriac beren itz neurtu edo versoaquin, Des anciens Basques et de leur premiĂšre origine, de leurs danses aimĂ©es et sans tache, les airs mĂ©morables avec leurs vers correspondants » contient une cinquantaine de numĂ©ros, dont trente danses avec paroles, notĂ©es grĂące Ă la collaboration de l'organiste d'Ernani, Manuel de Larrarte, et d'un compositeur basque disciple de Rossini, Pedro AlbĂ©niz. 33Mais la lecture de la prĂ©face de l'Ă©dition de 1826 situe encore le travail d'Iztueta dans une perspective avant tout intellectuelle. Iztueta, en effet, voit dans ce qu'il nomme coleccion de canciones bascongadas ou coleccion de cantos proprios del pais [sic] une contribution Ă une Ă©tude historique de type comparatiste, destinĂ©e Ă mettre au jour les Ă©changes, les anciennes communications entre des peuples trĂšs Ă©loignĂ©s les uns des autres » Or les historiens s'intĂ©ressent essentiellement aux affrontements armĂ©s, tout au plus [au rĂ©cit] de certains attributs caractĂ©ristiques du naturel des peuples », et lui Iztueta souhaite que le champ d'Ă©tude soit Ă©largi aux modes de vie, aux danses et aux chants â d'oĂč son ouvrage. 34Pour le cas oĂč cet objectif de comparer les traditions musicales des peuples » paraĂźtrait trop Ă©levĂ© et philosophique », Iztueta se console en pensant avoir fait une Ćuvre chĂšre au peuple basque en sauvant de l'oubli ces chansons dont sĂ»rement une grande partie compte des siĂšcles d'anciennetĂ© ». Comment faut-il entendre le fait de sauver de l'oubli » ce rĂ©pertoire ? Etait-il en voie d'extinction ? cela ne ressort pas toujours des autres propos d'Iztueta. Ou faut-il comprendre que le fait d'ĂȘtre publiĂ© par l'imprimerie musicale procĂ©dĂ© nouveau en Guipuzcoa, et peu rĂ©pandu en Espagne » va lui permettre de perdurer et de se faire connaĂźtre ? La fin de la prĂ©face est Ă©galement un peu sibylline Iztueta demande que son recueil ne soit pas regardĂ© seulement comme un objet de passe-temps, mais comme un vĂ©ritable monument national qui a et doit avoir plus d'importance que celle qu'il paraĂźt peut-ĂȘtre avoir Ă premiĂšre vue » c'est-Ă -dire ? En tous cas, les chants publiĂ©s n'ont pas Ă ses yeux de valeur artistique prĂ©tendre [trouver] dans les chants vulgaires les combinaisons sublimes de l'art, serait une erreur grossiĂšre », Ă©crit-il. Cependant, quand ces chants vulgaires prĂ©sentent certaines qualitĂ©s, cela montre que les peuples qui en sont l'auteur ont des dispositions pour l'art enchanteur de l'harmonie » â et on comprend qu'Iztueta range les Basques parmi ces peuples-lĂ . La mention qu'il fait ensuite de quelques compositeurs guipuzcoans laisse Ă penser que c'est une affirmation qui lui tient Ă cĆur. Une musique Ă©trange et dĂ©routante 35G. Borrow 1989 [1845] 265 connaĂźt le recueil d'Iztueta, et voit dans certains de ses airs, exemples assez curieux » de compositions musicales fort anciennes », des marches bruyantes et sauvages, probablement composĂ©es dans les temps oĂč les Basques descendaient avec fureur de leurs montagnes pour repousser les Romains ou les Maures. Il semble qu'on entende les pas prĂ©cipitĂ©s de la cavalerie, le cliquetis des armes et le sourd roulement des multitudes prĂ©cipitĂ©es du haut des monts comme autant d'avalanches ». Rappelons que le recueil d'Iztueta contient des airs de danse encore largement connus aujourd'hui, et que les oreilles modernes n'y perçoivent pas tout ce que Borrow y entendait... Son apprĂ©ciation est Ă rapprocher de la description de la danse contenue dans l'EncyclopĂ©die catholique M., J. de, 1842 article Basques Provinces gĂ©ographie » musique discordante et sauvage Ă faire frĂ©mir un homme Ă l'oreille dĂ©licate ». 15 Et il est le premier Ă consacrer, en langue française, un court chapitre Ă la musique basque, in ... 16 Inconnu des dictionnaires musicaux. S'agit-il d'un parent de LĂ©onard AmĂ©, que FĂ©tis dit avoir ... 36F. Morel 1836 437, rĂ©dacteur de La Sentinelle des PyrĂ©nĂ©es, note que lors de la fĂȘte des Basques Ă Biarritz, les femmes chantent parfois en langue basque des airs plaintifs et monotones qui ne manquent pas pourtant d'harmonie ». Pour Francisque-Michel 1857 435-437, qui Ă©met peut-ĂȘtre le premier en ce qui concerne spĂ©cifiquement le Pays Basque15 ? l'idĂ©e qu'on ne peut sĂ©parer paroles et musique quand on juge un chant, G. Borrow fait du tort aux chansons basques » comme il les appelle avec ses affirmations selon lui, certaines piĂšces sont au contraire pleines d'intĂ©rĂȘt. Mais le jeune musicien d'avenir » un certain George AmĂ©16 Ă qui il s'est adressĂ© pour une apprĂ©ciation compĂ©tente est perplexe Dans certains de ces chants, le vague et la bizarrerie sont tels que j'ai cru avoir devant les yeux de vĂ©ritables Ă©nigmes. » 37De tout cela on retiendra que, mĂȘme si l'on reconnaĂźt aux Basques des aptitudes musicales, les productions populaires dans ce domaine dĂ©routent encore jugĂ©es ou apprĂ©ciĂ©es Ă l'aune de la musique savante, et donc soit infĂ©rieures par nature, soit incomprĂ©hensibles » selon les critĂšres artistiques » de celle-ci. Pas plus que pour l'apprĂ©ciation littĂ©raires des poĂšmes, les chansons basques n'entraĂźnent un jugement largement positif sur le plan musical. L'enthousiasme sans rĂ©serve manifestĂ© par G. Olivier apparaĂźt comme une exception d'oĂč vient Ă ces tribus exilĂ©es entre ciel et terre une telle franchise de rythme et d'intonation ? Tout ce que je connais d'airs basques est d'un ton grandiose et dĂ©cidĂ© » Dictionnaire de la conversation, 1833 article chants populaires ». La mĂ©diation instrumentale 17 Quelques annĂ©es plus tard, une jeune Anglaise, Louisa Stuart Costello, cite et traduit plusieurs c ... 38Comme on vient de le voir, les remarques ou apprĂ©ciations concernant la musique des piĂšces qui sont l'objet des travaux Ă©rudits sont donc rares et brĂšves. Plus rare encore le souci exprimĂ© de recueillir la musique, et non plus seulement le texte des chants, comme le fait A. Mazure 1839 520 il faut les [les chants nationaux] recueillir avec les mĂ©lodies expressives et variĂ©es qui les accompagnent ». Henry Wilkinson, chirurgien de l'armĂ©e britannique auteur d'un rĂ©cit de voyage intitulĂ© Sketches of Scenery in the basque provinces of Spain, with a selection of national music, arranged for piano-forte and guitar Londres, 1838, est quant Ă lui unique Ă cette date en ce qui concerne le Pays Basque par sa curiositĂ© intellectuelle, son apprĂ©ciation de cette musique nationale » et la publication de 32 pages de musique sous l'intitulĂ© selection of Spanish music », plusieurs zorcico, basque air », avec paroles basques ou anglaises et accompagnement instrumental rĂ©alisĂ© par M. Webster, de Glasgow, comme on en trouvera trente ans plus tard17. Dans sa prĂ©face, il donne ces prĂ©cisions la musique contenue dans le prĂ©sent volume comprend des spĂ©cimens de la plupart des mĂ©lodies nationales d'Espagne, telles qu'elles se manifestent dans les Hotas, Fandangos et Boleros ; mais l'auteur est certain qu'il innovera grandement avec quelques Zorcicos, ou airs d'une accentuation et d'un caractĂšre particuliers, confinĂ©s exclusivement dans les provinces d'Alava et Guipuscoa. Il craint que ces derniĂšres trĂšs belles mĂ©lodies perdent considĂ©rablement par leur adaptation anglaise. La langue Ă laquelle elles ont Ă©tĂ© jusqu'ici associĂ©es est le basque ou bascuense, un dialecte aussi diffĂ©rent du pur castillan que le gallois de l'anglais. Entendu dans une contrĂ©e sauvage, au milieu des oeuvres sublimes de la Nature, et jaillissant sans art de groupes d'enfants, ces airs possĂ©daient un charme indescriptible, et produisaient un effet qu'il serait illusoire d'essayer d'imiter dans un salon anglais. Toutefois l'Auteur affirme leur popularitĂ© parmi tous les bons musiciens. Comme mĂ©lodies elles ont de nombreuses particularitĂ©s, et elles soutiendront la comparaison avec celles de n'importe quel pays [que ce soit] en beautĂ© ou en originalitĂ© ». 39Si c'est le texte qui amĂšne les chercheurs, puis le public lettrĂ©, Ă s'intĂ©resser Ă ces chansons basques », c'est peut-ĂȘtre par la musique instrumentale que l'on va d'abord prĂȘter attention Ă leur mĂ©lodie, donner Ă celle-ci une audience plus large et se mettre Ă l'apprĂ©cier. H. Wilkinson donne d'ailleurs un zortzico » dans un arrangement pour flĂ»te et piano ou guitare. La presse nous en apporte aussi des tĂ©moignages Ă la fin du concert, un air basque a Ă©tĂ© demandĂ© ; quelque fatiguĂ© que fĂ»t Alard, il s'est joyeusement et rĂ©solument remis sur son violon ; et aprĂšs quelques riches variations, l'air basque est venu, et tous les visages Bayonnais se sont dĂ©ridĂ©s, et les mains ont battu avec plus de retentissement encore » [s. n], La Sentinelle des PyrĂ©nĂ©es, 1841 Concert de M. Alard ». Le mĂȘme scĂ©nario se rĂ©pĂšte Ă chacune des prestations dans sa ville natale de ce Bayonnais qui est devenu l'un des maĂźtres de l'Ă©cole française de violon, et il joue Ă©galement ce rĂ©pertoire lors de concerts Ă Paris. 18 Air basque variĂ© avec introduction pour le violon, avec accompagnement de forte-piano ou deux viol ... 40Cet air basque est-il Donostiako iru damatxo dont François Habeneck qui fut son professeur au Conservatoire de Paris a Ă©crit des variations18 ? Ou plus vraisemblablement le Zorzico [sic], air basque nouveau » qu'il donne lors de son second concert Ă Bayonne cette annĂ©e-lĂ [s. n], Le Furet, 1841 [Programme du concert] ? Ă moins qu'il n'ait dĂ©jĂ Ă son programme cette rĂ©union d'airs nationaux, enchaĂźnĂ©s avec art » dont il est fait mention en 1857 Henry, A. Lettres Ă un ami ». La Sentinelle des PyrĂ©nĂ©es explique en tout cas les raisons de son succĂšs chaque pays a ses airs nationaux donnez-lui la musique la plus savante ; Ă©tonnez-le, ravissez-le par toutes les ressources de l'art le plus parfait ; vous aurez son admiration, ses applaudissements, vous l'aurez Ă©mu, vous ne l'aurez point touchĂ© ; il lui faut l'air connu, l'air appris dĂšs l'enfance, rĂ©pĂ©tĂ© et jamais oubliĂ© » op. cit.. 19 Comme l'avait fait, bien plus tĂŽt, la danse basque, qui a inspirĂ© plusieurs Ćuvres instrumentales ... 41Ainsi donc le chant basque » se fraie un chemin sur les scĂšnes de concert, en tant que support et prĂ©texte ? Ă la virtuositĂ© instrumentale19, dans un genre trĂšs pratiquĂ© et apprĂ©ciĂ© Ă cette Ă©poque la variation sur un thĂšme connu ou donnĂ©, auquel la provenance basque ajoute un peu de pittoresque ou de nostalgie sentimentale. On peut penser que la mise en lumiĂšre de cet aspect du chant basque a jouĂ© un rĂŽle non nĂ©gligeable dans la reconnaissance de ce chant comme production musicale et non plus seulement littĂ©raire. 42Remarquons que l'emploi du terme air basque », que l'on retrouvera trĂšs rĂ©guliĂšrement dans la presse bayonnaise lors des prestations de Delphin Alard, y est appliquĂ© Ă ce que nous nommons aujourd'hui chant populaire basque pendant au moins une trentaine d'annĂ©es en 1854, P. Lamazou chante Aiñhara, air basque » Moncla, J., 1854 Théùtre de Bayonne » ; en 1860, les frĂšres Lionnet, chansonniers parisiens dont la mĂšre est luzienne, chantent d'une maniĂšre charmante » un air basque bien connu, qui ne faisait pas partie du programme » mais qui leur a Ă©tĂ© demandĂ© c'est Chapela gorria », in Le Courrier de Bayonne, 1860 [sans titre], etc. 20 Il s'agit de Mendian zoinen eder dont il a Ă©tĂ© question Ă propos de Garat. 43Ce terme est trĂšs couramment employĂ© au xviiie siĂšcle. Il est liĂ© Ă la dĂ©finition mĂȘme de la chanson », telle qu'on peut la trouver par exemple dans l'EncyclopĂ©die ou dans le Dictionnaire de musique de Rousseau, et qui est encore valable au xixe siĂšcle espĂšce de petit poĂšme lyrique fort court, qui roule ordinairement sur des sujets agrĂ©ables, auquel on ajoute un air pour ĂȘtre chantĂ© dans les occasions familiĂšres » Rousseau, 1977 [1767] 115. Par mĂ©tonymie, l'air » est devenu la chanson », et c'est sous ce vocable d'air basque » que paraĂźt le premier chant basque dont la musique ait Ă©tĂ© gravĂ©e, si l'on en croit J. Vinson 1884 20, qui situe cette publication vers 1820. Cette date peut ĂȘtre prĂ©cisĂ©e Ă l'examen de la partition, qui porte une vignette gravĂ©e en 1824. Gustave Dugazon fils de la mezzo-soprano Louise Dugazon, compositeur d'opĂ©ras-comiques, de ballets et de nombreuses romances, dĂ©cĂ©dĂ© en 1826 est l'auteur de l'arrangement Ă trois voix ad libitum â sur un texte, sans rapport avec l'original basque mais faisant allusion Ă l'Adour et aux montagnes, dĂ» au baron de Lamothe-Langon â avec accompagnement de piano ou de harpe, de cet air si connu dans le Labourd » id. Epher zango gorri20. Tous chantent » et certains improvisent 44Ă cette date cependant, on ne trouve pas de comptes rendus de concerts incluant des airs basques » chantĂ©s. Le chant est nĂ©anmoins trĂšs rĂ©pandu comme pratique quotidienne au Pays Basque ; Victor Hugo le souligne en 1843 Ă Pasages, on travaille, on danse et on chante. Quelques uns travaillent, beaucoup dansent, tous chantent » ; un matelot bayonnais chante du matin au soir » sous son balcon, les pĂȘcheurs tirent leurs filets de l'eau en chantant » 1984 [1843] 91, 82, 83. Hugo mentionne le chant Ă plusieurs reprises, mais ne le dĂ©crit jamais, et ne fait aucun commentaire Ă son sujet. Il ne cherche pas non plus Ă apprendre des chansons -mais par contre s'essaie Ă parler basque. 45Jean Haritschelhar, dans son Ă©tude consacrĂ©e au poĂšte souletin Etchahun 1786-1862, rappelle dans un chapitre Musique et poĂ©sie » 1969 379-413 les liens multiples qui les relient en Pays Basque, et attestent de l'importance de la pratique vocale toute poĂ©sie populaire est chantĂ©e » depuis B. Dechepare au moins si l'on en croit la prĂ©face de ses PrimitiĆ 1545. TrĂšs frĂ©quemment, le texte mĂȘme d'une chanson mentionne le fait qu'il sera chantĂ©, et J. Haritschelhar insiste sur une strophe d'Etchahun dĂ©finissant l'idĂ©al masculin des jeunes filles de la premiĂšre moitiĂ© du xixe siĂšcle » riche, mais aussi khantari et dantzari, c'est-Ă -dire bons chanteur et danseur. Quant au poĂšme, il prend en basque le nom de chant » â kantu, kanta ou khantore, selon les dialectes l'inverse de la dĂ©marche française qui voit dans la chanson » une poĂ©sie populaire ». 46Jean-Baptiste Orpustan, quant Ă lui, estime que la pratique poĂ©tique, probablement intense dans le cadre de l'improvisation ou semi-improvisation chantĂ©e » entre 1650 et 1800 1996 101, ne nous est parvenue que de façon marginale et souvent tardive, comme dans le recueil dit de 1798 » conservĂ© au MusĂ©e Basque de Bayonne, il contient des chants allant de l'Ă©poque de Louis XIV Ă 1802, gĂ©nĂ©ralement anonymes, avec rĂ©fĂ©rence Ă l'air pour chacun et partie notĂ©e, dont les textes ont Ă©tĂ© publiĂ©s par Patri Urkizu en 1987. 47Mais revenons Ă une perspective historique. A. Mazure 1839 518 Ă©voque lui aussi le goĂ»t du chant si prononcĂ© dans le Pays Basque », et enchaĂźne avec les poĂštes improvisateurs ». AprĂšs la danse et la pelote, l'improvisation est en effet la spĂ©cificitĂ© basque qui commence Ă ĂȘtre relevĂ©e, Ă partir des annĂ©es 1830. On peut ainsi en trouver la mention Ă l'article Basques » de l'EncyclopĂ©die des gens du monde de Walckenaer 1834, l'EncyclopĂ©die catholique M, J. de, 1842, le Dictionnaire de la conversation Garay de Monglave, E., Ă©dition de 1873 pas mentionnĂ© en 1833, et chez certains auteurs C. Fauriel 1836 525, A. Chaho 1979 [1836] 126, A. Mazure voir plus haut, Francisque-Michel 1857 214, etc. Cette pratique tĂ©moigne donc aussi de l'habitude du chant parmi la population, avec laquelle elle est parfois confondue. Or si tout le monde chante, tous n'improvisent pas, et une chanson peut avoir une autre source que l'improvisation. 48Pour A. Chaho cependant, lĂ est bien l'origine du rĂ©pertoire populaire chantĂ© les chanteurs montagnards » improvisent sur les drames de la vie politique et ceux de la vie intime », se constituant ainsi une gazette toute en chansons », chansons qui aprĂšs ĂȘtre restĂ©es gravĂ©es quelque temps dans des mĂ©moires privilĂ©giĂ©es, se perdent sans retour au bout d'un petit nombre de gĂ©nĂ©rations » Chaho, A., 1844 Chants basques ». Il faut donc intervenir pour les sauver de l'oubli. Comme Iztueta pour la danse, Chaho se montre alors un prĂ©curseur dans le domaine du chant basque, puisque c'est le premier qui envisage la publication d'un recueil vingt-cinq ans avant la premiĂšre publication effective, pour dĂ©rober Ă ce grand naufrage ce qui nous reste encore de nos chants nationaux et de notre mĂ©lodie primitive ». Il envisage ce corpus comme un objet de comparaison et un monument oĂč respirera le gĂ©nie poĂ©tique et musical de l'une des plus antiques peuplades de l'Europe » op. cit.. 21 Les cantiques basques connaĂźtront une publication plus prĂ©coce, tant pour les textes depuis Jean ... 49Ce recueil aurait eu pour titre, selon un prospectus paru dans le Tribly [s. n], 1844 [sans titre], Chants basques, Romances, MĂ©lodies, Chants de genre, Chansons de table, RĂ©citatifs, Danses, MĂ©lopĂ©es, etc. Ailleurs, A. Chaho annonce la parution des Chants populaires de la Navarre et des provinces basques 1845, n° 50 PoĂ©sie cantabre ». Il en publiera Ă plusieurs reprises des extraits textes seuls dans l'Ariel, sous l'intitulĂ© de poĂ©sies cantabres » en 1845. Mais la publication intĂ©grale soixante-dix piĂšces environ n'a jamais eu lieu. Elle prĂ©voyait de donner les textes, recueillis de longue main et soigneusement Ă©purĂ©s », auxquels seraient joints leurs timbres, notĂ©s avec l'exactitude que rĂ©clame leur simplicitĂ© vĂ©nĂ©rable » Chaho, A., 1844 Chants basques ». Les accompagnements de piano et de guitare sont confiĂ©s Ă des compositeurs de talent et de rĂ©putation » ajoute Chaho, sans prĂ©ciser leurs noms. En fait de parutions, il se contentera d'orthographier les chansons basques publiĂ©es par P. Lamazou, qui est le premier Ă les porter avec efficacitĂ© sur la scĂšne musicale, par le concert et par l'Ă©dition21. Lamazou, Ă©cho fidĂšle » des bons airs bĂ©arnais et basques » 50C'est en effet Ă un BĂ©arnais, fils d'un tisserand, nĂ© Ă Pau en 1816, qui a Ă©tĂ© au Conservatoire de Paris l'Ă©lĂšve de David Banderalli professeur rĂ©putĂ© et futur beau-pĂšre du compositeur bayonnais Adrien Barthe que l'on doit la publicitĂ© » du chant basque, sur le plan musical. Et c'est le public grand bourgeois de Paris qui le dĂ©couvre en premier. Pascal Lamazou vit de leçons particuliĂšres, de concerts et de prestations privĂ©es donnĂ©es dans les salons de la capitale. Ă cĂŽtĂ© du rĂ©pertoire lyrique habituel, il s'est fait une spĂ©cialitĂ© des chants pyrĂ©nĂ©ens », notamment lors de son concert annuel, qu'il donne trĂšs rĂ©guliĂšrement Ă partir de 1846 et pendant trente ans Ă la salle Pleyel, au dĂ©but du printemps. 22 Paul LacĂŽme d'Estalenx, compositeur et critique musical, nĂ© en 1838 au Houga Gers. Il sera Ă©gale ... 51 Chants pyrĂ©nĂ©ens » est le terme employĂ© dans la presse Blanchard, H., 1853 161, par exemple, qui parle Ă©galement de mĂ©lodies bĂ©arnaises », d' airs basques » et plus gĂ©nĂ©ralement d' airs de son pays », et c'est aussi le titre du recueil que P. Lamazou fait paraĂźtre en 1869, comprenant trente-six airs bĂ©arnais », douze airs basques » et deux airs des PyrĂ©nĂ©es orientales ». Pour la premiĂšre fois mis Ă part le recueil de de Iztueta, bien sĂ»r, qui n'aborde les chants que par l'intermĂ©diaire des danses chantĂ©es se trouvent publiĂ©es conjointement paroles et musique. Ce recueil connaĂźt assez rapidement deux autres Ă©ditions 1874 et 1877, qui y joignent une lĂ©gende prĂ©face » de Paul LacĂŽme22, une gravure de Gustave DorĂ©, une opinion de ThĂ©ophile Gautier parue dans le Journal Officiel et une lettre de FrĂ©dĂ©ric Mistral. 52AprĂšs Paris, P. Lamazou chante Ă Bayonne ces bons airs basques et bĂ©arnais dont il est nĂ© l'Ă©cho fidĂšle, ces fraĂźches mĂ©lodies pyrĂ©nĂ©ennes dont il est le vivant chalumeau » 1854 Lamazou Ă Bayonne ». En 1856, on lui demande de venir donner, Ă la fĂȘte d'Urrugne, devant le prince Bonaparte, les airs basques originaux si bien chantĂ©s par lui, et que les salons parisiens ont tant de fois applaudis » [s. n], Courrier de Bayonne, 1856 [sans titre]. La consĂ©cration parisienne fait-elle entendre d'une autre oreille le rĂ©pertoire autochtone ? Les critĂšres de jugement ont dĂ©finitivement changĂ© en tout cas P. LacĂŽme LĂ©gende prĂ©face, 1869 loue la fraĂźcheur exquise, la grĂące ingĂ©nue, l'originalitĂ© piquante des mĂ©lodies », accompagnant le charme des poĂšmes » et leurs couleurs locales trĂšs vives et trĂšs accentuĂ©es ». Le chant pyrĂ©nĂ©en », paroles et musique, est reconnu et apprĂ©ciĂ©. NĂ©anmoins, on peut penser qu'il n'a pas encore atteint une reconnaissance complĂšte sa publication s'adresse, selon LacĂŽme, aux curieux de toute taille ». Faut-il donc ĂȘtre dans une disposition d'esprit particuliĂšre pour s'y intĂ©resser ? 23 Cent numĂ©ros paraissent Ă Saint-SĂ©bastien avant 1878, Ă©ditĂ©s par A. Diaz. Signalons aussi que beau ... 53La publication de P. Lamazou n'est cependant pas la seule, ni mĂȘme vraiment la premiĂšre. Dans les annĂ©es 1860, on voit en effet se multiplier les tĂ©moignages d'intĂ©rĂȘt pour une collecte des chants basques un organiste de Saint-SĂ©bastien, M. San-Esteban [sic], s'occupe en ce moment de recueillir les airs nationaux des pays basques afin de faire connaĂźtre ces airs Ă la fois originaux et gracieux. DĂ©jĂ quelques-uns de ces morceaux ont Ă©tĂ© publiĂ©s Ă Paris », annonce Le Courrier de Bayonne [s. n], 1862 Espagne ». Effectivement, le catalogue de la BibliothĂšque Nationale de Paris rassemble un certain nombre de chansons basques parues en feuillets sĂ©parĂ©s entre 1862 et 1864, sans nom d'auteur, dont les titres se retrouvent dans la ColecciĂłn de aires vascongados que J. A. Santesteban lancera Ă Saint-SĂ©bastien sans doute Ă partir de 186423, mais pas forcĂ©ment dans la mĂȘme tonalitĂ© ni avec le mĂȘme accompagnement de piano. D'autre part, on peut lire dans le Dictionnaire universel Larousse [s. n]., 1867 article Basques » Ă cĂŽtĂ© de la littĂ©rature Ă©crite, qui est si pauvre, les Basques possĂšdent une autre littĂ©rature populaire, consistant en romances, en chansons, en ballades, qui ont Ă©tĂ© transmises par tradition, et que conserve religieusement la mĂ©moire des chanteurs. Malheureusement, ce cĂŽtĂ© original de la littĂ©rature basque ne nous est que fort imparfaitement connu, parce qu'on n'a pas encore rassemblĂ© ces morceaux Ă©pars. Cependant, il en existe un recueil composĂ© par M. de Latena, mais qui est encore inĂ©dit ». De mĂȘme J. Vinson signale-t-il un lot de papiers, dont [il s'est] rendu acquĂ©reur Ă Bayonne, dans une vente publique » il y a trouvĂ© beaucoup de chansons basques et beaucoup de musique la plupart de ces papiers venaient de [son] ami regrettĂ© Alexandre Dihinx, les autres avaient appartenu au brillant, mais dangereux, Ă©crivain basque Augustin Chaho » 1883 XV. 24 Par exemple, Donostiako iru damatxo, dont il est question Ă plusieurs reprises, devient dans le re ... 54A cĂŽtĂ© de ces collectages restĂ©s confidentiels, les premiers recueils paraissent Ă la fin du Second Empire, sous la forme habituelle Ă l'Ă©poque notation solfĂ©-gique, texte basque et traduction ou adaptation française24, accompagnement de piano rĂ©alisĂ© par un musicien muni du bagage technique nĂ©cessaire ou un compositeur â si possible reconnu, de sorte que sa participation parachĂšve le changement d'Ă©tat du chant populaire harmonisĂ©. On relĂšve par exemple, pour les Cinquante chants pyrĂ©nĂ©ens, recueillis, chantĂ©s et publiĂ©s par Pascal Lamazou, 1869 Auber â alors directeur du Conservatoire de Paris, C. Gounod, A. Barthe â Grand Prix de Rome, originaire de Bayonne, F. David, Weckerlin â compositeur et folkloriste, le jeune Massenet, etc. L'accompagnement opĂšre vĂ©ritablement une transformation du statut de la mĂ©lodie populaire, la prenant simple fille des champs et l'introduisant dans les salons, de par l'imprescriptible autoritĂ© du bon goĂ»t », comme le dit P. LacĂŽme Ă propos de Lamazou. Il s'agit d'une sorte d'Ă©lĂ©vation dans l'Ă©chelle sociale, c'est-Ă -dire dans la hiĂ©rarchie des genres, car l'accompagnement relĂšve » LacĂŽme, rehausse » Gautier ces petites merveilles de grĂące et de sentiment » LacĂŽme, ces mĂ©lodies exquises » Gautier. Ainsi parĂ©e, pliĂ©e aux normes strictes de la musique savante de la notation Ă l'interprĂ©tation, la muse populaire » LacĂŽme peut donc sortir dans le monde, et ses productions, Ă©chappant Ă l'oubli qui les guette lorsqu'elles restent dans le domaine populaire, peuvent prĂ©tendre Ă la longĂ©vitĂ©, voire Ă l'Ă©ternitĂ© lorsqu'elles ont Ă©tĂ© fixĂ©es pour toujours sous les auspices des plus illustres maĂźtres » Mistral. La grĂące rustique et naĂŻve » des Airs basques 55PubliĂ©s Ă Paris en 1869 Ă©galement, les Douze airs basques choisis et notĂ©s par Mme de la VillehĂ©lio â et dotĂ©s par ses soins d'un accompagnement de piano â cherchent moins peut-ĂȘtre Ă se plier aux canons de la musique de salon contemporaine ce que l'auteur Julie Adrienne Carricaburu, dite Hortense, nĂ©e au chĂąteau de ChĂ©raute en 1827 et Ă©levĂ©e au CollĂšge du SacrĂ©-CĆur valorise et voudrait transmettre, c'est leur grand charme et [leur] frappante originalitĂ© ». Est-ce l'influence d'A. Chaho, qui fut son prĂ©cepteur pendant les vacances ? En tout cas, Madame de la VillehĂ©lio s'est montrĂ©e plus sensible que P. Lamazou Ă la façon dont ces airs », auxquels elle se serait intĂ©ressĂ© dĂšs 1848-50, lui ont Ă©tĂ© chantĂ©s. Dans d'intĂ©ressantes Observations prĂ©liminaires », elle signale la prĂ©sence de quart de tons, et probablement de fractions moindres, qu'il est difficile de prĂ©ciser » ; l'habitude du chanteur de commencer par une sorte de grupetto intraduisible », sorte de cadence [qui] se rapproche de celle des airs des vieux maĂźtres des xviie et xviiie siĂšcles Couperin, Rameau, etc. », et de finir par un long point d'orgue - qui lui paraĂźt ĂȘtre le signe de ce que le chanteur habite la montagne et qu'il attend la rĂ©ponse de l'Ă©cho »... Pour ses accompagnements, elle a cherchĂ© Ă reproduire l'effet des instruments traditionnels le tambour Ă grelots », le flageolet », une sorte de boĂźte longue » dont la description est celle du ttun-ttun, ne voulant user [...] que des ressources musicales du pays, y ajouter au-delĂ d'une certaine mesure [lui] semblerait compromettre la grĂące rustique et naĂŻve de ces chants ». 56En ce qui concerne les chants eux-mĂȘmes, Madame de la VillehĂ©lio les prĂ©sente comme de vieux airs, dont quelques-uns d'aprĂšs leur facture remonterait Ă l'Ă©poque des chants grĂ©goriens », de forme simple, Ă©chappant Ă la tonalitĂ© moderne en raison de ce que [les Basques] ont toujours vĂ©cu en dehors de toute assimilation avec leurs voisins », et elle en profite pour dresser un portrait de ses compatriotes hĂ©ritĂ© des clichĂ©s en cours depuis le dĂ©but du siĂšcle peuple primitif aussi vieux que le monde », Ă l'origine mystĂ©rieuse, animĂ© de passions extrĂȘmes et non policĂ©es et propre Ă expliquer les caractĂ©ristiques musicales qu'elle leur trouve. Il Ă©mane de ses propos, rendus trĂšs personnels par l'emploi de la premiĂšre personne du pluriel une maniĂšre de nous, les Basques », une certaine volontĂ© de donner Ă des non Basques des Ă©lĂ©ments pour mieux apprĂ©hender les productions musicales de cette Ă©pave de l'AntiquitĂ© » â et elle ira jusqu'Ă leur conseiller des lectures Francisque-Michel, Chaho, le vicomte de Belzunce qui leur feront passer quelques heures charmantes ». C'est le cĂŽtĂ© impĂ©nĂ©trable, mystĂ©rieux des Basques qui est mis en avant, aprĂšs avoir prĂ©sentĂ© l'intĂ©rĂȘt de leurs vieux airs ». 25 Autre Georges AmĂ©, dont nous n'avons pas retrouvĂ© de trace... 57Pas de prĂ©face, en revanche, pour l'ouvrage paru en 1870 â et dĂ©diĂ© au Pays Basque aimĂ© » â de l'avocat Sallaberry souletin comme Madame de la VillehĂ©lio, et de dix ans son cadet, mais quelques observations sur l'orthographe de la langue basque, et en fin de volume, des notes sur les chants, Ă©gratignant parfois au passage le travail de P. Lamazou. Alphonse Dotterer, jeune musicien d'avenir25, ancien Ă©lĂšve du Conservatoire de Paris », a harmonisĂ© quinze de ces chants. Des instructions peu respectĂ©es 58Cette façon de procĂ©der n'est pourtant pas celle qu'ont essayĂ© d'imposer les Instructions pour un Recueil gĂ©nĂ©ral de poĂ©sies populaires de la France auxquelles nous avons dĂ©jĂ fait allusion. DiffusĂ©es en 1853 sous l'Ă©gide du ministĂšre de l'Instruction publique et des Cultes, elles se proposent de dĂ©terminer le vĂ©ritable caractĂšre des chansons populaires » Cheyronnaud, J., 1997 56 et donnent des instructions quant Ă leur collecte. On y voit bien le renversement qui s'opĂšre sous le Second Empire, oĂč la musique tend Ă devenir l'Ă©gale de la poĂ©sie, sinon Ă occuper la premiĂšre place devant le texte qui, jusque lĂ , monopolisait l'attention. La mĂ©lodie joue incontestablement un rĂŽle considĂ©rable et quelques fois mĂȘme le rĂŽle principal dans les chants populaires ; il n'est point de chant populaire proprement dit sans mĂ©lodie », estime Edmond de Coussemaker lors des travaux prĂ©paratoires aux Instructions op. cit 74. 59Celles-ci prĂ©cisent deux rĂšgles, nouvelles par rapport Ă l'attitude gĂ©nĂ©ralement adoptĂ©e jusque lĂ , mais incontournables aux yeux du comitĂ© rĂ©dacteur d'une part, ne pas chercher Ă dĂ©barrasser les mĂ©lodies entendues de cette rouille prĂ©cieuse » que reprĂ©sentent certaines caractĂ©ristiques particuliĂšres ayant trait Ă la tonalitĂ© et Ă l'irrĂ©gularitĂ© du rythme, car ces caractĂšres [...] sont pour elle comme un cachet d'antiquitĂ© », et d'autre part, ne pas composer d'accompagnements. Bref, Ă©crivez l'air tel que vous l'entendez chanter, et ne changez rien » ibid. 94-95. Telle n'Ă©tait pas, on l'a vu, l'attitude des premiers collecteurs basques â Madame de la VillehĂ©lio Ă©tant sans doute la plus proche des Instructions dans sa dĂ©marche sinon dans sa publication. 60Mais quels sont les rĂ©sultats de l'enquĂȘte Fortoul en ce qui concerne le Pays Basque ? Plusieurs informateurs sont mentionnĂ©s, Hippolyte Durand Ă Bayonne et l'abbĂ© ThĂ©odore Laran Ă Larressore, qui ne semblent pas avoir Ă©tĂ© trĂšs efficaces, et trois autres personnages, qui ne portent pas le titre de correspondants » dĂ©partementaux comme les prĂ©cĂ©dents EugĂšne Garay de Monglave, Ă la probitĂ© littĂ©raire fort douteuse » J. Vinson 1884 49 qui n'hĂ©site pas Ă adresser des chants de sa fabrication ou recopiĂ©s dans des revues pyrĂ©nĂ©ennes ou bayonnaises onze au total, d'aprĂšs J. Vinson 1884 55, l'abbĂ© Fourcade, inspecteur primaire de l'arrondissement de Bayonne, dont aucun chant populaire n'est retenu, et un Souletin inspecteur primaire de l'arrondissement de La RĂ©ole Gironde, Jean-Baptiste Archu, qui adresse une douzaine de piĂšces comme spĂ©cimen d'une collection de cent vingt chants populaires du pays basque qu'il a rassemblĂ©s » Cheyronnaud, J., 1997 70. 61Dans les Instructions elles-mĂȘmes, deux chants sont donnĂ©s en traduction française, selon la rĂšgle choisie par le comitĂ© des fragments du fameux Chant de Lelo, et une chanson dont la traduction a Ă©tĂ© dictĂ©e Ă M. de Quatrefages par une vieille femme de Biarritz », intitulĂ©e Santa-Clara op. cit. 88-89. Maigre bilan comparĂ© au millier de piĂšces rassemblĂ©es, pour une rĂ©gion qui s'enorgueillit aujourd'hui de son patrimoine vocal... En fait, le temps de la collecte n'est pas encore venu pour le Pays Basque, contrairement Ă d'autres rĂ©gions qui auront Ă©tĂ© explorĂ©es bien plus tĂŽt que celui-ci. Rappelons, en dehors mĂȘme de l'enquĂȘte Fortoul, les recherches dont a fait l'objet la Bretagne Ă partir de la fondation de l'AcadĂ©mie celtique en 1805, et le retentissement de la publication, en 1839, du Barzaz Breiz de Th. Hersart de la VillemarquĂ©. Chants pyrĂ©nĂ©ens » 26 Notons aussi que, deux ans plus tĂŽt, Georges Bizet publiait un recueil de six mĂ©lodies populaire ... 62Revenons aux premiĂšres publications concernant le Pays Basque. Ce n'est pas la caractĂ©ristique d'ĂȘtre basque ou le rapport avec le Pays Basque qui sont mis en avant par leur titre, mais le lien avec la thĂ©matique du pyrĂ©nĂ©isme » aprĂšs les Chants pyrĂ©nĂ©ens de P. Lamazou, les Douze airs basques de Madame de la VillehĂ©lio portent le titre de Souvenirs des PyrĂ©nĂ©es26. Dans le mĂȘme ordre d'idĂ©es, Francisque-Michel avait joint Ă sa courte Ă©tude de la musique basque trois airs de danse empruntĂ©s Ă Iztueta dont un avec paroles et une cantilĂšne » qui lui semble reprĂ©sentative des chansons de nos montagnards » 1857 435. Le Pays Basque n'existe » pas encore pour le public bourgeois, alors que la montagne Alpes et PyrĂ©nĂ©es, rĂ©vĂ©lĂ©e par les Romantiques, est devenue un thĂšme littĂ©raire et pictural, et un lieu de villĂ©giature touristique et thermale. On peut peut-ĂȘtre penser aussi que ces recueils pyrĂ©nĂ©ens » s'adressent plutĂŽt au public urbain, parisien en premier lieu, et que le rapprochement Pays Basque-BĂ©arn/PyrĂ©nĂ©es lui permet de situer gĂ©ographiquement ces rĂ©gions ; inversement, Sallaberry fait paraĂźtre en 1870 Ă Bayonne ses Chants populaires du Pays Basque oĂč les PyrĂ©nĂ©es ne sont plus mentionnĂ©es. C'est donc une situation topographique et une association avec un lieu repĂ©rĂ© et connotĂ© qui identifie le chant basque il n'est pas encore porteur d'une image assez forte et prĂ©cise pour ĂȘtre prĂ©sentĂ© en tant que tel. 27 Signalons aussi la mazurka de salon » pour piano de Santesteban, compositeur nĂ© Ă Saint-SĂ©b ... 63Peut-ĂȘtre aussi la dĂ©nomination de chants pyrĂ©nĂ©ens » pour les chants populaires basques et bĂ©arnais prend-elle la suite des publications de mĂ©lodies et piĂšces instrumentales de musique savante qui ont elles-mĂȘmes exploitĂ© le filon pyrĂ©nĂ©en Ă la gĂ©nĂ©ration prĂ©cĂ©dente Souvenirs des PyrĂ©nĂ©es Ă©ditĂ©s par Philippe Musard, 1841, Souvenir des PyrĂ©nĂ©es, op. 13 de D. Alard, 1844, Souvenir des PyrĂ©nĂ©es de DĂ©sirĂ© Magnus, 1850, Le bolĂ©ro des PyrĂ©nĂ©es ou les souvenirs de la Navarre d'Alfred Roland, Les PyrĂ©nĂ©es, souvenirs des montagnes d'Adrien Louis BoĂŻeldieu, 1856, par exemple, voire deux gĂ©nĂ©rations plus tĂŽt l'air basque utilisĂ© par G. Dugazon et mentionnĂ© plus haut est publiĂ© Ă©galement sous le titre de Souvenirs des PyrĂ©nĂ©es [sic]. Le Souvenir est d'ailleurs un genre qui se maintient, s'Ă©tendant au Pays Basque dĂ©couvert » par NapolĂ©on III et sa femme. Il reprĂ©sente encore un cas de piĂšce instrumentale basĂ©e sur des mĂ©lodies populaires puisque J. Vinson donne 1884 23, comme premiers arrangements connus de chants basques, un Souvenir de Biarritz, quadrille basque d'Alexandre Artus 1860 oĂč figurent Adios, ene maitea et Chapel goria [sic], et des Souvenirs du Pays Basque pour piano de Claude DĂ©place [vers 1863], recueil de valses intitulĂ© Lore eskualdun ahurra et contenant une vingtaine de chants basques encore parmi les plus cĂ©lĂšbres aujourd'hui27. 28 Publications que l'on peut complĂ©ter par le recueil inĂ©dit rĂ©uni avant 1839 par Gaston Sacaze. 64Le chant basque » est aujourd'hui une notion plus reconnue que le chant bĂ©arnais ». Or il est intĂ©ressant de noter que la situation Ă©tait toute autre dans la premiĂšre moitiĂ© du xixe siĂšcle le BĂ©arn connaĂźt avant le Pays Basque la publication de chants nationaux bĂ©arnais » Emile Vignancour, 1827 et 1852 ; Xavier Navarrot, 1834 ; FrĂ©dĂ©ric RivarĂšs Chansons et airs populaires du BĂ©arn, 184428, sans parler des NoĂ«ls bĂ©arnais, dont certains sont publiĂ©s dĂšs 1756 par Henri d'Andichon. L'Essai sur la musique ancienne et moderne de Jean-Benjamin de Laborde donnait en 1780 des exemples paroles et musique de chansons bĂ©ar-noises » Laborde, 1780 152-156. Cet intĂ©rĂȘt est sans doute apparu grĂące au personnage de Cyprien Despourrins nĂ© en 1698, poĂšte et auteur de chansons Ă©ditĂ©es en 1820 EstrĂšes bĂ©arnaises, Ă qui un monument est Ă©levĂ© en 1840 dans son village natal d'Accous, et Ă celui du tĂ©nor Pierre JĂ©lyotte, cĂ©lĂšbre pour avoir chantĂ© Ă la cour de Versailles des airs bĂ©arnais bien avant que Garat ne chante ses romances Ă Marie-Antoinette, puisqu'il s'adressait Ă Louis XV. Enfin, rappelons que c'est P. Lamazou qui porte les chants pyrĂ©nĂ©ens sur la scĂšne de concert, suivant les traces d'un tĂ©nor de l'OpĂ©ra nĂ© Ă Pau, Lavigne, qui fit beaucoup parler de lui au dĂ©but de la Restauration » celui-ci chanta avec succĂšs une chanson de Despourrins sur la scĂšne de plusieurs théùtres BĂ©nichou, P., 1970 116. Les recueils bĂ©arnais, mĂȘme s'ils sont du fĂ©librige avant la lettre, et non de la poĂ©sie orale » op. cit. 115 sont souvent citĂ©s et commentĂ©s P. BĂ©nichou parle par exemple d'un article du Globe le 28 avril 1829. 65Pour en terminer avec le pyrĂ©nĂ©isme, revenons rapidement sur le terme de montagnard » et prĂ©cisons deux points tout d'abord, l'association Basques/montagnards est ancienne et trĂšs rĂ©pandue au xixe siĂšcle. Parmi toutes les Ă©tymologies fantaisistes circulant au dĂ©but de ce siĂšcle, l'une d'elles fait mĂȘme dĂ©couler le mot basque » de basac-hoc, bascos, peuples sauvages, montagnards [sic] » Garay de Monglave, E., 1833 article Basques ». On considĂšre que l'influence de la montagne est double d'une part, elle protĂšge ou a protĂ©gĂ© les Basques des envahisseurs comme des influences extĂ©rieures, et d'autre part, elle dĂ©teint » et donne ses caractĂ©ristiques au chant. DĂšs 1818, Etienne de Jouy par ailleurs librettiste de Spontini et Rossini formule une apprĂ©ciation qui fera florĂšs Ă la fin du siĂšcle les chants des Basques sont langoureux comme dans tous les pays de montagne oĂč le sĂ©jour des hommes, dans ces hautes rĂ©gions terrestres, semble disposer leur Ăąme aux sensations les plus tendres » 1818 152. MĂȘme au milieu des collines ou au bord de la mer, les Basques sont donc les montagnards des PyrĂ©nĂ©es occidentales » C. Fauriel, comme Ă Urrugne oĂč, en 1853, la poĂ©sie primĂ©e aux fĂȘtes basques est chantĂ©e par un chĆur nombreux de montagnards » [s. n], Le Courrier de Bayonne, 1853 FĂȘtes d'Urrugne ». 66Ceci nous conduit Ă une seconde prĂ©cision, qui concerne le chĆur de quarante voix d'hommes organisĂ© en 1832 Ă BagnĂšres-de-Bigorre par Alfred Roland, chantant un rĂ©pertoire composĂ© par leur chef et exaltant sous toutes ses formes le thĂšme de la montagne Mabru, L., [ 48 les fameux Montagnards, qui parcourent l'Europe et le Proche-Orient de 1838 Ă 1854, ont sans doute contribuĂ© eux aussi Ă cette association PyrĂ©nĂ©es/chant populaire par les interprĂštes, sinon par le rĂ©pertoire. Ont-ils influencĂ© la pratique chorale en Pays Basque ? Leur passage Ă Bayonne en 1837 suscite certes une certaine Ă©mulation Le Phare de Bayonne parle de nos chanteurs bayonnais [de la SociĂ©tĂ© Philarmonique, placĂ©s sous la direction de Masson, un Ă©lĂšve d'A. Choron], maintenant engagĂ©s avec tant de chances de succĂšs dans la lutte avec les montagnards de BagnĂšres » Stein, L., 1837 Concert de la SociĂ©tĂ© Philharmonique ». Comme eux, ils terminent leurs prestations par un chant de montagne », La haut sus las mountagnes de Despourrins Y., 1837 Concert de la SociĂ©tĂ© Philarmonique ». Mais par la suite, il est difficile de trouver des signes d'une influence certaine la chorale de la SociĂ©tĂ© Philarmonique disparaĂźt au bout de quelques annĂ©es, et on ne relĂšve pas par la suite de chĆur basque constituĂ© Ă l'exemple des Montagnards de BagnĂšres-de-Bigorre. Dans les annĂ©es 1860, des orphĂ©ons dont l'histoire en Pays Basque reste Ă faire apparaissent dans les villes avec un rĂ©pertoire de musique savante typique de l'institution orphĂ©onique, et mĂȘme dans les grosses agglomĂ©rations et les villages Saint-Jean-de-Luz, Saint-Palais, Sare par exemple avec un rĂ©pertoire peut-ĂȘtre plus axĂ© sur le chant basque, mais trĂšs mal connu. 67Il semble qu'A. Roland se soit aussi intĂ©ressĂ© aux interprĂštes basques, puisque le double quatuor des huit artistes-basques » un otxote avant la lettre ? donne le 29 septembre 1856, devant LL. MM. l'Empereur et l'ImpĂ©ratrice des Français et de toute la Cour » en villĂ©giature Ă Biarritz, une audition du Premier recueil des chants favoris de celui-ci si l'on en croit le titre de la publication dĂ©posĂ©e Ă la BibliothĂšque Nationale. Curieusement, la presse locale ne fait aucune mention d'une pareille prestation Ă cette date. Chant basque » et goĂ»t impĂ©rial 68MalgrĂ© la vogue du pyrĂ©nĂ©isme, on constate que l'usage du terme chant basque » est devenu courant dans la presse bayonnaise des annĂ©es 1860 ; il ne fait plus rĂ©fĂ©rence uniquement aux chants historiques, mais plutĂŽt Ă ce que nous appelons aujourd'hui chants populaires, et l'aspect musical a Ă©tĂ© considĂ©rablement revalorisĂ© â premiĂšre Ă©tape d'une Ă©volution qui amĂšnera Ă laisser tomber le texte. L'incomprĂ©hension de celui-ci, puisque les chants sont donnĂ©s en basque, ne pose apparemment pas de problĂšme. 69C'est ainsi que nous apprenons que NapolĂ©on III et EugĂ©nie de Montijo sont de grands amateurs de chant basque » parce qu'il a Ă©tĂ© mis Ă la mode ou du moins est devenu objet d'Ă©coute musicale, grĂące Ă P. Lamazou en particulier, mais aussi parce que NapolĂ©on III tient Ă encourager une pratique rurale et non sĂ©ditieuse, par opposition aux pratiques urbaines plus subversives ? Dans le rapport d'H. Fortoul au sujet du Recueil des poĂ©sies populaires de la France Cheyronnaud, J., 1997 51, il y est rappelĂ© que le Prince PrĂ©sident est le fondateur d'un gouvernement qui aime Ă s'appuyer sur la fidĂ©litĂ© des souvenirs poĂ©tiques du peuple ». 70Lors de ses dĂ©placements et randonnĂ©es en Pays Basque, le couple impĂ©rial en rĂ©clame frĂ©quemment. Ainsi EugĂ©nie, aprĂšs avoir entendu le chant basque » Donostiaco hirur damacho [sic] interprĂ©tĂ© par les orphĂ©onistes de Saint-Jean-de-Luz en 1865, le demande Ă M. DoyambĂ©hĂšre, le curĂ©, qui lui adresse paroles basques, traduction française et musique, rien n'y manquait » â d'aprĂšs Le Courrier de Bayonne D., 1865 [sans titre]. Ou encore [Ă Saint-Jean-de-Luz toujours] Sa MajestĂ© a demandĂ© des chants basques, mais l'orphĂ©on Ă©tant dissous, il s'est Ă©coulĂ© quelques instants avant qu'on pĂ»t rĂ©unir les chanteurs qui en faisaient partie. On a cependant rĂ©ussi Ă former un chĆur qui a Ă©tĂ© rendu avec beaucoup de goĂ»t Ay Madelen et le CaĂŻcoua, chants favoris des provinces basques », [s. n], Le Courrier de Bayonne, 1867, n° 2245 [sans titre]. 71Ă Sare, le contrebandier Michel DihursubĂ©hĂšre reçoit l'empereur et ses amis, et organise des prestations Ă l'intĂ©rieur des grottes voisines de Zugarramurdi la grotte est ouverte aux deux extrĂ©mitĂ©s et surmontĂ©e d'une voĂ»te d'une longueur considĂ©rable. LĂ , les voyageurs ont invitĂ© leurs guides Ă entonner quelques chants du pays, et tout Ă coup des voix magnifiques se sont fait entendre avec un admirable ensemble et ont fait retentir de leurs vigoureux et harmonieux accents les Ă©chos de ces lieux qui semblaient vouĂ©s Ă un Ă©ternel silence » [s. n], Le Courrier de Bayonne, 1866 [sans titre]. Prosper MĂ©rimĂ©e raconte lui aussi l'expĂ©dition dans l'une de ses lettres, prĂ©cisant que la douzaine d'orphĂ©onistes ont chantĂ© en chĆur accompagnĂ©s par une espĂšce de flageolet trĂšs aigu, des airs basques d'un caractĂšre trĂšs original » Jean-Pierre, H., 1965 422. 72De mĂȘme, l'annĂ©e suivante les guides, qui font partie de l'OrphĂ©on de Sare, se sont alors Ă©cartĂ©s [aprĂšs avoir servi une collation] et, se rĂ©unissant dans l'intĂ©rieur de la grotte, ils ont chantĂ© divers airs basques et entr'autres [sic] les compositions couronnĂ©es au dernier concours de poĂ©sie. Le chant Ă©tait large et puissant ; la sonoritĂ© de ces voix mĂąles, redoublĂ©e par l'Ă©cho, produisait un effet saisissant. 73L'Empereur a complimentĂ© les chanteurs et, sur le dĂ©sir qu'il a daignĂ© manifester de les entendre de nouveau, nos virtuoses montagnards se sont empressĂ© d'accĂ©der Ă cet auguste vĆu » [s. n], Le Courrier de Bayonne, 1867, n° 2246 [sans titre]. On voit donc que l'aspect musical des oeuvres et surtout la façon de chanter sont pris en compte. De plus, ce chant basque est une pratique collective, populaire et masculine alors que l'air basque avec accompagnement de piano Ă©tait le fait d'un seul exĂ©cutant, homme ou femme, Ă la technique de chant savante. On commence Ă le percevoir en tant que forme festive privilĂ©giĂ©e et caractĂ©ristique des Basques. Charles Bordes et les Archives de la Tradition Basque 74Cette Ă©volution dans l'image, la conception et le statut du chant basque », qui s'affirme dans la deuxiĂšme dĂ©cennie de l'Empire, prĂ©pare une diffusion plus grand public » Ă la gĂ©nĂ©ration suivante. Un musicien tourangeau, Charles Bordes, a jouĂ© un rĂŽle important dans cette diffusion Ă partir de la fin du siĂšcle. En 1885, il assiste Ă une confĂ©rence de Julien Tiersot sur la chanson populaire, accompagnĂ©e d'auditions de piĂšces rĂ©vĂ©lĂ©es pour la premiĂšre fois en ce jour » Tiersot, J., 1909 21. Ă l'audition en extase » de Chorinoak kaiolan, ce fut pour lui comme la suggestion d'une musique inconnue, sortie de l'autre monde » id.. En 1889-90, il est envoyĂ© en mission au Pays Basque par le MinistĂšre de l'Instruction publique pour recueillir des chants populaires, et il y passe ensuite tous ses Ă©tĂ©s, devenant selon J. Tiersot une sorte de Basque d'adoption » id.. 29 Seules 5 chansons seront effectivement Ă©ditĂ©es, mais Bordes mĂšnera Ă bien d'autres publications de ... 75Ces chants paraissent Ă Paris dans le cadre des Archives de la Tradition Basque, qui se dĂ©finissent comme des documents pour servir Ă l'histoire du peuple basque » publiĂ©s par un groupe d'Ă©crivains et d'artistes » la premiĂšre parution annoncĂ©e est celle des Cent chansons populaires basques, recueillies et notĂ©es au cours de sa mission par Charles Bordes29, qui inaugurent une nouvelle Ă©tape dans la collecte. DorĂ©navant, ce sont des compositeurs qui vont sur le terrain et qui font ensuite connaĂźtre le fruit de leur recherche, en notation traditionnelle ou en notation carrĂ©e, avec ou sans accompagnement musical, avec le texte basque et une traduction Ă©ventuelle, mais volontiers accompagnĂ© de commentaires ou de confĂ©rences explicatives. 30 DĂ©marche qui prend tout son sens si l'on songe Ă l'action de Bordes en faveur du renouveau du chan ... 76Ainsi la confĂ©rence faite dans le cadre du CongrĂšs de la Tradition basque tenu Ă Saint-Jean-de-Luz en 1897 et publiĂ©e deux ans plus tard, avec 54 mĂ©lodies notĂ©es, est-elle particuliĂšrement importante. Charles Bordes y dĂ©montre » l'intĂ©rĂȘt musical du chant basque », en l'analysant pour la premiĂšre fois sur la base de critĂšres musicologiques ; la parentĂ© qu'il lui trouve avec le plain-chant et l'aspect rythmique retiennent son attention le chant basque s'inscrit maintenant dans une histoire musicale30, et non plus seulement dans une histoire littĂ©raire, et des passerelles sont Ă©tablies avec la musique artistique » Bordes, C, 1899 307, ce qui lui permet de comprendre et donc de savourer le vague et la bizarrerie » qui troublaient tant les George AmĂ© du milieu du siĂšcle. Dans cette optique surgit alors un paradoxe que les collecteurs expriment de façon plus ou moins explicite il faut ĂȘtre savant pour goĂ»ter la musique populaire â et le paysan qui chante n'a pas la culture dont peut-ĂȘtre on a besoin pour savoir apprĂ©cier la beautĂ© originale d'une mĂ©lodie rustique », estime le PĂšre Donostia, musicologue 1923 685... La confĂ©rence de Bordes aura son pendant Ă Bilbao en 1901, avec celle de l'ethnologue, linguiste et compositeur ResurrecciĂłn Maria de Azkue, intitulĂ©e La mĂșsica popular baskongada et accompagnĂ©e de 14 illustrations musicales en attendant celles du PĂšre Donostia, publiĂ©es en 1917 avec leurs 31 exemples musicaux. 77Les mĂ©lodies recueillies sont intĂ©grĂ©es Ă la composition d'oeuvres de musique savante J. Tiersot y voit, dans le cas de Bordes, la volontĂ© de tirer des idĂ©es qu'il prĂ©conisait leurs plus multiples consĂ©quences », op. cit. 26 signe que la musique a dĂ©finitivement conquis la premiĂšre place devant le texte, et que l'on considĂšre que la quintessence basque » se trouve dans la partie musicale. De plus, la chanson basque apparaĂźt comme trĂšs particuliĂšre », d'une complĂšte nouveautĂ© » ibid. 22 par rapport aux autres traditions folkloriques cette originalitĂ© qu'on lui prĂȘte lĂ©gitime le fait qu'elle commence Ă ĂȘtre perçue comme spĂ©cificitĂ© basque et qu'elle serve de support Ă des compositions musicales, dans tous les genres {Suite basque pour flĂ»te et quatuor Ă cordes, ou Rapsodie basque pour piano et orchestre de C. Bordes, par exemple, mais en particulier dans l'opĂ©ra. Un peuple qui chante » 78Le premier opĂ©ra se prĂ©sentant comme opĂ©ra basque » est créé en 1884 Ă Saint-SĂ©bastien, et fait grand usage de chants bien connus dans cette ville, notamment des zortziko d'Iparraguirre â arrangĂ©s par JosĂ© Antonio Santesteban, l'auteur de la collection d'Aires vascongados commencĂ©e en 1862 Ă laquelle on a fait allusion plus haut. Il apparaĂźt d'ailleurs sur certaines annonces comme Ăłpera de aires vascongados ». Petit Ă petit, les ouvrages lyriques se mettent Ă utiliser des chants populaires basques », principe qui fait le succĂšs de Maitena, d'Etienne Decrept et Charles Colin en 1909, oĂč l'on peut reconnaĂźtre plusieurs mĂ©lodies prĂ©sentes dans le recueil de Sallaberry. L'annĂ©e suivante, trois autres opĂ©ras de cette veine sont créés Ă Bilbao et leur succĂšs incite un dĂ©putĂ© Ă proposer la crĂ©ation d'un prix d'au moins 5000 pesetas pour l'auteur de la meilleure collection d'airs basques, afin que les compositeurs puissent disposer d'un fond plus important. Le projet est acceptĂ©, et les rĂ©sultats du concours connus en 1912 de Azkue propose un ensemble de 1800 piĂšces inĂ©dites, et le PĂšre Donostia plus de 500. 79C'est certainement pour beaucoup la rĂ©vĂ©lation de la richesse du patrimoine basque en ce domaine, que Bordes avait laissĂ© entrevoir â et la preuve matĂ©rielle que les Basques sont bien ce qui se dessine depuis un demi siĂšcle un peuple qui chante » titre d'un ouvrage de Jean Ithurriague paru en 1947. Alfredo de Echave, librettiste de plusieurs opĂ©ras basques », l'avait exprimĂ© en 1910 l'intuition musicale est un don caractĂ©ristique de notre peuple, [peuple] chanteur par excellence », estimait-il au vu du nombre de musiciens professionnels et de l'importance de la musique populaire en Pays Basque. Il parle de celle-ci comme d'un trĂ©sor » et du travail d'Azkue comme d'un vĂ©ritable monument Ă notre tradition musicale » 1910 3-6. Cette idĂ©e est ancienne et avait Ă©tĂ© reformulĂ©e au dĂ©but du xixe siĂšcle, on l'a vu, mais elle ne se diffuse dans le grand public qu'un siĂšcle plus tard. De plus, les chants historiques ne sont plus du tout la catĂ©gorie privilĂ©giĂ©e au Pays Basque, la chanson lĂ©gendaire ou hĂ©roĂŻque, la complainte historique est tellement exceptionnelle qu'on peut dire qu'elle ne compte pas », estime par exemple Charles Bordes 1899 309. La nomenclature proposĂ©e par R. M. de Azkue comprend des chansons amoureuses, bachiques, des berceuses, danses, complaintes et Ă©lĂ©gies, des Ă©pithalames, des chansons festives ou humoristiques, enfantines, narratives, de mĂ©tiers, religieuses, des romances, des chants de quĂȘte, et quelques piĂšces Ă©piques ou satiriques qui seront finalement dispersĂ©es dans d'autres rubriques Azkue, R. M. de, 1990 [1922] 54. 31 On a prononcĂ© le nom d'Hayet au sujet du tĂ©nor dont se serait inspirĂ© Flaubert originaire de Bia ... 80ParallĂšlement, de plus en plus de Basques deviennent chanteurs lyriques professionnels en particulier des tĂ©nors, Ă la suite de JuliĂĄn Gayarre, 1844-1890. De ce phĂ©nomĂšne, Madame Bovary 1857 offrait dĂ©jĂ une illustration le cĂ©lĂšbre Edgar Lagardy, qui tient le rĂŽle d'Edgardo dans la reprĂ©sentation de Lucia di Lammermoor Ă laquelle Emma Bovary assiste au théùtre de Rouen, a Ă©tĂ© dĂ©couvert par une princesse polonaise qui, l'Ă©coutant un soir chanter sur la plage de Biarritz, oĂč il radoubait des chaloupes, en Ă©tait devenue amoureuse » Flaubert, G., 1964 65031. La Baskonia Ă©crit en 1896 [ 1896 24 d'ici peu de temps, les tĂ©nors basques vont monopoliser la scĂšne lyrique ». Mais, en fait, y a-t-il plus de chanteurs basques que bĂ©arnais par exemple ? N'est-ce pas un effet de l'association basque/chant qui induit Ă remarquer la prĂ©sence certaine des Basques, alors qu'on ne notera pas ou moins la prĂ©sence certaine des BĂ©arnais ? 81Notons aussi que le dĂ©veloppement de l'opĂ©ra basque a Ă©tĂ© rendu possible par les chorales, qui se multiplient Ă cette Ă©poque. Il serait intĂ©ressant d'analyser les consĂ©quences de ce double phĂ©nomĂšne sur la pratique du chant et sur la façon de chanter en Pays Basque. Leur rĂ©pertoire comprend Ă©galement des chants basques harmonisĂ©s pour voix seules ou avec accompagnement qui restent, aujourd'hui encore, Ă la base du rĂ©pertoire des chĆurs dits ou se voulant basques ». Ainsi le corpus recueilli, gĂ©nĂ©ralement en milieu rural, se diffuse-t-il en partie pas forcĂ©ment parmi les mĂȘmes couches de la population sous une autre forme, et passablement modifiĂ© â contribuant au passage Ă fixer les versions des airs qui rencontrent le plus de succĂšs, comme cela sera plus tard le cas avec le disque et le chanteurs ou groupes reprenant des chants populaires. 82Il faudrait aussi Ă©tudier le rĂŽle des chorales en particulier par leurs tournĂ©es hors du Pays Basque, Ă partir d'Eresoinka, formĂ© Ă Sare avec les rĂ©fugiĂ©s fuyant le franquisme pour la diffusion de la figure du Basque chantant » Ă l'extĂ©rieur du pays. C'est l'un des clichĂ©s des annĂ©es trente, pĂ©riode oĂč l'apparition du tourisme de masse amĂšne Ă la constitution de stĂ©rĂ©otypes rĂ©gionaux chant collectif, danse et pelote illustrent â dĂ©finissent â le Pays Basque Ă l'Exposition Internationale de 1937 Ă Paris. De mĂȘme, on pourrait s'interroger sur l'impact, dans les annĂ©es 50, de chanteurs de musique lĂ©gĂšre opĂ©rettes, comĂ©dies musicales, films musicaux, en particulier Luis Mariano, dans la diffusion française d'une certaine image du chant eur, de la musique et du Pays Basque. L'opĂ©ra, chant populaire transformĂ© » 83Le théùtre lyrique a apportĂ© cependant au chant basque » une dimension que l'ensemble vocal n'atteint pas ou du moins pas autant. Jusque lĂ , on l'a vu, la simplicitĂ©, la rusticitĂ© » du chant basque, son origine populaire apparaissaient comme des caractĂ©ristiques nĂ©gatives, l'empĂȘchant d'accĂ©der au statut d'Ćuvre d'art. Parlant en 1857 des chansons basques », Francisque-Michel, par exemple, craignait que le siĂšcle actuel, habituĂ© aux artifices de notre poĂ©sie et Ă l'Ă©clat de notre musique moderne, ne trouve fades les naĂŻfs accents de la muse des montagnes et les accords sans art de son pipeau rustique » 1857 221. Ces caractĂ©ristiques nĂ©gatives deviennent peu Ă peu pas seulement au Pays Basque, mais dans toute l'Europe, et tout particuliĂšrement grĂące au rayonnement de la Schola Cantorum, fondĂ©e par Vincent d'Indy, Alexandre Guilmant et Charles Bordes, oĂč sont formĂ©s plusieurs compositeurs basques des qualitĂ©s recherchĂ©es, car on considĂšre qu'elles permettent un renouvellement du langage musical, arrivĂ© dans une impasse. 84Mais la musique populaire » n'est pas perçue pour autant comme Ă©gale, dans la hiĂ©rarchie des genres, Ă la musique savante c'est le chant populaire un certain chant populaire mĂȘme ? transformĂ© par l'art savant qui a un vĂ©ritable statut musical, et ce d'autant plus que la forme qui l'accueille est valorisĂ©e. Or l'opĂ©ra est encore, Ă la fin du xixe et au dĂ©but du xxe siĂšcle, un genre noble » au vu de sa complexitĂ© musicale et de son prestige social. Porter sur la scĂšne lyrique le chant populaire â jugĂ© jusque lĂ fruste et sans intĂ©rĂȘt artistique c'est donc lui octroyer une nouvelle valeur. Lorsqu'il se saisit de ce matĂ©riau et l'intĂšgre Ă son ouvre, le compositeur d'opĂ©ra accomplit ce qui est considĂ©rĂ© comme une façon de le signifier. Cela lui est d'autant plus aisĂ© qu'on estime qu'il y a une continuitĂ© entre le chant traditionnel, expression riche, mais primitive et limitĂ©e, de la sensibilitĂ© populaire, et l'opĂ©ra, produit raffinĂ©, complexe et dĂ©veloppĂ©, mĂ©ritant pleinement le nom d'art. Felipe Pedrell, le maĂźtre Ă penser de beaucoup de compositeurs espagnols de cette pĂ©riode, l'a thĂ©orisĂ© dans son cĂ©lĂšbre ouvrage, traduit en français sous le titre Pour notre musique le drame lyrique national est le lied dĂ©veloppĂ© dans les proportions voulues par le drame ; c'est le chant populaire transformĂ© » 1893 36. Une nationalitĂ© musicale 85L'utilisation du folklore musical, comme on l'appelle alors couramment, obĂ©it Ă©galement Ă l'idĂ©e largement rĂ©pandue, Ă partir de la fin du xixe siĂšcle, selon laquelle il est la meilleure expression â et/car l'expression directe â des caractĂšres physiques, psychologiques et moraux des populations, voire du pays, dont il Ă©mane. La confĂ©rence de C. Bordes, intitulĂ©e La musique populaire des Basques, commence par quelques considĂ©rations qui illustrent ce principe c'est surtout de l'art populaire, art d'intuition et d'originalitĂ©, qu'on a pu dire qu'il exprime fidĂšlement le caractĂšre de la race, qu'il reflĂšte avec clartĂ© et profondeur les traits essentiels du pays oĂč cette race a fixĂ© sa vie. Cette loi, maintes fois vĂ©rifiĂ©e, s'applique d'une maniĂšre frappante Ă la musique basque. Rien ne fait mieux connaĂźtre un Basque que sa chanson. Elle traduit, dans sa langue naĂŻve et charmante, les vives sensations et les fiers sentiments qui composent cet ĂȘtre admirable. Nous y saisissons toute son humeur et toute son Ăąme, ses qualitĂ©s primesautiĂšres et traditionnelles, son ardeur, sa gaietĂ©, son amour de libertĂ©, sa joie de vivre et son mĂ©pris de la mort, et surtout sa foi robuste, plus morale que mystique, qui donne au Labourdin tant de noblesse et de sĂ©rĂ©nitĂ© ». Plus loin, il ajoute cette musique n'exprime pas seulement les sentiments et les sensations du Basque, elle a encore une mystĂ©rieuse correspondance avec sa vie physique, son travail, son jeu ou sa danse [...]. Et le poĂšte ira plus loin encore il ne pourra entendre quelques-uns de ces thĂšmes, sans voir le Pays Basque lui-mĂȘme, l'enivrante nature de ce coin de terre que Loti a su si bien peindre dans son roman de Ramuntcho » Bordes, C, 1899 297-298. 86En consĂ©quence de quoi le chant basque » apparaĂźt comme le plus sĂ»r moyen de confĂ©rer une nationalitĂ© le terme est pris ici sans lui attribuer forcĂ©ment une connotation politique Ă la musique savante qui l'utilise un opĂ©ra, une symphonie, seront basques s'ils font usage de thĂšmes basques ». Une telle idĂ©e ne pouvait que rencontrer un accueil favorable auprĂšs des nationalistes on passe bien ici, en revanche, sur un terrain politique dans le premier tiers du xxe siĂšcle, pour qui le chant basque apparaĂźt comme l'illustration de l'essence immuable et Ă©ternelle du peuple basque et du pays son emploi sera donc revendiquĂ© pour l'expression et la dĂ©fense de l'identitĂ© euskarienne. Une critique de l'opĂ©ra Mendi-Mendiyan lors de sa crĂ©ation Ă Saint- SĂ©bastien en 1911 l'exprime en un raccourci saisissant Et l'art basque descendit des montagnes » [s. n], Euskalerriaren Alde, 1911 227. 87En un siĂšcle, on a donc fait passer le chant basque » d'un texte poĂ©tique, Ă contenu historique, Ă une mĂ©lodie nationale », expression sonore d'une identitĂ© basque. Curieusement, un chant basque » parmi les plus connus rassemble en quelque sorte ces deux aspects le Gernikako arbola de JosĂ© Maria Iparraguirre, chantĂ© pour la premiĂšre fois en 1853 dans un cafĂ© madrilĂšne, rappelle les fors dont bĂ©nĂ©ficiaient les Basques et devient trĂšs rapidement populaire, jouant le rĂŽle d'un vĂ©ritable hymne national des deux cĂŽtĂ©s de la frontiĂšre. La mĂ©lodie n'est pas d'Iparraguirre comme on le croit gĂ©nĂ©ralement, mais consiste en une adaptation d'une danse biscayenne entendue probablement en 1836 Ă Durango Arana Martija, 1982 127. 32 SpĂ©cificitĂ© basque qui n'en est pas une, puisque BraĂŻloĂŻu ou Bartok ont montrĂ© l'existence de mesu ... 88Le personnage d'Iparraguirre lui-mĂȘme est Ă la croisĂ©e des domaines savant et populaire ce barde » suivant la qualification romantique qu'on lui donne trĂšs tĂŽt, auteur de quelques chansons plus remarquable [s] par la vigueur sonore et le dynamisme de [leurs] textes conçus en mĂȘme temps que l'air pour les chanter que par leurs qualitĂ©s poĂ©tiques » Orpustan, 1996 190, mais vite popularisĂ©es, a aussi Ă©tudiĂ© le chant classique. C'est d'ailleurs avec un rĂ©cital d'airs d'opĂ©ras qu'il se produit Ă Bayonne en 1846 on est loin de l'image de l'artiste vagabond, guitare en bandouliĂšre, tel que le reprĂ©sente P. Bringas dans un tableau devenu cĂ©lĂšbre, et qui, avec ses zortziko32 Ă cinq temps, incarne un chant basque fort d'une particularitĂ© rythmique qu'il considĂšre comme sa marque caractĂ©ristique. Ce sont sans doute ses chansons qui, les premiĂšres, portent dans leur ensemble texte/musique que l'on ne peut, ici, sĂ©parer une expression, voire une revendication de basquitude telle qu'on les trouvera par la suite dĂ©veloppĂ©es dans la chanson engagĂ©e des annĂ©es 1960. LĂ commence en effet une autre sĂ©rie d'avatars du chant basque », qui mĂšnent Ă un rock basque Ă la fois divers et vivant, constituant l'une des composantes si variĂ©es de ce domaine en pleine expansion Ă l'orĂ©e du vingt-et-uniĂšme siĂšcle.| ĐáŹá Ő°Ő„ĐŽŃŃ՟а Ő„Öá ĐČŃ Ï Ń Ń | Ô”ŃĐ”Đ±ĐŸ ĐżŃÎčĐżŃáȘŃŐČá© |
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